lundi 30 septembre 2019

Parlor Snakes : « Disaster Serenades »



Voici, enfin, le troisième volume des aventures du duo reptilien qui, comme à son habitude, nous envoûte de son rock vénéneux, neuf titres durant, depuis son intro vaudou (« Darkness Rises ») à sa coda psychédélique (« Frequency »). Entre les deux, le groupe fait bien mieux que revisiter l'histoire du rock, il se l'approprie et affine le son au fur et à mesure que les pistes avancent. Pourquoi dès lors parler de blues, de garage, de punk voire même de pop ou de cold wave puisque toutes ces tendances sont parfaitement digérées, intégrées et rendues dans un style unique et cohérent de bout en bout ? Parlor Snakes c'est une basse en sourdine, qui fait planer une menace constante sur l'album alliée à une batterie qui monte en tension, en une sorte de crescendo malsain, jusqu'à l'explosion finale incarnée par l'attaque franche de la guitare de Peter, tranchant, sec, concis (« Wonderland » enregistré live en une prise ; « Das Meer »). Au-dessus plane la voix d'Eugénie Alquezar, chanteuse élastique désarmante lorsqu'elle baisse la garde, fragile, et que sa voix se fêle (« Marc Bolan's fifth dream », « Nylon and milk ») et à la fois forte et affirmée lorsqu'elle se dresse comme un rempart alors que sonne la charge de décibels, tendue à l'extrême (« Serpent », premier titre en français de l'histoire du groupe). Ecouter cet album c'est plonger la tête la première dans une spirale psychédélique hallucinante de noirceur, un tourbillon dark hypnotique et envoûtant qui fait frissonner jusqu'à la colonne vertébrale. 
En concert le 8/10 à Paris (Point Ephémère)
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dimanche 29 septembre 2019

The George Kaplan Conspiracy : « Recollected Memories »



Dans le film « La Mort aux trousses » d'Alfred Hitchcock (1959), George Kaplan est une identité fantôme, un personnage monté de toutes pièces par la C.I.A. ; un alias utilisé pour se sortir d'un mauvais pas. Ainsi va la musique, aux intentions multiples, de ce duo ayant choisi ce clin d’œil/hommage à Alfred Hitchcock pour patronyme dans un va-et-viens constant entre passé - la pop et la disco érigées en principales influences - et le présent, à savoir les sonorités électro qui emballent le tout d'un voile nostalgique dans une vague réminiscence des années 1980. Volontiers accrocheur et dansant lorsque les guitares entrent en action, éventuellement vaporeux quand à l'inverse les nappes synthétiques prennent le dessus, l'album entretient finement son aura mystérieuse. La clé de l'énigme se trouve peut-être dans le titre : souvenirs recueillis... 

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samedi 28 septembre 2019

Jesse Malin : « Sunset Kids »



A bien des égards, Jesse Malin semble égaré dans son époque, un personnage comme on en fait peu, un manière de rescapé des seventies alors qu'il est probablement trop jeune pour avoir pleinement vécu l'époque. Doté d'un sens de l'humour ravageur, caustique, et d'un charisme à toute épreuve qui font de lui une attraction sur scène qu'il serait dommage de louper, l'homme fait, n'ayons pas peur de le dire, partie de nos chouchous depuis de nombreuses années déjà (précisément un concert au Bataclan en 2002) et c'est toujours avec un joie non feinte que l'on reçoit un nouveau disque comme on prendrait des nouvelles d'un vieux pote que l'on est content de revoir. Et tant pis si chaque disque se ressemble un peu, toujours sous l'égide du modèle Springsteenien, ou si, plus précisément, chaque prend la suite du précédent, le tout formant un corpus, une chaîne particulièrement consistante sur la durée. Tant pis en effet puisque l'on est quasi sûr (on n'est jamais à l'abri d'une catastrophe cependant) d'y retrouver ce qu'on aime, des mélodies bien troussées, finalement plus intemporelles que revivalistes (« Meet me at the end of the world again »), un sens de l'harmonie (« Chemical heart », « When you're young ») et de l'attaque à la guitare folk (« Promises » , « Shining down »), une ambiance mélancolique (« Shane », "Revelations"), et une âme s'échappant des textes évoquant les galères du quotidien de ceux qui tentent de s'en sortir (cf. le fameux modèle Springteenien) le tout avec sa bonne vieille ville de New York City en toile de fond. Car, dans le fond, écouter un disque de Jesse Malin c'est un peu comme prendre un express imaginaire pour la Big Apple. Départ immédiat. 

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vendredi 27 septembre 2019

Cotton Belly's, Petit Bain, 26 septembre 2019.


Secret bien gardé du blues français, le quatuor a régalé nos sens en ce jeudi soir, posé sur la Seine. Empruntant aussi bien au blues qu'au rock'n'roll voire à la folk music, les Cotton Belly's ont bâti un univers cohérent inspiré des grands espaces étasuniens où il est souvent question de route. Un voyage donc mais aussi, surtout, un régal sur scène. Jonglant avec les émotions, tour à tour enlevé ou touchant, le groupe fait montre d'un geste sûr, précis mais surtout empreint de feeling, débordant de la scène vers le public dans une étrange émulation collective, un va et viens. Ainsi, debout et droit comme un i, les yeux tantôt grands ouverts, tantôt mi-clos, le bassiste et contre bassiste, Christophe cherche a absorber une à une les vibrations ambiantes avant des les restituer, instrument en mains. C'est dire le pouvoir d'attraction du groupe sur scène. Le groove moite de la superbe batteuse Aurélie, le chant ouaté, les licks inspirés de l'harmonica et la guitare toujours juste dans l'émotion, câline hypnotique ou rugueuse sans excès. Marqué par une interconnexion parfaite entre acoustique (dobro ou lap steel) et électricité, swingant plus souvent qu'à son tour, le groupe est bien plus, et bien mieux, qu'une énième resucée maladroite d'idiomes typiquement étasuniens qu'ils ont totalement su s'approprier pour en livrer une version fraîche et entraînante. Superbe soirée ! 

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mercredi 25 septembre 2019

Gliz, Espace B, 24 septembre 2019.


Sauvé des eaux après des mois d'arrêt, que l'on a bien cru définitif, l'Espace B propose à nouveau de la musique live ! C'est donc avec une joie non feinte que l'on constate que rien n'arrête le rock ! Et, en l'espèce, surtout pas celui du trio Gliz que l'on retrouve ce soir sur scène. Oui, contre toute attente, du rock'n'roll, du vrai ce que ne laissait point supposer le line up original du groupe (renforcé ce soir par un orgue farfisa sporadique et quelques autres effets balancés par le batteur), que tout (cf. le banjo, le tuba) orientait vers le folk et la country. Mais à force de pédales et autres effets sonores (le rack posé au pied du micro est assez impressionnant) l'illusion est plus vraie que nature. Un power trio donc, roots de chez roots ! Car chez Gliz, tout, du groove imparable de la batterie au tuba (un peu entravé dans ses mouvements par une hauteur sous plafond limitée) en passant par le banjo, converge pour dessiner des paysages sonores, inspirés des grands espaces d'outre-Atlantique et des musiques afférentes : le blues (« Cannon ») et la soul (« A mess is gonna come ») qui sont autant d'extensions des racines rock du groupe. Une soirée riche en groove, en décibels et en émotions ! 

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lundi 23 septembre 2019

Dylan LeBlanc : « Renegade »



Ce nouvel effort, le quatrième, de Dylan LeBlanc s'apprécie en deux temps, à l'instar d'un bon vieux vinyle d'antan. La première partie du disque voit l'artiste évoluer de manière significative : des nappes de claviers font en effet leur apparition posant une couche de vernis pop sur ces nouvelles compositions sans pour autant occulter la dimension rock du musicien. Ainsi sous la glace, le feu couve (cf. « Bang bang bang », « Damned »), comme une étincelle sur le point de s'embraser à l'image du riff stonien du morceau titre qui ouvre les débats. Chemin faisant, le son du guitariste évolue, ses influences se déplace sur l'échelle du temps, le rapprochant de ce que les songwriters tels que le regretté Tom Petty ou Bruce Springsteen pouvaient proposer au début des années 1980. La deuxième partie du disque, les quatre derniers titres (dont le sublime « Lone Rider » cosigné avec son père James), se veulent plus calmes en renouant avec sa veine acoustique habituelle, entre folk et country. C'est un excellent, et très équilibré, disque qui s'achève ainsi sur une note apaisée. 

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dimanche 22 septembre 2019

Swedish Death Candy : « Are you nervous ? »



Nerveux n'est probablement pas le premier terme venant à l'esprit pour décrire ce nouvel album. Mais il y aurait quand-même de quoi après tout… Au premier abord, Swedish Death Candy reprends à son compte l'héritage garage, avec tout ce que cela comporte de guitare fuzz et de vocaux déformés, en y ajoutant une touche d'étrangeté psychédélique sous la forme d'arrangements bizarroïdes, le tout formant un projet barré et baroque, électro vintage tel qu'on les affectionne par ici (cf. le « Interstellar love machine » d'ouverture ; « Always »). Mais revenons un instant à cette notion de nervosité dont il était question au début de cette chronique. Cette dernière prends corps dans une cette tentation métallique qui plane au-dessus de l'album telle une menace sourde (cf. « Modern Child », « A date with Caligula ») sur le point d'exploser à tout moment. Ainsi, le disque fonctionne en suivant cette double dynamique, le chant et les arrangements psychédéliques désarmant l'attaque lourde des guitares et vice-versa. On en redemande ! 
Sortie le 27/09/19
En concert à Paris (Espace B) le 29/11


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samedi 21 septembre 2019

River Into Lake : « Let the beast out »



Aussi improbable qu'une rivière se jetant dans un lac, le nouvel album de la formation bruxelloise s'impose comme une proposition musicale forte et décalée. Faisant la part belle aux synthétiseurs et aux boîtes à rythmes analogiques, ce nouvel effort plonge l'auditeur dans un état contemplatif bercé au gré de compositions labyrinthiques (« The book on your chest »), mélancoliques (« Devil's hand ») limites expérimentales (« Misunderstanding ») dans une quiétude à peine troublé par d'étranges guitares dissonantes (« Between »). Une couche sonore, hypnotique et progressive, après l'autre, l'étrange magma laisse s'évaporer de douce effluves nostalgiques et oniriques, comme autant de madeleines rappelant la texture sonore des années 80 de notre enfance (« Downstairs »). Comme un étonnant contrepoint à tout ce qui a précédé, le morceau titre, « Let the beast out », à l'approche oblique mettant en avant une guitare plus immédiatement rock, s'impose comme la pièce de choix de cet intriguant et néanmoins obsédant album. 

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mardi 17 septembre 2019

Celeste : « Lately »



Nouvel EP pour cette jeune impétrante britannique dont la classe innée n'est pas passé inaperçue lors de la dernière édition de Rock en Seine. La première chose que l'on retient de la chanteuse c'est sa voix. Certes ces dernières années ont vu nombre de chanteuses au timbre soulful apparaître mais Celeste s'impose sur un genre différent, mettant sa fragilité à nu, toujours sur le fil, frêle et légèrement brisée (comme une petite cassure au fond de la gorge) mais avec caractère. Les émotions débordent de ses cordes vocales mises au service d'un répertoire qui ne cherche pas forcément la tonalité vintage à tout prix mais qui les intègre intelligemment dans une forme dans laquelle on peut aussi déceler les influences des années 90 (on pense au claquement hip hop de la batterie en particulier) voire des années 80 où il est question de soul, bien sûr, mais aussi de jazz. Un EP au goût de trop peu tant la chanteuse incarne une forme de rupture rafraîchissante avec les canons ambiants qui demande toutefois confirmation sur le long format. 






lundi 16 septembre 2019

Cotton Belly's : « Missi »



On les avait perdus de vue depuis quelque temps mais c'est un retour qui fait bien plaisir ! Ainsi c'est avec un grand sourire que l'on accueille ce nouvel effort du groupe francilien et ce dès la première piste ! En effet, chez les Cotton Belly's, tout est affaire de cœur. A l'ouvrage tout d'abord en ce qui concerne l'écriture, soignée comme toujours, et, surtout, lorsqu'il s'agît, instruments en mains, de passer par la case enregistrement. Bien sûr, c'est toujours plus où moins la même histoire, mais celle-ci nous tient particulièrement à cœur, tant les influences qui nous sont chères se bousculent tout au long de ces onze plages. Folk délicat et inspiré, une pointe de rock'n'roll primesautier et entraînant (« Roadside ») et du blues un peu partout (« Well & Good ») voici le tiercé gagnant de ce nouveau disque. Entre groove tranquille, mais affirmé, de la section rythmique, chant soulful et licks inspirés de l'harmonica (toujours juste et à propos) le groupe nous attire dans un road trip, le long de routes imaginaires et c'est un bien beau voyage. Un album dont la virtuosité discrète fait du bien, derrière l'apparente réserve de façade se cache un véritable petit bijou qui n'attends que de vous happer. 

En concert à Paris le 26/09 (Petit Bain)

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