mardi 30 avril 2019

Automatic City : « Triple Ripple »



La découverte de la magnifique pochette de ce troisième album frappe par la nouvelle charte graphique du groupe. Fini le design minimaliste et épuré, hérité des années 1950, place au noir et blanc mi-gothique / mi-vaudou, une ambiance gitane que n'aurait pas renié Jim Jones en personne et son Righteous Mind. A elle seule la promesse d'un sacré voyage. Mais à l'écoute, peu de choses changent et c'est finalement tant mieux tant on est persuadés que ce groupe avait, dès le début, mis le doigt sur la formule magique. Et si changement il y a, c'est pour le mieux car jusqu'ici Automatic City, en dépit de toutes les réussites qui ont émaillées leur parcours jusqu'alors, n'avait jamais réussi à mettre aussi bien en sons son blues et toutes les influences éparses qui le composent. Il y a tout d'abord cette sensation de touffeur qui enveloppe la musique, le sentiment prégnant qui transforme l'écoute de l'album en plongeon la tête la première dans une marmite vaudou bouillonnante. Et c'est parti pour le grand saut dans le temps et à travers les époques ! L'amalgame entre les guitares garages, toujours tranchantes qu'elles soient électrifiées ou non, le groove infernal des percussions exotico-orientalistes et le délire rétro-futuriste du thérémine et autres joyeusetés électroniques du même acabit n'avait jamais aussi bien fonctionné qu'ici. Le résultat est tortueux, psychédélique, hypnotique ! Un album entraînant, sexy, exotique et aventureux au-dessus duquel plane un parfum de soufre et un soupçon de danger. Vous voilà prévenus ! 

http://www.automaticcity.fr/
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dimanche 28 avril 2019

Booze Brothers, Black Star, 25 avril 2019.



Si l'on s'amuse à dresser une rapide typologie du rock celtique en France, le Celtic Social Club serait rock'n'roll alors que Doolin' seraient les tenants d'une tradition folk. Les Booze Brothers sont quant à eux, résolument punks comme le prouve leur concert du soir, une première dans Paris intra-muros pour eux alors qu'ils écument les scènes depuis 20 ans. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire et la prestation du soir, à cinq sans le bodhran hélas, prouve que cela valait bien le coup d'attendre. En effet il ne faut pas très longtemps pour que le public s'échauffe pour de bon transformant la fosse en zone de pogo infernale, qui n'effraie pas Rémi l'accordéoniste venu se mêler à la foule, signe d'un concert festif pour un groupe dont l'humanité n'est pas un vain mot comme le montre la chaîne humaine créé à l'initiative des musiciens invitant les spectateurs à se tenir par la main. Etonnant d'ailleurs ce contraste entre les thèmes abordés sur le disque, plutôt sombres (Booze ou Blues Brothers?), et cette invitation à lâcher prise et faire la fête, qui ressemble à une invite à danser sur les braises… On pensera ainsi souvent à Rage Against The Machine et à la scène fusion des années 1990, une influence chez ce groupe, une affaire de voix mais aussi de guitare, un sens de l'attaque contrebalancé par une maîtrise parfaite de l'idiome celte traditionnel de l'accordéon, de la flûte et du bouzouki (magnifique intro acoustique du premier titre de la setlist). Soulignons enfin pour finir le sens du métissage des Booze Brothers qui chante en quatre langues différentes, le français, l'anglais, l’occitan (la langue du sud-ouest où le groupe est basé) et même le polonais (langue maternelle de Kuba, le nouveau guitariste). La musique celtique est finalement le socle sur lequel le groupe est bâti, un genre qu'ils se chargent de faire voyager et d'emmener ailleurs. Mission réussie au-delà des espérances en l'espèce. 



samedi 27 avril 2019

Très Court International Film Festival


Le cinéma ne nécessite pas forcément d'énormes moyens. Pour preuve le Très Court International Film Festival qui a l'originalité de présenter une centaine de films de moins de quatre minutes. L'événement se tiendra du 7 au 16 juin, simultanément et partout (A Paris, les 15 et 16 juin au forum des images) et dans le monde entier (en ce qui concerne la France, 15 villes sont concernées).


mercredi 24 avril 2019

Arabella



Le nom de la formation grenobloise peut venir, au choix, de l'opéra de Richard Strauss (peu probable cependant) ou d'un titre des Artic Monkeys. L'écoute du premier EP du quatuor fait pencher la balance vers la deuxième solution, nos Grenoblois ayant été, sans doute, biberonnés au rock anglais du début du millénaire. Une formule concoctée à base de guitares tranchantes mûes par une dynamique contemporaine (« Arabella ») et des arrangements lorgnant du côté de la pop (« We've got it ») ; le tout bien mis en voix et tiré vers le haut par une batterie survoltée (« Hello »). L'écriture est fraîche et enlevée, comme sur la très chouette « Summertime Again », pile dans le timing pour être le tube de l'été. Vitaminé et énergique. 

https://www.difymusic.com/arabella
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mardi 23 avril 2019

Booze Brothers : « The Lemming Experience »


Le visuel de la pochette a beau être magnifique, il est, dans le fond, loin d'être engageant. Ces silhouettes déshumanisées tombant d'un ciel noir d'encre à la Turner seraient-elles une métaphore de la situation du monde à l'heure actuelle, ou du moins la vision de cette dernière que se fait le groupe ? Un suicide collectif ? Vu la noirceur des thèmes évoqués le long de l'album, tout le porte à le croire. A cette sinistrose ambiante, le groupe oppose un cri de rage mû par l'énergie du désespoir, perceptible dans l'attaque punk du folk celtique (cf. « She ain't the one »), renouant ainsi avec l'ambiance typique du groupe. Sur ce point précis, la formation toulousaine n'a rien à envier aux grosses cylindrées internationales type Dropkick Murphys, on aura même tendance à préférer le présent album au dernier effort des Bostoniens (« 11 short stories of pain and glory ») à l'approche punk trop linéaire. Rien de tels chez nos Frères Gnôle qui, sans être avare de guitares saturées, n'ont pas oubliés d'être ambitieux sur un strict plan musical, mêlant les guitares énormes à l'accordéon, au bodhran (une percussion typique du folk irlandais) et au bouzouki (une sorte de mandoline également typique du folk celtique). Entre autres réussites citons « Not afraid to try », un titre où l'amalgame fonctionne à la perfection : les instruments dialoguent et se répondent dans un chaos festif, un grand moment ! A l'opposé, « Thousand are sailing » prouve que le groupe est également très à l'aise dans un contexte acoustique, plus apaisé, du moins en apparence, car la colère rode, sous-jacente, rentrée et menaçante. La boucle est bouclée, les extrêmes se rejoignent. Quelques années après l'excellent album de Doolin' voici une autre excellente galette celtique made in Toulouse à se mettre sous la dent. La Ville Rose capitale du rock celtique en France, qui l'eût cru ? 

En concert le 25/04 à Paris (Black Star)
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lundi 22 avril 2019

In Volt + Jessie Lee and The Alchemists, New Morning, 17 avril 2019.


On commence par un joli coup de cœur pour la chanteuse Jessie Lee et son groupe The Alchemists qui ont ouvert avec maestria la soirée. Les deux pieds biens solidement ancrés en France mais le cœur quelque part en vadrouille quelque part au sud des Etats-Unis, la chanteuse et son groupe nous ont fait voyager en musiques dans un périmètre circonscrit entre le funk façon Meters et l'esprit jam blues/rock qui animait jadis les Allman Brothers et autre feu Black Crowes. Formation étonnante dont certaines compos originales ressemblent comme deux gouttes d'eau à un inédit des Meters alors que la seule reprise au programme, « Come on in my kitchen » de Robert Johnson, est totalement méconnaissable. Le groupe aime également prendre son temps (cf. l'esprit jam) et, alors que la fin s'approche dangereusement Jessie annonce qu'il ne reste plus que deux titres, « mais comme avec nous chaque chanson dure dix minutes il nous reste encore un peu de temps », ah ah !!! 

On a pour coutume de dire, un peu trivialement, qu'un groupe envoie le steak. In Volt, quant à eux, emmène la chose à l'étage supérieur et déménage la boucherie au grand complet ! Dès les premières notes, et alors que le chanteur se présente sur scène entravé dans une camisole de force (!), le son fait rage et la guitare balance des riffs dévastateurs, bien soutenue par une section rythmique au cordeau, entre puissance et groove titanesque. Du gros son donc au programme mais pas que, puisque derrière les watts se cache un feeling blues latent. Et lorsque les amplis sont partiellement débranchés, le temps d'un intermède acoustique, tout le talent du groupe explose aux oreilles des spectateurs faisant ressortir les qualités d'écriture puisqu'il est impossible de se cacher derrière un mur du son factice. Un groupe festif ayant le charisme et les idées pour assurer le show sans grand moyens (cf. mention spéciale aux têtes de morts géantes) développant une certaine idée du fun rock'n'roll. Enfin, le rappel, avec les membres de Jessie Lee and The Alchemists en guests, le temps d'une reprise de Bob Dylan (« Rainy Day Woman #12 & 35 ») fait ressortir une passionnante opposition de style entre le guitariste des Alchemists, marqué par le blues et le jam rock des Allman Brothers, et l'attaque plus métallique de celui d'In Volt. Ces deux là devraient monter un projet parallèle ensemble, nous serions curieux d'écouter le résultat… 

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Elisapie, La Boule Noire, 16 avril 2019.

D'aucuns, et ils sont nombreux, à vouloir faire rentrer la musique dans des cases seront bien à la peine avec la chanteuse Inuit… L'album nous avait charmé, la découverte sur scène a donné une nouvelle ampleur à l'artiste. L'intention de fond est rock'n'roll sans aucun doute mais pour atteindre l'objectif Elisapie aime à prendre les chemins de traverses. Déjà l'accompagnement est inhabituel, un batteur et deux guitares (sans basse). Ensuite, entre nappes synthétiques rêveuses (sur le premier titre) et éclairs autant expérimentaux que bruitistes (limites grunge par moments) de la guitare lead, le tout a donné un nouveau relief à la musique de l'artiste que l'on a pris, un temps, au début, pour une chanteuse folk. Ce qu'elle est également dans le fond comme le prouve le très délicat rappel en duo, chanté en français. Un éclectisme que l'on retrouve aussi dans le chant, subtil jonglage entre l'anglais et langue vernaculaire et, au final, un sacré, et magnifique, périple musical qui nous en a fait voir de toutes les couleurs. 

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dimanche 21 avril 2019

Teleferik + Bafang Ibabemba, Black Star, 11/04/2019.


Il arrive de temps en temps, mais cela est suffisamment rare pour être souligné, qu'une soirée à la programmation particulièrement bien pensée nous emmène littéralement ailleurs. Tel fut le cas au Black Star, lieu que l'on découvre par la même occasion, où le plateau a réuni le blues africain de Bafang Ibabemba et Teleferik

Bafang Ibabemba se présente comme un duo rock/blues, guitare et batterie, tel que l'on en connaît pléthore depuis le début du millénaire. Mais le duo affiche une véritable originalité en lorgnant plus vers l'Afrique (on pense à Tinariwen) que vers le delta du Mississippi. Un véritable choc entre l'énergie garage qui anime la chose (cf. le groove puissant du batteur déguisé en Touareg) et la guitare évoluant dans des gammes évoquant le désert. Un duo charismatique et festif. 

Changement de décor avec le groupe suivant, Teleferik, encore un duo, même si ce soir il se présente en formation complète à quatre, et direction l'Orient, le Liban, pays de cœur et terres des origines de la chanteuse Eliz. Après trois longues années d'attente Teleferik sort son deuxième album et semble heureux et impatients de partager ses nouvelles compositions sur scène. Alors que la voix majestueuse d'Eliz s'élève et emplit l'air diffusant des effluves orientales dans la petite salle. Les longs regards et les sourires échangés entre Eliz et Arno (le guitariste) en disent long, et bien plus que n'importe quel discours, sur la complicité musicale qui unit ces deux là. Teleferik évolue sur un ligne fine, comme un téléphérique imaginaire reliant un monde musical à l'autre. Le groupe carbure à la batterie d'Olivier (par ailleurs batteur de Jesus Volt) dont la force de frappe n'altère en rien le groove et qui trouve un complément parfait en la guitare d'Arno aux lignes saturées, et pleines de feeling, entre blues, garage et psyché. Derrière son air stoïque de ne pas y toucher, le clavier Sami déboîte les compositions d'un groove oriental dévastateur, entamant un dialogue avec la guitare, questions et réponses, en tous points passionnant. Et puis il y a le chant en arabe libanais (le français et l'anglais étant les autres langues utilisées) qui a lui seul incarne les valeurs d'acceptation et de tolérance défendues par la formation. Un chant doux, passionné et surtout précieux, durant cette époque troublée et donnant une image de la langue arabe autre que ce discours nihiliste semant la mort et la destruction. Un chant qu'il est urgent de faire résonner entre les murs du Bataclan. 

En concert (avec Lux) le 13/06 à la Boule Noire
https://www.teleferikband.com/
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mardi 9 avril 2019

Les Nuits Secrètes du 26 au 28 juillet 2019


La Bonne Aventure Festival les 22 et 23 juin 2019


Binic Folks Blues Festival du 26 au 28 juillet 2019


Ô joie, Ô bonheur, la programmation pour le Binic nouveau est arrivée ! Festival gratuit et date incontournable pour tout amateur de rock'n'roll le Binic Folks Blues met une fois de plus en valeur les talents en développement de la Bretagne à l'Australie, offrant de nombreuses sessions de rattrapage (la majorité des groupes jouent deux à trois fois au cours du week-end, un casse-tête de moins) et le tout quasiment les pieds dans l'eau au bord de la plage !

lundi 8 avril 2019

Musical Ecran


Nos amis Bordelais ont de la chance ! Jusqu'au 14 avril se tient dans la ville la cinquième édition du festival de documentaire musicaux. Au programme quelques premières françaises (Desolation Center, Milford Graves Full Mantis, Silvana, Peret, yo soy la rumba, From Toilets to Stages) et des nouveautés (Eric Clapton : Life in 12 Bars, Rudeboy : the Story of Trojan Records, Daniel Darc : Pieces of My Life, Where are you João Gilberto)

Bonne projection !
www.bordeauxrock.com

dimanche 7 avril 2019

The Psychotic Monks : « Private Meaning First »



Le disque commence calmement, très calmement, un long silence introduit la chose puis quelques notes de piano et de violoncelles apparaissent sur lesquelles se pose un chant traînant. En dépit du calme apparent, l'auditeur sent qu'il se passe quelque chose, un sentiment mêlé d'excitation et d'anxiété. Œuvre au long cours, privilégiant les formats longs jusqu'au final dantesque d' « Every Sight » (15 minutes), ce nouvel album est découpé en chapitres et nous conte une histoire. Laquelle ? Celle d'une perte de contrôle, d'un pétage de câble en règle, une métaphore qui rappellera certainement des souvenirs à quiconque ayant eu la chance d'expérimenter le groupe dans son élément naturel, sur scène, en concert. Au fur et à mesure que les titres défilent, on constate à quel point il est fascinant de voir le groupe évoluer et se transformer. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, au début, on prenait le groupe pour une formation psychédélique. D'influence blues, il ne reste plus grand-chose aujourd'hui. Du psyché, un peu, dans une approche oblique, dans cette façon de se jouer du temps, de travailler la longueur et de vriller le cerveau de l'auditeur (et les oreilles aussi) avec ces motifs de guitares répétitifs et cette batterie qui monte lentement en pression (cf. « A Coherent Appearance », « Emotional Disease »). Mais le son du groupe se fait également plus sombre (« Minor Division ») et transforme le disque en une marmite bouillonnante, chauffée à blanc aux sons des albums de Sonic Youth et de Pere Ubu, faîte de montées et de descentes tout aussi vertigineuses l'une que l'autre, avec un soupçon d'expérimentation réduisant la musique à un squelette rythmique fait d'attaques sèches de guitares saturées ou de batterie.
En concert le 11 avril à Paris (La Maroquinerie)
https://fr-fr.facebook.com/ThePsychoticMonks/

jeudi 4 avril 2019

Elisapie : "Una"



La merveilleuse chanteuse inuit Elisapie sort un nouveau clip, très émouvant, tourné dans un noir et blanc sépulcral, racontant son adoption. A retrouver pendant sa tournée :

11/04 : La Poudrière - Belfort (90)
12/04 : Case à chocs - Neuchatel (CH)
13/04 : Run Ar Puns - Chateaulin (29)
16/04 : La Boule Noire - Paris (75)
18/04 : Auster Club - Berlin (GER)
19/04 : La Batterie - Guyancourt (78)
20/04 : Printemps de Bourges (18)
21/04 : Chato D’o - Blois (41)
25/04 : Printival - Pezenas (34)
21/07 : Les Vieilles Charrues - Carhaix (29)

Bandit Bandit : "Maux"



Une virée nocturne en moto, une clope fumée devant l'Hôtel de la Plage, vision surréaliste d'un polaroïd animé, pour son premier clip, Bandit Bandit collectionne les images hallucinantes parfaitement à l'unisson de leur musique psychédélique et heavy à la fois. Menée par un riff de guitare addictif vrillant le cerveau, le titre donne envie de suivre de très près les aventures du duo. A bientôt, donc...

mercredi 3 avril 2019

In Volt : « Free »



Une guitare acérée déchire l'air (cf. « Free »). Ce nouvel effort d'In Volt nous permet de renouer avec un sentiment que l'on aime bien, celui d'un véritable groupe de rock'n'roll qui n'a pas oublié les racines du blues et dont l'avalanche de décibels ne peut altérer le groove (cf. « New Time »). Ce dernier avance masqué mais est présent à tous les étages. Dans la batterie véloce. Dans la guitare qui déboîte avec agilité et un feeling incontestable. Et, enfin, dans la voix exubérante du chanteur. Les racines de la chose sont ancrées dans un espace temps bien défini, situé entre la fin des années 1960 et le début de la décennie suivante, et dont le groupe assure le continuum, découlant en ligne droite de formations telles que Led Zeppelin ou AC/DC. Alors, certes, tout ceci n'a rien de bien original et constitue le tout venant du rock depuis 25 ans et l'émergence des Black Crowes. Mais les dernières réticences se lèvent devant une telle débauche d'énergie et d'enthousiasme. Voici un disque simple d'accès et qui donne envie de secouer la tête (les jambes aussi), dit comme ça, ça n'a l'air de rien mais qu'est-ce que ça fait du bien ! On s'incline donc devant la virtuosité, la variété des climats (ces ces bougres assurent aussi en acoustique cf. « Fake Love », gage de qualité). Le disque se termine, l'auditeur est exsangue et une évidence se fait jour : tant qu'il y aura de fidèles serviteurs pour le défendre de la sorte, le rock'n'roll ne mourra jamais. Un album intemporel. 

En concert à Paris le 17 avril (New Morning)
http://www.involt.fr/
https://www.facebook.com/INVOLTFRANCE








mardi 2 avril 2019

Andy Balcon : « Kiss Goodnight »



De ses années au sein de Heymoonshaker, Andy Balcon, à l'orée de sa carrière solo, a gardé une vision oblique des choses, l'habitude de faire du rock, du blues, autrement. Ce premier EP en solo s'inscrit donc dans la continuité, notamment sur le plan rythmique, du groupe. Impensable (du moins à ce jour) pour le musicien de s'inscrire dans une formule classique guitare/basse/batterie. C'est donc dans les sonorités électroniques et les synthés que Balcon est allé trouver de nouvelles sources d'inspirations prolongeant ainsi l'ambiance dark voire dubstep qui était déjà celle de Heymoonshaker (« Standing Sideways »). Mélangées à son timbre de voix rauque (qui n'a pas bougé) et à sa guitare puissante (« Kiss Goodnight ») l'effet est saisissant mais, dans un effet de balancier inverse, éloigne l'artiste du blues, ce que l'on peut regretter. De beaux débuts en solo cependant. 

En concert à Paris (Supersonic) le 9 avril.
https://www.andybalcon.com/
https://www.facebook.com/AndyBalconOfficial/



lundi 1 avril 2019

Teleferik : « Blood Orange Sirup »




Alors que l'on s'apprête à découvrir le nouvel album de Teleferik et que les premières notes s'échappent des enceintes, une évidence se fait jour. Ce deuxième disque du duo, à la période de maturation assez longue, est un album où le groupe s'affirme et assume son identité, en résumé, tout le sel qui fait le charme, la magie et la fraîcheur du groupe. Pour ce deuxième effort, Teleferik a mis les petits plats dans les grands, est allé chercher Kenzi Bourras (Rachid Taha) et Rizan Saïd (Omar Souleyman), deux musiciens de haut vol qui ont arrangé le disque et a confié sa réalisation à Azzedine Djelil, afin de renforcer le côté oriental et arabisant de la musique, un aspect déjà esquissé sur le premier album. L'ambition était élevée, bâtir un pont entre l'Orient et l'Occident, car soit dit en passant, l'album n'a pas oublié d'être un disque de rock'n'roll, un vrai, pur et dur, aux racines ancrées dans le blues et la psychédélie des années 1970 (cf. « Just a woman », la baroque « You are poetry », « Queen of the harem »). Et cela donne des choses formidables lorsque la guitare, inspirée et abrasive, d'Arno engage une dynamique positive en se frottant aux arrangements faisant la part belle aux sonorités orientales (« Believe », « De l'autre côté ») ; l'amalgame fonctionne au-delà de toutes les espérances, la sauce monte au point de transformer la chanteuse Eliz (à l'aise dans trois langues, arabe libanais, français et anglais) en punkette prête à tout arracher sur son passage (« Hell in your arms », « Sarr Lezim »). Preuve de la polyvalence du duo, les musiciens n'hésitent pas à sortir de leur pré carré pour aborder d'autres rivages, new/cold wave (« Many Lovers ») ou franchement funky, dansant et festif (le formidable single « Khalifa n'shouf »). Mais la brillance musicale de l'album ne doit surtout pas occulter le fond de l'affaire, à savoir la profonde humanité qui anime le duo. Comment ne pas être ému par les paroles « De l'autre côté » ? Comment rester insensible à son message de paix, d'amour, de tolérance, que le groupe sait faire passer sans jamais être lourd ou plombant ? Et si vous alliez écouter ce qu'il se passe de l'autre côté ? 

En concert à Paris (Black Star) le 11 avril.
https://www.teleferikband.com/
https://www.facebook.com/teleferikband