mercredi 30 décembre 2020

The Smashing Pumpkins : « Cyr »

 


Très franchement, qui attendait encore quelque chose des Smashing Pumpkins ? Puis, Billy Corgan a resserré les rangs, retrouvé James Iha et le batteur Jimmy Chamberlain (confirmant par la même que l'homme a bien du mal à faire du rock sans son batteur fétiche) et gardé l'excellent Jeff Schroeder, formant ainsi un line-up 100 % masculin pour la première fois de son histoire. Et est sorti, en 2018, une sorte de petit miracle sous la forme de l'album « Shiny and oh so bright », leur disque le plus simple et accessible, en un mot le plus rock, depuis, au moins « Gish » (1991). Trop simple probablement pour Billy Corgan, qui n'a jamais été avare de compositions épiques et autres arrangements complexes quitte à délaisser son instrument fétiche : la guitare. Et c'est ce qu'il se passe ici. Rangé l'ampli, place aux synthés ! Si les fans de « Bullet with butterfly wings » en seront pour leurs frais, la chose n'est pourtant pas une nouveauté pour le Chicagoan qui n'a jamais caché son admiration pour Depeche Mode et les Cure. Ces deux monuments du rock anglais des années 1980 auxquels on pense beaucoup ici. Album copieux, 20 titres (presque le deuxième double album de leur carrière), « Cyr » réussit une prouesse : faire entrer harmonieusement l'élément électronique dans l'univers des Smashing Pumpkins. Le songwriting et le chant caractéristique nous placent en terrain connu. L'orchestration beaucoup moins. Les batteries et boîtes à rythmes donnent la pulsation, la guitare est relégué à un simple rôle rythmique et le tout est mixé avec génie au milieu de nappes synthétiques. Beaucoup plus harmonieux que « The Future Embrace » (la première tentative solo du leader sortie en 2005), cet album s'envisage comme la suite du trop sous-estimé « Adore » (1998). Et se révèle presque aussi réussi, qui en attendait autant en 2020 ?





mardi 29 décembre 2020

Ysé : « Eldorado » (2014)

 


Les différents confinements ont au moins eu le mérite de nous replonger dans la pile de disques pas encore écoutés, parfois depuis fort longtemps. Ainsi, pendant tout ce temps passé à la maison, nous avons remis la main sur cet EP sorti en 2014, voici une chronique du temps jadis… 

Avec sa voix grave et tabagique, Ysé incarne à la perfection une certaine idée du rock chanté en français où le texte compte beaucoup. La chanteuse brosse ses chansons comme d'autres écrivent de nouvelles ou filment des histoires. Un univers cinématographique (« Jérémie ») accompagné par un rock puissant toute guitares dehors, qui caresse (« Héros-limite ») autant qu'il griffe (« Labyrinthe »). Ses mots convoquent des images puissantes et singulières, et trouvent en la voix magnétique de la chanteuse le médium idéal. Avec cet EP Ysé impose une voix singulière, qui nous scotche, sur la scène française.






lundi 28 décembre 2020

Samarabalouf : « NoNo Future »

 


Comme l'indique son patronyme, il y a effectivement quelque chose d'un peu fou dans la musique de Samarabalouf, le bal fou (bal ouf) de la Somme (Samara). La composition du trio (guitare, violon et contrebasse ou violoncelle) nous met sur la piste du jazz manouche. Et effectivement le trio porte ce swing manouche en son cœur. Mais, ici et là, les guitares haussent le ton, montent brusquement dans les tours et la saturation (« No future »), offrant à la musique un angle plus dur, sur lequel buttent les musiciens, quelque chose d'assez inédit dans le contexte d'un trio jazz. S'il est déraisonnable de parler de punk (cf. « Tango Pogo »), la notion de rock n'est jamais bien loin et plane au-dessus du trio, surtout en termes de dynamique et d'attaque. La boucle est bouclée pour un groupe qui maîtrise par ailleurs à la perfection son lexique swing tzigane/manouche avec tout ce que cela suppose de vélocité (« Aimez toujours ») ou de mélancolie délicate (« Saudade »). Les quelques tentatives chantées rapprochent par ailleurs le groupe de la chanson française, intime et émouvante (« Ma Vie ») ou teintée de second degré primesautier (« La Cuisine »). Se jouant des émotions de l'auditeur, la formation se dévoile ainsi suivant des atours festifs ou introspectifs mais toujours décalés.



jeudi 24 décembre 2020

G. Lolli : « In Movimento as above so below »

 


Le plus italien des musiciens français continue son exploration de la « Library Music », la musique de répertoire servant à l'illustration à l'image. Le résultat est ainsi fortement ancré dans une tradition cinématographique, comme la bande son d'un film imaginaire restant à tourner, ou les émotions affluent. De l'effroi et du suspense à la tendresse, mais, quoi qu'il en soit, du grand spectacle d'un bout à l'autre du disque ! Le titre de cet album, que l'on pourrait traduire par « En mouvement », résume à lui seul le parcours de G. Lolli qui délaisse un peu les influences des années 1970, qui restent toutefois au cœur de son projet, pour intégrer subtilement quelques sonorités synthétiques de la décennie suivante. Un bonheur d'écoute, propre à faire travailler l'imagination, pour mieux imaginer les images qui colleraient le mieux à ces sons rêveurs. Enfin la finition vinyle bleue marbrée est sublime, comme souvent avec La Face Cachée.

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https://drgeo.bandcamp.com/




Adrien Legrand : « Impression EP »





Fort de ses expériences passées, au sein de Gandi Lake ou Veik, Adrien Legrand sort son premier EP en solo. La chose s'appelle « Impression » et celle que nous procure ce disque est plutôt bonne, voire excellente. Le son de basse, rond et imposant, occupe l'espace et inscrit ce premier effort dans une lignée de haute tenue qui partirait des bandes-originales de films des années 1970 (Francis Lai ou François de Roubaix) aux productions plus récentes des labels Tricatel ou Born Bad. Une certaine idée de la pop française, ouverte aux expérimentations électroniques douces, mais fidèle à un idéal pop anglo-saxon, et à un certain sens du swing aussi, adapté à la culture francophone et chantée dans la langue de Molière. Franchement réussi ! 

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samedi 19 décembre 2020

Théo Charaf

 


Un voix et une guitare, à l'instar d'un vieil album de Bob Dylan (qu'il reprends d'ailleurs ici), c'est tout ce que l'on entendra de Théo Charaf sur ce premier effort. Point trop n'en faut c'est largement suffisant. Comme un artisan qui a passé des heures à travailler, à peaufiner sa technique, Théo apparaît confondant de maturité, pour un jeune impétrant. La voix tout d'abord, chaude, de gorge et profonde, elle balaye un spectre d'émotions assez large et possède cette patine rare, ce petit grain qui transpire le vécu et élève la musique à un niveau supérieur, appelons cela le supplément d'âme. Et ensuite, vint la guitare. Presque entièrement acoustique l'album offre un large choix, les cordes, qu'elles soient arpégées, ou brossées voire glissées, font vibrer et résonner la corde sensible en chacun de nous. Mais c'est lorsque les deux travaillent à l'unisson que l'album transperce les plafonds de l'émotion. On a ainsi, maintes fois, l'occasion d'assister à un moment rare, celui de la naissance d'un artiste. Entre folk et blues, à l'écart des canons actuels et des modes, voici un disque exigeant qui réclame écoute, patience et attention de la part de l'auditeur. Mais cela en vaut la peine, tant l'imaginaire qui est développé ici transporte l'auditeur vers un ailleurs, sublimé, figuré par les rails de la magnifique pochette signée Jean-Luc Navette. Nouvellement venu sur la scène blues le label Wita (des excellents Automatic City) signe des débuts en fanfare !

Sortie le 22 janvier 2021

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vendredi 18 décembre 2020

Kim : « Rocks »

 


S'il n'en reste qu'un, ça sera lui ! Inénarrable Kim, combattant de toutes les batailles du rock, « un solder of creation » comme il le chante lui-même, de retour avec un nouvel effort au titre sobre. « Rocks », puisque c'est ainsi que la chose se nomme, c'est à la fois simple, direct et rentre dedans. Exactement comme le contenu de la cassette audio, oui, vous avez bien lu, puisque ce nouvel album sort à l'ancienne, en cassette ! Une collection de titres garage rock incisifs, donc. Et arrivé à ce niveau là, les guitares ne sont plus seulement saturées, mais triturées, comme si le musicien cherchait à en extraire la substantifique moelle pour la recracher en titres de trois minutes chrono au chant étranglé (« No Soul »). Parfois accompagné de Blondine, Kim se casse ainsi les cordes vocales avec majesté, et un peu de rage aussi, un titre après l'autre, bien accompagné dans le mouvement par une batterie dynamitée. Mais aussi incisif soit-il, Kim est aussi un mélodiste pop de bon aloi qui prend un malin plaisir à vitrioler ses chansons, en bon amateur de chemins détournés, qu'il est resté (« Muriel » ; « Lily Catastrophe » ; « Soldiers of Creation »). Un nouvel album en forme de petit bonheur sur bande et aussi une définition du rock garage en soi, tant ce disque donne l'impression d'avoir été enregistré dans un sous-sol entre deux poutres en béton armé. C'est finalement assez émouvant de s'imaginer ainsi partager l'intimité de la création par écoute interposées.

https://superapeslabel.bandcamp.com/album/rocks

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Ich Bin : « Obéis ! »

 


Voici un projet pour le moins mystérieux, voire ambigu. Du collectif Ich Bin, on ne connaît pratiquement rien si ce n'est qu'ils sont très probablement Alsaciens. Concernant l'album, on n'en sait guère plus. Sorti une première fois en CD-R en 2001 puis en vinyle en 2006 avant de disparaître dans les limbes, il est probable que la chose ait été enregistrée dans le courant des années 1990, sans certitude aucune, avant de renaître cette année sous la forme de ce vinyle, sorti après le premier confinement, grâce aux bons soins du précieux disquaire de La Face Cachée. Un mystère bien épais donc qui convient bien à l'attentat musical que représente l'écoute de cette galette sulfureuse. Les voix comme désincarnées alignent, à tour de rôle, les punchlines, absurdes et nihilistes, clamées sur une collection de beats, comme autant de battements martiaux, électroniques, aux confins du punk et de l'électro indus. Mais qui a bien pu s'emparer du micro avec autant de rage ? La question n'a pas fini de nous tarauder. D'autant que l'album, et son titre en forme d'injonction, trouve un écho particulier à notre époque où, de « bamboche » en « grands parents qu'il faut laisser dans la cuisine », la parole publique, autoritaire et décomplexée, s'est développée de manière préoccupante. Visionnaire ?





vendredi 11 décembre 2020

Mcbaise : « Raviolo »

 


Avec un nom pareil, on pouvait craindre le pire… Mais, c'est une heureuse surprise finalement que ce premier court EP, trois titres, du Niçois. Entre guitare et synthés analogiques, il se dégage quelque chose de foncièrement cool, au groove détendu, de ce disque pop, coloré et ensoleillé, œuvre d'un digne héritier français de Mac DeMarco. Belle découverte !

https://mcbaise.ninja/

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mercredi 9 décembre 2020

KURT137! : « Les Terres Brûlées »

 


Groupe mythique de la fin des années 1980, KURT137 !, est toujours debout après bien des tribulations, ruptures, reformations et autres changements de nom. En revanche, une chose ne change pas, la rage qui anime le groupe est toujours intacte. En ce sens, ce nouvel EP porte bien son titre. « Les Terres Brûlées » pourrait bien être, en effet, le leitmotiv du quatuor, prêt à semer la désolation partout sur son passage à grands coups de riffs de guitares saturées, de chant guttural, étranglé et sur le fil, suivant le martellement de la batterie, double pédale de grosse caisse à l'appui. Cette bande de petits blagueurs a pourtant tenté de nous faire croire, le temps d'un « Respire » (enfin plus exactement, le temps de l'intro), qu'ils étaient assagis mais, non, tremblez dans les chaumières, le punk n'est pas mort !

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mardi 8 décembre 2020

Barton Hartshorn : "Listen for a change"

 


Coup de cœur de cette page depuis la sortie de son album "I died of boredom and came back as me" en 2018, Duncan Roberts (aka Barton Hartshorn, du nom de sa ville natale), Anglais francophile et résident français de longue date, revient avec un nouveau clip en prélude de la sortie de son troisième album, prévu pour le 22 janvier 2021. Un clip aux effluves 80s, Scrabble, radio analogique et dictaphone mini cassettes à l'appui.

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http://bartonhartshorn.com/

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lundi 7 décembre 2020

Kubix : « Guitar Chant »

 


Musicien dans l'âme, loin d'être cloisonné dans son style de prédilection, le reggae, pour lequel il est connu et respecté, le guitariste a décidé de sortir de sa zone de confort pour ce premier album, entièrement instrumental, en solo. Ainsi, Kubix adopte des lignes plutôt jazzy à la guitare qui épousent les ondulations, langoureuses et coulées, de la section rythmique, qui reste quant à elle dans la plus pure tradition du reggae roots. Le résultat est d'une très haute tenue musicale, entre jazz et reggae, un mélange ma foi pas si ordinaire, œuvre de musiciens impliqués et virtuoses. Un véritable bonheur d'écoute tant la musique charrie son lot d'images imaginaires, sexy et colorées de tons chauds. Le soleil, les palmiers et la plage, on ressent presque les vagues nous caresser les oreilles, les pieds dans le sable. Mais ce n'est pas tout, le guitariste se permettant quelques détours hispanisants (« Sad & Salt ») et des envolées quasiment progressives, « Paris New York » ; « Altitude », ce dernier titre clôturant ce superbe album sur une note aérienne, nous signifiant que le voyage musical se termine et qu'il est, hélas, temps d’atterrir.

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dimanche 6 décembre 2020

Benoît Blue Boy et Les Tortilleurs : « Résolument Bleu »

 


Vieux routier de la scène blues hexagonale, Benoît Blue Boy est de retour avec un 17ème album habité par sa bonhommie habituelle. Et c'est un bonheur toujours renouvelé de retrouver Benoît, son grain de voix traînant égrainant des vérités vieilles comme le monde (« Jamais Parfait », « Ça déplaît », « Toute ma vie ») mais qu'il fait bon réentendre comme une piqûre de rappel salutaire. Et oui la route n'est jamais rectiligne mais c'est comme ça et il faut faire avec. Et justement Benoît fait avec et jusqu'à présent le fait plutôt bien. Comme sur ce nouvel effort capté dans les conditions du live avec une sacré bande de tortilleurs du son chevronnés : Stan Noubard Pacha et Nico Duportal aux guitares, Alex Bertein (basse) et Pascal Mucci (batterie). Il faut savoir gré à la bande d'avoir su capter l'air ambiant, les mots sont simples mais touchent une émotion toujours juste alors que le groupe met le feeling en exergue. Pas d'effets superfétatoires, pas de démonstration de virtuosité vaine, mais un album qui coule de source et emporte l'auditeur dans son sillage coulé et détendu. Même sa façon de clamer « ferme ta gueule j'te dis de conduire » (cf. « Si tu d'mandes ») est sans haine, ni colère mais l'expression d'une certaine lassitude car, de toute façon, il n'y a « Rien d'autre à faire » si ce n'est de continuer à écouter Benoît, ses chansons, et son appel aux petits bonheurs simples du quotidien. Comme un bon disque de blues, résolument bleu, qui vient égailler la journée.

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vendredi 4 décembre 2020

Animal Triste

 


Un nom pareil ne permet guère d'erreur sur la marchandise. Cette formation, formé d'anciens de La Maison Tellier, a le don d'enrober l'auditeur dans un voile sombre dès les premières notes et possède le génie unique d'extirper un jus dark partout et surtout là où ne l'attends pas (cf. la reprise méconnaissable du « Dancing in the dark » de Bruce Springsteen). Aussi brumeux qu'un petit matin dans la plaine de leur Normandie natale donc, l'album fait aussi trembler les potentiomètres, les aiguilles dans le rouge, traversé de nombreux éclairs électriques de guitares tranchantes, aussi arides que le visuel de la pochette, entre deux couplets aux ambiances glaciales (« Sky is something new » ; « Amor bay »). Un art de la tension détente qui fait tout le charme de cet effort inaugural, autant électronique qu'électrique, entre synthés analogiques froids et guitares incandescentes (« Vapoline »).

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mercredi 2 décembre 2020

Broken Waltz : « A Mysterious Land of Happiness »

 


Adeptes des chemins de traverse, les anciens membres de Buck se réinventent sous une nouvelle identité. Devenue trio, la formation n'en a néanmoins gardé le goût de l'instrumentation baroque : basse, batterie et saxophone, parfois rehaussé de chœurs et de claviers, l'absence de guitare étant en l'espèce un leitmotiv, totalement assumé et revendiqué (cf. « Fuck the Guitar Player »!). Et c'est ainsi, bizarrement attifés, que Broken Waltz s'attaque aux chemins escarpés du blues et de la cold wave ; le trait d'union, autant improbable qu'imaginaire, entre Tom Waits et Morphine d'une part et Nick Cave, Suicide et Joy Division de l'autre. Noir (« Parade »), hypnotique (« Paris, Feb 16. 1939 », d'après une lettre de Frida Kahlo) et baroque à l'occasion (« Long Live the Bride »), le trio fait bien mieux que ressusciter ses illustres aînés, inventant une nouvelle voie, sinueuse à souhait, prenant l'auditeur par l'oreille pour le guider le long de ces compositions où le danger et l'inconnu rôde à chaque minute. Le blues, car c'est bien de cela qu'il s'agît dans le fond, revêt de nouveaux atours, funèbres, en suivant le fil de ces lignes de basses poisseuses et sombres. Difficile de ne pas y être insensible. Et en plus la pochette est sublime !

https://www.facebook.com/brokenwaltzband/

https://www.brokenwaltzband.com/




mardi 1 décembre 2020

Yes Basketball : « Goodbye Basketball »

 


C'est en pratiquant son sport préféré que le destin de Pierre Marolleau a basculé. Une vilaine blessure au cours d'un match et un adieu à son sport fétiche qui donne aujourd'hui son nom à ce premier album : « Goodbye Basketball ». Si aujourd'hui le dribble lui est interdit, Pierre n'en a néanmoins gardé le sens du rebond, à l'image de sa musique, un peu folle avouons-le, qui rebondit dans tout les coins, d'un style à l'autre, du hip-hop cheap aux assauts métalliques (« To dream and forget »), de la pop lo-fi (« Hairdressing ») à l'électro dark (« Your eyes talk ») faite maison avec les moyens du bord. Un titre résume la chose « Anger feat happiness » qui, dans une cavalcade démente, coche toutes les cases citées plus avant et ce en moins de trois minutes. Il n'en reste pas moins qu'avec peu de moyens, de la bricole et pas mal d'entregent artistique, Pierre réussit à proposer un univers unique en son genre dégageant une véritable transe hypnotique (incroyables « Gotta click on it » et "To get old with her"). Mais la chose reste encore trop brouillonne pour attirer une adhésion pleine et entière. Une simple question de maturation pour arriver à cette cohérence sur la durée qui fait un peu défaut ici afin de briller autrement que par intermittence. Une première néanmoins attachante dotée d'une magnifique pochette, au visuel rond comme un ballon de basket, réalisée aux crayons par Yoann Buffeteau et aussi bigarrée que son contenu.

https://yesbasketball.bandcamp.com/album/goodbye-basketball