vendredi 8 mai 2009

Dark was the night


Dark was the night est la nouvelle compilation de chez Red Hot destinée à rapporter des fonds à la lutte contre le SIDA. Et autant le dire tout de suite, c’est le genre de disque impossible à chroniquer, un véritable cauchemar. L’enjeu, tellement important, occulte tout le reste. Comme si l’objectif, aussi noble soit-il, annihilait de fait toute ambition artistique. Il est pourtant important de chroniquer ces disques, car au bout de la démarche, il y a un produit culturel, destiné à être acheté. Et si le disque n’est pas bon, autant envoyer un chèque à l’association de son choix. L’à priori est en l’espèce plutôt favorable, les compilations Red Hot étant généralement d’excellente tenue.

Ceci étant posé, qu’en est-il du double cd « Dark was the night » ? Conçue sous la houlette des frères Aaron et Bryce Dessner, par ailleurs membres du groupe The National ici présent, ce nouveau disque ne fait pas exception à la règle. On pourrait même se laisser aller à dire, sans exagérer, que le résultat est au-delà de toutes les espérances. Le gros tour de force a été de constituer un univers sonore cohérent malgré la diversité des styles représentés du folk feutré à l’électro douce en passant par le rock indépendant lo-fi ouateux. Le track-listing est calme, reposé et sied particulièrement bien à une écoute nocturne, ce qui est mon cas alors que je suis en train d’écrire ces lignes. Le menu est particulièrement copieux, 31 titres et autant de groupes représentés soit plus de deux heures de musique inédite. Aussi, toute tentative d’inventaire serait pour le moins laborieuse. Je me permettrait simplement de dire que la pépite du disque est à mon avis la reprise du « Feelin good » de Nina Simone par My Brightest Diamond. La version de ce classique, pourtant archi-entendu, est exceptionnelle et d’une beauté à se damner, la voix en particulier regorge d’émotions. Dark was the night permet aussi d’avoir des nouvelles de quelques groupes dont on n’entend plus trop parler ces temps-ci : Arcade Fire, les géniaux Spoon, ma Sharon Jones chérie, qui à défaut de publier un nouvel opus multiplie les collaborations et apparitions diverses, les vétérans de Yo La Tengo. Les réussites sont nombreuses, Antony chante merveilleusement bien, comme à son habitude. Le fantôme de Nick Drake se ballade un peu partout sur ce double album, en particulier sur « Cello Song » ici remixée par The Books et José Gonzalez. Le titre instrumental du Kronos Quartet est pour le moins intriguant. My Morning Jacket, Cat Power, Stuart Murdoch, c’est un véritable casting de rêve qui a été ici assemblé, et pour une fois c’est un gage de qualité continue d’un bout à l’autre de ce double album.
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