mardi 31 mars 2020

Bai Kamara Jr & The Voodoo Sniffers : « Salone »



Entre l'Afrique qui l'a vue naître, en Sierra Leone (Salone en langue krio), et l'Europe (Angleterre, Belgique) qui l'a vu grandir et exister sur le plan musical, Bai Kamara Jr ne saurait choisir. Autant en faire un album, ce qu'il réussit aujourd'hui avec grâce et élégance ; son disque le plus personnel à ce jour. Renouer le lien entre le blues et ses racines africaines, tracer la ligne qui partirait des griots africains pour rejoindre un coin de rue à Chicago en passant par le delta du Mississippi, l'idée est loin d'être neuve et certains s'y sont essayés avec une réussite certaine (Eric Bibb, Mighty Mo Rodgers). On pourrait tenter de rapprocher cet album de ce que l'on connaît, de Bombino à Tinariwen, du blues africain mais l'idée n'est finalement pas si judicieuse que cela. Chez Kamara, l'Afrique est un écho lointain, une terre qui, forcément, lui est chère mais qu'il a quitté prématurément, sans jamais y avoir joué la moindre note. Une présence fantomatique qui le hante sans véritable présence palpable. Son album sera donc à son image et aura un pied dans chaque continent. Un disque de blues acoustique, remarquablement écrit et produit, dont l'africanité résidera dans l'utilisation, judicieuse, de percussions diverses et variées conférant la sensation d'un album habité et hypnotique. L'amalgame harmonieux fonctionne merveilleusement bien avec l'écriture et l'interprétation raffinée de Kamara. Sublime. Une grande réussite à classer entre Eric Bibb et le premier Keb'Mo. 

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lundi 30 mars 2020

Joseph Martone : « Honey Birds »



Avant même l'instant magique, celui où on appuie sur le bouton play, le chanteur fascine : un nom que l'on jurerait tout droit sorti des Sopranos, une vie passée entre les deux rives de l'Atlantique, entre les États-Unis (New York City, Little Italy) qui l'on vu naître et l'Italie, la vraie, où il vit actuellement. Quand il ne chante pas, Joseph Martone exerce la profession de viticulteur, dans la région napolitaise où il a élu domicile. Voilà de quoi garnir encore un peu sa légende. Car, sur le seul plan musical, Martone est plutôt excellemment bien parti. Son timbre de voix caverneux est, à lui-seul, la promesse d'une odyssée musicale mémorable. Surtout quand celle-ci accompagne un blues ténébreux (« The deal ») où traîne l'influence de Nick Cave. Ailleurs, on ressent ici et là les influences du folk (« Trust » ; « Same old same old » ; « Declared war ») du western spaghetti ("Firefly" comme un inédit d'Ennio Morricone) ou du rock'n'roll (« St. Christopher ») passées au tamis d'arrangements scabreux évoquant la bande originale d'un film noir dérangé que l'on imagine réalisé par David Lynch. L'album brille par une absence d'oripeaux, concentré intelligemment sur l'essentiel, chaque piste brille tel un rai de lumière dans le noir cultivant, au fil de l'écoute, l'intimité avec l'auditeur. Une œuvre au noir, passionnante de bout en bout.

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samedi 28 mars 2020

L'Epée : "Diabolique"



Entamée avec « Shadow People », le dernier album en date des Limiñanas, la collaboration entre ces derniers et Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre) prend une tournure nouvelle avec la formation de ce tout nouveau groupe dans lequel on retrouve également Emmanuelle Seigner (déjà présente aux agapes précédentes). Sans toutefois ne jamais s'éloigner des lignes créatives de leurs autres projets, garage et psychédéliques, ces « nouveaux impétrants » se distinguent du tout venant par une approche orientalisante avec, comme principaux ingrédients, des percussions et de la basse marocaine. Porté par une batterie d'obédience velvetienne, l'école Moe Tucker, très portée sur le tome basse avec peu de cymbales, l'impressionnant magma sonore ainsi crée révèle un groove en sourdine, compact et presque étouffant, répétitif, hypnotique et magnétique. Le chant féminin, parfois parlé, apporte un peu de légèreté, et beaucoup de contraste, en français, presque naïvement yéyé. Excellent et tranchant !
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vendredi 27 mars 2020

Cypress Hill : « Elephant on acid »



On savait depuis longtemps le trio de Los Angeles amateur de fumette et militant engagé pour la légalisation de leur péché mignon. Mais là, en inventant un son inédit et hybride, à mi-chemin du hip-hop et de la psychédélie ; c'est à ce demander ce que Dj Muggs et ses acolytes ont bien pu inhaler. Près de trente ans après leurs débuts et neuf albums, le groupe légendaire du rap west-coast a trouvé une nouvelle brèche à ouvrir dans leur univers dark. L'ambition musicale est à la hausse et le groupe ouvre ses rangs à des collaborations inédites, des chanteurs égyptiens, des sitars et tablas indiennes (ce dernier point les rapprochant, paradoxalement, de Tool). Le tout se mélange à l'influence latino, au rythme anxiogène et au flow ténébreux, artefacts typiques du son du groupe depuis ses débuts, constituant un background dramatique contrebalancé par le chant soul de la lumineuse chanteuse Brevi, invitée sur trois titres (cf. "Reefer Man"). Avec ces pistes aux titres fleurant bon les sixties (« Band of Gypsies » ! « Stairway to heaven »!) l'ombre du rock n'a jamais autant plané sur Cypress Hill sans que cette influence nous saute directement aux oreilles. Ombre et lumière, trip-hop ambiant et jazz avant gardiste, se mélangent ainsi dans un album hypnotique qui marque toute l'évolution du trio depuis les années 1990. Un trip ambitieux. 

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jeudi 26 mars 2020

Kimberose : « Chapter One »



Voici le premier chapitre des aventures musicales de Kimberly Kiston-Mills. Après une longue période d'hésitation, Kimberly ose enfin le chant : Kimberose ! Pour un premier effort, ce dernier déborde d'une maturité impressionnante. La voix est posée parfois grave dans un registre quasiment rageur (cf. « I'm sorry ») ou séductrice dans une ambiance plus intime (cf. « Reason » ; « Waiting for you ») ; le chant devient ainsi l'incarnation idéale d'émotions dégringolant en cascades au fil de l'écoute. Musicalement, le geste est très sûr dans un registre soul mâtiné de jazz, alternant l'introspection (cf. la reprise de Leadbelly « Where did you sleep last night ? ») et l'invitation funky à la danse (« About us » ; « Strong Woman ») ; le groove est, quelque soit le contexte, toujours solide et sert de base à de belles interventions des claviers (piano ou orgue) inspirées et soulful. Clairement ancrée dans un registre soul, la musique de Kimberose ne se contente pas de recycler les lieux-communs vintage, avec plus ou moins de talent, comme tant d'autres mais embrasse le genre, et ses enjeux, à bras le corps pour un résultat frais et original, respectant l'idiome sans le dénaturer et évitant l'écueil du plagiat. Un premier album consistant et solide, hautement recommandable. Espérons que la suite de l'histoire fera honneur à ces excellents débuts. 

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mercredi 25 mars 2020

58 Shots : « French Rock Revolution »



Depuis leur premier album « Don't mess with the lion » un clin d’œil à leur ville natale de Belfort sorti en 2015 (chronique ici), on avait un peu perdu de vue le groupe 58 Shots. Cinq ans après le gang est de retour en pleine forme et il y a fort à parier que dans l'intervalle les musiciens n'ont que peu sortis le nez, et leurs oreilles surtout, de leur collection de vinyles vintage certifiés 70s, dont l'influence est prégnante. On trouve un peu de tout ici, du riff sec et claquant à la AC/DC en ouverture (« French Rock Revolution »), une bien nommée « Zeppelin Song » (si, si) et un peu de Deep Purple partout dans l'utilisation virtuose de l'orgue hammond pour renforcer l'aspect vaporeux et psychédélique du groupe (« I'm sorry », « Man of Sorrow »). Une forme d’allégeance de la part des musiciens qui ne doit cependant pas occulter les qualités intrinsèques des Belfortains, l'énergie, la virtuosité (cf. l'acoustique « Like the son you want me to be » qui prouve que ce disque n'est pas que saturation et décibels rageurs) et un savoir-faire indéniable. Un pur moment de rock'n'roll comme dirait l'autre. 

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dimanche 22 mars 2020

Christopher Paul Stelling : « Best of luck »



Ce nouvel album du songwriter étasunien ouvre un nouveau chapitre dans la carrière de son créateur. L'aventure a débutée sur scène alors que Christopher part en tournée, en première partie de Ben Harper. Ce dernier, enthousiasmé par son cadet, lui propose une collaboration. Et c'est ainsi qu'est né ce nouvel effort produit par M. Ben Harper en personne. La présence de ce dernier se révèle tellement prégnante que sa personnalité déborde sur celle de l'artiste qui n'a jamais sonné aussi cool et relax. Même façon de faire passer ses messages en douceur ; même l'intonation de son chant rappelle Harper. Délicat et alangui, nourri d'arpèges de guitare acoustique suffisamment évocateurs pour délocaliser l'auditeur au milieu des grands espaces. Il se dégage de ce nouvel effort un magnétisme quasiment cinématographique puissant et une évidence digne d'un classique immédiat. Un grand album qui fait du bien ! 

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samedi 21 mars 2020

Bebly : « ULDO »



Actif depuis dix ans, 3 albums et 2 eps au compteur, le trio francilien renoue avec l'urgence rock telle qu'on la pratiquait dans nos contrées au mitan des années 1990. L'ombre de Noir Désir et de ses textes cisaillés plane donc sur cette nouvelle livraison avec ce que cela comporte de batteries explosives et de guitares, fortement électrifiées, à l'avenant. Un flot continu de décibels qui ne constitue pourtant qu'une facette de la formation qui, lorsqu'elle débranche les amplis, ouvre la porte à l'émotion vive, palpable, décrite avec une douloureuse, et pudique, justesse (cf. « Ce que la vie me confisque » ; « Erreurs de jeunesse »). 

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vendredi 20 mars 2020

Los Orioles : « Vacances à Mer »



Voilà un titre qui laisse rêveur par les temps qui courent (et ce en dépit du jeu de mot : vacances amères) ! Confinés que nous sommes, dans une chambre, pas forcément avec vue d'ailleurs, on se laisse prendre au piège tendu par le duo suisse, et ce avec plaisir et délectation ! La proposition musicale, un savant mélange de rock garage et psychédélique mâtinée de percussions exotiques, a l'immense mérite de nous faire voyager en musique le long de rivages imaginaires aux plages bordées de palmiers. Hypnotisme, guitares fuzz et rythmes africains sont au menu entretenant un intriguant contraste avec le chant en français. On apprécie déjà ce genre de choses en temps ordinaire, doux euphémisme que d'affirmer que c'est encore plus le cas aujourd'hui ! 

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jeudi 19 mars 2020

Not Your Animal : « Not Rock and Roll »



En intitulant son EP « Not Rock and Roll », cette bande de petits cachottiers tente, maladroitement, de cacher son jeu. Un stratagème qui ne résistera pas à la première minute du disque et du torrent de guitare qui s'abattent sur « Reason to love » à mi-chemin du grunge et du rock garage (on croit déceler un soupçon d'Eddie Vedder dans l'intonation), deux idiomes auxquels le groupe à le bon goût d'associer une touche d'americana (cf. « Abracadabra » ; « Cannibal »). Le quatuor appelle cela de l' « eco-core » un sous-genre dystopique témoignant du long suicide collectif de l'humanité qui prends soudainement une résonance particulière en cette période, inédite, de confinement généralisé. Donc, pour finir, Not Your Animal, c'est du rock'n'roll, du bon, et un animal à découvrir d'urgence ! 

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mercredi 18 mars 2020

Jeanphilip : « Phonétique / Le Plafond »



En deux titres, le Québécois Jeanphilip (Tanguay) illustre, avec brio, toute l'excellence du rock québécois et l'influence positive de la proximité de la frontière étasunienne sur ce dernier. Dans le genre de power pop francophone, difficile en effet de trouver mieux, et ce en deux titres seulement. La première plage de l'ep « Phonétique » est un petit bonheur de rock incisif et rentre dedans. La face B « Le Plafond » agît en miroir opposé mettant l'accent, un tantinet mélancolique (cf. les arrangements de cordes), sur une mélodie alanguie. Excellent ! 

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vendredi 13 mars 2020

Nada Surf, La Cigale, 11 mars 2020.


C'est au terme d'un arrangement rocambolesque que le concert s'est tenu. La jauge complète de la salle de La Cigale affichant 1400 places, 400 de plus que le maximum autorisé (drastiquement descendu à 100 depuis) consécutivement à la pandémie de COVID-19, le groupe, connu pour sa générosité avec le public, a décidé d'assurer deux sets, à 19h puis à 21h, pour contenter tout le monde et éviter l'annulation pure et simple. Concrètement, la fosse est ouverte normalement, seule une poignée (une dizaine tout au plus) de spectateurs ont trouvé refuge au balcon. De quoi assurer un semblant d'ambiance au cœur de cette soirée surréaliste. On se souvient ainsi que le dernier concert du groupe auquel on avait assisté se tenait au Bataclan fraîchement réouvert après le drame que l'on sait. On se souvient que la dernière fois que l'on avait croisé Matthew, le chanteur, pour une interview, c'était le 4 décembre 2019 à la veille d'une très longue grève. Voilà le groupe qui redébarque en pleine pandémie, appelons cela le privilège de l'âge, ces formations qui nous accompagnent depuis tellement longtemps qu'elles en deviennent une sorte de baromètre des différents événements rythmant nos vies. Ainsi le concert file droit et le groupe ne prends guère le temps de se répandre préférant jouer, qui s'en plaindra ? Le set commence de manière inhabituelle par un solo de batterie d'Ira, les musiciens arrivant au compte goutte les uns après les autres pour ainsi donner corps au premier titre, « So much love ». Beaucoup de tubes, certains plus revisités depuis un certain temps nous semble-t-il (« Hi speed soul ») et une alternance entre morceaux « énervés » (« The Plan ») mettant en valeur la collection de Fender de Matthew qui a abandonnée les Gibson) et calmes (« Inside of love », « Blonde on Blonde », « Hyperspace ») dont la mélancolie est renforcée par l'apport prépondérant de Louie Lino aux claviers, le nouveau membre du groupe depuis le récent album « Never not together ». Le show s'est terminé avec « The Blankest Year » dont le refrain « Fuck it i'm gonna have a party » résonne avec acuité en ce mercredi soir. 

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samedi 7 mars 2020

Matthieu Miegeville : « Est-Ouest »






Si depuis un certain 10 janvier 2016 nombreux sont ceux à rendre hommage à David Bowie, Matthieu Miegeville le fait à sa façon privilégiant la démarche plutôt que le style. Point de référence au regretté Ziggy sur ce premier album en solo mais plutôt une similitude de cheminent à travers les affres de la création. Ainsi, on a connu Matthieu punk, chanteur de métal au sein de ses groupes Psykup, Cancel The Apocalypse et My Own Private Alaska ou « jazzman » (on insiste sur l'importance des guillemets en l'espèce) au sein du duo Black Painters le temps d'un magnifique (et hélas unique pour le moment) album. Le projet solo de Matthieu se fera donc dans la langue de Molière et une mutation de plus pour le chanteur. Situé aux confins de la chanson et de pop teintée d'électronique, c'est bel et bien le timbre (de gorge et accrochant immédiatement l'oreille) si caractéristique du chanteur, qui incarne l'élément rock de l'équation au travers de son interprétation intense et fiévreuse de ses textes poétiques entre révolte (« Les Portes ») et nostalgie doucereuse, « Tu chantais », qui clôt ce court (8 titres) premier album de haute volée. 
https://www.difymusic.com/miegeville

vendredi 6 mars 2020

Bottle Next : « Drift »



Sur le catalogue de leur label, Le Cri du Charbon, le duo apparaît sous la dénomination hard folk. Une association pour le moins audacieuse pour un groupe qui ne l'est pas moins tant il est rare de croiser ce genre de projet hybride allant d'une extrême à l'autre ; du folk au métal. Il était fois une batterie (Martin Ecuer) et une guitare (Pierre Rettien). Jusqu'ici l'histoire est bien connue, ce qui l'est moins c'est l'étrange mélange des genres pour un duo aussi à l'aise avec ou sans ampli crachant un flot de décibels saturés et un guitariste/chanteur au timbre guttural, Pierre, jouant également du saxophone, dans un style inimitable de brio expérimental, histoire d'ajouter une note de fusion free jazz à la confusion ambiante. Car le groupe à également le goût de l'expérimentation des compositions à rallonge (seulement 9 titres sur ce deuxième album) aux multiples et labyrinthiques tiroirs, partant dans de surprenants développements. Il apparaît néanmoins à l'écoute que Bottle Next reste fondamentalement un groupe de rock/métal pur et dur agrémentant sa musique d'arrangements fous du folk au jazz. Si tous les éléments étaient déjà présents sur le premier EP du groupe (voir ici) ce dernier a, avec le temps et l'expérience, réussi à unifier le son dans un tout cohérent en dépit de la variété des ingrédients qui le compose. Un tour de force, osé et délectable, somme toute assez réussi, qui nécessite de ne pas avoir froid aux yeux. 

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jeudi 5 mars 2020

Acquin : « Bareback »



Le regard taquin déchirant une cible sur la magnifique pochette (signée Iannis Pledel) n'est pas le moindre trésor de ce premier effort de l'artiste. Musicien de formation classique, avant de passer à l'écriture de chansons, Acquin a gardé de son passé d'instrumentiste une forme d'élégance, un geste classieux (cf. « Groupe » ; « Mieux » ; « Parallèle ») qui se retrouve dans ses compositions aux textes cryptiques (cf. « Bareback ») incarnés par le chanté/parlé au timbre profond de l'artiste ; dans la droite lignée tracée jadis par Etienne Daho ou Daniel Darc. Parfaitement agencé par Frédéric Lo qui a su trouver la juste distance pour magnifier la musique d'Acquin, pratiquant une violence feutrée, sourde et paradoxalement douce, entre pop, rock et chanson française mâtinée arrangements froids et électroniques (cf. « Gender Bender »). 
En concert à Paris (Trois Baudets) le 23 mars. 
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mercredi 4 mars 2020

Tangled Tape : « Back & Forth »



Prenant le contre-pied de la scène soul dominante de l'époque, celle célébrant le son vintage, les Toulousains justifient et leur patronyme et le titre de leur album tout au long de cette livraison inaugurale de 13 titres. Tangled Tape, donc, que l'on pourrait traduire comme cassette (audio) abîmée ou enchevêtrée. L'album s'intitule « Back & Forth » soit aller-retour. Tout est ainsi dit et ce dès les étranges premières notes évoquant le bruit d'une cassette coincée dans un lecteur. Ce premier effort voit le groupe entremêler les styles, dans un aller-retour constant entre soul, reggae/dub, R’n’B ou hip hop, plaçant le groove feutré au cœur de ses préoccupations ; débordant de feeling. Orchestrée brillamment, l'album est un savant et harmonieux dosage de sonorités organiques, de synthés analogiques et de beatmaking incarné avec grâce par la voix suave de la chanteuse Ornella Mesplé-Somps. Une réussite ! 

En concert le 19/03 à Paris (Le Hasard Ludique, première partie de Moonlight Benjamin)
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mardi 3 mars 2020

Aziz Sahmaoui & University of Gnawa : « Poetic Trance »



Mené par l'ancien leader de l'Orchestre National de Barbès, le nouvel album de la formation élargie, qui compte jusqu'à neuf musiciens, se révèle être un passionnant voyage en musique(s) où les cultures se rencontrent et dialoguent, du Nord à l'Ouest de l'Afrique, mais aussi avec l'Occident. En effet le groupe ne saurait être réduit à sa dimension exotique, trop réductrice, et il est impossible d'ignorer les énergies rock (« Janna ifrikia » ; « Ganga sound of Mbirika ») et pop (« Nouria ») qui l'animent et que l'on retrouve dans la composition même de la formation où deux guitares côtoient la kora, le n'goni et la mandole. Au repli communautaire actuellement en vogue, Aziz Sahmaoui oppose sa solution : jouons, chantons ensemble, arrêtons de continuellement nous regarder en chien de faïence dans la peur perpétuelle de l'inconnu. Comme l'affirme l'artiste sur ce nouvel effort : « la peur est l'ennemie de la raison ». 

En concert le 25 mars à Paris (La Cigale)
https://www.azizsahmaoui.com/
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