Quintet basé à Montréal, Thus:Owls
est mené par le couple Angell : Erika (suédoise de naissance)
au chant et son mari Simon à la guitare, connu pour jouer
régulièrement avec Patrick Watson. Ce troisième effort, « Turning
Rocks » nous emmène sur un terrain connu, celui de la pop des
années 1970. Joliment ouvragé, l'album regorge de mélodies
agréables, de climats apaisants où le chant éthéré, les guitares
et les claviers vintages (Farfisa, Wurlitzer) se taillent la part du
lion. L'originalité viendrait plutôt du chemin parcouru pour
arriver à ce fameux terrain archi-balisé par ailleurs. Adepte des
structures complexes et étonnantes, bien éloignées du plan/plan
couplet/refrain/couplet, Thus:Owls ne propose pas une énième
re-création de la fameuse décennie à la différence de la cohorte
bien connue des suiveurs. Bien au contraire. Chez Thus:Owls, la
chatoyante acoustique se mêle à une audacieuse approche
progressive. La musique expérimentale n'est jamais bien loin, la
balance ainsi obtenue entre le connu et l'inconnu est quasi-parfaite.
Un album revigorant et plein de fraîcheur.
En concert le 7 mai au 114 (Paris)dimanche 27 avril 2014
Argyle : « Gold Rust »
Premier album pour le power trio,
originaire de Poitiers, au 150 concerts répartis entre la France et
l'Allemagne. Plus que de puissance pure, la musique d'Argyle est
surtout affaire de climats. Certes, le disque comporte son lot de
guitares et les amateurs d'un rock puissant et racé seront servis.
Mais le groupe fait la différence par la finesse de ses arrangements
et une texture sonore soignée à l'extrême sans pour autant tomber
dans l'excès ou la grandiloquence. Un clavier ici (« Goodbye
Jimi ») ou une longue dérive instrumentale progressive
particulièrement bien sentie (« Gold Rust », « Swimming
pool ») permet au groupe de s'envoler ailleurs, vers cet
endroit étrange et secret où se retrouvent les amateurs de musiques
dites « sombres » et associées. Cette approche
fonctionne sur des formats assez longs et Argyle réussit la prouesse
de dépasser régulièrement les cinq minutes sans ennuyer
l'auditeur. A la fois lyrique, nerveux, tendu voire même oppressant
(« The Script »), l'album d'Argyle n'est pas sans
rappeler le Placebo des débuts, Interpol où les Cure quand ceux-ci
étaient produits par Ross Robinson. Une bien belle compagnie au
milieu de laquelle le groupe ne fait pas tâche. A découvrir...
samedi 26 avril 2014
Catfish : « Muddy Shivers »
Découvert il y a quelques mois avec un excellent EP, le duo Catfish est de retour avec un premier album en
bonne et due forme. Si Catfish trempe dans le blues, l'idiome
ternaire est loin d'être la seule composante de leur musique, au
risque de faire grincer quelques dents un peu trop puristes. En fait
Catfish ressemble à ces groupes garage étasuniens établissant des
ponts entre blues et rock n'roll. La présence d'une chanteuse, la
sublime Amandine, pourrait les rapprocher des Kills mais le raccourci
serait un peu trop facile. Car Catfish à sa propre personnalité et
cette dernière ne manque pas de charme. C'est la voix d'Amandine
(qui assure également la basse et les percussions) qui marque en
premier lieu : profonde, grave, le timbre semble venir d'un
autre âge et possède le coffre digne d'une chanteuse de jazz...
Damien aux guitares (mais également à l'harmonica, aux claviers et
aux percussions) dégage un jeu incandescent, aux fortes racines
blues (« Have a good time ») mais dont la puissance,
toute rock n'roll, se marie à merveille avec le coffre d'Amandine
(« Catch Me »). C'est une chimie rare à laquelle sont
invitées nos oreilles. Le disque regorge de feeling, on pourrait
parler d'un album « soulful » si le terme n'était pas
autant galvaudé. Enfin, tout au long de ces douze plages, Catfish
varie les ambiances entre furie (mais contrôlée) électrique et
acoustique chatoyante (« Black Coat ») teintée de
country. Bien que soignée, la production, évite d'en faire trop et
respecte les valeurs minimalistes et sauvages du groupe. Un peu à
l'image de la, très réussie, pochette le duo donne l'impression
d'avoir enregistré dans une grange abandonnée au fin fond de la
campagne. A n'en point douter cet album à une âme. Enfin
soulignons, fait assez rare, que seuls trois titres sont repris de
l'ep précédent, preuve de la richesse de leur répertoire.
jeudi 24 avril 2014
Last Train : « She's got your soul »
Attention tremblez dans les
chaumières ! Last Train débarque et, croyez-moi, vos enceintes
vont se souvenir longtemps du passage de ce fameux train. Passé la
courte introduction d' « El rey de los perros »,
dans une ambiance mexicaine assez sympa au demeurant, les choses
sérieuses commencent dès la plage suivante, la deuxième :
« You can't deny ». Accroche de guitare efficace, chant
sur le fil à deux doigts de la rupture, la magie opère, c'est les
années 1970 revisitées. Le reste est peu ou prou à l'avenant. Gros
rock, puissant et efficace, dans la tradition heavy blues. La
production est soignée et les guitares ont bénéficié d'un
traitement en profondeur, notamment « Fat Rat » qui joue
habilement des différences de volume pour entretenir l'excitation
chez l'auditeur. Les six plages mettent l'efficacité au premier plan
même « Hammerhead » qui commence par un joli arpège de
guitare folk pour mieux prendre l'auditeur par surprise dans un final
noise/heavy en fusion qui rappelle un peu plus les années 1990. L'ep
peut certes apparaître un peu convenu mais en attendant, quelle
efficacité !
lundi 21 avril 2014
Interview avec Klô Pelgag
Lorsque nous avons retrouvé Klô Pelgag, cette dernière venait d'arriver en Europe pour une série de concerts étalés sur deux mois. L'occasion de discuter un peu de musique, de son univers créatif plutôt décalé entre autres choses...
(c) Diane RH |
Alors Chloé, ça te
plaît l'Europe ?
Klô Pelgag :
Oui ! Jusqu'à maintenant je n'ai que des bonnes expériences.
Ça serait difficile de dire le contraire.
Est-ce que tu pourrais
nous parler un peu de ton « laboratoire de création » ?
KP : En fait c'est
la maison de mes parents à la campagne, dans un petit village
magnifique à une heure et demie de Québec. Dans la Gaspésie. Vers
la péninsule. La maison est sur un cap. Tu vois toute l'eau (le
fleuve Saint-Laurent, ndlr) comme ça (elle écarte les bras). Et
puis derrière, il y a la foret. C'est vraiment un paysage inspirant.
C'est bon aussi pour l'esprit, pour décompresser. J'aime vraiment y
aller. J'aime retourner chez mes parents pour écrire. J'y ai une
petite pièce avec mon piano. C'est ma petite bulle. Sinon j'habite à
Montréal. J'habite en ville mais je suis une fille de campagne
quand-même. Il y a des choses intéressantes dans les deux. Mais
pour écrire je préfère la campagne.
Justement, ton
environnement t'inspire pour l'écriture ?
KP : Oui, je suis
très influencée par ce qui m'entoure. Moi, aller à la campagne, ça
me libère l'esprit. La ville c'est comme un tourbillon. Il y a
tellement de choses qui se passent, il y a tellement de choses pour
t'influencer. Si tu marches dehors, t'es entouré de plein de trucs.
Je trouve ça plus facile quand je retourne en campagne, il n'y a que
des espaces infinis autour de moi. Je sens comme plus d'espace dans
ma tête pour créer des choses nouvelles. Pour sublimer ce qui
m'entoure.
Tu es à Paris depuis quelques jours, tu est inspirée ?
KP : C'est encore
tôt pour le dire. Ce n'est pas très prévisible non plus. Mon
écriture est très spontanée. Rien n'est venu pour l'instant. Mais
je n'ai pas encore eu le temps de me poser et d'observer. Je n'ai
fait que des interviews.
Et Montréal ?
KP : J'aime
beaucoup, c'est une ville très vivante, il s'y passe beaucoup de
choses. Montréal, c'est aussi une bulle de création. C'est grand et
c'est tout petit en même temps. Tu rencontres tout le temps des gens
que tu connais...
Surtout entre
francophones...
KP : Oui, c'est
une ville bilingue. Il y a aussi ce côté multiculturel que je
trouve super intéressant. Tu peux voyager rien qu'en changeant de
quartier : indien, grec, chinois... Avec des restaurants et des
gastronomies différentes à chaque fois. C'est une ville
foisonnante, très inspirante. Je puise mes trucs partout où je vais
mais quand je retourne en campagne ça m'aide à y voir plus clair.
Qu'est-ce qui est le plus important pour toi, la musique où les textes ?
KP : Pour moi les
deux sont aussi importants. J'écris musiques et paroles en même
temps, en parallèle. Il y a quand-même quelques chansons qui sont
plus « à texte », le silence épouvantail par exemple.
La musique c'est comme une grande roue qui tourne, ça évolue et
puis on revient au point de départ. Il y a des exceptions comme « le
dermatologue » très axée sur la musique, les mélodies jouées
par les différents instruments sont super importantes sur ce titre
là. J'aime que mes chansons puissent vivre juste en piano/voix, pour
ne pas être dépendante de mon groupe.
Ça se sent, ton style est très acoustique on entends bien les racines...
KP : J'ai aussi un
goût très prononcé pour l'acoustique. L'instrumentation est
classique.
Je sais qu'au Québec vous défendez beaucoup la langue française alors qu'ici beaucoup de jeunes groupes chantent en anglais pour faire chic. C'était important pour toi de chanter en français ?
KP : En fait je
parle uniquement français, je pense et je m'exprime en français.
J'aurais du mal à chanter en anglais. Il y a aussi des québecois
qui chantent en anglais probablement pour avoir une portée
internationale plus grande. En même temps on est juste à côté des
États-Unis et il y a beaucoup de québecois qui ont de la famille ou
juste un parent anglophone, ça se défend pour certaines personnes.
Moi ce n'est pas une question de choix mais d'origine. Et de goût
aussi. J'adore la langue française, sa couleur, sa résonance,
j'aime la partager. C'est comme ça.
Ton univers créatif est un peu décalé. Je pense à des chansons comme « La fièvre des fleurs », « les mariages d'oiseaux », « la fièvre épouvantail »... Est-ce que tu pourrais nous décrire ton petit monde ?
KP : J'ai toujours
eu un goût pour l'extraordinaire. La représentation de la réalité,
ça m'intéresse beaucoup moins. Même dans l'art visuel, j'aime le
surréalisme. J'écris comme je suis. Ça donne quelque chose d'assez
éclaté, percutant et profond en même temps. De poétique aussi.
J'aime la langue et m'amuser avec. J'aime représenter des sentiments
profonds et réels pour les sublimer et les exprimer du mieux que je
peux. Et quand j'y arrive avec des mots, ça me fait du bien. J'écris
aussi pour me faire du bien à la base.
Tu trouves beaucoup d'inspiration dans les livres, la poésie ?
KP : Oh oui. C'est
toujours rassurant et réconfortant. Je suis toujours émerveillée
quand je découvre un poète, un écrivain. Ou même un artiste qui
fait quelque chose que j'aime par ce que c'est rare ! Ça me
rassure de voir qu'il y a d'autre gens qui sont sur la même longueur
d'ondes que moi, qui réfléchissent un peu de la même façon. Je
suis considérée un peu comme une extra-terrestre au Québec, dans
ce que je fais. Moi je me sens juste moi-même. Je trouve qu'en
France il y a beaucoup d'artistes qui ont comme un genre de
personnage. Moi on me compare beaucoup avec Camille.
Il y a souvent dans tes chansons comme un mélange tristesse/joie. C'est grave et léger en même temps...
KP : Moi j'adore
les contrastes. J'aime quand un élément fait évoluer les choses.
« La fièvre de fleurs », c'est un sujet triste, la mort,
la leucémie, la maladie. Je pense que je n'ai pas besoin d'en
rajouter pour faire une chanson vraiment triste qui va faire pleurer
tout le monde. Moi mon objectif c'est d'ajouter quelque chose en
plus. La musique plus joyeuse et funky va rajouter quelque chose, ce
n'est pas juste de la tristesse. Ça devient de la mélancolie et
toutes sortes de dérivés de la tristesse. Cela ajoute beaucoup plus
de nuances dans l'émotion. Je trouve ça intéressant. Mais moi je
n'analyse pas trop ce que je fais, je découvre après coup en
faisant des entrevues, ça me porte à analyser ma façon de
travailler. Je ne veux pas être ennuyeuse.
Tu pars souvent d'un sentiment pour écrire une chanson ?
KP : Toujours. Les
fois où j'ai essayé de commencer une chanson juste pour faire une
chanson je ne l'ai jamais gardée. J'ai vraiment besoin que cela me
percute ou me fasse du bien. Je ne suis pas non plus une musicienne
comment dire... C'est rare que je joue du piano juste pour jouer du
piano. Je joue quand j'en ressens le besoin. Et puis après il y a
les spectacles. J'adore les spectacles !
Parle-nous de l'aspect visuel. En concert vous avez tous des déguisements complètement dingues de toutes les couleurs. A un moment il y a un musicien qui a fait un tour de magie avec un verre d'eau et j'ai lu quelque part que parfois tu cuisines des gâteaux sur scène...
KP : J'essaye
juste de faire des choses qui m'amusent aussi. Le spectacle doit
rester quelque chose de vivant, pas mécanique ou de programmé.
Après tu deviens un produit. Moi je ne fais pas un produit, je fais
un spectacle (elle insiste) ! Il faut que cela soit spontané.
Moi c'est ma façon de voir. Après c'est difficile parce qu'il faut
que je me réinvente à chaque fois. Trouver des nouvelles idées,
des nouveaux concepts. Mais ça me fait plaisir de le faire et j'ai
l'énergie pour.
Ton frère Mathieu arrange tes chansons, il y a une forte complicité musicale entre vous ?
KP: Oui, on travaille
ensemble, on a les mêmes références, on a grandi ensemble. Il y a
une chimie naturelle. C'est lui qui m'a encouragée à faire de la
musique au début, il m'a beaucoup donné confiance. C'est mon grand
frère il a une grande influence sur moi. On travaille beaucoup les
arrangements ensemble, c'est vraiment une collaboration. Je suis
impliquée dans chaque facette de ce que je fais, les photos, les
clips tout ce qui est visuel. C'est normal mais tout le monde ne le
fait pas.
Ton sens de l'humour est particulier, sur scène tu fais des blagues mais toujours à froid...
KP : Oui. Rire de
sa propre blague, c'est comme vendre un punch qui n'existe pas. Je ne
suis pas une humoriste. J'aime provoquer les gens un peu. Je ne dis
pas : « c'est une blague ». Je dis quelque chose
après le public le prend comme il veut. J'adore quand il y a des
moments de silence un peu gêné. C'est mes moments préférés. Les
petits moments de malaise. Chatouiller les gens et les déranger un
peu. Je pense que cela leur fait du bien aussi. Parfois on est très
pris dans nos limites, gêné d'être nous-mêmes. J'aime bien
défaire ça.
Tu te fiches des
étiquettes musicales ?
KP : Moi je fais
la musique que je peux faire. Parce que c'est la seule. C'est moi en
musique. Je n'ai pas étudié la musique. Je me sens plus une artiste
qui est aussi musicienne. Après le public définit leur perception
de ce que je fais. Moi je fais ce que je peux et surtout ce que j'ai
envie. J'essaye de ne pas me mettre de limites, un jour je me
lancerai peut-être dans le dubstep ! Je ne veux pas m'ennuyer
jamais dans ce que je fais.
C'est une manière de
rester libre aussi...
KP : Oui, oui.
Dans ce sens là je me fous des étiquettes, ça ne me dérange pas.
Tu te sens plus artiste
que musicienne...
KP : Oui, j'ai
envie de faire plein de choses dans ma vie, je suis encore jeune. Je
peux changer d'idée demain. Je ne sais pas... Je ne me mets pas de
limites par ce que je ne sais pas ce que je vais avoir envie de faire
dans cinq ans. Mais je pense que la musique c'est quelque chose de
très important pour mon bien être.
http://klopelgag.com/
Propos recueillis le 05/03/2014.
Propos recueillis le 05/03/2014.
Un grand merci à Chloé pour sa gentillesse et sa disponibilité et à PH qui a organisé cette rencontre.
jeudi 17 avril 2014
Your Favorite Enemies : « Entre marées et autres ressacs »
Entre marées et autres ressacs, les
montréalais de Your Favorite Enemies se tracent un itinéraire tout
à fait personnel dans le grand barnum du rock. Peu importe
l'étiquette que l'on collera à cette musique : indie-rock,
post rock ou noise, dans le fond, l'essentiel se trouve ailleurs. Ce
qui frappe chez YFE, c'est l'engagement, l'intensité. On a rarement
l'occasion d'entendre un groupe poussant aussi loin et aussi fort.
Les guitares sont repoussées dans leurs ultimes retranchements, la
section rythmique donne le carburant nécessaire pour entraîner la
machine. La batterie relance constamment la donne, exploitant le
moindre espace musical disponible donnant l'impression de mettre au
défi les autres musiciens sur un rythme infernal (« Empire of
sorrow », « I just want you to know »). Le tout
prends parfois des atours sombres et inquiétants comme sur la
magnifique pièce d'ouverture, la contemplative « Satsuki
Yami ». Lorsqu'ils ralentissent le rythme, « A view from
within », « Obsession is a gun », YFE touche alors
du bout des doigts tout un spectre d'émotions, le sextet se fait
alors sensible et touche au cœur. Magnifiquement produit, L'EP
réussit un tour de force, celui de trouver du sens dans le chaos,
agençant une riche palette sonore qui aurait aussi bien pu finir en
maelstrom inécoutable. La beauté se trouve dans les détails, ces
cinq titres sont d'une richesse sonore inouï, le moindre feulement
de guitare semble avoir été étudié, et pourtant l'ensemble
découle de manière naturelle et dépourvue de calcul. C'est peu
dire que Your Favorite Enemies frappe fort sur ce premier EP, on a
hâte de les découvrir sur scène. Vivement l'album !
Jeu-Concours OK CHORAL
Des exemplaires du très classieux 45 tours des Rémois de OK CHORAL sont à gagner. Pour participer rien de plus simple, il suffit d'envoyer un mail à l'adresse suivante : myheadisajukebox@gmail en précisant Concours "OK CHORAL" dans l'objet. Les premiers empochent la mise. Attention les 45 tours sont disponibles en quantité limitée...
mercredi 16 avril 2014
Johnny Borrell and Zazou : « The artificial night »
Johnny Borrell, le retour ! Après
cinq années de silence discographique, l'ex chanteur de Razorlight
fait son come back accompagné de nouveau projet Zazou. Dans
l'intervalle, il semblerait que le Sieur Johnny ait renouvelé sa
discothèque et se soit épris de nouvelles ambitions artistiques.
Désormais, Johnny se veut crooner, tendance torch song, et n'hésite
pas à mettre en valeur des instruments tels que le piano, le
saxophone et les violons. Une ambiance « tabouret de bar enfumé
en fin de nuit » habite ces quatre morceaux entre jazz,
arrangements de cordes manouches et percussions latines. Et malgré
toute la sympathie que nous inspire ces ambiances intimistes et
nocturnes, il manque encore un petit quelque chose à Zazou pour
emporter notre adhésion pleine et complète. Est-ce le répertoire,
dans le fond assez quelconque (une reprise de Dylan quand même)
? Ou la voix un peu trop propre pour jouer au grand cabossé de
l'existence ? De plus l'EP se termine de façon assez abrupte
provoquant un sentiment d'inachevé chez l'auditeur. N'est pas Tom
Waits qui veut...
lundi 14 avril 2014
ALT : « I'm a dancer »
Découvert il y a quelques temps déjà
en première partie des, hélas dissous depuis, Eighties Matchbox
B-Line Disaster, le trio français ALT nous comble avec cet EP de
quatre titres, première partie s'intégrant dans un ensemble de
quatre disques. Si à première vue tous les indicateurs semble
pointer vers le punk, à la revoyure, le groupe est beaucoup plus
riche qu'il n'y paraît. Certes ALT ne laisse pas sa part de gros son
aux chiens. A ce propos le disque débute sur les chapeaux de roues
et dépote dès la première minute, les guitares explosent, la
section rythmique (Scotch à la basse et Nicolas Ruty à la batterie)
fonce à toute berzingue et le chanteur Denis Malbrancke s'époumone
comme en 1977. Mais il y a quelque chose qui tiendrait de la new wave
dans le premier titre « I amn't », peut être le son de
basse énorme qui rappelle Simon Gallup des Cure ? Le reste de
l'ep varie les plaisirs, « The important ones »
fonctionne sur une alchimie fragile portée par une dynamique
moderne, un peu comme de l'électro à guitares, entrecoupé d'un
pont mélodique calme et apaisé. Étonnant. Un peu plus loin « Super
hardcore love sing a long song » abat une carte plus
classiquement heavy metal, pas déplaisant au demeurant. « All
that's wrong in it » termine l'ep en beauté sur un terrain
plus noisy, un solo de guitare à se damner et un tempo moins
frénétique (ça fait du bien). Un bon ep en attendant la suite...
http://alt-music.net/
dimanche 13 avril 2014
Placebo : « Loud like love »
On les avait quitté en bien mauvaise
posture après un album, « Battle for the sun », un
disque ampoulé et mal fichu qui n'a pas vraiment laissé une forte
impression dans les mémoires. Pire encore, on avait déserté leur
passage à Rock en Seine (en 2012 si je ne m'abuse) avec un goût
amer en bouche. Quelques années de maturation plus tard et un
changement de label, Placebo est de retour avec un album qui fleure
bon les années 1990, décennie qui représente à bien des égards
le climax de la formation. Comme à l'époque, l'album débute avec
un rock rageur « Loud like love » qui n'est pas sans
rappeler « The bitter end » (« Sleeping with
ghosts », 2003). Un peu plus loin, « Scene of the crime »
et « Exit wounds » jouent sur des sonorités plus
électro, autre spécialité du groupe. Plus généralement sur la
longueur du disque, Placebo renoue avec cet alchimie fragile faite de
guitares tranchantes (« Rob the bank ») et de mélodies
émouvantes (« Too many friends »). Impossible de ne pas
être saisi d'émotion à l'écoute de la magnifique « Hold on
to me » et de son majestueux tapis de cordes. L'album se
termine avec « Bosco », chronique tragique de
l'alcoolisme digne du « Poison » (Billy Wilder, 1945)
servie sur une mélodie dépouillée au piano. Le texte, déclamé
avec passion et froideur par Brian Molko, sonne douloureusement
autobiographique. On retrouve alors Brian Molko dans son meilleur
rôle, celui de la rock star fragile et tragique, minée par les
excès et les tentations autodestructrices. Le Brian Molko de
« Protège-moi »/« Protect me from what I want ».
Celui que l'on aime.
samedi 12 avril 2014
Stephen Malkmus and The Jicks : « Wig out at Jagbags »
Héros grunge des années 1990 au sein
de Pavement, Stephen Malkmus s'est lancé dans une carrière
parallèle accompagné des Jicks depuis l'an 2000. « Wig out at
Jagbags » est le (dèjà) sixième effort de la formation.
Stephen Malkmus, c'est le genre de type qui se bonifie avec le temps.
Certes, ce nouvel album apportera sa dose de frissons électriques
aux amateurs du genre (« Houston Hades », « Shibboleth »
inquiétant et heavy), parce qu'il faut bien, en dépit de tout,
garder une base à laquelle se raccrocher. Mais l'essentiel est
ailleurs. Car sous les atours rock, se cache une petite merveille
d'album pop particulièrement réussi qui n'est pas sans rappeler la
scène power pop contemporaine de Pavement, celle des Weezer (un peu)
et autres Nada Surf (beaucoup). Le morceau d'ouverture, « Planetary
Motion » est remarquable et digne des Beatles. L'album
impressionne par sa capacité à pervertir les mélodies, la finesse
des arrangements, un piano ici (le final de « Lariat »)
ou une guitare acoustique là (« The Janitor revealed »,
« J smoov ») nous rappellent que toute cette affaire est
finalement très soignée et pensée dans les moindre détails. Comme
tous les grands albums pop qui jalonnent l'histoire...
http://stephenmalkmus.com/vendredi 11 avril 2014
Bigmoneymakers : « Hope it's not too soon »
Nouvel EP pour les Bigmoneymakers, le
quintet parisien. Un petit mot pour commencer afin de souligner la
superbe présentation du cd, et sa pochette en noir et blanc
magnifique. L'objet est accompagné, fait rarissime pour un disque de
cinq titres, d'un livret (sublime) d'inspiration BD. Ça n'a l'air de
rien dit comme ça, mais c'est finalement très important dans le
fond. Pour une raison toute simple, le disque fait envie avant même
que l'on ai écouté la moindre note. Et puisqu'on en parle lorsque
qu'arrive le fatidique moment de l'écoute, la découverte du groupe
comble. La première plage, « 1789 » est d'une ambition
monstre. Ouverture digne d'un disque classique avec clavecin et
arrangements de cordes, l'auditeur est dans un premier temps
complètement désarçonné, est-on en présence d'un groupe de rock
n'roll ? Vraiment ? On est rassuré lorsque les guitares
rentrent en scène et en son quelques mesures plus loin dans un
mélange harmonieux digne de Weezer. Risquée, étonnante et quoi
qu'il en soit, couillue, l'ouverture est parfaite. Comparativement,
les quatre autres plages peuvent apparaître bien sagement
classique... Mais c'est faire bien peu de cas de la qualité de la
musique ici proposée. Visiblement inspirés par la génération
2001, Strokes et Consorts, les Bigmoneymakers excellent dans ce rock
mélodique sur rythmes disco, « Tired to get fired »,
« not that hot » dansant et nickel. Bien peu de choses
ont été laissées au hasard sur ce disque à la fois mélodique,
pêchu et riche d'ambiances variées. Production soignée, guitares
énormes et rythmique cadrée au millimètre (un grand soin a été
apportée à ce dernier paramètre), aucun doute possible, la copie
est propre, digne d'un groupe anglo-saxon. « Hope it's not too
soon » chantent-ils. Évidemment que non, on n'a que trop
attendu pour les découvrir...
https://fr-fr.facebook.com/bigmoneymakersmercredi 9 avril 2014
Travel Check
Quelques mois après le clip de « 66
$ », envoyé en éclaireur, Travel Check est de retour avec un
premier EP de quatre titres, dans une superbe livrée vinyle blanche,
sur lequel on retrouve « 66 $ » qui ouvre d'ailleurs le
disque. Quelques minutes suffisent pour confirmer l'excellente
impression laissée par la vidéo. Avec beaucoup de classe, Travel
Check revisite les sixties, mais pas n'importe lesquelles, celles qui
annoncent le punk, entre garage, surf music et Mersey Beat. Le son
est bien entendu sale, mais travaillé, et les morceaux sont bétonnés
niveau rythmique. « Druggy Daddy » prends des atours surf
grâce à un petit gimmick de guitare irrésistible. L'attaque
sonique de « La gravière » laisse l'auditeur pantois
devant un mur de guitares. Dernière chanson du disque « Feels
Alright » joue la carte de la pop psychédélique grâce à une
jolie suite d'accords légèrement dissonants avant qu'un tonnerre de
guitares saturées ne s'abatte sur la platine au détour d'une
accélération finale à décoiffer un chauve et une coda qui restera
dans les annales du chaos. Cette dernière composition est très
probablement la plus intéressante du disque car, au delà du
sympathique boucan, elle laisse apercevoir de multiples possibilités
pour l'avenir. Pour peu qu'ils canalisent leur(s) énergie(s), ces
types sont capable de nous sortir un album d'enfer...
https://www.facebook.com/travelcheckparis
lundi 7 avril 2014
The Scales : « Twist in the drama »
C'est un univers assez délirant que
nous décrit les français de The Scales sur cet EP inaugural, entre
cowboys et zombies, soit autant de preuves d'une fascination toute
« nerdique » pour le cinéma de série B. C'est
d'ailleurs un peu à une bande originale d'une série B des années
1960 à laquelle on pense en écoutant le disque, assez crunchy,
entre surf et garage rock cradingue. Logiquement, le genre de truc
qu'on adore par ici. Et pourtant il manque encore un petit quelque
chose. Les guitares attaquent bien comme il faut, la rythmique
assure, un clavier apporte ici et là une petite note étrange venue
d'ailleurs. La forme est parfaite. Le problème viendrait plutôt de
l'écriture. La composition manque un peu de relief, de mélodies, de
« hooks » qui rendrait la chose inoubliable et que l'on
se surprendrait à siffloter sans s'en rendre compte. Un groupe ultra
compétent, pas de doute, mais qui n'a pas encore à sa disposition
le répertoire pour accéder à l'intemporalité à laquelle il
aspire. Un peu de patience...
dimanche 6 avril 2014
Two bunnies in love
En attendant la sortie de leur nouvel
EP, prévue pour l'automne prochain, les Two Bunnies in love nous
donnent de leurs nouvelles via ce nouveau single de deux titres.
Résolument tournés vers la pop, en particulier celle des années
1980, les lapins amoureux préfèrent remettre ces influences au goût
du jour plutôt que de rechercher à recréer les sons du passé. La
formule marche particulièrement bien sur « Manchester »
où le groupe nous entraîne dans un grand délire banjo/surf
rehaussée d'un riff de guitare bienvenu. Le morceau tourne plutôt
bien et dégage une euphorie bienvenue. L'autre titre de la galette,
« Duchesse » n'est pas mal non plus, dans un style synthé
bubble gum, moins axé sur les guitares mais porté par une ligne de
basse énorme. L'univers primesautier des Two Bunnies in love semble
porté par une joie de faire de la musique quasi enfantine, on
attends la suite avec curiosité.
http://twobunniesinlove.com/
mercredi 2 avril 2014
The Dukes : « Alright »
Découvert en 2011, The Dukes avait
fait sensation avec un excellent premier album, « Victory »,
rappelant les grandes heures du rock indépendant des années 1990.
Fait exceptionnel pour une formation française, le groupe avait même
eu la chance de partir en tournée européenne en première partie de
quelques grands noms (The Subways notamment). Trois ans ont passés,
et The Dukes est enfin de retour avec un nouvel effort enregistré à
Los Angeles, après de longs mois de gestation. Le line up a
également subi de nombreuses modifications puisque du quatuor de
base ne reste plus que les deux fondateurs du groupe : Shanka
(qui se produit également régulièrement avec France de Griessen) à
la guitare et au chant et Greg Jacks à la batterie. Pour l'instant
les deux musiciens ont décidé de se produire en duo. L'ancien
guitariste Gaspard Murphy est dorénavant à la tête de son propre
projet nommé Duplex. L'accent est également mis sur une nouvelle
approche, plus arty, du rock qui a amené le groupe à collaborer
avec de nombreux dessinateurs de bande dessinée (Charlie Adlard,
Gérald Parel...) et avec le plasticien Paul Toupet (célèbre pour
ses lapins) qui a crée le masque du personnage de Smoki, nouvel
emblème du groupe. Tout cela promet des concerts bluffants d'un
point de vue visuel. Niveau musique on ne se fait pas trop de souci
non plus. Un premier extrait, « Alright » nous a été
envoyé et confirme tout le bien que l'on pensait du groupe qui
renoue avec cette dynamique très particulière entre énergie et
mélodie. Très riche d'un point de vue musical, « Alright »
évoque aussi bien la power pop que le punk brut avec une légère
pointe de blues au détour d'une guitare slidée du plus bel effet.
On attend avec impatience le nouvel album, « Smoke against the
beat », dont la sortie est annoncée pour le 16 juin prochain.
En attendant la tournée estivale, une date de concert a été
confirmée pour le 5 avril à Conflans (festival Bonne Machine).
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