Trio écartelé entre la France et New York, les Sophia
Lorenians sont composé du machiniste Samuel Alhaouthou, du guitariste Jeff
Blanco et de l’excellent chanteur Bruce Sherfield. La formule proposée est
simple : toutes les compositions du groupe (du moins celles présentes sur
cet ep de cinq titres) s’articulent autour des programmations et sons de
synthés terriblement marqués par les années 1980 (pas spécialement un
compliment). La guitare n’est réduite qu’à un rôle rythmique en arrière plan.
Par contre le chanteur Bruce Sherfield est remarquable, superbe voix soul
rythmique et élastique, son chant est enthousiaste et communicatif. Le tout est
très bien produit, propret, net et sans bavure. Du travail millimétré. Un EP
trouvera probablement son public auprès des nostalgiques de la pop funk des
années 1980 (genre qui n’est absolument pas la tasse de thé de votre
serviteur).
lundi 28 janvier 2013
vendredi 25 janvier 2013
Bottle Next
Par les temps qui courent, il serait aisé de croire qu’il
n’y a rien qui ressemble plus à un duo guitare/batterie qu’un autre duo guitare/batterie… Bottle
Next fait un peu figure d’exception à la règle, tout animés qu’ils sont par une
volonté d’élargir le spectre quitte à se perdre dans les méandres
d’arrangements alambiqués dignes du rock progressif. Ainsi, ce petit EP de cinq
titres sonnent parfois jazz voire même métal et ce dans le même titre,
« Help Yourself », dont le saxophone rappelle Morphine et le chant guttural
le heavy metal. Le blues n’est bien sur pas absent des débats « Freedom in
the water », « cafeine », « Bottlenecks » sous
influence John Butler. On peut regretter toutefois un manque général de
concision, des compositions parfois exagérément longues pour peu de chose au
final ("Bottelnecks"). L’EP est cependant plus qu’honorable et s’écoute agréablement. Le temps
et l’expérience gommera les petits défauts de jeunesse…
http://www.lamastrock.com/bottlenext/
mercredi 23 janvier 2013
Blackfeet Revolution
Découvert en première partie des Rival Sons il y a quelques
mois, les Blackfeet Revolution sont un duo guitare/batterie pratiquant un rock
garage déjanté soufflant fort sur les braises du blues. Tout cela n’est pas
sans rappeler les Black Keys et autres White Stripes et c’est un peu la limite
du projet. Car pour le reste, les Blackfeet Revolution ont accouché d’un petit
maxi (cinq titres) bien rock n’roll comme on les aime (« Frogs on
fire », « Make me you man » démentiels !). Il faut dire que
le duo a mis les petits plats dans les grands pour arriver à ses fins. Le son
est énorme, la production impeccable. La batterie pulse (« Liar »),
les guitares déchirent et les arrangements, si ils se font discrets sont
toujours à bon escient (les chœurs féminins sur « Frogs on fire »).
Bref l’écrin est parfait pour mettre en valeur leurs qualités de musiciens et
ils en ont. La batterie groove et cogne fort sans jamais sonner bourrin. Le
guitariste développe un style intéressant, entre sens du gros riff et des
motifs entêtants avec une alternance entre passages calmes et violents qui
n’est pas sans rappeler des bons souvenirs (l’album « nevermind » de
Nirvana). Même le chant dans la langue Shakespeare est de bon niveau. Au final,
ce maxi vaut le détour, en attendant que ces promesses soient confirmées sur la
longueur d’un album…
lundi 21 janvier 2013
The Blackout : « Start the party »
Quatrième album pour ce groupe anglais qui a la
particularité de sonner américain. Sur ce nouveau disque, The Blackout renoue
avec les grandes heures de la power-punk-pop telle qu’on l’entendait dans les
années 1990. Fan de Weezer qui a le moral en berne : cet album est pour
toi. Certes, la formule a beau être éculée, mais le tout est rudement bien
troussé. Le son est absolument énorme, visiblement The Blackout a fait le
nécessaire pour ménager son petit effet. Mur de guitares, rythmes en béton
armé, la proverbiale énergie se retrouve à tous les étages : du début à la
fin sans répit ni temps mort. Le chant à deux fois donne du relief et de la
profondeur entre voix mélodique et éructations punk. Et ce qui ne gâte rien, le
gang des six possède également le sens du songwriting, l’album est riche en
hooks et pratiquement chaque titre prends des airs de tube potentiel, du genre
à remplir un stade, dans des styles assez variés : « Keep
singing » et « You » (titre plus acoustique) dans un registre
pop ou la bien nommée « Start the party », une petite
composition punkette auquel il est difficile de résister. The Blackout porte en
tout cas bien son nom, si la lumière saute c’est par ce que le groupe joue
fort ! Un disque particulièrement festif.
dimanche 20 janvier 2013
Junkyard Birds : « Freewheeling Freewill »
Amateur de gros son qui tache ce message est pour toi.
Réjouis-toi mon ami, car il s’en passe des belles choses au pays des guitares
supersoniques et les Junkyard Birds risquent bien de devenir ton groupe fétiche
et pour un petit moment. Il est un adage que j’essaye tant bien que mal de
défendre à longueur de posts : il n’y a pas de vrai rock n’roll qui vaille
sans racines blues. Et je suis d’autant plus heureux de mettre en valeur
aujourd’hui les Junkyard Birds, groupe qui semble adhérer à ma philosophie.
Alors attention, les amateurs de douze mesures au sens strict, dans la plus
grande tradition, risquent bien d’avoir une attaque à l’écoute des huit titres
composant la galette des Junkyard Birds. Car les JB sont bel et bien un groupe
de rock et attention pas n’importe quel rock, celui qui se joue fort à grand
coup de guitares saturées dans la grande tradition des années 70. Pourtant loin
d’être (uniquement) passéiste, Junkyard Birds révèle au fil des écoutes des influences
métal, stoner voire éventuellement doom, c’est selon. Les compositions sont
assez longues, tortueuses et au final assez envoûtantes. Il est en des coins et
des recoins à visiter sur cet album des Junkyard Birds avec la petite cerise
blues, prenant la forme ici d’une guitare slidée ou là d’un coup de pédale
wha-wha particulièrement bien senti, sur un énorme gâteau heavy metal. Monte le
volume mon gars, let’s rock !
https://www.facebook.com/junkyardbirdsofficial
samedi 19 janvier 2013
Interview avec Séverin
Un an et demi après une première rencontre, retrouvailles
avec Séverin, dans le superbe cadre du café Delaville. Ce dernier accepte de
revenir sur la renaissance de son premier album et se livre sans fard sur ses
diverses sources d’inspiration, parfois de manière très intime…
La dernière fois qu’on s’est vu, l’album s’appelait
« l’amour triangulaire » et depuis tout à changé, que s’est-il
passé ? Etait-tu frustré par la première mouture du disque ?
Séverin : L’amour triangulaire est sorti en numérique
et devait sortir en physique. Ca correspondait jusqu’au moment ou je
travaillais sur de nouvelles chansons et je trouvais que l’album n’était pas
tellement abouti dans le sens qu’il manquait beaucoup de choses de ma
personnalité qui n’était pas dans la première version du disque. J’ai demandé
qu’on arrête le processus. Je voulais inclure de nouvelles chansons pour que le
disque me ressemble plus sur plus de facettes. Je voulais accorder plus
d’importance au fond plutôt qu’à la forme.
Quelle comparaison tu ferais entre les deux versions du
disque ? Quelles facettes as-tu voulu rajouter ?
Séverin : Il y a des choses plus personnelles,
nostalgiques et sentimentales. C’est ce qui manquait pour moi dans le premier.
J’étais plus en colère à ce moment là. Je voulais quelque chose de plus triste.
La colère reste toujours mais d’une manière polie.
Moi je l’ai trouvé la nouvelle version plus sombre, plus nostalgique et aussi
moins rock. Tu n’as jamais été dans un registre rock pur mais il y avait quand
même cette énergie…
Séverin : Oui, il y a peut-être un peu moins de
guitares mais ça vient aussi des conditions d’enregistrement des nouvelles
chansons. J’ai beaucoup moins joué en groupe. Dans le premier il y avait une
vraie énergie de groupe alors que là c’est moi qui joue un peu tous les
instruments.
Pourquoi tu n’as pas gardé « mini
bar » ? J’aimais bien ce titre
assez dépouillé par rapport au reste avec simplement une guitare et une voix,
et ça apportait une nouvelle facette assez intéressante de ton univers artistique…
Séverin : Le choix des titres était dur. Mini bar…
(long silence). Je pense que dans ce genre d’ambiance et de sentiments, j’avais
mieux. Le morceau existe, on peut toujours le trouver mais je le trouvais un
peu redondant par rapport à d’autres chansons. Je n’aimais pas trop le son de
guitare en fait (sourire).
Tes paroles sont d’une manière générale assez intimes. Tu
n’as pas peur de te mettre un peu à nu ?
Séverin : Pour l’instant je suis dans un système plutôt
agréable : mes chansons me ressemblent et les gens qui écoutent ma musique
en général comprennent mon propos et ne le déteste pas. Je n’ai pas de
commentaires ou de jugements négatifs sur ma personnalité. C’est le risque
quand tu fais des albums très personnels. C’est toi, ta personnalité que l’on
juge et commente. Mais je n’ai pas eu à y faire face. Peut-être à l’avenir
(sourire). En tout cas moi je suis content d’avoir fait ce disque. Plus je
parle de moi, plus je me rends compte que d’autres personnes se reconnaissent
dans mes titres. Ca me fait plaisir. Tu prends « Dans les graviers »
par exemple, j’ai reçu des mails à propos de ce titre de personnes qui
comprennent exactement de quoi je parle. Ou « première déclaration »,
une chanson hyper frontale, hyper personnelle, je pense que ce genre de titre
peut avoir un écho beaucoup plus fort chez les auditeurs. Contrairement à une
chanson qui parlerait d’un sentiment global d’une manière évasive, là c’est
quand même très précis. Mais bon c’est vrai que c’est risqué, tu peux te
retrouver jeté en pâture…
Et cela ne te fait pas peur ?
Séverin : Non. Tant qu’on ne me traite pas de gros con,
ça va…
Est-tu quelqu’un de nostalgique ? Je pense en
particulier aux paroles de « Dommage collatéral » ou « Dans les
graviers »…
Séverin : Je pense que j’ai un tempérament assez
nostalgique mais je crois qu’en même temps je suis un mec assez heureux. J’ai
des gênes plutôt sain, je suis de bonne composition, j’arrive à me relever d’à
peu près tous les petits trucs qui peuvent m’arriver. Je sens ma nostalgie dans
ma voix et mes chansons mais dans la vie de tous les jours, je ne suis pas le
genre à dire que c’était mieux avant. Je ne le pense pas tellement d’ailleurs,
je suis content de vivre dans mon époque, tout va bien. La nostalgie me vient
un peu malgré moi.
Quelques mots sur les paroles de
« Sexplication » ? Dans la limite du raisonnable bien entendu.
Séverin : Alors, écoute (rire un peu gêné).
Sexplication, euh… C’est déjà un sujet qui me tenait à cœur, ça fait longtemps
que j’avais envie de faire une chanson là-dessus. C’est le genre de thématiques
ou tu es obligé d’avoir une musique fun sinon ça peut vite devenir un peu
sordide. C’est difficile de réussir à garder longtemps une relation érotique
dans un couple. C’est aussi pour parler de la mauvaise foi des garçons. C’est
un peu toujours l’autre alors que lâcher le romantisme trop vite, c’est souvent
un truc de mec.
Dans « les sirènes » il y a une phrase qui
dit : « C’est la ville qui m’a crée ». Parle-nous un peu de la
ville…
Séverin : J’ai passé énormément de temps dans ma
jeunesse dans les bureaux de mon père, à l’attendre dans un environnement
hyper-business. J’ai le sentiment que le lycée ne s’arrête jamais en fait. T’as
l’impression d’être dans un lycée qui s’agrandit et s’agrandit avec des enjeux
qui sont toujours de plus en plus grands. Le terme « ville », c’était
plus la formulation d’un truc oppressant.
La chanson était déjà sur l’amour triangulaire, c’était le
dernier titre, est-ce qu’il y a une signification particulière ?
Séverin : Déjà j’étais assez déprimé au moment où je
l’ai écrite. Et même temps je jouais avec cette idée d’être déprimé. C’était
une blague mais il y avait un côté un peu sentimental quand même. L’idée d’être
piégé entre deux choses. Mais quand je l’ai faîte, je me disais, et ça m’arrive
de temps en temps, « mais qu’est-ce que je fous, je ferai mieux de me
trouver un vrai boulot plutôt que d’essayer de faire de la musique »…
C’est un combat perpétuel de faire de la musique, c’est vrai dans des milliers
de jobs et j’ai beaucoup de chance malgré tout. Mais il y a ce truc qui fait
que tu luttes tout le temps contre toi-même. Des fois j’en ai marre de devoir
tout le temps être créatif, c’est dur d’avoir tout le temps de nouvelles idées.
C’était un de ces jours là.
Tu doutes beaucoup ?
Séverin : A fond, il y a des jours où je me dis que je
suis une grosse merde. J’espère que beaucoup de gens se le disent également. Je
le pense, je l’espère en tout cas. C’est assez sain finalement. Mais il y a des
jours où je me dis aussi que je suis un génie ! Je te rassure
(rires) !
Tes chansons reposent sur un équilibre assez subtil entre
paroles mélancoliques et musiques plutôt fun. Comment trouves-tu la bonne
balance ?
Séverin : Subtil, c’est le mot. Ce n’est pas un choix. La
musique et les paroles sont d’égale importance. J’essaye de ne pas me laisser
aller à la facilité concernant les arrangements. C’est pour cela que je réalise
des disques pour d’autres gens à côté. Cela me tient à cœur. Il y a des choses
que je m’interdis, cependant, des choses mille fois entendues. Les automatismes
viennent facilement en ce qui concerne les rythmiques, basse, batterie. Il y a
trucs bateau que je veux éviter.
La dernière fois qu’on s’est, tu étais enfermé dehors,
t’avais oublié tes clefs. T’as de nouvelles mésaventures à raconter…
Séverin : Ah oui, les clefs je ne les toujours pas
récupéré mais ça va, je me suis arrangé (rires). J’ai un chat chez moi
maintenant. En fait j’ai enfermé un chat sans le savoir. Je ne savais pas qu’il
y avait un chat dans cette pièce et je l’ai enfermé pendant 20 jours. Je l’ai
trouvé 20 jours après, parce que je ne savais pas qu’il était là et il était en
train de mourir. Il faisait 1,2 kilo. La pièce où elle était elle avait gratté
toutes les portes et le fenêtres jusqu’au sang. Elle a vécu deux semaines et
demi sans eau et sans manger sauf des balles de ping pong. Et maintenant elle a
deux ans et elle est à la maison. Elle s’appelle Natacha comme Natascha Kampusch,
la fille qui s’est fait séquestré par ses parents. Une histoire sordide. Maintenant
elle est en parfaite santé et elle me réveille tous les jours à six heures et
demi du matin. Elle s’assoit dans mes cheveux. Une autre anecdote de portes…
Propos recueillis le 18 juillet 2012.
www.facebook.com/iciseverin
www.facebook.com/iciseverin
jeudi 17 janvier 2013
Hoboken Division : "Sugardaddy"
En attendant l'album (il va falloir patienter encore un peu) Hoboken Division, duo dont on avait découvert l'EP inaugural il y a un an (voir chronique ici) est de retour avec son premier clip, "Sugardaddy" extrait dudit EP.
www.hobokendivision.com
lundi 14 janvier 2013
Bianca Rossini : « Meu Amor »
Nouvel EP de quatre titres pour cette chanteuse découverte
avec l’album « Kiss of Brazil » (chronique ici). Dans la continuité
de ses premiers enregistrements, Bianca continue son exploration des musiques
brésiliennes en mâtinant le tout d’arrangements lounge. Ce nouvel effort est
moins jazzy que le précédent et plus bossa, plus acoustique. L’ensemble swingue
tranquillement, c’est relax (« Passo a passo »). Les notes de piano
s’envolent avec légèreté (« Bem Querer »), les guitares acoustiques
assurent les rythmes dans un swing relâché et les percussions apportent ce
qu’il faut de peps (« Faxineira », la préférée de votre serviteur).
La voix de Bianca est magnifique, suave à souhait. L’entendre susurrer
« Meu Amor » dans un râle sexy procure son petit effet, loin d’être
désagréable à l’auditeur. D’un romantisme et d’un lyrisme exacerbé, ce chouette
petit EP s’écoute comme un rayon de soleil au cœur de l’hiver.
dimanche 13 janvier 2013
Wraygunn : « L’art Brut »
Changement d’orientation dans la carrière des formidables
Wraygunn. Si le groupe a tourné le dos depuis quelques temps aux
expérimentations (scratches, boîtes à rythmes) qui faisaient tout le sel de
l’album « Ecclesiastes 1.11 », ce nouvel album est un pas dans une
nouvelle direction. Le remaniement du line-up, le départ du clavier Francisco
Correia et l’arrivée d’un deuxième guitariste, Pedro Vidal, a rénové le fonds
de commerce du groupe lusitanien. Paradoxalement, même plus axé sur les
guitares, le groupe est moins rock. En effet, Wraygunn n’a jamais été aussi
proche des racines du blues, livrant un album aussi moite que les marais de
Louisiane. Le chanteur et compositeur principal, Paulo Furtado a également
beaucoup évolué, l’intro parlée du disque « Tales of love » n’est pas
sans rappeler Tom Waits. Sa voix a beaucoup gagnée en épaisseur et avec les
années il se révèle de plus en plus en crooner à la Richard Hawley (« I
fear what’s in here »). Le rock n’roll n’est pas absent du disque et
réserve encore quelques beaux moments comme « I bet it all on you ».
Les deux chanteuses du groupe, Raquel Ralha et Selma Uamusse, contribuent de
plus en plus au songwriting délivrant quelques pépites comme la gospélisante
« Kerosene Honey » ou le blues « My secret love ». La
section rythmique (basse, batterie et percussions) livre un travail remarquable
tout au long des 12 plages du disque, confirmant que le groove et la musique
Noire a toujours autant d’importance chez Wraygunn à l’image de la très motown
« Don’t you wanna dance ? ». A final, un très très bel album,
signé de l’un des meilleurs groupes actuellement en activité sur le continent
européen.
https://www.facebook.com/wraygunn
samedi 12 janvier 2013
Dropkick Murphys : « Going out in style »
Bien qu’immensément populaire outre-Atlantique, les Dropkick
Murphys sont (trop) méconnus dans nos contrées. Typiquement le genre de groupe
dont personne ne parle et que l’on entend malheureusement nulle part. Et pourtant,
les Dropkick Murphys s’apprêtent à investir le Zénith le mois prochain. Comme
son nom l’indique, le gang de Boston fait le lien entre deux cultures : le
punk et la musique celtique. Le groupe n’est pas avare en décibels, gros son,
guitares, basse et batterie s’en donnent à cœur joie. Mais l’intérêt vient
d’ailleurs, dans cette capacité à s’approprier les sonorités irlandaises.
Mélanger les banjos, mandolines, accordéon et autres cornemuses aux guitares
saturées et voix gutturales. Et ils excellent même dans l’art de la ballade
irlandaise (« Cruel »). Riche d’une carrière d’une bonne quinzaine
d’années, les Dropkick Murphys, arrivés à maturité et sont actuellement au
sommet de leur art. La formule roule désormais à la perfection. Un groupe
capable de reprendre, sur le disque live bonus accompagnant l’album, aussi bien
Woody Guthrie (« I’m shipping up to Boston ») qu’AC/DC
(« TNT ») sans jamais être ridicule, c’est pas le bonheur ça ?
vendredi 11 janvier 2013
Jake Bugg
18 ans et déjà superstar dans son Angleterre natale, le
destin de Jake Bugg s’avère pour le moins singulier. Un petit coup d’œil sur
les photos du livret et l’on se croirait revenu 20 ans (et oui déjà) en arrière
quand Oasis dominait la perfide Albion de toute sa morgue altière. A l’écoute,
Jake Bugg évoque cependant bien moins la britpop que le folk américain
(« Simple as this » ; « Country Song »). Enregistré
avec économie et dans une relative simplicité, l’album montre Jake Bugg,
parfois en solo acoustique, et plus souvent accompagné d’une simple section
rythmique basse et batterie, seule « Note to self » sort le grand jeu
avec arrangement de cordes. Les conditions sont donc idéales pour mettre en
avant les qualités de songwriter de Jake Bugg et là, malgré son très jeune age,
Bugg a des arguments à faire valoir. A forces de délicats arpèges, l’album
compte son lot de tubes potentiels finement troussés : « Two
fingers », « Taste it », « Lightning bolt » mais pas
aseptisé avec ce qu’il faut de rugueux… Le folk made in Greenwich Village 1960
n’est jamais très loin. Depuis The La’s je doute que l’on ait rien entendu de
tel… Un premier album certes plein de charme, mais avec les défauts inhérents
aux débuts, notamment quelques coups de mou de ci de là, rien de rédhibitoire
cependant. Maintenant le jeune age de Jake inquiète un peu, jeté dans le grand
bain encore adolescent, plus d’un s’est fait broyé par cette machine
impitoyable. Souhaitons-lui une belle et longue carrière, en espérant toutefois
qu’il sera plus prolifique que Lee Mavers…
lundi 7 janvier 2013
Zuzoom
Premier EP (quatre titres + 1 remix) pour ce jeune trio
parisien situé au confluent de plusieurs influences. Au cœur de Zuzoom il y a
tout d’abord une guitare acoustique, qui sert de base à tous les titres et des
voix. Harmonies vocales, beat box, Zuzoom place l’humain au centre et
expérimente, avec l’aide du producteur Doctor L, tout autour. Au final, Zuzoom
propose un mélange assez étonnant allant du folk hippie (« Who you
are ? » en duo avec Fink) à des sons plus hip-hop parsemé d’arrangements
électro-funk, suffisamment légers pour ne pas déséquilibrer le tout
(« Natural High »). Le disque se termine avec une étonnante reprise
de « Do you think i’m sexy » (Rod Stewart), délicate et acoustique, à
mille lieues de l’original discoïde. Intriguant EP, on attend l’album avec
curiosité…
dimanche 6 janvier 2013
Lady : « Money »
Connu pour la qualité de ses productions (Lee Fields), le
label Truth and Soul pourrait bien marquer les esprits cette année avec sa
nouvelle signature, le duo Lady. Comme son nom l’indique Lady est composé de
deux chanteuses, l’Américaine Nicole Wray et l’Anglaise Terri Walker. Le
premier single « Money » laisse augurer de beaux lendemains, groove
et percussions langoureuses, nappes d’orgue sexy à souhait et la voix des deux
beautés sus citées en prime, le single fait jeu égal avec les meilleures
productions de l’age d’or de la soul des années 1970. L'argument a beau être éculé, c'est particulièrement vrai en l'espèce. On annonce un album du
même acabit pour le mois de mars, dont on attends forcément beaucoup.
En concert le 1er février à la Bellevilloise.
Staff Benda Bilili : « Bouger le monde ! »
L’histoire du Staff Benda Bilili, retracée dans le film
documentaire sorti en 2009, est tout bonnement extraordinaire. Un groupe de
musiciens, handicapés pour la plupart, SDF dans les rues de Kinshasa (Congo)
qui accèdent à la notoriété internationale grâce à leur premier album
(« Très très fort ») écoulé à plus de 150.000 exemplaires de part le
monde. Dieu sait si les comptes de fées sont rares en ce bas monde, alors
autant se réjouir pour eux. Ce nouvel effort marque une évolution majeure pour
le groupe. Le premier disque, était porté par l’enthousiasme des premières
fois, une énergie contagieuse transcendant les conditions d’enregistrement
précaires dans le zoo de Kinshasa. Tout à changé pour le Staff Benda Bilili
depuis. Ce nouvel album a été réalisé dans les anciens studios Renapec, jadis
connus pour être un haut lieu de la rumba Congolaise, style dont l’ombre plane
sur ce disque. Le résultat est plus professionnel, sans être pour autant
aseptisé. Beaucoup plus dynamique, l’adjonction d’un batteur et d’un
percussionniste, renforce le groove, le swing du groupe, le disque sonne plus
funky, plus dansant. L’arrivée d’un nouveau guitariste soliste, Amalphi, change
également la donne. L’amalgame entre guitare et la satonge, cet instrument
inventé par Roger à partir d’une boîte de conserve, est passionnant à écouter.
Jamais le groupe n’a été aussi rock mais également blues, courant musical dont
l’Afrique reste la mère patrie. Un petit mot pour finir sur le titre
« Bouger le monde ! » qui est tout sauf un hasard. Mû par son
indéfectible optimisme, le groupe est décidé à faire évoluer les choses à son
modeste niveau et a créé une ONG pour aider à la construction d’une école.
samedi 5 janvier 2013
Jérôme Minière : « Le vrai le faux »
Natif d’Orléans, Jérôme Minière est parti s’exiler à
Montréal après avoir publié ses deux premiers albums en France à la fin des
années 1990. Si lui n’a jamais brisé les liens avec sa terre natale, cf. ses
collaborations avec Dominique A ou Albin de la Simone sur le présent disque, la
France a un peu oublié Jérôme. Ce n’est qu’à la rentrée dernière qu’est
officiellement sorti en France son nouvel album, « Le vrai le faux »,
soit deux ans après sa sortie originale au Canada. Encore un nouvel exemple de
l’incompréhension par notre hexagone des artistes, pourtant excellents,
francophones Québécois. Bref, passons. C’est au terme d’un parcours artistique
qui l’a vu passer de la chanson française à l’électro que nous arrive ce nouvel
effort comme un résumé de sa carrière jusqu’ici. « Le vrai le faux »
nous montre Jérôme sous un prisme pop, la très jolie comptine acoustique
« Avril » parfois légèrement teinté d’arrangements électroniques
(« L’indifférence »).
Impeccablement produit, l’album conserve un ton frais et léger même lorsque les
thèmes abordés se font très grave, « Les autres » sur le thème des
tueries de masse sur le continent nord américain, titre qui trouve une
résonance malheureusement encore d’actualité après le massacre de Sandy Hook
dans le Connecticut. Tout le charme du disque réside dans cet équilibre, ce ton
unique grave et primesautier, ces sonorités entre guitare folk (« Ce que
l’on envisage ») et électro ("Une chanson toute nue"). Un album plein de charme, des chansons joliment
troussées d’un artiste à (re)découvrir.
vendredi 4 janvier 2013
Sophie Maurin : « Far Away Far Away »
Nouvelle venue, Sophie Maurin sort son premier EP de quatre
titres. Un premier disque assez rafraîchissant ou la chanson française
(quelques bribes de chant en anglais quand même sur le titre éponyme)
d’expression classique, piano et cordes, rencontre un registre légèrement
teinté de jazz («Far Away ») voire, éventuellement, de blues (« Le
poisson d’or » ; l’intro de « Kamikaze A »). Séduisant en
tout point, l’EP évoque, sans que l’on sache vraiment pourquoi, des ambiances
entre cirque et cabaret. Peut-être est-ce les rythmes, swinguants, très
travaillés et très arrangés, grâce à l’utilisation de multiples percussions
(« Cortège ») ? Un projet qui s’annonce assez excitant en live,
vu l’enthousiasme du chant et l’ambiance plutôt festive de l’ensemble. Il est
parfois bon de s’éloigner un peu du rock…
Sophie Maurin - Far Away (clip) par sophiemaurin
jeudi 3 janvier 2013
Rawdog
Révolutionnaire il y a douze ans quand sont apparus les
pionniers White Stripes et Black Keys, la formule duo guitare/batterie fait
aujourd’hui figure de cliché dans le petit monde du rock. En l’espace de
quelques mois sont ainsi apparus dans notre paysage Klink Clock (excellent au
demeurant), The Blackfeet Revolution (très bon aussi) et voici maintenant
Rawdog, duo composé de Mike et Drey. Groupes qui eux-mêmes
arrivaient après les belges de Black Box Revelation et les américains de She Keeps Bees. Dieu sait si on aime le garage rock mais à la fin tout finit par se
ressembler (J’en profite pour glisser une petite dédicace à mon pote Jacques,
prof de basse en manque d’élèves). Pourtant, même plus ou moins noyés dans la
masse, Rawdog trouve quand même une pointe d’originalité grâce au chant à deux
voix, garçon/fille, et à quelques bribes de textes en français. Autre point à
mettre au crédit du groupe, une approche plus policée, moins brute de
décoffrage, en un mot plus pop (« Happy ») et des titres acoustiques
tout en finesse (« Even sun is going blind » ; « Tell
me ») regroupés en fin d’EP. Voie dans laquelle on ne peut que les
encourager afin de se distinguer. Ne soyons pas trop durs de toute façon,
Rawdog est un projet encore en gestation dont les contours ne sont pas encore
bien définis.
raw-dog.bandcamp.com
@WeAreRawDog
www.facebook.com/lookingfor.rawdog
EN CONCERT LE 26 JANVIER AU NOUVEAU CASINO
EN CONCERT LE 26 JANVIER AU NOUVEAU CASINO
mercredi 2 janvier 2013
Saturday Looks Good To Me : Sunglasses
Après quatre années de silence, Saturday Looks Good To Me,
groupe originaire du Michigan, revient sur le devant de la scène avec un
nouveau single. Etonnant single que ce « Sunglasses », entre pop, new
wave et Motown, mélangeant saxophones, guitares, batteries, boîte à rythme et
claviers. Comme une réinterprétation miniature du mur du son cher à Phil
Spector. Le tout servi à merveille par la voix Carol Catherine, la nouvelle
chanteuse du groupe. Le résultat est assez frais et sympa. En face B on trouve
un titre exclusif, l'aérien « Give me your hands », dépassant à peine la
minute et axé sur l’orgue. Le groupe fera son grand retour en 2013, avec un
nouvel album, « One kiss ends it all », son cinquième.
mardi 1 janvier 2013
Melody’s Echo Chamber
Derrière le nom Melody’s Echo Chamber se cache en fait
Melody Prochet, qui comme son nom l’indique, est une petite française bien de
chez nous et la girlfriend de Kevin Parker, aka Tame Impala, qui produit son
nouvel album. Alors bien évidemment vu le succès phénoménal rencontré par le
groupe de son petit ami depuis fin 2012, les comparaisons avec Melody sont
difficilement évitables, d’autant plus que les deux albums ont été enregistrés
un peu dans les mêmes conditions, en phalanstère, avec peu d’aide venue de
l’extérieur. Incontestablement le disque porte la marque de son producteur,
dont on retrouve ici l’appétence pour les claviers parfois un peu kitsch.
Pourtant, l’album est bien celui de Melody, qui signe d’ailleurs de sa plume
tous les titres. Un disque de rock psychédélique, éthéré et féminin, porté par
la voix, blanche, de la chanteuse. Moins obsédé par les Beatles, on penserait
plutôt à une Françoise Hardy psyché, peut-être un peu plus rock et riche en
guitares aussi. Qui porte un soin particulier, non seulement à l’écriture mais
aussi à la texture sonore. Mais le plus important ne change pas, cette capacité
à emporter l’auditeur le temps de quelques titres lumineux : « Bisou
magique », « You won’t be missing that part of me », « Some
time alone, alone », « Endless shore » et bien d’autres encore…
Mesdames, Messieurs, bienvenue dans la chambre d’écho de Melody. Entrez,
entrez, il s’en passe de belles choses à l’intérieur…
Tame Impala : « Lonerism »
Un peu méconnu jusqu’alors, le groupe Australien Tame Impala
a fait forte impression fin 2012. Il y a de quoi en effet être impressionné à
l’écoute de ce nouvel effort, le deuxième, intitulé « Lonerism ».
Lonerism, terme inventé, inspiré de loner (solitaire) que l’on pourrait tenter
de traduire par un hasardeux « solitairisme ». De fait, l’ancien trio
se résume maintenant au seul Kevin Parker, qui a quasiment tout joué tout seul,
à l’exception de « Apocalypse dream » enregistré avec l’aide du
clavier Jay Watson. Le son Tame Impala a évolué et est aujourd’hui beaucoup
plus orienté sur les claviers, parfois un petit peu kitsch mais restant dans
les limites du bon goût, qui partent dans de longues nappes comme autant
d’envolées pour l’auditeur. Pourtant, Tame Impala n’est pas, uniquement du
moins, cet objet expérimental abstrait et reste un groupe pop, capable de
fulgurances mélodiques dignes des Beatles époque Sgt Pepper : « Feels
like we only go backwards », « Apocalypse Dreams » ou de trips
psychédéliques hallucinants : les magnifiques « Endors-toi »,
« Music to walk home by » ou « Mind Mischief ». Si il reste
ancré dans un son influencé par les années 1960, Tame Impala n’essaye pas,
contrairement à d’autres, de recréer une époque par tous les moyens possibles.
Au contraire, Kevin Parker se sert du passé comme d’une rampe de lancement afin
de propulser le rock psychédélique vers d’autres horizons. Que l’on espère
radieux. Un équilibre subtil entre passé et futur. Un album très riche, qui
nécessite plusieurs écoutes afin de bien en saisir toutes les nuances et elles
sont nombreuses. Assurément un grand disque, dont on attend tout de même de
voir comment il vieillira, avant de crier au chef d’œuvre.
En concert à Paris (Olympia) le 26 juin 2013.
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