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Melissa Aldana |
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Melissa Aldana |
Situé en sous-sol dans le très sympathique quartier de
Greenwich Village, le Fat Cat est avant tout une salle de jeux à l’ancienne,
comprendre qu’on n’y trouve pas des jeux vidéos mais des billards, des baby
foot, des échiquiers et des tables de ping-pong ainsi qu’un bar. Un petit coin
avec fauteuils est aménagé pour les mélomanes venus écouter de la musique
puisque l’endroit fait, un peu à défaut il faut dire, également office de jazz
club. Au Fat Cat, les concerts se font à la bonne franquette et c’est tambours
ni trompettes que les artistes débutent leurs sets. Il n’y a même pas de scène
à proprement parler, la batterie et les micros sont installés à même le lino
(pas exactement le revêtement idéal pour la musique) et les musiciens
débarquent en jeans sans aucune annonce préalable. Une ambiance décontractée et
sympathique donc où plusieurs catégories d’age se mêlent. On commence donc avec
la jeune saxophoniste Melissa Aldana accompagnée ce soir par son groupe,
trompette, batterie et contrebasse. Un set entièrement instrumental et
d’excellente facture, chaque musicien trouve l’espace nécessaire pour son
expression personnelle (notamment le batteur d’une vélocité et d’une adresse
assez remarquables). Les styles sont assez variés entre New Orleans et latin,
mais l’ensemble reste d’une approche plutôt contemporaine. Hélas, le fat cat
n’est pas l’endroit le plus indiqué pour ce genre de concert, il est plutôt
difficile de saisir toutes les subtilités de la musique (et des solos de
contrebasse en particulier) entouré que l’on est par le bruit ambiant des
conversations et des billes de billards qui s’entrechoquent… Melissa n’en a
cure et affirme même que le plaisir de jouer prend le dessus…
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Naomi Shelton |
Une qui a moins de mal à se faire entendre, c’est la grande
Naomi Shelton, pour tout avouer la raison première de notre visite au Fat Cat.
Louée par la critique suite à son excellent album paru chez
Daptone (excusez du
peu) «
What have you done my brother ? », Naomi Shelton reste
assez rare en Europe depuis son passage au New Morning. La vie semble même
avoir repris un cours normal pour Naomi et son passage hebdomadaire au Fat Cat
le vendredi soir pour le set de 21h00. Changement d’ambiance pour un registre
entre soul et gospel pour Naomi entouré de son groupe : trois choristes
(les gospel queens), batterie, basse, guitare et orgue hammond (et sa cabine
leslie). Une fois encore, l’endroit ne semble pas être le plus indiqué pour la
musique live et le groupe souffre d’un volume d’une part trop élevé et d’un pas
très bien mixé. C’est dommage car Naomi ne ménage pas sa peine et joue à fond
l’interactivité avec le public, serrant les mains qui se tendent et chantant
parfois droit dans les yeux pour un spectateur particulier. Le groupe est
également remarquable d’efficacité, guitare funky et section rythmique pleine
de groove. Elles ont toutes des voix à se damner qui trahissent les années de
pratique à l’Eglise et chaque Gospel Queen à droit à sa chanson en solo. Une
soirée un peu en demi-teinte donc, pas à cause des artistes mais plutôt de
l’endroit, extrêmement sympa certes mais une fois de plus peu indiqué pour la
musique live. Avec un peu de chance on pourra revoir Naomi Shelton bientôt de
ce côté ci de l’Atlantique puisqu’elle a annoncé que son deuxième album était
pratiquement terminé. Croisons les doigts…