dimanche 30 novembre 2008

Eli « Paperboy » Reed, La Maroquinerie, 27 novembre 2008.


« Ouh Yeah Paris are you ready ? » C’est ainsi que le saxophoniste a présenté Eli « Paperboy » Reed qui est venu nous rendre visite en ce soir de Thanksgiving. « Certains l’appelle Mr Boom Boom, d’autres l’appelle « The Satisfier », il va faire trembler, vous donner la chair de poule ». Je confirme, Paperboy, tient ses promesses. Le public est d’emblée pris par le groove du groupe, basse, batterie deux guitares et trois cuivres. Le batteur, en particulier agit à la fois en finesse et en puissance, il swingue, il groove mais cogne fort. A tel point qu’il perd ses lunettes à plusieurs reprises à force de virevolter à droite et à gauche et je ne parle pas de ses cymbales qui se cassent la gueule sous la force de ses coups de butoir. Le jeune Bostonien Eli est quant à lui assez classe costard bleu, chemise blanche, pochette assortie, boutons de manchettes et montre bracelet métal. Guitariste plus discret que l’autre révélation de l’année, James Hunter (voir mes messages des 20 septembre et 19 octobre), Eli fait montre de son talent vocal, son râle si puissant que parfois il n’est nul besoin de musique. Le concert ne déçoit pas, normal le disque est taillé pour la scène, ça bouge, dépote même, plutôt bien. Il n’en faut pas plus pour ravir un public chauffé à blanc. Les cuivres interviennent à point nommé, la rythmique swingue en puissance, la guitare trouve de l’espace pour placer des petites phrases qui complètent bien l’ensemble. Pas de déception donc mais des surprises comme la reprise d’ « Ace of Spades » de Motorhead (pas tout à fait le même genre). Et on a appris un nouveau petit jeu « le soul clap », c’est simple il suffit de frapper des mains en rythme à toute vitesse. C’est cool et fun, mais c’est un coup à finir la soirée avec des cloques plein les mains ! Pas grave, tant que le son est là !

www.myspace.com/elipaperboyreed
http://www.thesatisfier.net/

Eli Paperboy Reed : « Am i wasting my time »


Eli «Paperboy Reed : « It’s Easier »

mercredi 26 novembre 2008

Ben Folds, le Trabendo, 24 novembre 2008.


Ce concert là, longtemps je l’ai attendu. La dernière visite de Ben Folds, remonte à 1999 à l’Elysée-Montmartre à l’époque il était encore le leader du Ben Folds Five. Je ne l’avais pas vu à l’époque et depuis j’espérais en vain de vivre ce moment, déçu à chaque nouvel album de constater que ses, rares, tournées européennes évitaient toujours l’Hexagone. Visiblement je ne suis pas le seul, à voir l’ovation que lui a réservé la salle à son entrée sur scène. Ben à l’air à la fois ahuri et ravi un immense sourire lui barrant le visage d’une oreille à l’autre. J’ai alors l’impression de vivre un moment rare et privilégié en compagnie d’une (quasi) légende vivante. Petite contrariété cependant, le Trabendo ne me paraît pas l’endroit le plus adapté pour ce concert. Même de la fosse on ne voit pas quasiment pas Ben assis derrière son piano. Ce qui est tout de même frustrant quand on a attendu un artiste pendant aussi longtemps. Cependant les choses s’arrangeant au fil du temps, on a pu se rapprocher au fur et à mesure que les premiers rangs quittaient la fosse. Ben Folds a attaqué son concert par trois titres en mode piano solo : « Zak and Sara », « Fred Jones part 2 » et « The Luckiest ». Folds a un sacré sens de l’humour : « Mon groupe s’est perdu, le taxi les a largué et ils ne savent absolument pas où ils sont… ». Vaste plaisanterie, le groupe en question, basse et batterie, claviers additionnels et percussions sur certains titres faisant son apparition dès le quatrième titre. Changement d’ambiance radical, on assiste alors à un vrai concert de rock, sans guitare, c’est assez rare (mais pas tant que cela finalement) pour être signalé. Le volume me paraît démentiel, et je suis bien heureux d’avoir mes bouchons, sans lesquels je pense que j’aurai fini avec des acouphènes. D’ailleurs je trouve que le bassiste et le batteur bourrinnent un peu trop pour mon goût personnel, à plusieurs fois l’ensemble bascule dans un maelström indescriptible et invraisemblable. Ils ont joués de larges extraits du nouvel album « Way to normal » (on en reparle bientôt, n’arrivant pas à me procurer ledit opus, j’ai en désespoir de cause attendu le concert pour l’acheter), notamment les excellentes « You don’t know me » et « Kylie from Connecticut » et quelques « fake songs » ; le dernier canular de Ben en date. Avant la sortie du nouveau disque, Ben a enregistré de nouvelles chansons portant les mêmes titres que celles figurant sur l’album, mais différentes. Ils les ont ensuite posté sur internet et ont trompé tout le monde qui pensait écouter le nouvel opus. Il y a donc 12 nouvelles chansons de Ben Folds sur le disque et une poignée d’autres (avec les mêmes titres) qui se baladent dans la nature, sur la toile. Mais le dindon de la farce est peut-être bien Ben Folds lui-même puisqu’il paraît que les fans préfèrent les « fausses » chansons… Le moment le plus expérimental a probablement été « Hiroshima » ou Ben trafique son piano avec un espèce de boîtier (j’ai oublié le nom mais il paraît qu’aux Etats-Unis on s’en sert pour remplacer la brosse à dent) posé sur les cordes de l’instrument. Rajoutez là-dessus une pédale de distorsion et le piano ne sonne plus du tout comme un piano, la première image qui me vient à l’esprit (un peu rapidement peut-être) est celle de Depeche Mode. A la fin du set, Ben s’adresse à l’audience : « Comme je ne viens pas très souvent on va passer la formalité de quitter la scène et attaquer de suite les rappels ». On a viré alors en pleine nostalgie avec les titres de l’époque Ben Folds Five : « Army » (la foule remplace spontanément les cuivres pour le plus grand plaisir de Folds), "Kate" et « One angry dwarf and 200 solemn faces » la fosse danse en plein délire. Le concert s’achève avec « Not the same ». C’est alors le public qui chante, Ben Folds dirigeant la manœuvre tel un chef d’orchestre, avec encore quelques plaisanteries à la clef. Y’a plus qu’à espérer que sa prochaine visite n’aura pas lieu lors de la décennie prochaine.
http://www.benfolds.com/
Ben Folds five : Army (live 1999)
Ben Folds Five : "Kate"

dimanche 23 novembre 2008

Todd Rundgren, Le Trabendo, 20 novembre 2008.

Ce soir, j’ai l’impression d’être l’un des personnages de « That 70’s show », une sitcom que j’aime bien, dès le premier épisode, ils allaient voir Todd Rundgren en concert. Pour ma part, c’est, après son passage au Bataclan il y a quelques années, la deuxième fois que je le vois. Todd Rundgren, c’est un cas. Un type capable de s’enfermer tout seul et d’enregistrer un disque en jouant de tous les instruments. Il y a, incontestablement, du génie en lui. Le problème avec les génies, c’est qu’ils sont parfois difficiles à suivre. Todd Rundgren, c’est dans un premier temps un pionnier du rock garage pré-punk avec son groupe Nazz, à la fin des années 60. Au début des années 70, Rundgren s’est mué en chanteur/pianiste, auteur/compositeur pop. On aurait été à deux doigts de le confondre avec Elton John. Ses albums de l’époque, « Runt », « The Ballad of Todd Rundgren » et surtout le double « Something/Anything » (l’un des grands doubles albums de l’histoire) sont excellents. Gorgés de tubes « I saw the light », « Hello it’s me », Todd est sur le point de devenir une star majeure. Parce que pour la seule fois de sa carrière, il est en phase avec son temps. Mais Rundgren refuse la gloire. Dès 1973 et l’album, conseillé car remarquable, « A wizard, a true star », Rundgren se transforme à nouveau et devient un précurseur des musiques électroniques. Dorénavant Rundgren sera systématiquement en avance sur son temps. Il passe la majeure partie des années 70 avec son nouveau groupe Utopia, composé de trois synthés, mélangeant rock progressif et électronique. Dès 1979 il s’intéresse à la vidéo et fut un le deuxième artiste à passer sur MTV. Dans la même optique il est aujourd’hui un vétéran d’internet et vend sa musique en ligne depuis plusieurs années déjà. Musicalement, son influence est palpable chez Ben Folds, Ben Kweller où chez Kevin Barnes, la tête pensante (et je le crains, malade) d’Of Montreal (voir mes messages des 26 mai et 30 juin 2007 ). Personnage innovateur, musicien parfois expérimental et pas toujours facile d’accès, Rundgren est aujourd’hui oublié du grand public. C’est un musician’s musician (il a également une belle carrière de producteur avec Patti Smith, les New York Dolls, Grand Funk…). Ce qui explique que ce soir il soit sur la scène d’un Trabendo et non pas, comme beaucoup de sa génération, à Bercy, au Zenith (voisin) voire au stade de France.

Depuis le début de ce siècle, Rundgren a retrouvé les vertus du rock. Et l’a prouvé en donnant un concert, enthousiasment, bien que extrêmement chargé en décibels. En effet, Rundgren n’a pas joué une seule note de piano de toute la soirée. Par contre, il n’a pas lâché sa guitare verte une seule seconde. Entouré d’une deuxième guitare, d’un batteur, d’une jolie bassiste aux cheveux courts et enfin d’un dernier musicien alternant guitare et clavier, Todd a d’abord ravi l’assistance revisitant ses vieux titres, les plus « normaux ». Quel plaisir d’entendre enfin en live « I saw the light » et « Black Maria », sans qu’aucun de ces deux morceaux n’ait pris une seule ride. Il a même ressorti « Open my eyes », le premier 45 tours de Nazz, qui est quand même un plagiat du « Can’t explain » des Who. La deuxième partie du show a été consacrée à son répertoire récent, que je connais assez mal. J’ai quand même beaucoup aimé « Strike » quand tout le public a levé le poing en l’air en même temps. On a même eu droit à un blues inédit, composé d’après ses dires l’après-midi même. A l’écouter, il serait même l’inventeur du blues. Bon un concert de Todd Rundgren ne serait pas un vrai concert sans son fameux sens de l’humour ! Je ne suis pas tellement compliqué comme garçon, dès qu’il y a de la guitare, en gros, je suis content ! Et en l’occurrence, j’ai plutôt été bien servi ce coup-ci.

Todd Rundgren : « Hello it’s me » (1973)


Todd Rundgren : « I saw the light » (acoustic 2005)


Todd Rundgren : « I saw the light »

samedi 22 novembre 2008

Mitch Mitchell (1947-2008)



Avec Mitch Mitchell, c’est bien plus qu’un batteur qui disparaît, c’est également, après les disparitions de Jimi en 1970 et de Noel Redding en 2003, le dernier membre encore vivant du Jimi Hendrix Experience qui nous quitte. Un jour, Laurent, mon prof de batterie, m’a dit, « Mitch Mitchell, je n’ai jamais rien compris à son jeu ». Moi non plus, et je ne vous parle même pas d’essayer de le reproduire… Batteur au jeu hyper fin, Mitch Mitchell avait adapté au rock une technique héritée du jazz. C’est probablement ce qui a plu à Jimi Hendrix qui l’a longtemps gardé avec lui, il a joué à Woodstock après la séparation de l’Experience et encore ensuite avec le bassiste Billy Cox. Après Buddy Miles, c’est le deuxième batteur de Jimi qui part cette année. Buddy Miles, Earl Palmer et maintenant Mitch Mitchell, trois de mes batteurs préférés sont morts en 2008. Pour moi, il restera à jamais le mec qui a joué l’infernal « Fire »… RIP.

Jimi Hendrix Experience : « Fire »




Mitch Mitchell : « Drum Solo » (Suède, 9 janvier 1969)

vendredi 14 novembre 2008

TAG MUSICAL

Le tag, c’est un petit jeu entre blogueurs. Cela consiste en une série de questions à laquelle il faut répondre le plus honnêtement possible, le but étant de mieux se connaître. Le dernier tag en date qui vient fatalement de me tomber dessus est simple (encore que) : décrire sa personnalité en cinq chansons. C’est assez difficile. Déjà, premièrement si on joue le jeu suivant les règles, on a comme l’impression de se retrouver tout nu en public. Ensuite, cinq chansons c’est peu. Une goutte d’eau dans l’océan du jukebox qui me fait office de cerveau. Des playlists, je pourrais en rédiger 400 en expliquant le pourquoi du comment de chaque note et comment elle me touche, mais soyons honnête, cela ferait chier tout le monde. Donc, après une intense réflexion, j’en suis arrivé à la playlist suivante qui n’est évidemment en rien définitive. Reposez-moi la question dans six mois et il n’est pas improbable que vous vous retrouviez avec une sélection goth/new wave. Disons qu’elle est circonstancielle et correspond surtout à mon humeur du moment. Les absences sont criantes, pas de Beatles, Stones, Hendrix, Led Zeppelin, Cure, Neil Young, Creedence Clearwater Revival… Ensuite, autant l’avouer de suite, cinq chansons je n’y suis pas arrivé, il y en aura donc sept. Puisque Saab a triché, eh bien moi aussi je fais pareil et c’est de sa faute après tout, na ! Te fâche pas Saab, je plaisante… Donc voilà à quoi cela ressemble :

Sparklehorse : « Wish you were here » (Pink Floyd cover)
Tous les musiciens vous le diront, il y en a nous une chanson, LA chanson. Celle qui a provoqué le déclic, l’étincelle qui déclenche l’incendie. On appelle cela l’effet papillon, quand les vibrations émises par un battement d’aile de papillon ont pour conséquence un tsunami à l’autre bout de la planète. Le truc que l’on aurait été fier d’écrire. Moi, c’est un titre de Pink Floyd « Wish you were here » que l’on peut traduire par : « j’aimerai que tu sois là ». Par ce que la perte d’un être cher est une blessure qui ne cicatrise jamais tout à fait même si l’on saigne moins au fil du temps. Et l’on a parfois cette pensée, ces paroles suspendues au dessus du vide : « putain j’aimerai tellement que tu sois là », « I wish you were here »…

Je vous propose ici la version, moins connue, du groupe Sparklehorse encore plus mélancolique que l’original et si vous n’êtes pas bouleversé, c’est que vous avez un cœur de pierre…


Minnie Ripperton : « Inside my love »
Je suis un grand amateur de Voix, de chanteuses notamment. Et avec Minnie Ripperton, niveau Voix on est servi. C’est bien simple elle était incroyable et avait cette capacité à monter très haut dans les aigus, sa voix couvrait cinq octaves. Si quelqu’un était né pour chanter, c’était elle. Après des années passées dans les coulisses de la Motown, notamment auprès de Leon Ware et de Stevie Wonder (qui l’avait prise sous son aile), elle a enfin pu enregistrer en solo. Elle s’est, hélas, éteinte en 1979, emportée par un cancer, sans avoir, à mon sens, enregistré ce chef d’œuvre qu’elle portait pourtant en elle. Il nous reste malgré tout de nombreuses pépites, comme ce « Inside my love ». Comment tu fais Minnie ? C’est quoi ton secret ? Evidemment si je l’ai choisi, c’est par ce qu’il y a une fille qui se cache derrière tout ça à laquelle je pense quand je l’écoute. La première à qui j’ai dit que je l’aimais. C’est terrifiant et difficile d’avouer ses sentiments à l’autre. Mais c’est une satisfaction quand on y arrive.


Bettye LaVette : « Joy »
Bettye LaVette a passé des années, des décennies même, à chanter dans des bouges tous plus sordides les uns que les autres. Pour l’avoir vu en concert (deux fois), je peux l’affirmer cette Femme c’est une force de la nature. C’est à la force de ses cordes vocales qu’elle s’est fait sa place, toute relative car elle surtout connue des spécialistes, au soleil. Donc c’est un peu tout cela que l’on entend ici, sur une trame blues classique, le « joy » du titre faisant référence à sa simple joie de chanter. Moralité de l’histoire : ne jamais lâcher l’affaire.


Leon Russell : « A song for you »
Le chanteur/pianiste/guitariste Leon Russell est un musicien virtuose et ce, en dépit d’une paralysie partielle de la main. Avant de sortir son premier album solo, d’où est extraite ce « A song for you », Russell, natif de l’Oklahoma, a beaucoup écrit, composé et produit pour d’autres plus connus que lui, comme Joe Cocker, livrant tubes et succès clés en mains. « I love you for my life, you are a friend of mine, and when my life is over, remember when we where together ». Voilà tout est dit, vous êtes mes amis et je vous aime même si je ne suis pas toujours très disponible vu que je m’investis beaucoup dans la musique. J’ai toujours essayé d’être là quand vous aviez besoin de moi.


Buddy Miles : « Them Changes »
Chaque fois que je là réécoute, je revois Amsterdam, les vacances avec mon pote et le tas d’herbe sur la table de la chambre d’hôtel. C’était notre remake, version cannabis, de Scarface, cette fameuse scène où Al Pacino tombe la tête la première dans une montagne de coke. On roulait les spliffs (j’étais doué pour la chose à l’époque) avec toujours en fond sonore cette chanson que l’on écoutait à plein volume. Seulement voilà, le temps passe et ce fameux pote et moi on ne se parle plus depuis trois ans après une embrouille de thune et pourtant on en a partagé des fous rires, des voyages, des musiques, des parties de baby foot ou de billard. Mais le plus triste dans l’histoire, c’est que depuis Buddy Miles nous a quitté, un peu plus tôt cette année.


Curtis Mayfield : « Billy Jack »
Le chanteur/guitariste Curtis Mayfield est un géant de la soul de Chicago au destin tragique. En 1990, lors d’un concert à Brooklyn une rampe avec projecteurs s’écroule sur la scène. Curtis ne s’en relèvera pas et passera les dernières années de sa vie cloué dans un fauteuil roulant, tétraplégique, et incapable de jouer. Il jettera ses dernières forces dans l’enregistrement d’un ultime album « New world order » et décédera peu de temps après la sortie de ce dernier. « Billy Jack » n’est pas extraite de ce disque mais de « There’s no place like America today », sorti en 1975 époque à laquelle il est au sommet de son art. Rythme ternaire, guitare wha-wha, percussions et cuivres, aucun élément ne manque pour faire de cette chanson un grand moment. Comme toujours avec Curtis, le message social est présent. Ici, la difficulté qu’il y a parfois à assumer ses origines et celle de « s’élever » au dessus de son environnement. Le choix n’est pas innocent alors qu’Obama vient d’être élu Président des Etats-Unis. « I have a dream » et aujourd’hui il se réalise, Curtis aurait été heureux. Quant à moi, je l’écoute souvent le matin en me préparant pour aller travailler. J’y trouve du courage et de la force pour affronter la journée.


Suprême NTM : « Tout n’est pas si facile »
Tout simplement parce qu’au fil du temps, je constate avec dépit et amertume que je comprends de mieux en mieux le sens des paroles :
« Tout n’est pas si facile
Tout ne tient qu’à un fil
Les destins se séparent
L’amitié c’est fragile ».

mardi 11 novembre 2008

Be Kind, Rewind de Michel Gondry


Dans la filmographie de Michel Gondry, « Be kind, Rewind » (« Soyez sympa rembobinez » en V.F) peut-être envisagé comme une suite de son documentaire musical « Block Party ». Déjà, dans les deux films on retrouve Mos Def, il chante (ou rappe plutôt) dans « Block Party » et fait l’acteur dans « Be Kind Rewind ». Les deux films ont également en commun un aspect communautaire dans le sens où ils montrent une communauté qui se réunit autour de la musique, d’un concert dans « Block Party » et du cinéma dans « Soyez sympa, rembobinez ». Et enfin, les deux films ont été tournés dans les quartiers populaires de la grande agglomération New Yorkaise, Brooklyn pour « Block Party » et Passaic, New Jersey pour « Be Kind Rewind ».

« Soyez sympa, rembobinez » c’est l’histoire de deux potes, huluberlus, Mos Def et Jack Black, travaillant dans un vidéoclub. Coincés dans une faille temporelle, ils ignorent tout du DVD et sont restés sur d’antiques VHS, ce qui donne cette petite note nostalgique touchante et sympathique au film. Victimes d’une déveine improbable, ils ont effacé la totalité des cassettes du vidéoclub. Les deux compagnons d’infortune n’ont alors d’autre choix que de « remaker » (suéder), avec les moyens du bord, la totalité du catalogue du vidéoclub, ce qui donne lieu à une succession de scènes cocasses et hilarantes.

Ancien batteur du groupe (plutôt craignos mais c’est un avis personnel) Oui Oui, Gondry fait partie de ces réalisateurs possédant une véritable sensibilité musicale et une oreille aussi. La bande originale de "Be Kind Rewind", plutôt jazz/soul rappelant par moment les B.O blaxploitation, est particulièrement soignée et très réussie, c’est assez rare pour être souligné. Tout d’abord par ce que Gondry a pour l’occasion recruté Booker T. Jones, Steve Cropper et Donald « Duck » Dunn (soit les trois quarts de Booker T & The Mg’s) et qu’il tient lui-même, avec habileté, les baguettes sur plusieurs titres. Il a ensuite sélectionné quelques pépites de Billy Preston et de Fats Waller, le pianiste de jazz natif de Passaic auquel le film rend hommage. Pour le score, Gondry a fait appel au pianiste Jean-Michel Bernard qui, grâce à son touché raffiné, a réussi a retrouver la grâce des films muets d’antan. Ajoutez à cela quelques contributions originales de Mos Def et vous obtenez, en sus d’un très bon film, un excellent disque.

Notons pour finir que l’édition double DVD propose sur le disque bonus, des extraits d’un concert privé donné à l’occasion de la sortie du film par Michel Gondry, Mos Def et Jean-Michel Bernard.

http://www.bekindmovie.com/

La bande-annonce :

lundi 10 novembre 2008

Tony Joe White, le Bataclan, 4 novembre 2008.


Puisque l’on est si bien en Louisiane, eh bien, ma foi, restons-y ! Une grosse semaine après Allen Toussaint, c’est au tour d’une autre légende Louisianaise de venir nous rendre visite en la personne de Tony Joe White, natif de Goodwill. Petite anecdote personnelle, il y a un an, en visite à Chicago, alors que j’arborai avec fierté un tee-shirt à l’effigie de ce cher T.J (acheté à la fin d’un concert), la serveuse m’interrogea alors : « Tony Joe White, who’s that guy ? ». Et me voilà, moi le petit français, en train de révéler à cette yankee pur jus l’existence de ce pur fleuron de la musique américaine. Les Etats-Unis, sont ainsi, tellement riche, tellement grands, que parfois, c’est en Europe que leurs meilleurs artistes marchent le mieux. La preuve, notre T.J White beaucoup plus « célèbre » ici que sur sa terre natale. Et puis avec un premier album sorti en 1969, on peut difficilement le qualifier de perdreau de l’année. Quelle injustice. Car Tony Joe, c’est le genre de mec qui par la seule puissance de ses compositions vous transporte en plein bayou. Après avoir assuré la première partie d’Alvin Lee à l’Olympia un peu plus tôt cette année, revoilà donc White pour un concert complet cette fois-ci. La formule a également évoluée puisque Tony est désormais en trio avec un batteur et un clavier faisant à la fois office de bassiste et d’organiste. Le visage masqué par des lunettes de soleil et un imposant chapeau, qui le transforme en créature sans age, White a débuté le concert en solo assis avec sa Stratoscater sur les genoux. Sa voix est toujours aussi chaude et profonde, les arpèges de guitare délicats. Vinrent ensuite les deux autres protagonistes. Le batteur est toujours aussi excellent et puissant ce qui n’a pas manqué de surprendre mon voisin d’à côté qui s’est aussitôt confectionné dans la précipitation des boules Quiès à l’aide d’un Kleenex. Quant au troisième larron, le clavier, je suis désolé de le dire, mais sa présence m’a un peu gêné. J’avoue, j’aurai préféré un vrai bassiste, là je trouve le son mal foutu, les basses trop fortes (mon voisin est en train d’agoniser) et surtout mal réglées. Elles bouffent trop de fréquence au détriment de la guitare que l’on n’entend pas toujours très bien. Oui je sais, je suis exigent… Néanmoins, il y a eu des très beaux moments, le boogie « Do you have a garter belt ? » (Est-ce que tu portes un porte-jarretelles ? J’adore ce titre !), la très rare en live « Soul Francisco » et une attaque à la pédale wha-wha, une autre spécialité de Mister White, absolument démente. Les douces est délicates « The guitar don’t lie » (que Johnny Hallyday a repris sous le titre « la guitare fait mal ») et « Rainy Night in Georgia » sur lesquelles sa voix chaude fait des miracles.

http://www.tonyjoewhite.com/

Tony Joe White : « Rainy night in Georgia »

dimanche 9 novembre 2008

Greg Zlap, le Café de la danse, 3 novembre 2008.


C’est un café de la danse plein comme un œuf qui a accueilli Greg Zlap et son groupe pour un concert malheureusement unique, un mois après la sortie du dernier album du Monsieur, road movie(s). Le silence se fait dans la salle alors que le batteur Toma Milteau, s’installe derrière son kit et commence le concert en solo. Les musiciens arrivent un par un, piano, guitare, basse. Lorsque Greg et son harmonica déboulent le premier morceau « Wedding Theme », le mariage du blues et du cinéma, est déjà bien entamé. Vient ensuite la reprise du thème « l’homme à l’harmonica » extrait d’ « il était une fois dans l’ouest », Greg arbore alors un chapeau de cow-boy du plus bel effet. Greg nous promet un voyage (immobile) sur les routes du blues et du cinéma, et on n’a pas été déçu, des surprises il y en a eu. Tout d’abord la version live de « Who’s gonna take my damn soul », nettement plus musclée en live et qui prend des allures d’ « Honky tonk woman » des Rolling Stones. Le batteur Toma Milteau est énorme, cogne mais avec finesse, le juste équilibre entre puissance brute et feeling. A voir ses cymbales virevolter dans tous les sens comme emportées une vague qui déferle sur le sable, on en aurait presque le mal de mer. Vint ensuite le premier invité et le premier choc culturel de la soirée lorsque Nono, le guitariste de Trust vient taper le bœuf. On n’a pas vraiment l’habitude de le voir s’aventurer sur ces « terres bleues », mais ça vaut le coup d’être entendu comme le précise Greg, il n’est pas « antisocial » et joue avec « beaucoup de feeling ». Preuve de l’éclectisme de Greg Zlap l’invité suivant est encore plus surprenant, le slammeur D. Le deux hommes attaquent une composition inédite en duo voix/harmonica. C’est très intéressant ce lien entre slam/rap et blues qui se fait sous nos yeux. D a un physique assez impressionnant, grand, baraqué, dreadlocké et couvert de tatouages. Mais c’est surtout sa voix qui est marquante, grave et comme venue d’outre-tombe, soyons honnête, les âmes sensibles sont priées de s’abstenir. Le concert s’achève dans la liesse, le groupe faisant entonner à la salle entière le refrain de « Long way home », le Café de la danse se transforme alors en une église de Harlem, la fosse prend des airs de chorale gospel. Pour un voyage, s’en fut un beau…
www.myspace.com/gregzlap

samedi 8 novembre 2008

The Visitor de Thomas MacCarthy




Bien qu’il ne s’agisse pas d’un film musical dans le sens où on l’entend habituellement, The Visitor, actuellement sur nos écrans, offre une place de choix à la musique. Car c’est en effet la musique qui définit Walter Vale, le personnage principal du film interprété par Richard Jenkins.

Professeur d’université, vivant dans le Connecticut, Walter Vale mène une existence solitaire, paisible et rangée dans le deuil de son épouse, pianiste et concertiste. Le métrage s’ouvre sur une leçon de piano aussi pénible pour Walter que pour le spectateur. A la fin de celle-ci, Walter avoue à sa professeur qu’il souhaite arrêter son apprentissage. Cette dernière lui rétorque qu’il est difficile d’apprendre un instrument à son age, surtout si on n’a pas de talent particulier. Walter encaisse. Un peu plus tard, Walter, catastrophé, apprend qu’il doit se rendre à New York pour une conférence, déplacement qu’il craint comme la peste. Arrivé en ville, il découvre avec stupéfaction que son appartement (dans lequel il ne vit plus depuis des années) est squatté par un couple d’immigrés clandestins. L’homme, Tarek (interprété par Haaz Sleiman), se trouve être un joueur de djembé. C’est autour de cet instrument que se cristallise l’amitié naissante entre Tarek et Walter, le premier prodiguant leçons et conseils au second. On assiste alors à une succession de scènes sympathiques tournées dans les clubs de jazz de la grosse pomme ou dans des rassemblements de percussionnistes dans Central Park. Ces scènes à elles seules valent le détour. Mais l’essentiel est ailleurs. A partir du moment où il apprend le djembé, le personnage de Walter évolue progressivement. S’ouvre aux autres, devient même souriant à des années lumières du Walter du début, crispé sur le clavier. En cela le film illustre le pouvoir rassembleur de la musique entre les êtres. On comprend alors qu’en passant du piano au djembé, le personnage de Walter passe le film à faire le deuil de son épouse.

La bande annonce :

samedi 1 novembre 2008

J.J. Milteau : Soul Conversation


L’avantage lorsque l’on possède l’expérience et la bouteille d’un Jean-Jacques Milteau, c’est que l’on donne l’impression d’enregistrer, sans difficulté ni effort, des albums des albums de qualité égale, autrement dit, toujours excellents. Ce qui est une fois de plus le cas avec ce nouvel opus intitulé « Soul Conversation ». Grand amateur de voix, JJ, nous encore cette fois ci dégotté deux chanteurs de grande classe à savoir Michael Robinson et Ron Smyth pour dialoguer avec son harmonica. La nouveauté, c’est que ce coup ci, les deux lascars chantent souvent ensemble et non pas l’un après l’autre, comme d’habitude. Conséquence logique, ce nouvel effort me semble plus « chanté » et moins instrumental qu’à l’accoutumée. Cet album s’inscrit comme un hommage aux musiques que Milteau porte en lui depuis toujours : du rock n’roll, la reprise méconnaissable du « You can’t always get what you want » des Rolling Stones ; de la soul « People Get Ready » de Curtis Mayfield ; du folk tendance hippie « Long Time Gone » de David Crosby et enfin encore et toujours du blues « Down in Mississippi » de JB Lenoir. A l’instar de ce qu’il a pu faire il y a quelques années avec le « Heart of gold » de Neil Young, Jean-Jacques et son groupe embrassent toutes ces musiques et les emmènent toujours vers la même direction, celle de cette fameuse note bleue. Ces reprises, toutes très réussies car respectueuses de l’esprit sans en plagier la lettre, ne doivent pas cependant faire oublier la qualité des compositions originales : « Rock n’roll will never die », « You never know », « Summer moments ». JJ et ses acolytes, le fidèle Manu Galvin à la guitare, le bassiste Gilles Michel, le batteur Christophe Deschamps et Eric Lafont aux percussions font également montre d’un touché classe et raffiné tout au long du disque en particulier sur les instrumentaux. De quoi en tout cas passer l’hiver qui s’annonce au chaud.
http://www.jjmilteau.free.fr/