Le temps a ceci de
merveilleux, il fait remonter à la surface les jolies pépites alors
que tant d'albums oubliables tombent justement aux oubliettes. Ce disque n'est
pas récent, même s'il s'agit de la dernière sortie en date du
groupe, il remonte à facilement trois ans, une éternité à
l'échelle de l'industrie du disque, qui, tel un minotaure, n'a de
cesse de lancer des nouveautés. Mais si on prend le temps de revenir
sur cet album, c'est parce qu'il vaut le coup, croyez-moi, et dans un
monde parfait, il serait même considéré comme un classique en
devenir ; produit par Alain Johannes (Them Crooked Vultures) et
pouvant se targuer de la participation de Nick Oliveri (ex Qotsa,
Kyuss). A moitié Américain, à moitié Français, Loading Data est
un sacré groupe, relativement rare qui plus est, formé en 1999, le groupe ne compte que trois albums dans sa discographie (celui-ci est le dernier en date), il n'en faut guère plus pour parler de "culte". La classification en serait le stoner, ce rock
heavy venu du désert, mais la classification on s'en fiche un peu
l'album est sacrément bon, c'est bien là l'essentiel. De fait,
« Double disco animal style » respire la poussière, la
chaleur écrasante, le soleil de plomb, ce disque est fait de
l'asphalte dégoulinant sous la chaleur, le long d'une interminable
ligne droite bordée de cactus. Du blues, le quatuor en garde le
feeling, des cordes de guitares subtilement glissées pour mieux le
pervertir ensuite à grands coups de watts dévastateurs (« Watt »).
Toujours heavy, le groupe n'en oublie pas le groove, la section
rythmique qui, tel le carburant faisant avancer la muscle car, envoie Loading
Data dans la stratosphère, tout droit dans le mur du son. L'alliance entre le gros son et cette
souplesse rythmique fait des miracles, le groove animant les
premières plages (« Double disco animal style », « Give
the rat a name ») est absolument terrible impossible de ne pas
être scotché par cette batterie et ces guitares ravageant tout sur
leur passage : « Gift », « Armaggedon »
autant d'hymnes totalement imparables. Et puis il y a cette voix, caverneuse et comme venue d'outre-tombe, c'est celle
du chanteur mystérieusement nommé Lo, digne d'un Tom Waits, un
véritable crooner rock ténébreux prêchant au beau milieu du désert, se
heurtant à un mur de guitares ; écoutez le éructer, répétant
à l'envie « write your name in blood » pendant les dix
minutes hypnotiques et hallucinantes de « On my heart »... Gentiment barré Loading Data parfume, en sus, son rock, sentant le pétrole,
d'effluves psychédéliques baroques (« I'm not gonna take
it », « Butterfly Shelf », « Round and
round », « Midnight situation »). « Double
disco animal style » qui s'annonce comme un sacré cocktail, tient toutes ses promesses. Un disque appelé à faire date par sa capacité
à transcender les genres les plus codifiés. A écouter séance
tenante pour quiconque aime le rock, le vrai.
En concert le 5
septembre à la Maroquinerie (Paris).
1 commentaire:
Merci pour cette bien belle chronique. Petite rectification. C'est le 3eme album du groupe.
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