dimanche 31 janvier 2016

Shaggy Dogs + Lux, New Morning, 28/01/2016



C'est un chouette plateau rock n'roll que nous offre le New Morning en ce jeudi soir. On commence avec Lux, le duo Franco-Américain dont on vous avait entretenu par ici, composé de la chanteuse Angela (la moitié étasunienne du duo) et du guitariste Sylvain Laforge, un ancien musicien de Catherine Ringer, renforcé ce soir par une section rythmique (basse et batterie) aux petits oignons. Look garçonne, habillée en noir des pieds à la tête, Angela évoque une version jeune de Patti Smith, même si sa voix est très différente et sa façon de chanter plus émotive et expressive. Derrière ses six cordes, Sylvain fait montre de belles qualités, en particulier une main droite assez sèche pour une attaque des cordes avec ce qu'il faut de pêche. Son jeu est empreint de feeling et ses soli sont toujours à propos, ni trop ni trop peu. Sur scène, la musique de Lux prends une nouvelle dimension moins pop, plus rock, entraînante sans débordements d'agressivité, et parfois empreinte d'influences blues. La sauce prend particulièrement bien auprès du public qui salue la performance d'applaudissements nourris et mérités. Une première partie rondement menée. Lux est actuellement en pleine préparation de son premier album, voici un groupe que l'on suivra avec plaisir dans les mois à venir…


Alors que la bande originale de « Django », le film de Sergio Corbucci (1966), résonne dans le New Morning, les quatre membres des ShaggyDogs, renforcés pour l'occasion d'un pianiste, font leur entrée sur scène tout de rouge et de noir vêtus. Le premier titre nous met tout de suite dans l'ambiance, riffs secs de guitare, piano virevoltant, l'harmonica déchire l'air : on n'est plus à Paris mais téléportés en plein pub anglais des 70s ! Les Shaggy Dogs font leur niche quelque part au croisement du pub rock, du rock garage avec un soupçon de blues, dans les moments les plus émouvants, puisqu'il est entendu que nous avons affaire à des hommes de goût. Particulièrement chaleureux avec le public, visitant la fosse à l'occasion, le groupe ravive la flamme d'un rock n'roll festif et convivial, ce qui n'occulte en rien la profondeur du message. Les dignes héritiers du Dr Feelgood et du J. Geils Band sont français !
http://www.shaggy-dogs.com/
https://www.facebook.com/shaggydogs
http://lux-theband.com/
https://www.facebook.com/luxtheband


samedi 30 janvier 2016

France de Griessen : "Idiot Waltz" (Gun Club cover)

France de Griessen et le fidèle Shanka nous offrent une belle reprise de "Idiot Waltz" des fabuleux Gun Club (l'originale se trouve sur "Lucky Jim" le dernier album du groupe de Jeffrey Lee Pierce sorti en 1994). Le clip est très poétique.

 

John Ulysses Mitchell au Bus Palladium le 13/02/2016


jeudi 28 janvier 2016

The Hateful 8 OST



Il n'a aucun film musical à son actif et pourtant Quentin Tarantino est un cinéaste très musical. Véritable tête chercheuse ses films sont truffés de références, rythmés par des bandes originales très seventies. Tarantino a en effet ce talent très particulier consistant à aller rechercher des groupes totalement oubliés de nos jours, truffant ses films, avec jubilation, de petites pépites soul ou folk/rock. Son impeccable sens timing fait qu'il sait exactement à quel moment faire débuter une chanson. Ainsi, « Pulp Fiction », « Jackie Brown » voire « Reservoir Dogs » ou « Death Proof » dans une moindre mesure sont, certes d'excellents films, mais aussi de grands disques de chevet, compilés avec passion.

Le cinéma de Tarantino évolue et s'éloigne du pastiche des séries B des années 1970 pour s'attaquer à des genres plus nobles comme la seconde guerre mondiale (« Inglorious Basterds ») ou le western, « Django Unchained » genre auquel appartient son dernier, « The Hateful 8 », qui nous occupe aujourd'hui. Son cinéma devient plus hollywoodien. Cette évolution est également sensible sur le plan musical. Après avoir été longtemps réticent sur le sujet (« Et si le résultat ne me plaît pas je fais comment ? »), Tarantino a pourtant franchi le pas et confié la musique (un élément absolument déterminant de son cinéma) à un intervenant extérieur. Et pas n'importe lequel, le légendaire Ennio Morricone, celui là même que Sergio Leone décrivait comme son « co-scénariste ». Après avoir longtemps recyclé celle des autres, Tarantino a dorénavant sa propre musique originale, orchestrale, symphonique à grands renforts de cordes. La pièce essentielle est « L'Ultima diligenza di Red Rock » dont le thème angoissant est réutilisé, réorchestré à maintes reprises tout le long de l'album, entrecoupé comme d'habitude par des extraits des dialogues. L'amateur de rock en sera pour ses frais car la BO ne comprends que deux chansons, « Apple Blossom » des White Stripes (il paraît que Jack White est un grand fan) et « There won't be many coming home » de Roy Orbison.


mercredi 27 janvier 2016

Hidden Jazz Quartett : « Raw and Cooked »



Premier album pour ce quartet Allemand monté par le producteur Ralf Zitzmann qui est également le patron du label Agogo Records sur lequel paraît ce disque. A mi-chemin entre passé et futur, finalement très ancré dans le présent, le Hidden Jazz Quartett pratique un swing feutré où derrière l'impeccable assise rythmique, l'orgue hammond et les cuivres se taillent la part du lion (« His Footlocker » peut-être bien la meilleure plage de cet effort). Raffiné et élégant, l'album est d'une grande diversité et évoque pèle-mêle la soul sixties, l'afrobeat (« Kimberley Hotel »), le Rn'B contemporain (« Luvlite » placée en ouverture) ou le cabaret Berlinois sur la très étonnante « Wälzer ». En dépit de ces sonorités disparates, jamais l'album ne semble décousu. En effet, l'interaction entre musiciens fait que chaque style s'emboîte dans le suivant dans un ensemble cohérent et harmonieux, chacun apportant sa pierre à l'édifice, le swing étant placé en valeur cardinale. Ensemble instrumental, le Hidden Jazz Quartett fait appel à différents intervenants derrière le micro. On connaissait bien Omar et Anthony Joseph, mais l'album est également un révélateur et c'est un petite claque que l'on prend en découvrant les timbres séduisants de Greg Blackman, Tim Hollingsworth et de la chanteuse Bajka qui, jusqu'ici, avaient échappés à notre radar. Un très bel album dont le seul défaut est d'être un peu trop long, des versions instrumentales et autres remixes embouteillant la fin du programme. Une belle révélation quoiqu'il en soit.


mardi 26 janvier 2016

King Charles : « Gamble for a rose »



Pour King Charles tout roulait comme sur des roulettes. Installé à Los Angeles, signé sur une major, produit un ponte californien, son premier album « Loveblood » avait marché du tonnerre et transformé en un rien de temps le Britannique en valeur sûre de la pop. Oui, tout allait bien pour Charles Costa (son véritable patronyme), sauf cette petite amertume, comme une sensation d'inachevé qui lui faisait penser que son disque ne lui ressemblait pas vraiment. Un sentiment d’insatisfaction qui a été le point de départ d'une profonde remise en question pour l'artiste. Finie la collaboration avec la major,  adieu la Californie, King Charles a fait le nettoyage par le vide quittant son label et son management, retraversant l'Atlantique pour s'installer dans une ferme près d'Exeter où a été enregistré ce nouvel effort produit par son ami Marcus Mumford dans l'intention louable de retrouver un son plus roots et intime. Le premier titre laisse augurer du meilleur, la ballade « Loose change for the boatman » réveillant le fantôme de Jeff Buckley. Hélas même si les bons moments ne manquent pas le long de ces 12 plages (« Gamble for a rose », « St Peter's Gate », « Tomorrow's fool » toutes magnifiques) King Charles peine à maintenir le cap, replongeant dans ses vieux travers produisant un disque convenu aux effets trop aguicheurs pour être honnête (la mal nommée « New Orleans »). Trop policé pour être mature, « Gamble for a rose » est un disque de l'entre-deux pas désagréable (loin s'en faut) ni franchement mémorable à l'exception de quelques plages choisies. Il s'agît néanmoins d'un nouveau départ pour King Charles, toujours en période de rodage.
https://twitter.com/KingCharlesUK

lundi 25 janvier 2016

Heartless Bastards : « Restless Ones »



Relativement peu connu dans nos contrées, Heartless Bastards mériterait pourtant une plus large reconnaissance. Formé dans l'Ohio en 2005, le groupe publie son (déjà) cinquième album. La palette du groupe est très large et il serait réducteur de classer le quartet dans la catégorie des revivalistes nostalgiques des seventies. Les influences sont certes bien là et évoquent une musique terrienne bien exotique à nos oreilles européennes. Quelque part dans la galaxie des Heartless Bastards, le blues croise la country et le folk autant de genres que le groupe prend un malin plaisir à pervertir à grands coups de guitares saturées évoquant la scène indie/noise des années 1990. Mais surtout après des années d'omnipotence des duos guitare/batterie (y compris les Black Keys eux aussi originaires de l'Ohio) Heartless Bastards redonne ses lettres de noblesses aux formations complètes. La présence de deux guitares et d'une basse permet une large palette de couleurs entre folk, country et rock et ajoute un supplément de groove. Enfin, la chanteuse Erika Wennerstrom ajoute un supplément d'âme au fil de sa voix profonde et passionnée. Une belle surprise que ce nouvel album.
https://www.facebook.com/heartlessbastards/

dimanche 24 janvier 2016

Blondino



Sombre et lumineux en même temps, l'ep de Blondino diffuse une mélancolie vénéneuse. Situé à la croisée des chemins Blondino mélange folk délicat et un soupçon d'électro cotonneuse organisant la rencontre entre arpèges acoustiques et nappes synthétiques. Porté par la voix diaphane de la chanteuse Tiphaine, Blondino peint au fil des titres une toile intime en clair-obscur mettant en valeur la langue de Molière (c'est hélas devenu assez rare pour être souligné) évoquant parfois le regretté Alain Bashung (cf. « Sylvia »).

samedi 23 janvier 2016

Le retour des Dandys Warhols

La nouvelle ravira tous les nostalgiques des années 1990, le gang de Portland, Oregon est de retour sur le label Dine Alone Records ! Voici le premier single du nouvel album.

 

vendredi 22 janvier 2016

Forever Calypso




Derrière le patronyme exotique se cache l'union de deux excellentes formations bien de chez nous, Forever Pavot et Calypso qui ont uni leurs forces le temps d'un quarante-cinq tours commun. Il en résulte un sublime mélange entre pop, psychédélique et surf exotica, le tout sonnant comme la bande originale d'un film technicolor, à l'image de la superbe pochette, oublié des années 70s. Ouvragée et mélodique, chantée en français et en anglais, cette galette indispensable dispense un goût de trop peu.
http://store.requiempouruntwister.com/product/forever-calypso-bungalows


jeudi 21 janvier 2016

Hoboken Division : « Arts and Crafts »




L'art et l'artisanat. Ce titre, celui du premier album tant attendu du duo Hoboken Division, résume parfaitement la chose. L'art, celui de la musique, du rock et du blues. L'artisanat pour ce disque fait à quatre mains, avec peu de moyens certes mais une passion énorme. L'album ressemble à une marmite géante, un grand bain bouillonnant dans lequel le duo jette ses influences, du rock n'roll garage (le roll occupant une place prépondérante) et du blues. Le résultat est cradingue, déglingué et sauvage et n'est pas sans rappeler ces vieux bluesmen T-Model Ford, Leo Bud Welch ou bien encore RL Burnside qu'il reprennent d'ailleurs avec classe (« Shake'en on down »). Le duo, dont les deux membres se présentent sous le double patronyme de M, a pour particularité de n'avoir qu'un seul instrument de prédilection : la guitare en accompagnement de la voix, encore un peu tendre, de la chanteuse. Le reste n'est là que pour apporter quelques maigres fioritures, un harmonica acide ou un piano apportant une note tendre (« Everything's fine »). La section rythmique est remplacée par une boîte à rythmes, objet dont on raffole guère en règle générale, mais qui en l'espèce entraîne la musique sur un rythme implacable qui sied bien à la frénésie de l'ensemble. Un petit mot pour finir afin de souligner la superbe finition grise du vinyle qui fait de ce disque un bien bel objet. Un album attachant, tout le reste n'est que littérature inutile…
https://hobokendivision.bandcamp.com/

mercredi 20 janvier 2016

Arnaud Rebotini & Christian Zanési : « Acidmonium EP »




Un an après le monumental album « Godforsaken Roads » de Black Strobe, Arnaud Rebotini continue son exploration musicale en compagnie de Christian Zanési. Ce dernier est compositeur au sein du GRM (Groupe de recherche musicale, institution dont il est également le directeur adjoint), une sommité des musiques concrètes et électroacoustiques. La rencontre entre les deux musiciens produit un résultat à la fois étrange et paradoxalement cohérent. La techno d'un côté, la musique électroacoustique de l'autre. Les synthés vintages chers à l'un contre les sonorités informatiques bizarroïdes, de l'autre. Tout au long des quatre plages instrumentales de cet EP inaugural, les deux hommes cherchent, inventent, se complètent et inventent un nouveau langage. Ce sont deux approches musicales, bien distinctes, qui dialoguent et se répondent. De longues plages planantes dynamitées avec soin par des beats infernaux comme échappés d'une rave sauvage. L'album du duo, intitulé « Frontières » sortira le 8 avril prochain.

mardi 19 janvier 2016

Kelley Looney : « Black Sheep Blues »



Bassiste et contrebassiste de son état Kelley Looney est le prototype du musicien discret, humble et compétent. Autant de qualités qui font le bonheur de Steve Earle qu'il accompagne fidèlement depuis 1988. Installé en France depuis des années, Kelley éprouve pourtant des envies d'ailleurs qu'il aura mis longtemps à concrétiser. Finalement prêt à franchir le Rubicon, Kelley a débuté l'enregistrement de « Black Sheep Blues », son premier album en… 1998 (la chanson « East end » qui clôture le disque) ! Les sessions se sont suivies à intervalles irréguliers, espacées dans le temps jusqu'à 2013 date à laquelle le disque a finalement été terminé… Né et élevé à Nashville, Tennessee, Kelley possède une solide culture musicale qui s'articule autour de la sainte trinité : blues, country et jazz. Autant de styles auxquels Kelley paye son tribut, avec un talent certain, sur un mode majoritairement acoustique, parfois agrémenté d'une agréable note pop (« Only human », « Little angel ») suffisamment légère pour ne pas obérer les racines terriennes de la musique. Mais s'il fallait ne retenir qu'un titre de cette livrée, ce serait, pour ce qui nous concerne, « Did he do it ditty » dont le swing délicat nous fait fondre. A l'opposé, Kelley se révèle aussi convaincant sur un registre plus rock (« Young Forever »). Restait enfin, le problème de la voix, obstacle récurrent des musiciens assez peu habitués au chant. En l'espèce Kelley se révèle un chanteur honorable, dont le timbre traînant sied à merveille à ses textes autobiographiques (« Black Sheep Blues »). Un bel album à découvrir.