Voila au moins une bonne raison de se réjouir en 2017 : Magic est de retour dans les kiosques ! Vincent Théval, le nouveau rédacteur en chef, lève le voile sur la nouvelle formule du magazine...
1) C'est un détail amusant, avec cette nouvelle formule, Magic retrouve son rythme de publication originel : un numéro tous les deux mois. Pourquoi ce changement ?
Vincent Théval (rédacteur en chef) : Nous voulions nous détacher un peu de l’actualité des sorties de disques et prendre le temps de préparer des articles plus longs, des dossiers, des papiers avec un angle historique. C’est une banalité de le dire mais c’est une réalité quotidienne : tout va très vite, aujourd’hui. Les infos et les sons tombent par dizaines chaque jour, une actualité en chasse l’autre. Nous voulions prendre le contrepied de ce mouvement.
2) J'ai été étonné par le nouvel agencement de la revue, notamment par le cahier critique au début, alors que, traditionnellement, les chroniques de disques se retrouvent plutôt en fin de publication. Vous souhaitez casser les habitudes ?
V.T : La revue compte maintenant 132 pages et nous voulions qu’elle soit plus structurée. D’où les trois parties : une qui relève de la “prescription”, avec des rubriques et le cahier critique ; une qui regroupe les articles, entretiens, dossiers et un portfolio ; une qui est entièrement consacrée à l’histoire de la pop, au sens large. Les chroniques de disques ont toujours été un point fort de Magic, par leur nombre et leur côté très pointu. J’ai voulu les faire passer en première partie du magazine et aussi rendre le cahier critique un peu plus dynamique, en variant les formats. Il y a davantage de chroniques courtes qu’auparavant.
3) J'ai également noté comme un "élargissement" de la ligne éditoriale, des artistes comme Brad Mehldau et Chris Thile par exemple, ne rentraient pas dans la ligne éditoriale de l'ancienne formule...
V.T : Cela correspond effectivement à une envie et une volonté très fortes d’aborder des genres musicaux différents, de façon un peu plus affirmée et régulière qu’avant. Là encore, c’est une banalité de le dire : non seulement les styles musicaux dialoguent beaucoup entre eux mais les gens aujourd’hui écoutent des choses très différentes. L’idée est donc d’aborder différents genres musicaux mais en restant pointus. Pour ma part, j’écoute énormément de jazz ou de “musique contemporaine” et je sais que je suis loin d’être une exception chez les gens qui se sont d’abord forgés une culture musicale plutôt rock et continuent d’en écouter.
4) Pourquoi avoir abandonné le système de notation des disques dans les chroniques ?
V.T : Parce qu’on n’est pas à l’école. Je trouve le système de notes trop réducteur. In fine, quelle que soit la note, ça finit par desservir à la fois l’artiste et l’auteur de la chronique.
5) Le sampler digital est-il complètement abandonné ?
V.T : Pour l’instant, oui. C’est beaucoup de travail pour gérer les droits des morceaux à télécharger quand, par ailleurs, les habitudes d’écoute des gens les portent vers le streaming et les plateformes d’écoute. Nous faisons des playlists, en revanche. Certaines en lien direct avec des articles du magazine.
6) Une nouveauté que j'aime beaucoup c'est la dernière partie du magazine : rembobinages pop moderne, j'y vois comme une sorte de prolongement de l'ancienne rubrique "l'album oublié" (que j'aimais déjà beaucoup et grâce à laquelle j'ai fait beaucoup de découvertes !)...
V.T : Il y a un appétit pour l’histoire de la pop, on le voit notamment avec la politique de rééditions et de coffrets des maisons de disques. La partie “rembobinages pop moderne” répond à cet appétit-là, avec des chroniques de rééditions (souvent longues, qui permettent de raconter une histoire) mais aussi des portraits, des articles sans lien avec l’actualité ou une “discothèque pop moderne idéale”.
7) Ce nouveau magic s'accompagne aussi de soirées "magic number", un petit mot là-dessus ?
V.T : Magic a toujours organisé des concerts, sous différents noms et avec différents concepts. Nous produisons les soirées Magic Number avec La Route du Rock Booking, dans l’idée de proposer des soirées qui ont quelque chose de différent : par leur affiche ou le lieu où elles se tiennent. Pour la première, le 15 février au Divan du Monde à Paris, nous avons invité Mark Eitzel, qui sera accompagné sur scène par un groupe qui comprend Bernard Butler (l’ancien guitariste de Suede, qui a produit le nouvel album de Mark Eitzel). C’est une exclusivité européenne. La soirée Magic Number est la seule date de la tournée européenne d’Eitzel (avec Londres) où les deux musiciens seront réunis sur scène. Nous avons aussi convié Stranded Horse, que Magic a toujours soutenu, et Canari, jeune groupe issu de la galaxie La Souterraine, que nous sommes très heureux de soutenir aujourd’hui. La prochaine soirée Magic Number aura lieu le 13 avril dans un très beau lieu, avec une artiste culte, qui n’a pas joué à Paris depuis plus de dix ans. Suspens !
Propos recueillis par email le 31/01/2017