On commence par
souligner la prestance de la jeune Joana Serrat, artiste Catalane,
originaire de Barcelone que l'on a pu admirer en première partie.
Seule avec sa guitare en main, Joana nous a fait voyager le long de
routes imaginaires, sur un mode tantôt mélancolique, cordes
arpégées, tantôt sur une dynamique plus enlevée les cordes
frappées à pleines mains. Visiblement un peu impressionnée par le
lieu, son harmonica a failli tomber en plein morceau, la pauvre en
était toute contrite, Joana nous a ravit, une petite demi-heure
durant, par la variété de paysages qu'évoque sa musique nerveuse
et rêveuse à la fois. Tout chez elle est suggéré plutôt que
violemment affirmé et se joue sur la retenue. Si les fantômes du
passé ne rôdent jamais bien loin, Joana ne recycle pas le folk
sixties à l'envie pour autant et réussit à exprimer des émotions
personnelles par le biais de sa guitare. Un beau moment et un jeune
talent à suivre…
Le show commence
avec l'enregistrement du carillon d'une église. « Ce sont les
cloches juste sous ma fenêtre à Minneapolis » affirme le
chanteur Gary Louris. Les Jayhawks et la France, c'est une histoire
en pointillés, la chronique d'une romance ratée tout simplement par
ce que les Jayhawks sont très rarement venus nous voir (on a
retrouvé les traces de passages au Hot Brass, l'actuel Trabendo, en
1995 et à la boule noire en 2000). Les occasions de voir ce groupe
en concert en France étant extrêmement rares autant dire que la
prestation du soir revêt un caractère exceptionnel… C'est donc
tout ébahis et les yeux grands ouverts que l'on a admiré pendant
près de deux heures ce groupe fantastique. En effet les Jayhawks
sont avant tout un assemblage d'excellents musiciens, le bassiste
Marc Perlman en particulier nous a impressionnés par son sens du
placement, le groove inné de ses lignes et la puissance avec
lesquelles ces dernières sont délivrées. Le batteur Tim O'Reagan
possède un art de la descente à l'avenant : cette section
rythmique pratique un swing puissant à toute épreuve !
Lorsqu'on évoque
les Jayhawks et ce style de country/rock/folk, les clichés abondent
sans tarder, il est alors question de ruralité, de CSN, bla bla
bla... Très clairement, les Jayhawks boxent dans une toute autre
catégorie. Bien loin d'être de simples revivalistes, le quintet
mené par Gary Louris transcende les traditions en injectant une
bonne dose de modernité noisy (tout à fait étonnante) dans ses
guitares, à la limite du showgaze expérimental, tout en restant
fidèles au format chanson. Idem pour les claviers, dont les boucles
sont utilisées avec à propos, évitant toute surenchère, toujours
à bon escient : c'est fort ! Comme le disait Gary Louris :
« On devrait revenir plus souvent ! »...
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