dimanche 31 août 2014

Tiki Black : « Out of the black »



Une voix s'élève dans le silence. Son grain est étrange, expressif, lyrique et mélancolique, plutôt grave et, quoi qu'il en soit, unique en son genre. Avec un je ne sais quoi de rond dans son expression. Une voix comme un vecteur de mille émotions. Cette voix c'est celle de Tiki Black, jeune chanteuse née en France de parents Camerounais et désormais installée à Manchester. Son premier album s'appelle « Out of the black » et plutôt que d'en sortir, on a plutôt envie de plonger la tête la première dedans. Entre folk et un soupçon de jazz, ce premier disque s'exprime dans un registre acoustique et dépouillé. Ici est là, les influences africaines, au détour de quelques percussions choisies, se font jour (« Swallen »). Mais c'est surtout le piano qui joue un rôle prépondérant, les arrangements de cordes (« Escape ») renforcent la mélancolie ambiante. L'accompagnement est donc frugal, la fameuse voix à ainsi toute latitude pour s'exprimer, remplir l'espace. Le disque idéal d'une fin de soirée. Laissez-vous porter...



jeudi 28 août 2014

Rock en Seine 2014, 22, 23 et 24 Août 2014.

(c) Victor Picon

Parmi les nouveautés de cette édition 2014, la plus marquante fut certainement l'installation d'un village du disque regroupant plusieurs disquaires réputés (Born Bad, Fargo, Ground Zero entre autres) de la place de Paris dans l'enceinte même du site. L'occasion de faire quelques emplettes entre deux concerts, attention l'endroit est un véritable lieu de perdition pour les cartes bleues... On en profite également pour faire un petit tour de l'exposition regroupant les affiches créées tout spécialement pour illustrer l'ensemble des concerts du festival...

Vendredi 22 Aout
Cage the Elephant (c) Victor Picon
 
Niveau musique on attaque très fort d'entrée avec CAGE THE ELEPHANT, de retour trois ans après une première apparition très remarquée sur la scène de la cascade. Suite à la défection de dernière minute de Volbeat, les Américains ont cette fois les honneurs de la grande scène. Festival oblige, leur prestation d'une petite heure ne permet de voir la totalité du spectre musical couvert par CAGE THE ELEPHANT désormais plus porté sur la pop et la mélodie. Le set est orienté sur le dernier album en date, « Melophobia » mais le punk fait cependant toujours parti de leur préoccupations comme le prouve un « Aberdeen » du feu de Dieu. Matt Shultz le chanteur tout de blanc vêtu est en grande forme. Triple saut, 100 mètres départ arrêté, saut en hauteur, vraiment, quelle perte pour l'athlétisme que cet homme là ! C'est également la sécurité de l'emploi assurée pour tous les services de sécurité de la planète qui sont en général bien occupés dès que notre homme Matt pose le pied sur scène... Ce fût un excellent moment passé en leur compagnie.
Kitty Daisy and Lewis (c) Nicolas Joubard

Direction en suite la scène de la cascade où, divine surprise, nous attends Kitty Daisy & Lewis débarqués en toute dernière minute en remplacement des danois de Volbeat. En pleine préparation de leur troisième album la famille rockabilly nous a plongé dans une ambiance surannée 1950s plutôt étonnante en ces lieux. Piano, harmonica, contrebasse, guitare ça fait du bien ! Multi instrumentistes surdoués chaque membres de fratrie passe du piano à la batterie en passant par la guitare. Papa assure la guitare rythmique et Maman est à la contrebasse. La transformation physique des musiciens, que l'on a connus adolescents à leurs débuts rappelons-le, est étonnante. Combinaison moulante dorée ou cuir des pieds à la tête, Mon Dieu Kitty et Daisy sont devenues des vraies femmes...

Gary Clark Jnr (c) Victor Picon
On continue dans une veine très roots avec le bluesman Gary Clark Junior sur la grande scène toujours aussi hypnotique avec ses riffs de guitare qui s'étirent à l'envie. Ah si seulement il pouvait montrer la même classe sur disque au lieu de se disperser entre blues et R n'B... Toujours sur la grande scène le petit prodige anglais du songwriting Jake Bugg prends ensuite possession des lieux. Evoluant désormais en quatuor, Bugg livre un set mi-électrique/mi-acoustique très marqué par la country mais également les années 1960. A noter une très belle et étonnante reprise du « Voodoo Chile (Slight Return) » de l'immense Hendrix. Si on ne retrouve rien à redire sur la qualité musicale de la chose, entre country, pop et Mersey Beat, la prestation de Bugg manque tout de même de passion, un petit grain de folie serait plutôt bienvenu. Mine renfrognée, assez peu expressive, manque flagrant de charisme, déjà blasé à 20 ans, Jake ?
Jake Bugg (c) Victor Picon
 
Coincée entre les stands de sandwiches, la minuscule scène Ile-de-France, dont l'ambiance rappelle celle d'une petite salle de concert, offre une fenêtre d'exposition aux groupes locaux. C'est également l'occasion de faire de belles découvertes. Comme les Velvet Veins par exemple, notre coup de cœur du week-end. Lookés à l'extrême, genre Dandys, le quatuor fait montre d'une classe très sixties et d'une formidable compréhension du blues au fil de soli de guitares assez inspirés. Lorsque le volume monte d'un cran, c'est toute la scène rock des années 1960 qui défile devant nos yeux. Rythmique solide, guitares sur le fil, le groupe est bluffant. Chaude ambiance, applaudissements nourris, comment se fait-il qu'une formation de cette qualité ne partage pas la scène avec les « grands » ? Mystère...

Mac Demarco (c) Nicolas Joubard
On termine enfin par un petit tour sur la scène de l'industrie ou se trouve la coqueluche canadienne Mac Demarco et son impayable sens de l'humour (The Hives jouent en même temps, vous êtes sur que vous ne vous êtes pas trompés de concert ? Ah ah!). Petit génie du songwriting (son dernier disque « Salad Days » est un régal), entre pop et garage, Mac Demarco évoque un je ne sais quoi de Californien. Etonnant pour un type débarqué des plaines glacées du Canada et désormais installé à New-York. Mélodique et ensoleillée, on pense à un Chris Isaak en version slacker 1990s, les influences 50s en moins. Plutôt déconneur, du genre à nous faire une reprise au débotté de « Yellow » (Coldplay) chantée par le bassiste, Mac Demarco nous a offert la prestation la plus décontractée du week-end dans un registre bricolo fort sympathique.

Samedi 23 Août.
Dorian Pimpernel (c) Sylvere Hieulle
 
La deuxième journée des agapes commence par un petit tour par la scène de l'industrie où se trouve le quintet parisien Dorian Pimpernel. Très porté sur les années 1960, mais pas uniquement, Dorian Pimpernel montre une appétence particulière pour les claviers et les instruments vintage (amplis vox, rickenbaker demi-caisse, mellotron, ce genre de choses). La « Moonshine pop », ouvragée à l'extrême, de Dorian Pimpernel est un savant mélange où se télescope une basse très ronde, très sixties (« Paralipomenon ») et les synthés krautrock (« Existential Suit ») de la décennie suivante au service d'un songwriting soigné. Le résultat, forcément précieux, est à classer entre « Sgt Pepper », « Pet Sounds » et le « Triggers » d'April March. Excellent.

Junip (c) Sylvere Hieulle
Puisque chaque journée semble se dérouler suivant une thématique particulière, on continue dans cette veine planante en compagnie des belges de Junip. La troupe menée par le baladin folk José Gonzalez mélange claviers et guitare acoustique à cheval entre les grands classiques et une approche indie pop plus contemporaine. Pas mal.
Thee Oh Sees (c) Sylvere Hieulle
 
La tension monte d'un cran ensuite avec l'apparition des Californiens de Thee oh sees toujours sur la scène de la cascade. Formation difficile à suivre, le groupe de San Francisco à multiplié les annonces contradictoires, un temps annoncés comme splittés le groupe a finalement sorti un nouvel album... Bref, passons, la troupe de John Dwyer est désormais un trio se partageant entre punk, garage et rock psyché. On passe d'une attaque frontale de guitare, belle SG en plexiglas soit dit en passant, à une longue dérive psyché noisy entre guitare saturée ou mini clavier. A noter la belle efficacité des marathoniens de la section rythmique. Une prestation solide en dépit d'un son un peu mal foutu.
The Goastt (c) Nicolas Joubard

The Goastt (c) Nicolas Joubard

Toujours dans cette veine psyché, on retrouve The Ghost of a Saber Tooth Tiger (aka The Goastt) le groupe mené par le couple Sean Lennon (voix/guitare) et la très jolie Charlotte Kemp Muhl (basse/voix). Très sincèrement, et cela fait des années qu'on le répète, on ne donne pas assez de crédit à Sean Lennon. Ce type, compte-tenu de son hérédité et de la fortune personnelle qui en découle, pourrait se contenter de traverser l'existence en faisant les délices de la presse à scandale, victime d'une sorte de syndrome Paris Hilton. Il n'en est rien. Bien au contraire, Sean Lennon est un artiste appliqué, menant de front carrière solo et en groupe ainsi que la destinée de son label Chimera. Et ce n'est pas la très solide prestation du jour qui va nous faire changer d'avis. The Goastt se présente en cette après-midi en sextet et revisite les thèmes classiques du rock psychédélique des années 1960 entre giclées de guitares acides (le fils de John est un soliste inspiré), nappes de claviers planantes et percussions rigolotes à base d'instruments de cuisine. Sean fait en plus l'effort de s'exprimer dans notre langue. Franchement pas mal. On reste sur la grande scène le temps de vérifier que le temps n'a pas de prise sur le spleen lancinant de Portishead, vingt ans après la sortie de « Dummy » (des obligations nous ont empêchés d'assister au concert entier). On termine enfin la soirée par un petit détour par la scène pression live profiter du groove exotique (et très marqué par l'Afrique) de François & The Atlas Mountains. Etonnante prestation entre pop française et world music chantée tantôt en français tantôt en anglais. Plutôt énergique sur scène, François communie avec le public avec un enthousiasme communicatif. La petite danse finale du groupe est assez sympathique.
François & The Atlas Mountains (c) Nicolas Joubard

Dimanche 24 Août.
 
Cloud Nothnigs (c) Victor Picon
 
Petite déception pour commencer avec le trio punk/grunge US Cloud Nothings, formation pas foncièrement mauvaise mais sans ampleur véritable. Chanter faux cela n'amuse qu'un temps... Cela ne s'arrange guère avec les Australiens de Airbourne, le meilleur succédané d'AC/DC lorsque le version originale n'est pas disponible. Gros hard rock à la crétinerie assumée et revendiquée, Airbourne lâche les watts grâce à un impressionnant mur composé de 24 (on a compté) amplis Marshall. La clé de voûte du show d'Airbourne semble être le jet de bière en direction du public après un savant fracassage de ladite canette sur le sommet du crâne. Tout un art maîtrisé à la perfection par les gros bras des antipodes. Le plaisir régressif du week-end, on est même resté jusqu'au bout ! Changement d'ambiance avec Jeanne Added sur la petite scène Ile-de-France accompagnée de son excellente batteuse. Alternant entre basse et clavier, qu'elle soit en version rock ou électro Jeanne laisse transparaître des influences punk, ce qui n'est pas fait pour nous déplaire. Chant passionné, lyrisme exacerbé, Jeanne est très certainement une incorrigible romantique. Un projet à suivre... On aurait aimé ensuite vous toucher deux mot de la punkette Brody Dalle mais impossible de s'approcher de la scène de l'industrie, tellement la foule est impressionnante. Un passage sur la grande scène aurait été plus approprié. On a cependant pu profiter du lâché de décibels...
Airbourne (c) Nicolas Joubard

Maline la programmation de la scène pression live qui en ce dimanche après-midi propose un revival de la scène alternative US avec un excellent enchaînement Thurston Moore / Stephen Malkmus respectivement anciens membres de Sonic Youth et de Pavement ! Un véritable voyage dans le temps qui nous régale ! Toujours accompagné du batteur Steve Shelley, Thurston Moore paye son tribut à la scène bruitiste depuis près de trente ans. Même séparé de Sonic Youth, sa démarche reste équivalente, faîte d'un solide songwriting pop vitriolé à grands coups de larsen, distorsions, harmoniques et autres dissonances. Avec le temps le guitariste a acquis un sens du psychédélisme au détour de compositions à rallonge (15 minutes pour le morceau d'ouverture), tiens, tiens cela rappelle le concert de Thee oh sees la veille (où John Dwyer a-t-il bien pu trouver son inspiration ?). Star éminente du grunge à l'époque de Pavement (les années 1990) Stephen Malkmus, désormais accompagné de son groupe les Jicks, a lentement évolué vers un songwriting pop/rock assez marqué par la Californie et un son classique 70s à la coule faisant la part belle aux guitares. Une prestation solide et très agréable agrémentée d'un salut amical à Thurston Moore (pour répondre aux délirantes piques amicales de ce dernier un peu plus tôt dans l'après-midi). Quoi qu'il en soit, un excellent enchaînement, on a rajeuni de vingt ans d'un coup ! Pour un peu on se croirait de retour à la fac... Mais quel dommage d'avoir raté les très prometteurs Forever Pavot programmés en même temps...
Thurston Moore (c) Sylvere Hieulle
 

Stephen Malkmus (c) Sylvere Hieulle
Dans l'idéal, Tinariwen (sur la scène de l'industrie) et ses faux airs de Rolling Stone Touareg, serait le point de rencontre entre le rock occidental et l'Afrique. Dans l'idéal. Car dans les faits, il ne reste plus grand chose du Ténéré (hormis les costumes traditionnels, les percussions et le chant en langue vernaculaire) chez le groupe Malien, par ailleurs totalement occidental dans son mode de fonctionnement (niveau merchandising notamment). Un groupe dans le fond assez calibré même si son « desert blues », plutôt bien fait, ne manque pas de charme et réserve quelques bonnes et assez envoûtantes surprises...
Tinariwen (c) Victor Picon

QOTSA (c) Sylvere Hieulle
On termine enfin avec la tête d'affiche de cette édition, les Californiens de The Queens Of The Stone Age, groupe qui fait le désespoir de ses fans qui n'ont de cesse de réclamer à Josh Homme « Du lourd, du vulgaris » ! Las, ce dernier se complaît dans une sorte de pop ramollie (quelle idée, franchement), la monotonie guette... Une prestation en demi-teinte donc, malgré quelques éclairs de génies (« The lost art of keeping a secret », hhhuuummm!). On regrette le stoner suintant le désert et les guitares génialement heavy-metal blues...

mardi 26 août 2014

Interview avec Henri-Pierre Noël



Longtemps considéré comme culte par une poignée de spécialistes, le pianiste d'origine Haïtienne Henri-Pierre Noël est en train de vivre une véritable renaissance artistique grâce à la réédition de ses albums « Piano » (1979) et « One more step » (1980, chronique ici). Une excellente nouvelle qui permet au plus grand nombre de savourer le groove chaloupé et exotique du pianiste...

Que devenez-vous ? Jouez-vous toujours de la musique ?

Henri-Pierre Noël : Musicien un jour, musicien toujours, dit l’adage! Comment aurais-je pu abandonner mon vieil ami et confident qu’est le piano? Oui, je joue encore de la musique, je compose et j’arrange aussi… Ah, musique! Quand tu nous tiens!!! 

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter à Haïti ?
 
HPN : J'ai quitté Haïti assez jeune. Mon départ a donc été la décision de mes parents. J'avoue que j'ai été plutôt déçu quand ils m'ont fait part de leur décision. Quitter les copains a été difficile mais je crois que ça a été une bonne décision. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse? Dans mon cas c’était vrai.

Arrivé à Montréal le choc météo à du être rude... Y avait-il de la solidarité entre immigrés ?

HPN : Montréal n'a pas été ma première destination quand j'ai quitté Haïti. Une chance! Le choc météo a été beaucoup moins rude à New York où j'ai habité. Après New York j'ai habité en Belgique ce qui m’a permis de continuer en douceur ma préparation au froid montréalais. Mais revenons à New-York. J'y ai trouvé à l'époque un grand esprit de camaraderie et de solidarité au sein de la communauté haïtienne et très vite je me suis fait de nouveaux amis. C'était fantastique! On s'amusait comme des petits fous. Et quelques années plus tard, j’ai retrouvé la même ambiance à Montréal. Ah la belle époque!

Vous souvenez-vous de la scène musicale de l'époque ?
HPN : Oui bien sûr! La scène musicale, à mon avis, était plutôt embryonnaire. Des orchestres haïtiens à New York commençaient lentement à se former en utilisant les moyens du bord, c'est-à-dire peu de ressources. Nous étions régulièrement visités par des orchestres venant d’Haïti. Certains de ces orchestres se sont finalement établis totalement ou partiellement dans la grosse pomme, ce qui a complètement changé le paysage musical.
 
Comment définiriez-vous les spécificités du son Haïtien ?
HPN : Existe-t-il un son spécifiquement haïtien? Excellente question! Certains disent que oui et d’autres pensent que non. Je crois que cette question pourrait faire l'objet d’un grand débat. Un débat passionnant en perspective! En tout cas, moi je le souhaite. Ce serait intéressant et instructif.
Un petit mot sur la situation actuelle de l'île et notamment depuis le tremblement de terre de 2010 ?
HPN : Je projette de faire éventuellement une visite en Haïti prochainement. À mon retour je serai plus en mesure de parler de la situation actuelle dans l’île. Pour l'instant j'hésite à colporter des nouvelles que je n’ai pas vérifiées. J’espère que j'aurai l'opportunité d’en parler sur votre site. D’ailleurs, je tiens à vous féliciter pour vos belles pages que je trouve fort intéressants. En attendant, permettez-moi de vous remercier de m'avoir accordé cette entrevue.
Propos recueillis par email le 22 août 2014.
Un grand merci à Jada Parolini et à M. Henri-Pierre Noël pour sa gentillesse et sa disponibilité.
 

jeudi 21 août 2014

Seth Lakeman : « Word of mouth »



Cela commence avec un grondement de cordes. Menaçant. Dès les premières notes de « The Wanderer », qui ouvre le disque, l'auditeur est transporté. Le voyage commence. La Grande-Bretagne, verte, sauvage et indomptée, vous ouvre ses portes. Un pied dans le folk (« Labour she calls home »), un autre dans la musique celtique (« The Courrier », « Another long night »), Lakeman met à l'honneur les paysages sauvages de la verte Albion. Les yeux fermés, on imagine de la roche, des collines vertes et escarpées à perte de vue le tout sous un ciel noir de suie, l'orage sur le point d'éclater. Entre banjo, violons, contrebasse, orgue et bien sur guitare acoustique, Lakeman met les petits plats dans les grands pour vous embarquer dans son périple. Son nouvel album, le cinquième en solo d'une longue carrière débutée il y a vingt ans, marque une étape pour cet auteur/compositeur/multi instrumentiste toujours aussi peu connu en France (pays dans lequel il s'est d'ailleurs très peu produit). Avant d'écrire des chansons, Lakeman a d'abord voulu raconter des histoires. Patiemment il est parti sur les routes, a rencontré des anonymes, recueillis leurs impressions. Un ouvrier vétéran des docks, un survivant de la seconde guerre mondiale, un couple vivant sur la route. Autant de destins, de gens de peu mis ensuite en musique. Le résultat n'est pas seulement dépaysant, il est magistral.
http://www.sethlakeman.co.uk/


mercredi 20 août 2014

The Pretty Reckless : « Going to hell »



Bien décidée à casser son image assez sage, Taylor Momsen (une des vedettes de la série télé Gossip Girls) donne dans le hard rock en compagnie de son groupe The Pretty Reckless dont le deuxième album est sorti récemment. Et l'affaire part sur les chapeaux de roues avec un râle féminin fort suggestif (renseignements pris la responsable s'appelle Jenna Haze et c'est une star du porno), tiens, tiens on dirait le premier album des Guns n'Roses qui usait du même stratagème... Dans le même ordre d'idées, The Pretty Reckless ne se prive pas pour utiliser la plastique, assez avantageuse il est vrai, de sa chanteuse pour assurer sa promotion. Aurait-on remonté le temps jusqu'aux années 1980 ? Car, par bien des aspects, The Pretty Reckless rappelle tous ces groupes de hair métal qui squattaient les ondes de MTV en ces années. Plans de guitares, martellement de la batterie, on s'y croirait. Et pourtant, bien loin de tous ces groupes hédonistes qui prônait un certain mode de vie (en gros sexualité débridée, drogue et alcool) dans un alignement de clichés faisant office de paroles, The Pretty Reckless apporte une certaine noirceur à l'équation, un regard lucide sur le monde à moitié hérité des années grunge. « Why'd you bring a shotgun to the party » évoque le phénomène des tueries de masse en cours aux Etats-Unis ; « Sweet things » en dépit de son titre est une terrifiante dénonciation de la pédophilie quant à « Dear sister » il s'agit là de la minute émotion du disque. On arrête là l'inventaire qui s'apparente au conducteur du JT de 20 heures... Pour éviter de sombrer dans la déprime, The Pretty Reckless contrebalance le tout par une efficacité à toute épreuve les guitares en avant aussi bien à l'aise en électrique qu'en acoustique (l'intro d'« Absolution », « Burn »). Et la voix de la miss Momsen, qui chante ou hurle au choix, vaut également son pesant de décibel (le feulement de « Blame me »). L'a priori ne peut dès lors qu'être positif.
http://goingtohell.me/uk/

Black Lips : « Underneath the rainbow »



Formé au début des années 2000, Black Lips formation originaire d'Atlanta sort son nouvel album. Pour cet effort, le neuvième chapitre d'une carrière assez riche, le groupe sort les grands moyens confiant le bébé à une excitante doublette de producteur : Patrick Carney (le batteur des Black Keys) et Thomas Brenneck (Dap-Kings, Charles Bradley, Menahan Street Band), un des piliers du label Daptone que l'on a peu l'habitude de croiser dans le domaine du rock n'roll. En dépit du visuel de l'album qui les voit jouer aux gros durs, chaîne à la main, les Black Lips sortent ici leur album le plus accessible. Jouant dans la cour psychédélique/garage, le quatuor propose un disque dont l'horloge biologique serait bloquée en 1967 (malgré des paroles évoquant parfois les téléphones portables) quelque part entre les Sonics et le 13th floor elevator. Le groupe excelle dans des durées assez courtes (environ trois minutes) les guitares en avant dans une ambiance un peu bricolo ; plus d'une fois l'album donne l'impression d'avoir été enregistré dans une cave avec peu de moyens. Les amateurs de gros son et de productions léchées en seront pour leurs frais, cela contribue à rendre la chose sympathique. Parmi les réussites citons la grondante « Funny », le western « I don't wanna go home », la menacante « Dog Year » ou les bluesy « Boys in the wood » et « Do the vibrate » (qui rappelle un peu le thème de Peter Gunn). Si on ne s'ennuie pas vraiment, à la longue, le disque sonne comme une redite, moins réussie cependant, d'« Arabia Mountain » (leur album précédent). Un album honorable, mais en demi-teinte, doublé de cette incapacité récurrente à défendre ses chanson en concert (ce groupe est calamiteux sur scène) : Les Black Lips seraient-ils rentrés dans une immense zone grise ?



mercredi 13 août 2014

Last Train : "Cold Fever"


 

L'aventure au pays du rock n'roll continue pour les Alsaciens de Last Train, de retour avec un nouvel EP de deux titres. Un EP marqué par un changement de personnel, le chant étant assuré dorénavant par le guitariste Jean-Noël. Par contre, ce qui ne change pas, c'est l'efficacité de Last Train. L'affaire commence donc « Cold Fever » un rock puissant et carré dans la lignée des grands anciens des seventies. Notons que Jean-Noël est déjà particulièrement à son aise au chant et son timbre éraillé donne un nouveau relief à la composition. C'est du lourd, solide et efficace à défaut d'être original. En face B on retrouve « Fire » et là l'affaire prends un tour autrement plus ambitieux. Morceau à tiroirs « Fire » s'étire sur plus de six minutes, multipliant les fausses pistes. L'into bluesy est suivi d'un break heavy ; l'art, consommé, de la tension-détente est ici servi avec force accélérations... Du grand art à savourer en attendant la suite de l'aventure pour ce groupe prometteur...

Cass McCombs : « Big Wheel and others »


Personnage mystérieux s'il en est, dont on ne sait finalement peu de choses, si ce n'est qu'il est Californien et aurait vécu un temps dans la rue, Cass McCombs n'en poursuit pas moins une carrière remarquable depuis une dizaine d'années. Fin 2013 est sorti, en toute discrétion, « Big Wheel and others », le septième album de McCombs. Disque du genre monumental, le double album contient 22 titres entrecoupés par trois interviews avec Sean, un petit garçon de quatre ans. D'emblée, « Big Wheel and others » se classe dans la catégorie des disques de songwriter et le résultat n'est pas sans rappeler le regretté Jason Molina. Au delà de la musique, l'album est une exploration des musiques étasuniennes et, par delà, de la beauté de l'Amérique. Le périple s'ouvre avec « Big Wheel », un morceau rock, emmené par un riff de guitare puissant (dans le genre « Satan is my toy » vaut également son pesant de décibels). Et ce n'est qu'un début, « Angel Blood » le voit flirter avec des influences country/folk alors que « The burning of the temple, 2012 » est un blues noctambule parsemé d'influences jazzy par le biais d'un saxophone d'inspiration free. Jouant sur la longueur, McCombs délivre quelques morceaux assez sombres, les sept minutes baroques de « Everything has to be just so » ou « Joe Murder » modèle de ballade meurtrière servie par la voix en demi teinte de McCombs, grave mais mélodique. Parmi les grandes réussites de l'album citons la fabuleuse ballade « Home on the Range », d'une évidence mélodique rare ou la délicatesse folk de « Dealing » que l'on jurerait échappée du Laurel Canyon des seventies. Plus anecdotique, l'instrumental pop/jazzy « It means a lot to know that you care » n'en est pas moins appréciable. Mention spéciale également à « Brighter ! » enregistré avec la complicité de l'actrice/égérie des seventies Karen Black (« Five easy pieces », « Nashville »), décédée depuis. Bien évidemment, il est délicat de maintenir un niveau de qualité égal sur la durée d'une heure vingt, et le disque comprend quelques temps faibles. Concentré sur une durée plus courte, McCombs aurait certainement accouché d'un chef d’œuvre en bonne et due forme. En attendant contentons-nous de ce double disque, œuvre de l'un des meilleurs songwriters américains actuellement en activité...



mardi 12 août 2014

The Taikonauts : « Mysteriis Alienis Mundi »


Deuxième album pour cet énergique groupe de surf music d'origine toulousaine. Et quel étrange album... En effet, tels des surfeurs d'argent fondant sur la ville, Les Taikonauts s'emparent de la surf music pour la propulser dans le futur ou l'espace c'est selon. Compensant l'absence de chanteur par toute une série de samples issus d'improbables séries B de science-fiction ou d'horreur, les Taikonauts développent tout le long de ce disque, instrumental, une tout à fait nerdique obsession pour les Aliens, Cowboys et autres Zombies. Même le digipack, très classe au demeurant, est présenté comme une affiche de film. Mélangeant les guitares et le theremin, cet album, très cinématographique, est une ode à la série B. Fans de Tarantino, accourez, c'est excellent.
Www.thetaikonauts.org
https://fr-fr.facebook.com/thetaikonautsofficial




 

lundi 11 août 2014

Marc Loy : « Barfume »


« Barfume », mot imaginaire, évoque un bar enfumé, un endroit échappé du siècle dernier. Dans un coin, sur une petite scène se tiendrait Marc Loy et une vieille guitare usée. De sa voix grave, profonde et éraillée, Marc raconte ses histoires, la vie, le temps qui passe... Depuis ses débuts, à la fin des années 1970, la musique de Marc à connu différentes incarnations et c'est un peu tout cela que l'on entends sur son album. « La beauté du geste » ouvre le bal avec une guitare wha wha furieusement funky, l'enchaînement « Touchez la / Stomachache » évoquerait plutôt un bon vieux rock n'roll fifties de derrière les fagots (excellente intro de batterie soit dit en passant), « Les souris » est une belle tentative de country chantée en français et quand il proclame haut et fort « I hate the blues », il faut, bien entendu, ne pas le prendre pour argent comptant. Le disque donne à entendre un toucher de guitare fin et délicat, efficace aussi bien en électrique qu'en acoustique (« Joliment dit », « Alexis », « Belle de jour », "Tu ne m'emporteras pas au paradis"). Chanté majoritairement dans la langue de Molière, Marc Loy propose un copieux et attachant album. Il ne bouleversera pas votre soirée, mais la rendra, pour sur, certainement plus agréable.
https://myspace.com/markloy


samedi 9 août 2014

Philippe Grancher And His G-Men



Pianiste, guitariste et chanteur, le Normand Philippe Grancher est un vétéran méconnu de la scène blues hexagonale avec quarante ans de carrière dans les pattes. Et ouais, voilà qui vous classe d'emblée le bonhomme. Depuis 1996, Philippe a produit trois albums de blues. Voici le quatrième, un enregistrement live au festival Gresiblues, le 3 juillet 2012. Un album fait pour la beauté du geste, retranscription fidèle du concert joué ce soir là sans aucune retouche, même les petites imperfections ont été laissées telles quelles, ça fait partie du charme de la chose. Seul l'orgue a été rajouté en post production pour reproduire le son du groupe en quintet. Avec son expérience, Grancher a le pied très sur, inutile de lui parler de tel ou tel gadget à la mode, notre homme sait ce qu'il veut et surtout ce qu'il aime. Alors voilà, ce n'est pas compliqué, la came de Philippe, c'est le blues, électrifié, Chicago style, comme un contre pied à toute la scène jump, inspiré des années 1950 qui fleurie un peu partout dans notre beau pays. Le track listing du concert est composé de grands classiques signés Willie Dixon, BB King ou Otis Rush. Pas foncièrement original, certes, mais l'essentiel est ailleurs, dans l'amour que porte Philippe à cette musique et qui se sent (et s'écoute) à la moindre note jouée suivant le fil de ses soli inspirés. Ecoutez-moi cette guitare sur « As the years go passin'by », « Guess who » ou « Help me » bon sang ! Ce disque déborde de feeling, de cœur, d'âme. Et dans le fond en matière de blues, c'est bien cela le plus important. Citons pour finir les autres membres de G-Men qui sont loin de démériter : Jérémie Tepper à la guitare, Yannick Laguide à la basse et le batteur Clément Duventru.



vendredi 8 août 2014

Lee Fields : « Emma Jean »



Vétéran de la scène soul, longtemps boudé par le succès, Lee Fields a entamé une nouvelle carrière vers le début des années 2000, dans un premier temps sous l'égide du label Daptone (spécialiste en matière de sauvetage, cf. Sharon Jones, Naomi Shelton etc...) avant de passer sous les fourches caudines du label frère Truth and Soul. Les deux précédents efforts de Lee Fields « My World » et « Faithfull Man » ont enfin vu les efforts de ce brave Lee récompensés avec deux jolis succès critique à la clé et un début de reconnaissance même si celle ci est circonscrite à un cercle restreint de spécialistes. Sur ce nouveau disque, dédié à sa maman Emma Jean, Lee Fields retrouve les studios Dunham et sa fidèle équipe, Leon Michels à la production et un sacré roster : l'exceptionnel batteur Homer Steinwess et le guitariste Thomas Brenneck (Menahan Street Band, Charles Bradley, Sharon Jones etc...). A cette fameuse paire de bretelleurs s'est adjoint Dan Auerbach (le guitariste des Black Keys) qui a  également accueilli quelques sessions d'enregistrement au sein de son studio Easy Eye Sound. Du grand classique donc qui se ressent à l'écoute. Dès le début l'auditeur se retrouve en terrain connu, on retrouve cette savoureuse soul music à l'ancienne dont les racines se trouvent dans les années 1960 et 1970. Science du groove (les percussions sont un sacré plus), richesse des arrangements (orgue, cuivres) et le timbre éraillé et profond, véhiculant mille émotions, de Fields en sont les principaux attraits. Seul différence, Fields évolue dans un registre peut être plus intime et langoureux que d'habitude, plus down tempo. Dire que cet album est un ratage serait une insulte, pourtant il manque un petit quelque chose pour que la mayonnaise prenne entièrement. Un peu de piment, de peps, un titre locomotive (que l'on cherche en vain) qui tirerait le tout vers le haut. Il est également vrai que maintenir le niveau de qualité et atteindre de nouveau les sommets des deux albums précédents n'est pas aisé. Disons que Lee Fields se maintient dans la moyenne supérieure mais que « Emma Jean » visitera la platine peut être un peu moins souvent. Pas dramatique dans le fond, tout cela ne nous empêchera pas d'aller de nouveau l'applaudir sur scène. Il le mérite amplement.

En concert le 4 novembre à Paris (Trabendo)




jeudi 7 août 2014

Girl Tears : « Tension »


Voilà un groupe que l'on ne pourra jamais accuser de faire du remplissage. Faisant fi des conventions, les punks californiens (Los Angeles) de Girl Tears proposent de revenir à l'essentiel, c'est à dire des chansons dépassant rarement la minute ! Il faut à peine un quart d'heure pour écouter l'ensemble des 12 titres composant le bien nommé album « Tension » ! Nerveux, tendu, l'album de Girl Tears est une décharge d'adrénaline brute. Voilà devant vos oreilles ébahies, une charge électrique peu commune, une étincelle primaire, l'énergie brute du rock n'roll aussi sèche qu'une droite de Mike Tyson. C'est la foudre punk qui s'abat sur vos enceintes. Prise en l'état les chansons sont pratiquement à l'état d'ébauches, ce qui n’empêche pas certaines d'être assez abouties (« Alone », « Because », « Suffocate »). Une expérience radicale.





mercredi 6 août 2014

François and The Atlas Mountains : « Piano Ombre »


 
Originaire de Saintes (Charente-Maritime), François Marry, le leader de François And The Atlas Mountains est de retour au pays après un exil à Bristol (Grande-Bretagne) qui lui vaut aujourd'hui d'être signé sur l'excellent label anglais Domino Records. Une des rares signatures française pour ce label (Melody's echo chamber en est une autre) d'autant plus exceptionnelle pour un artiste ayant choisi de s'exprimer majoritairement dans la langue de Molière (ce qui devient également assez rare). Quoiqu'il en soit, l'Hexagone ne pouvait trouver meilleur ambassadeur que François And The Atlas Mountains. Le nouvel album « Piano Ombre », est une petite merveille pop, ouvragée avec le plus grand soin dont la finesse des arrangements n'a d'égale que celle de l'écriture mélodique. S'il fallait chercher une filiation, elle nous mènerait certainement vers Etienne Daho, une histoire de climat, d'ambiance entre chien et loup, mais aussi cette façon tout à fait personnelle d'être classique sans avoir l'air d'y toucher. Car s'il est entendu que le disque ne propose rien de révolutionnaire, il le fait avec classe et distinction (« La fille aux cheveux de soie », chanson intemporelle, « Réveil inconnu » qui rappelle la chanson des années 1970). L'album s'ouvre avec « Bois » et d'un coup c'est l'univers de François qui s'ouvre devant nous : acoustique chatoyante, acuité des textes (« l'amour a déçu, reste la musique »). Majoritairement organique, chaque nouvelle écoute révèle une foultitude de nouveaux détails. C'est dire si ce nouvel effort est fouillé. Gageons qu'il vieillira bien.
http://www.francoisandtheatlasmountains.com/
En concert le 23 août à Rock en Seine.

mardi 5 août 2014

St. Vincent



St. Vincent (Annie Clark pour l'état civil) sort son quatrième album, éponyme comme s'il s'agissait d'une nouvelle définition d'elle-même. Car au-delà de la musique, St Vincent (ex-membre de The Polyphonic Spree) met en scène tout ce qui concerne son art. Son look est particulièrement étudié, les concerts, mis en scène à la seconde près, ressemblent à des performances d'art contemporain. Le choix même de son patronyme est évocateur, il s'agit d'un hommage au poète Dylan Thomas, décédé à l'hôpital New-yorkais du même nom. On pourrait parler d'art total, dont la musique ne serait qu'une composante. St. Vincent fait partie de cette catégorie d'artistes qui ont un univers personnel, modifié à chaque nouveau disque comme autant de nouvelles incarnations. Bien évidemment, le nom de David Bowie s'impose en premier lieu. Et la musique dans tout cela ? Très bien entourée par deux excellents batteurs : Homer Steinwess (exceptionnel batteur des Dap Kings ici utilisé dans un registre inédit) et McKenzie Smith (Midlake), St. Vincent évolue dans un registre pop/électro parfois un peu froid voire clinique (« I prefer your love ») avec force claviers. « Digital Witness » et « Every tears disappears » s'imposent comme les plus addictives du lot. On pense à Kate Bush. Guitariste, non pas douée au sens classique du terme, mais faisant sonner son instrument de manière très personnelle, St. Vincent s'en donne ici à cœur joie. Régulièrement ses compositions sont transpercées de giclées de guitares acides (« Rattlesnake », « Birth in reverse », « Regret ») sorties d'on ne sait où... Cela n'a l'air de rien mais tout le charme de l'album vient de là, de ces petites fissures, traces d'humanité, qui font irruption dans un univers calculé à l'extrême. Une petite note de bordel bienvenue.
En concert le 23 Août à Rock en Seine.
http://ilovestvincent.com/



lundi 4 août 2014

The Goastt : « Midnight Sun »



Nouvel album pour Sean Lennon, sous l'alias The Goastt, le groupe qu'il forme avec sa compagne/muse Charlotte Kemp Muhl, nouveau nom de baptême du groupe que l'on connaissait avant sous l'énigmatique nom de The ghost of a saber tooth tiger... Passé l'intro, étonnamment rock et forte en bouche de « Too Deep », qui ouvre le disque, Sean et sa muse s'adonnent désormais au rock psychédélique comme la superbe pochette pouvait le laisser deviner... « Midnight sun », un album qui se complaît donc dans une sorte de béatitude baba cool (cf. « Last Call ») avec des harmonies vocales à l'avenant, éthérées et planante sous influence Beach Boys (« Xanadu », « Animals »). Au fil des titres, une influence pop se fait jour sous la forme d'arrangements rigolos et enfantins (« Johannesburg ») menés tambour battant par une basse aussi ronde et élastique qu'à l'époque des sixties (« Midnight sun »). Un album solide, peut-être bien le meilleur du duo qui s'émancipe progressivement de l'encombrante ombre parentale.
En concert le 23 Août à Rock en Seine
https://www.facebook.com/thegoastt




dimanche 3 août 2014

The Amazing Snakeheads : « Amphetamine Ballads »



Nouvelle sensation rock n'roll, le trio écossais The Amazing Snakeheads sort son premier album intitulé « Amphetamine Ballads ». Un premier album enregistré de nuit à Glasgow, selon la volonté du groupe. De fait, le disque exhale une odeur de danger, une ambiance particulière, interlope, qu'effectivement seul un enregistrement nocturne pouvait restituer (« Swamp Song »). Le track listing à lui seul donne une assez bonne idée de la chose : « I'm a vampire » (qui ouvre le disque), « Night time », « Where is my knife ? » et on en passe... Le groupe semble se complaire dans un imaginaire rock n'roll évoquant pèle mêle les années 1950 (la guitare surf de « Night time ») ou les Stooges : le saxophone en roue libre que l'on jurerait évadé de « Fun house » sur plusieurs plages en fin de programme ("Everyguy wants to be her baby"). Ce premier effort part donc sur les chapeaux de roues, les titres s'enchaînent les uns aux autres portés par le groove lancinant et presque mortifère de la basse, excellent William Coombe soit dit en passant, dans une ambiance poisseuse à souhait (« Flatlining »). La guitare à elle seule, parfois muette, parfois déchaînée, parfois calme, entraîne nos oreilles dans une sorte de grand huit funèbre ; les amateurs de sensations fortes seront comblés (« Here it comes again »). Seul ombre au tableau, le chant exalté, hurlé, proche du râle primal, du chanteur/guitariste Dale Barclay irrite un peu à la longue. Un peu de distanciation ne ferait pas de mal. Un premier effort imparfait donc mais issu d'un groupe méritant car prolétaire (les trois membres ont tous eu des boulots à côté postier, chef cuisinier ou tailleur de pierre) qui a travaillé dur pour en arriver là. On aurait vraiment tort de ne pas les surveiller du coin de l'oeil...



vendredi 1 août 2014

Nick Pride and The Pimptones : « Rejuiced Phat Shake »



Troisième album pour ce guitariste et producteur anglais, originaire de Newcastle, accompagné de son groupe. Nick Pride évolue dans le registre de la soul à l'ancienne. Un milkshake bien connu, chargé en basses rondes et en cuivres pêchus, auquel les Pimptones se chargent d'ajouter une kyrielle de parfums venus du funk (tendance New Orleans « Go with it »), du jazz, du blues (« Walkin'out the door ») voire du rap (« Non stop »). Un créneau vintage bien occupé par ailleurs, notamment par une ribambelle de labels sis à Brooklyn. Labels avec lesquels notre Anglais rivalise sans peine (« It's a love thing » qui sonne comme du Sharon Jones). Musicalement, il n'y a rien à redire, l'ensemble tient plus que largement la route et le disque groove aussi bien que de l'autre côté de l'Atlantique. L'affaire pêcherait plutôt du côté vocal, Pride étant obligé de recruter à l'extérieur des compétences qui ne sont pas les siennes. Résultat on dénombre pas moins de neuf vocalistes, souvent féminines, différentes sur le disque. Ces chanteurs/chanteuses sont tous excellents, le problème serait plutôt ce côté un peu patchwork venant de l’accumulation de voix différentes. Bien souvent on a l'impression d'écouter une compilation plutôt que l’œuvre d'un seul et même groupe. Un reproche bien minime toutefois au regard de la qualité musicale générale de l'affaire...