Venu de Montpellier, Red Beans & Pepper Sauce sort son nouvel album sobrement intitulé « Red ». Rouge, donc, comme le feu et la passion, autant de qualificatifs idoines pour décrire ce disque chaud comme la braise. Rouge également comme les aiguilles du potentiomètre, prêtes à exploser. En la personne de Jessyka Aké, la formation a trouvé la chanteuse idéale pour servir son propos. Une chanteuse dont la voix, suave et soul, nous donne des frissons (cf. « Smiling child ») dix titres durant. Son grain de voix se glisse parfaitement dans l'univers du groupe, intrinsèquement ancré dans le gros rock n'roll millésimé 70s, où les guitares grasses (« Glitter city ») côtoient ici un harmonica blues roots ("Dead Spell") ou un pont sous influence funk/soul là. La meilleure incarnation se trouve certainement dans « Half world changeling » et « Smiling child » où le groupe enchaîne sous coup férir boogie bouillant et un pont soul et clavier psyché, comme un trait d'union entre heavy rock et black music (cf. « Flyin'high »). Blues énervé, soul électrique ou tout simplement rock n'roll, Red Beans & Pepper Sauce retrouve tout le sel qui faisait le charme des BellRays et Noisettes, naguère. Une descendance dans laquelle s'inscrit Red Beans & Pepper Sauce, mais, avec un nom de groupe pareil, pimenté à souhait, on n'en attendait pas moins d'eux.
jeudi 31 août 2017
mercredi 30 août 2017
Automatic City : « Bongoes & Tremoloes »
Pour son deuxième album, Automatic City, a mis le rythme au cœur de ses préoccupations. Comme Curtis Mayfield naguère, Automatic City est tombé sous le charme des percussions. Ces dernières mélangées aux sons blues et rhythm and blues du groupe génèrent un véritable envoûtement musical auquel il est difficile de résister. Le groove s'en retrouve bien sûr renforcé mais se drape également d'une aura à la fois mystérieuse et exotique, évoquant tour à tour la Nouvelle-Orléans, La Havane voire l'Afrique (« Satisfied ») donnant tout son sel à cet album. Quelque chose d'unique en son genre classe et rétro en même temps. Les plages s'enchaînent et la magie procurée par l'ambiance hypnotique si particulière du disque perdure. Un must à n'en point douter, à écouter pour accompagner une virée nocturne dans le bayou.
https://www.facebook.com/automaticcity/
http://www.automaticcity.fr/
https://twitter.com/CityAutomatic
mardi 29 août 2017
Rock en Seine 2017
(c) Christophe Crénel |
Voici venu le temps de Rock en Seine et pour trois jours on retrouve notre petite bulle musicale, coupés du monde, où l'univers tourne autour de questions hautement existentielles telles que « Bon on va voir qui : At the drive-in ou Cannibale ? » (la réponse à l'insoutenable suspense se trouve un peu plus loin dans cet article). Petite revue d'effectif…
Cannibale (c) Victor Picon |
The Pretty Reckless (c) Olivier Hoffschir |
On commence tranquillement (façon de parler) avec The Pretty Reckless, tout de noir vêtus, menés par la chanteuse Taylor Momsen. Reprenant à son compte l'héritage du hard rock des années 1980, le groupe livre une prestation calibrée pour la scène d'un grand festival. Fort en décibels, envoyés avec un professionnalisme certain mais manquant tout de même un peu d'âme. De plus, désireuse de couper avec son image d'actrice hollywoodienne, la chanteuse (et ex-star de la série Gossip Girl) surjoue son rôle de bad girl des « f-word » plein la bouche… Nous voici ensuite en route à la découverte d'un territoire inconnu, la nouvelle scène Firestone, sponsorisée par la marque de pneus du même nom, et décorée comme une station service vintage. Amusant, certes mais pas forcément idéal pour la musique, la scène, minuscule, est loin d'afficher le même standing que les autres. Ce qui n'empêche pas d'y voir des groupes de qualité, comme Cannibale (fin du suspense) signés sur Born Bad, le label qui nous empêche de sombrer dans la monotonie. Et là Born Bad a fait fort. Cannibale vient de Normandie, ses membres affichent un âge certain (la quarantaine) et ils sont tombés dans la marmite des musiques africaines et caribéennes, influences qu'ils mélangent avec des guitares fuzz et autres claviers vintage produisant un rock garage/psychédélique exotique et fort en goût. Un trip hallucinant ! On termine notre première (petite) journée par une virée sur la scène Ile-de-France, qui a la particularité de ne présenter que des artistes en développement originaires de la région sous une tente intime et décorée comme une petite salle de concert de banlieue. L'occasion pour nous de découvrir en live le duo (guitare/basse) No Money Kids pratiquant un blues/rock original où la batterie est remplacée par une boîte à rythme. Des boucles électro apportent une note planante sans pour autant dénaturer le fond très roots de la chose. Belle découverte.
Samedi 26 Août
Frustration (c) Olivier Hoffschir |
Ulrika Spacek (c) Olivier Hoffschir |
Lysistrata (c) Olivier Hoffschir |
The Kills (c) Christophe Crénel |
La découverte, le groupe surprise, que l'on ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, et qui devient notre préféré, bref, le coup de cœur, c'est la grande joie des festivals. Celui de cette année est arrivé à l'aube du deuxième jour en la personne des Anglais d'Ulrika Spacek. Groupe étrange, aux contours peu définis, la formation anglaise évolue à la marge de l'indie rock, dans lequel on retrouve des accents post rock atmosphériques et progressifs et un trio guitares shoegaze. Pas tout à fait garage ni psyché, simplement unique en son genre. Tirant son nom d'une pièce de théâtre antique Lysistrata est un trio particulièrement énergique. Face à face, le guitariste et le bassiste se font front, se nourrissant l'un l'autre. Intense dans un registre pas si éloigné de la scène noise des années 1990. Un petit tour ensuite sur la scène Ile-de-France qui a la particularité ce jour de mettre à l'honneur des groupe de lycéens via le dispositif « Première Seine ». On retrouve le trio féminin Dragon's Daugther, une formule punk/rock assez classique, pas encore aboutie, normal vu le jeune âge des musiciennes, mais emballante de fraîcheur et d'enthousiasme. Une prestation assez touchante. Dans la lignée de leur prestation aux Eurocks il y a un an, The Kills sont désormais quatre sur scène. L'ensemble gagne en épaisseur et leur compositions aussi. Détour obligatoire ensuite vers la scène de la cascade pour retrouver la soul millésimée de Lee Fields, lequel fait figure de survivant entre la disparition cruelle de Sharon Jones l'an dernier et la maladie de Charles Bradley. Lee quant à lui est dans une forme épatante. Vêtu d'une veste jaune à paillettes du plus bel effet, Lee arpente les sentiers de l'âge d'or de la soul, fortement empreinte d'influences des années 60 et 70. Le vécu, d'un réalisme saisissant, coule de ses cordes vocales, groove pêchu grâce aux interventions des cuivres, un brin de psychédélisme dans la guitare, tout est là pour faire de ce moment un intermède divin ! Passer du coq à l'âne c'est tout l'art d'un festival. A l'autre bout de l'échiquier, et sur la scène de l'industrie, on retrouve les français de Frustration et leur horde de fans hardcore, qui les suivent partout. Pour qui ne les a jamais vus, découvrir Frustration sur scène est un choc. Le son des synthés est puissant, énorme, assommant. Jamais très loin de la cold wave, Joy Division en tête, les Français apportent leur touche personnelle par le biais d'une guitare garage et rock n'roll en diable contrastant avec l'apparente froideur de la section rythmique et des claviers. Le résultat est dantesque, le public est K.O, il va nous falloir un petit moment pour nous remettre…
Lee Fields (c) Christophe Crénel |
Dimanche 27 Août
King Khan and The Shrines (c) Olivier Hoffschir |
King Khan and The Shrines (c) Olivier Hoffschir |
Deluxe (c) Olivier Hoffschir |
Ty Segall (c) Olivier Hoffschir |
C'est déjà le dernier jour, le mercure monte en flèche, les décibels aussi… On commence avec notre Olibrius préféré King Khan et son groupe The Shrines. Rhythm and blues, soul et blues sont au programme mais sur une note déjantée et portée par une énergie résolument punk. Beaucoup plus freaks que Lee Fields la veille, King Khan adjoint le geste à la parole enfilant une combinaison moulante (franchement pas super seyante) à plumes dévoilant l'envers de son anatomie… Avec des personnages comme lui, le festival ne risque pas de tomber dans la monotonie, tant mieux ! On peut presque en dire autant des Français de Deluxe qui prennent la suite sur la grande scène. En concert, la proposition de Deluxe est particulièrement aboutie. Melting-pot de musiques où se croisent funk, disco, hip-hop, électro et (quand-même) un peu de rock, Deluxe met le show en avant. Tout est fait pour favoriser l'interaction avec le public, différents membres du groupe prenant la parole pour exhorter le public à « surfer » (en gros, sauter, lever les bras en l'air etc.) Le tout sous le signe de la pilosité (ah les bacchantes du bassiste) partagée et même pour la chanteuse qui arbore un jupe en forme de moustache. Il nous a abasourdis il y a un an (aux Eurockéennes), Ty Segall est de retour ! Moins incisif que par le passé, Segall évolue en territoire mouvant entre garage et psyché. Entre guitares incisives et piano progressif, Segall se perd un peu en route et nous aussi, avant de se blesser à l’œil, un bout de baguette de batterie semble t-il, c'est dire si le batteur cogne. On est un peu déçus quand-même. Il y a peu, Mac DeMarco a sorti un album particulièrement relax suite à son déménagement en Californie. Il en va de même sur scène ou Mac s'amuse comme un petit fou, « peut-être un petit peu trop » selon ses propres termes, prenant la posture d'un chef d'orchestre déjanté, faisant accélérer son groupe au-delà du raisonnable, rendant son répertoire inécoutable. Débonnaire et amusant. Ils ont débarqués précédés d'une réputation flatteuse, The Lemon Twigs (en quatuor) font revivre la FM des années 70 entre guitare glam rock et psychédélisme flamboyant du clavier. L'intermède slow au piano casse un peu le rythme de la chose mais le set charme par sa nostalgie. Retour ensuite à la « station service » où Arnaud Rebotini, seul entouré des ses synthés vintage, fait danser la foule. Cela commence plutôt doucement avec des nappes planantes avant que les couches successives ne fassent tout exploser. Derrière ses claviers, le musicien semble comme happé, possédé, jetant de temps en temps un œil à la foule pour y puiser une nouvelle énergie. La communion avec le public semble totale. Un trip spatial 80s… On termine enfin notre week-end en compagnie du Villejuif Underground, un quatuor atypique où la batterie est remplacée par une boîte à rythme apportant une sorte de rectitude froide au déluge de guitare garage/fuzz. Le groupe attire la sympathie, son chanteur australien, showman assumé et déluré, n'hésite pas à se rouler par terre au milieu du public transformant l'instant en gros bordel rock n'roll quoi de mieux pour clôturer ces trois jours ?
Mac Demarco (c) Olivier Hoffschir |
The Lemon Twigs (c) Victor Picon |
Arnaud Rebotini (c) Christophe Crénel |
Arnaud Rebotini (c) Christophe Crénel |
jeudi 24 août 2017
Fabrizio Rat : « The Pianist »
Etudiant au conservatoire et impliqué en même temps dans différents projets techno et dance, Fabrizio Rat (The Pianist, c'est lui!) a longtemps caché sa double vie artistique aux uns et aux autres jusqu'à sortir ce premier album solo mariant à merveille ses deux passions. Glissant ses doigts avec virtuosité sur le clavier, Fabrizio Rat fait entrer le vénérable piano à queue dans une autre dimension. Car, et c'est rien de le dire, les sonorités développées ici n'ont rien de classique ni même d'identifiables. Usant de mille ruses, à base de scotch et de patafix, le musicien tire ici de son instrument des sons inédits, drapés dans un echo mystérieux (« Gould ») quelque chose tenant à la fois de l'identifiable et de l'inconnu (« Horowitz », « Michelangeli ») qu'il mêle ensuite aux puissantes rythmiques techno pour un résultat hypnotique et envoûtant faisant le grand écart entre la sourdine et le déferlement sonore. Mystérieux et séduisant.
https://www.facebook.com/fabriziorat.lamachina/
mercredi 23 août 2017
Mac DeMarco : « This old dog »
Notre slacker préféré est de retour et il a changé de vie en quittant la grisaille new-yorkaise pour le soleil californien. Cette nouvelle vie s'accompagne de deux découvertes majeures, un vieux synthé un peu cheap d'une part et une boîte à rythme, pareillement vintage, de l'autre. N'allez cependant pas croire que DeMarco a subitement viré électro. Bien au contraire, ce nouveau vernis constitue une couche supplémentaire dans sa musique et s'accompagne d'un virage acoustique (« My old man », « One another », « Still Beating ») étonnant dans ce contexte. Le synthé drape l'ensemble d'une note onirique et nostalgique évoquant de vieux jeux vidéos des années 1980 (« For the first time », « Dreams from yesterday », "On the level") et le soleil californien rayonne sur ce disque en lui conférant une note alanguie et laid-back. Tranquille et à la coule, à écouter en cette fin d'été pour prolonger la torpeur estivale. Et à vérifier sur pièce ce week-end à Rock en Seine.
En concert le 27/08 à Saint-Cloud (Rock en Seine).
https://macdemarco.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/MacDeMarcoBand/
https://twitter.com/msldemarco
Malia : « Malawi Blues / Njira »
Après quelques détours électroniques, en compagnie du Suisse Boris Blank, Malia revient à ses premières amours le jazz et la soul sur ce sixième album studio. Le choix de l'orchestration est volontairement restreint, et privilégie l'acoustique : piano, contrebasse, percussions diverses et une guitare éparse. D'emblée l'album nous plonge dans une atmosphère agréable et douce, bercé par la voix subliment éraillée de la chanteuse. L'acoustique se fait tour à tour chaleureuse et intime et nous caresse l'oreille, on s'imagine écouter la chose dans un petit bar, un club aux murs de briques rouges, lové dans une banquette. Pendant ce temps, la musique fait de nombreux allers et retours entre l'Afrique natale de Malia et son Europe d'adoption. Le chant alterne entre anglais et chechiwa (une langue vernaculaire), les mélodies se balancent entre jazz/soul classique et rythmes africains (« Love is holding both our hands », « Disgrace »). Entre les deux, Malia nous ensorcelle dans un grand numéro de charme vocal, son timbre dégage une émotivité puissante par le biais d'une petite fissure soul dans le fond de la gorge. Un très bel album à écouter de préférence la nuit tombée.
http://www.jazzecho.de/malia/home
mardi 22 août 2017
O KA de Souleymane Cissé
C'est un fait sordide qui a donné naissance à ce documentaire du cinéaste malien, l'expulsion manu militari de ses quatre sœurs de la maison familiale (le titre « O Ka » signifiant notre maison en langue vernaculaire). Prenant le traumatisme comme point de départ, Souleymane Cissé signe un film étrange, entre deux eaux, questionnant les notions d'identité, de nationalité et d'appartenance tant familiale que géographique. Un film étrange car aussi poétique que cruellement réaliste, où la beauté éthérée de la nature, certains plans sont dignes de Terrence Malick, contrebalance la brutalité citadine. C'est enfin un regard alarmiste posé sur le Mali, miné par les querelles intestines et la corruption, le portrait d'un pays sombrant dans la guerre et la violence. Fort, beau et envoûtant.
Sortie le 6 Septembre.lundi 21 août 2017
Carousel Vertigo : « Revenge of Rock and Roll »
Avec son deuxième album au titre claquant et aussi percutant qu'une antienne, Carousel Vertigo, le groupe franco-américain l'affirme haut et fort : l'heure de la revanche a sonné ! Avec une précision millimétrée, les quatre musiciens trouvent la balance parfaite entre classic et hard rock. Une certaine appétence pour les décibels (« No more hesitatin' », « Hard Luck Lover ») au service d'un répertoire respectueux des mélodies (« Honey Do ») ou l'on retrouve quelques traces de soul (la voix du chanteur Vincent) et de rhythm and blues (les cuivres de « Revenge of Rock and Roll », le riff de guitare de « Jackie Run Run », « Hideaway » qui ressemble à un inédit des Black Crowes). Il émane de ces dix compositions un air intemporel, on plonge dans ce disque comme on feuillette un ancien album photo, avec un regard un peu nostalgique à l'évocation des souvenirs heureux mais ragaillardis et prêt à repartir à l'assaut. Un peu à l'image des quatre musiciens du groupe qui n'ont cure des modes et sont prêt à faire sauter les amplis pour défendre la musique qu'ils aiment et qui n'a pas d'âge, avec un enthousiasme communicatif dix titres durant. Dans le fond, qu'est-ce qu'un bon disque ? 45 minutes, suspendues et hors du temps, du soleil pour les oreilles. Mission pleinement remplie en l'espèce.
Sortie le 29/09/2017
En concert le 1er septembre à Paris (Dr Feelgood Les Halles)
http://www.carouselvertigo.com/default.asp
Exposition Riot Girls du 31/08 au 23/09/2017
(c) Nadia Valentine courtesy Arts Factory |
Du 31/08 au 23/09 prochain la galerie Arts Factory va baigner dans une ambiance sulfureuse avec cette exposition collective organisée grâce au mécénat de l'association Clovis Trouille (1889-1975), le peintre anticlérical et antimilitariste. Quatre artistes seront ainsi exposées : Maya McCallum, Anne van der Linden, Céline Guichard et Nadia Valentine. Quatre univers graphiques différents mais unis dans la liberté et l'absence de tabou.
Galerie Arts Factory
27, rue de Charonne 75011 Paris
Du lundi au samedi 12h30-19h30.
samedi 19 août 2017
Pastors of Muppets : « Heavy Birthday »
Détournant habilement le titre d'un célèbre album de Metallica, Pastors of Muppets est un projet pour le moins étonnant et iconoclaste : un brass band spécialisé dans les reprises d'heavy metal ! La formation, 12 membres déguisés comme autant de stars du genre, s'est déjà fait repérer lors de la dernière édition du Hellfest avec ses relectures d'AC/DC ("Back in Black", étonnant), Black Sabbath (« War Pigs ») et autres Rage Against The Machine (« Freedom »). Et surprise, sans la moindre note de guitare, le brass band s'avère aussi lourd que ses modèles. Et voilà comment on pousse le potentiomètre dans le rouge, le souffle en guise d'ampli (cf. « Master's apprentices »). Chapeau bas. Original, décalé, un groupe à découvrir.
http://www.pastorsofmuppets.com/
https://fr-fr.facebook.com/PastorsofMuppets/
https://pastorsofmuppets1.bandcamp.com/
https://soundcloud.com/pastorsofmuppets
vendredi 18 août 2017
Zozophonic Orchestra : « That thing »
Ce nouvel album du Zozophonic Orchestra s'intitule « That thing ». Et « ce truc » tel qu'on l'imagine, cela serait le swing, le groove chaud et moite qui suinte de chaque plage de ce disque à tel point que l'on jurerait la chose échappée d'un bouge du quartier de Treme à La Nouvelle-Orléans. Le groupe est mené par Manouche Fournier, un musicien au parcours atypique, trompettiste devenu chanteur/guitariste d'un groupe aussi iconoclaste que lui. L'album est ancré dans les musiques afro-américaines au sens large, comme un carrefour où les différents genres se croisent et s'entremêlent. Tout part du rythme, funky en diable, bien servi par des cuivres puissants (« Dear. A ») ensuite, une guitare slidée évoque le blues (« Watcha gonna do », « Jealous Blues ») avant qu'un éclair rock garage ne transperce l'ensemble par le biais d'une guitare dévastatrice (« Little Baby »). Voilà le genre de disque qui fait du bien aux oreilles et à la tête mais potentiellement destructeur pour les hanches et les articulations !
Sortie le 25/08/2017
Www.zozophonic.com
www.facebook.com/zozophonicorchestra
jeudi 17 août 2017
Dirty Deep : « What's flowin in my veins »
Attention ceci n'est pas le nouvel effort du redoutable trio strasbourgeois mais une nouvelle version de leur troisième album du même nom (chronique ici). Pour résumer, les deux disques commencent (« Holy pocket boogie ») et se terminent (« Shine ») de la même façon. Pour le reste c'est complètement différent ! Bien mieux qu'une version deluxe, il s'agit plutôt d'une version repensée du disque, nouvel artwork (moins BD que l'originale et axée sur un crocodile), tracklisting différent et quatre nouvelles chansons en plus des dix que contenait la première version. Comme un nouveau regard posé par le groupe sur son œuvre. Et c'est avec délice que l'on retrouve cet univers marécageux, une collusion entre garage voire punk de bon aloi (« How I ride ») et blues pur jus (« Can I kick it ? »), guitare slidée à l'appui. Entre les deux, le groupe glisse quelques titres en acoustique (« Mud turns blood ») dont une belle reprise du standard « John, the revelator ». Voilà une bonne occasion de (re)découvrir Dirty Deep, mais prenez gare, ils sont contagieux !
En concert le 26/09 à Paris (La Boule Noire)https://dirtydeep.bandcamp.com/
https://fr-fr.facebook.com/dirtydeep.official/
mercredi 16 août 2017
Raul Midón : « Bad ass and blind »
Au mitan des années 2000, au moment du grand renouvellement de génération, alors que la soul music, alors agonisante, se cherchait de nouveaux héros, on aurait bien mis une petite piécette sur lui, « le nouveau Stevie Wonder » ainsi qu'on le surnommait parfois (un peu abusivement, l'étiquette étant trop réductrice). C'était l'époque des albums « State of mind » (2005), « A world within a world » (2007), « Synthesis » (2009) et, pour l'artiste, le temps des majors. S'en suivit un long tunnel de cinq années avant que le guitariste ne refasse surface, loin des ors et du lustre des grandes multinationales du disque, sur de petites structures indépendantes, en totale auto-production. Et, force est de constater, qu'à ce petit jeu Raul s'en sort plus qu'honorablement. C'est avec plaisir que l'on retrouve son univers ouaté entre folk et soul music et son grain de voix chaleureux, ascendance latino oblige. L'artiste en profite également pour sortir de son carcan avec une réussite aléatoire, pour le meilleur : l'incursion en territoire jazz/swing « Wings of mind », (avec une vraie trompette pour une fois, l'artiste étant connu pour ses imitations bluffantes de l'instrument), "All that I am" et le moins bon, la voix proto-rap de « Bad ass and blind » qui vient ruiner une composition d'excellente facture, et le costume « badass » qui, généralement, ne lui va pas (la pochette est ridicule avouons-le), ou semble moins bien taillé que celui de crooner (« If only »). Pour le reste cet album n'est que swing élégant et acoustique, du piano ou de la guitare, raffinée (« Jack »). Une réussite à écouter de préférence une fois le soir tombé.
http://www.raulmidon.com/
https://www.facebook.com/raulmidon
https://twitter.com/raulmidon
mardi 15 août 2017
Wicked
Venu de Brest, les antennes braquées sur les ondes d'outre-Manche, dont les notes ne sont pas tombées dans de sourdes oreilles, Wicked déboule avec un deuxième EP furieusement rock. La scène garage, et ce savoureux mix entre blues et rock n'roll déglingué, n'est jamais bien tout comme les Black Keys (mais attention le meilleur, celui des débuts) dont l'influence se fait sentir au niveau vocal. Wicked, vilain en français, comme le traitement qu'impose le groupe à ses jolies mélodies pop, vitriolées à grands coups de guitares saturées. A ce détonnant cocktail, le groupe ajoute une petite note dark, un peu mécanique, un peu froide, de bon aloi, rappelant les voisins The Craftmen Club. Six titres seulement mais une belle promesse pour l'avenir.
https://wickedbrest.bandcamp.com/releaseslundi 14 août 2017
Lenine McDonald : « Belles Idoles »
Le nom intrigue et le disque aussi ! Derrière l'étonnant alias de Lenine McDonald se cache le bassiste co-fondateur de Jesus Volt. Aucune chance cependant de confondre son œuvre personnelle avec celle de son groupe fétiche. Cinq titres composent cet EP et on compte pratiquement autant de style différents, du funk langoureux (« Belles Idoles », « Où sont tes rêves ?») au bulldozer électro-rock (« Laisse, je vais le faire ») en passant par la chanson planante et minimaliste à la basse (« Anastasia »), la marge est importante. Ce côté patchwork constitue à la fois la grande force du disque, mais aussi sa limite. Sortant de sa zone de confort le bassiste s'est fait plaisir touchant un peu à tout, histoire de s'amuser et tant pis si les auditeurs se perdent en route, après tout, se perdre c'est aussi un art de vivre. Du moment qu'il nous sort des titres du calibre de « Brûlé, mois de mai », sous l'influence conjuguée du blues et de l'Afrique, tout va bien…
www.leninemcdonald.comhttps://fr-fr.facebook.com/resistercreer
dimanche 13 août 2017
Ty Segall en tournée
En voilà une nouvelle qu'elle est bonne : Ty Segall est en tournée française, fin août, et il y a de quoi égayer notre fin d'été (ceux qui ont assisté à son concert dévastateur sur la plage des Eurockéennes de Belfort il y a un an, savent)...
20 août : La Route du Rock
25 août : Le Cabaret Vert
27 août : Rock en Seine
29 août : Biarritz
30 août : Le Bikini
https://fr-fr.facebook.com/tysegall666/
http://www.ty-segall.com/
vendredi 11 août 2017
The Volunteered Slaves : « Ripcord »
Chez les Volunteered Slaves pas question de se laisser enfermer dans un style. Un seul mot d'ordre : la diversité et un objectif en ligne de mire : le swing, qui emporte l'auditeur dans un tourbillon qui ne se termine jamais tout à fait. Ainsi, le groupe nous entraîne dans un trip jazzystique (car c'est bien de cela qu'il s'agît au départ) détonnant. On y chante en anglais bien sûr mais aussi, et c'est plus étonnant, en japonais, en arabe et en créole. Au passage on croise quelques reprises surprenantes « God Only Knows » (The Beach Boys), « Video Killed The Radio Star » (Buggles) mais aussi The Clash (« Rock the Casbah » cité au détour de « Kahina »). La musique, quant à elle, fait la grande boucle. Si jazz et funk constituent la matrice, cette dernière s’enrichit d'influences électro par le biais d'un clavier bien inspiré (« Osun »), de pop (cf. les reprises sus-citées), de hip-hop (ah flow de Indy Eka !) et de rock (« Jonathan's Back ») ; tout ceci sous l'égide de percussions africaines à faire groover un cadavre (cf. « Bara »). Merveilleusement incarné par un sextet de vocalistes d'exception, évoquant l'Afrique une fois encore, ce méli-mélo détonnant prend une tournure cinématographique. On pense en particulier au slammeur Allonymous dont la voix de gorge donne des accents de film noir à « The Gambler ». Son association avec Indy Eka fait des étincelles, on jurerait leur scène de ménage « Watersplash » issue d'une série B de blaxploitation. Sacré cocktail. Etes-vous prêts pour le plongeon, la tête la première dans le grand bain (cf. la pochette) de la musique ?
https://fr-fr.facebook.com/thevolunteeredslaves/
mercredi 9 août 2017
Rivkah : « Shara »
Le petit monde de Rivkah, que l'on découvre avec cet album, sorti en 2013, se révèle, au fil des écoutes, doux et cosy, propice à la rêverie. Si la musique s'articule principalement autour du piano, et des instruments à cordes (violon, violoncelle, contrebasse) parfois l'artiste s'aventure parfois hors des sentiers battus, expérimentant des rythmiques autour de la voix (cf. « Now and I », « Harmonically », « Coconut »). L'écoute ressemble à un moment suspendu, à part, la musique ne semble ni d'hier, ni d'aujourd'hui, simplement hors du temps et des modes, intemporelle (magnifique "Take Care" dans la lignée des songwriters 70's). Le disque ressemble à un petit cocon confortable, dans lequel on se love, bercé par la voix haut perché de Rivkah et certaines chansons sont particulièrement émouvantes (« Mi Amor »). Pris dans sa globalité, l'album dégage un sentiment langoureux, nostalgique à l'occasion (« The beauty of your face »), souvent féerique ("Racoon"). Mais un groove de batterie bienvenu (« Fight off ») apporte un peu de piquant empêchant la léthargie de s'installer. Les plages défilent et Rivkah emporte l'auditeur dans son univers qu'elle a réussi à mettre en sons et en mélodies. Parfois intriguant voire baroque, l'album attise la curiosité de l'auditeur, exhalant un parfum de revenez-y, afin de saisir toutes les nuances qui se dévoilent par couches, une écoute après l'autre. La bande originale de l'insomnie, à écouter avant de sombrer dans de doux rêves…
lundi 7 août 2017
Mexrrissey : « No Manchester »
On le sait peu mais Morrissey fait l'objet d'un véritable culte au Mexique, « Rien ne peut égaler l'amour que les Mexicains me témoignent » comme le confie le chanteur, ce qui a donné naissance à ce projet baroque. Un groupe nommé Mexrrissey, formé de musiciens issus de la scène indé/alternative de Mexico, dans le but de reprendre en espagnol (« Taco is murder » comme l'indique la pochette intérieure du cd ah ah!) les chansons de l'ex-leader des Smiths avec accompagnement musical à l'avenant, c'est à dire trompette, accordéon et guitare mariachi… Toute curieuse que soit la proposition, l'amalgame entre la mélancolie vénéneuse des chansons et ces arrangements étonnants fonctionne. Les titres prennent alors une nouvelle dimension : « Cada dia es domingo » (« Everyday is like sunday »), « International playgirl » (« The last of the famous international playboys »), « Mexico », « Estuvo bien » (« Suedehead »). En creux, cet album illustre la qualité inexorable des compositions du Moz. Hélas, le cd est un peu répétitif, sept titres seulement, complétés par cinq versions live n'apportant rien de plus. Trop peu pour considérer la chose autrement qu'une curiosité exotique à destination des fans. Intéressant néanmoins.
http://www.mexrrissey.com/splash/
https://www.facebook.com/mexrrissey
https://twitter.com/mexrrissey
dimanche 6 août 2017
Bertrand Burgalat : « Les choses qu'on ne peut dire à personne »
Sur la scène française, Bertrand Burgalat occupe une place à part. A la tête de son label Tricatel, Burgalat défend, depuis une bonne vingtaine d'années et en toute indépendance, une certaine idée de la pop à la française. Elégante et racée, assez différente en fait du sacro-saint modèle anglo-saxon, reprenant à son compte l'héritage laissé par les grands anciens, Polnareff, François de Roubaix voire éventuellement le Gainsbourg de Melody Nelson. Les influences des années 1960 et 1970 sont donc prégnantes dans sa musique, mais attention il n'est nullement question d'un disque rétro ni même rétro-futuriste. Plutôt que de recréer une époque révolue, Burgalat transpose au 21ème siècle le formidable esprit d'innovation et de dépassement qui avait cours il y a cinquante ans. Et cela donne des choses formidables, des tubes immédiats débordants d'évidence mélodique où les mots sont toujours choisis avec soin (« Les choses qu'on ne peut dire à personne », « L'enfant sur la banquette arrière ») ou, dans sa version instrumentale, une forme d'électro hybride donnant aux instruments électriques (basse, guitare) autant d'importance que les synthés millésimés (« E l'ora dell'azione », « Etranges nuages »). Le sépulcral « Tombeau pour David Bowie » ou « Ultradevotion » plongent l'auditeur dans un entre-deux étrange, entre chien et loup, maniant à la perfection ces ambiances nocturnes. Placée en conclusion, « Etude in black » montre que chez lui le jazz et la musique classique ont autant d'importance qu'un obscure vinyle pop des sixties.
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http://tricatel.com/site/
samedi 5 août 2017
The Celtic Social Club : « A new kind of freedom »
Deuxième album pour ce groupe formé de musiciens français (dont deux Poitevins) entourant le chanteur écossais Jimme O'Neill, qui au siècle dernier cartonnait un peu partout avec son groupe les Silencers. Le nom du groupe laisse peu de place au doute, il est question de musique celtique et bouzouki, violons, banjo, mandoline et cornemuse sont de sortie. Mais comme chez leurs confrères de Doolin', il est autant question de respecter la tradition que de décloisonner les genres. Ainsi, ce nouveau disque se pare parfois d'influences très rock (« Hoolieman », « Dreams to believe in », « Aliens », "A sack of bones"), ce qui est assez commun depuis l'éclosion des Pogues et autres Dropkick Murphys, auxquels on peut penser parfois en version allégée et moins punk. Classique donc mais hautement appréciable, tant l'énergie habitant ces titres est contagieuse et perceptible dans la voix magnifiquement éraillée du chanteur Jimme. Mais l'album réserve bien d'autres surprises, comme l'ouverture vers le blues (« When you need someone ») ou les musiques du monde. Ainsi, Faada Freddy vient prêter sa voix au premier single « Christmas 1914 », ailleurs on retrouve une derbouka (une percussion orientale) pour un résultat évoquant à la fois le moyen-orient ou le reggae jamaïcain (« A dub for Black Donald »), qui constitue une autre influence prégnante sur l'album. Un disque en forme de voyage, donc, avec une chanson pour chaque escale.
En concert le 11 novembre à Paris (Le Flow)
http://www.celticsocialclub.com/
https://www.facebook.com/the.celtic.social.club
vendredi 4 août 2017
Mark « Porkchop » Holder : « Let it slide »
Après bien des tourments personnels, Mark « Porkchop » Holder, ancien membre des Black Diamond Heavies, a signé cette année son retour sur la scène musicale. Ces huit dernières années, Mark s'est reconstruit. Et puis il a déménagé. Son retour sur ses terres, dans le Tennessee, marque un nouveau départ empreint de blues. Ce nouvel album se nomme « Let it slide » et c'est bien ce que fait Mark tout au long de ces neuf pistes, faisant glisser, avec feeling, le bottelneck sur ses cordes. Accompagné d'une section rythmique (basse et batterie) surpuissante, Mark dope son blues de guitares saturées nourries au garage-rock. Ainsi, l'album possède cette patte sale et graisseuse qui fait tout son charme. L'aspect rudimentaire de la chose en renforce l'attrait, donnant l'impression d'un disque enregistré dans une grange délabrée, les pieds dans la boue. L'écoute s'avère dépaysante. Ici et là, un harmonica fait son apparition pour la bonne note roots. Tout comme le dobro acoustique sur le blues nocturne « Let it slide reprise – no doctor ». Deux titres, deux reprises, « Stagger Lee » et « Baby please don't go » nous éclairent sur les intentions musicales de Holder à mi-chemin égarées quelque part entre le blues et le punk-rock.
jeudi 3 août 2017
Jim Jones And The Righteous Mind : « Super Natural »
The Jim Jones Revue à peine séparés, au grand dam des amateurs de rock n'roll, le chanteur Jim Jones n'aura pas tardé à retomber sur ses pattes avec cette nouvelle formation qui, après trois Eps, sort son premier album. Un événement attendu depuis longtemps, la séparation, frustrante, de Jim Jones Revue laissant un vide béant que ce nouvel effort comblera sans peine. En effet, ce nouveau groupe marche sur les pas de son prédécesseur tout en effectuant quelques pas de côté histoire d'affirmer une personnalité propre. Ainsi, on retrouve ce piano diaboliquement efficace qui fait tout le sel de la formation, apportant de la musicalité et une note originale qui fait du bien quand les guitares ont tendance à sombrer dans le chaos (cf. le boogie ravageur de « Base is loaded », « Aldecide »). La même remarque s'applique à la lap-steel, instrument typique de la country, ou à l'orgue qui font leur apparition, ce dernier ajoutant une note de groove à l'ensemble. Ailleurs, on retrouve tout ce qui faisait le charme de la Revue et certains titres auraient trouvés sans peine leur place dans le répertoire du groupe précédent (« Something's gonna get it hands on you »). Mais l'ensemble est un peu moins marqué par le rock n'roll des années 50, si l'influence reste présente, elle se pare dorénavant de teintes plus sombres évoquant, de loin en loin, le grand Nick Cave ("Shallow Grave", le crépusculaire "Everybody but me"). Une impression renforcée par la charte graphique adoptée par le groupe (cf. la magnifique pochette signée de l'artiste tatoueur lyonnais Jean-Luc Navette). Carré, puissant et mélodique, sombre à l'occasion, ce premier effort est une réussite qui comblera tout ceux estimant que le rock ne vaut rien s'il n'est pas accompagné du roll.
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Jim Jones and The Righteous Mind
mercredi 2 août 2017
Crystal Fairy
L'association des talents venus d'horizons divers restant le plus sûr moyen de vendre quelques galettes de nos jours, les « supergroups » se succèdent les uns, les autres. Voici donc venu Crystal Fairy dans lequel on retrouve Omar Rodriguez-Lopez (At the drive-in, Mars Volta), King Buzzo et Dale Crover (The Melvins) ainsi que Teri Gender Bender (Le Butcherettes). Ceci étant posé, on aurait tort de résumer Crystal Fairy à cette simple addition. En effet, ce premier album est bien plus qu'un énième « projet parallèle », le quatuor réussissant à créer un univers pour le moins singulier, ces onze titres composant une proposition musicale particulièrement aboutie. Comment résumer la chose ? Tout d'abord du gros son, des guitares énormes (Teri et Buzzo), mais ça c'était pour le moins attendu vu le pedigree des participants. Ce qui l'est moins ce sont ces compositions labyrinthiques (« Necklace of divorce ») et tout ces replis et recoins composant l'album et dans lesquels le groupe prend un malin plaisir de se perdre, entraînant l'auditeur dans son hasardeux sillage. Crystal Fairy n'est pas un groupe bruyant de plus. Si bien entendu punk et métal restent des composantes fondamentales (cf. le morceau titre « Crystal Fairy », « Secret Agent Rat »), le groupe ajoute des couches supplémentaires dark (« Drugs on the bus ») ou psychédéliques barrées (« Moth tongue », « Under Trouble »). Et puis il y a la voix si particulière de Teri, une manière de Diamanda Galas égarée dans un film de Tim Burton, qui peaufine le tout d'une note baroque voire gothique. Singulier on vous dit, mais, surtout, digne d'être écouté.
https://crystalfairy.bandcamp.com/
https://fr-fr.facebook.com/crystalfairyband/
mardi 1 août 2017
All Them Witches : « Sleeping through the war »
Le gros problème d'All Them Witches, c'est son premier album, le fabuleux « Our mother electricity ». Un coup d'essai en forme de coup de maître appelé à devenir un classique. Parti trop haut, trop fort et surtout trop vite, le groupe de Nashville a bien du mal depuis a donner une suite à la hauteur des espérances folles nées à la suite de ces débuts en fanfare et ce en dépit d'une discographie (quatre albums) qui n'a absolument rien d'infamant. Il en va de même avec ce quatrième disque, excellent comme toujours, mais un brin palot en comparaison. Si All Them Witches possède une telle côte de sympathie c'est parce qu'il se situe pile dans notre périmètre. A savoir un groupe de rock maîtrisant à merveille le gros son (« Don't bring me coffee ») qu'il combine à des influences allant du blues (« 3-5-7 »), au space rock psychédélique (« Am I going up »). Ainsi ce nouvel effort, comme les précédents, alterne le chaud et le froid, passant d'une tornade électrique aux nappes planantes (« Bulls », le formidable morceau d'ouverture) sans heurts ni efforts apparents. Cette démarche complexe prend tout son sens sur des formats longs flirtant avec les dix minutes (« Internet » le morceau de clôture). Si, comme la majorité de ses contemporains, All Them Witches collectionne les influences venus des années 70, le quatuor se distingue en ne recherchant pas à recréer stérilement à tout prix une époque révolue. Au contraire, ATW propose une musique, respectueuse du passé certes, mais résolument actuelle et propulsée par une dynamique totalement contemporaine. Un bien bel album, très réussi, porté par une force de composition et une tension (« Alabester ») sans pareils.
En concert le 29 septembre à Paris (Trabendo).
http://www.allthemwitches.org/
https://fr-fr.facebook.com/allthemwitches
https://allthemwitches.bandcamp.com/
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