samedi 31 décembre 2022

Jean-Pierre Kalfon : « Méfistofélange »

 


En voilà un disque qui fait plaisir à écouter ! Jean-Pierre Kalfon, icône de mai 1968, acteur, guitariste et chanteur, sort un premier album solo, à 84 ans ! Un disque propre à redonner un coup de fouet, et de jeune, au rock français ! Une raison toute simple à cela : le vécu. Le vécu unique du survivant de toutes les batailles, qui a surmonté toutes les errances de la vie, aujourd’hui mises en musiques avec une émotion unique et palpable, perceptible dans son grain de voix rocailleux (cf. « Une main amie ») aux textes lucides et acérés, toujours, hélas, actuels. Et ce n’est pas tout car, musicalement, Kalfon possède un goût très sûr. Ainsi, l’album ratisse large, du blues au rock, du rhythm’n’blues au free-jazz, c’est au sources les plus sûres que le disque trouve son origine, trouvant ainsi un cachet intemporel, produit aux petits oignons, qui lui va bien au teint (cf. « Gypsies rock’n’roll band », titre de 1980 totalement revisité). Un album, qui plus est, superbement présenté et agrémenté d’un chouette poster en guise de livret. Une pépite pour finir l’année en beauté !

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vendredi 30 décembre 2022

Honey Harper : « Honey Harper and the Infinite Sky »

 


C’est un ovni venu de nulle part. Le trait d’union entre la country et la pop psychédélique existe et ce nomme Honey Harper ! Derrière le patronyme se cache le chanteur William Fussell et son épouse Alana Pagnutti qui co-signe avec lui l’intégralité de l’album. Et quel album ! Tout commence de la manière la plus naturelle du monde entre guitare folk joliment arpégées, quelque virgules de lap-steel du meilleur effet soulignant l’ancrage country de la chose, chant idoine à l’appui. L’auditeur commence à peine à prendre tranquillement ses aises dans ce décor de western poussiéreux, grand espaces et soleil de plomb, avant qu’un synthé venu d’on ne sait où ne fasse vaciller le décorum de carton pâte. C’est le petit jeu favori de notre ami en miel, pervertir les codes de la ballade country folk (par ailleurs tous parfaitement respectés) par des arrangements psychés et synthétiques et autres clin d’œil appuyés vers le groove disco. Un grand bain de musiques qui s’impose en véritable bonne surprise !

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jeudi 29 décembre 2022

Niton : « Cemento 3D »

 




Attention ovni ! Le trio nous prévient dès le départ, via une petite note sur la pochette : « Pour être pleinement apprécié, le son en 3D spatialisé, doit être écouté uniquement avec un casque ». On s’imagine alors être loin d’un trio classique et de compositions couplet/refrain/couplet. Pauvres naïfs que nous sommes, nous étions loin, très loin, du compte… La composition même de Niton (l’ancien nom du Radon, tombé en désuétude) donne même le tournis. On y retrouve le dénommé El Toxyque pratiquant de biens mystérieux « Amplified Objects », Luca Xelius Martegani (synthé analogique) et Zeno Gabaglio (violoncelle électrique). L’ambiance posée, nous voici projetés en plein labo d’expérimentation sonore, et l’on imagine aisément les musiciens en blouse blanche, le regard grave posé sur les bandes en train de tourner à l’infini. Car, quand bien même le groupe joue à fond la carte de l’expérimentation sonore, éloignée au possible de la simple notion de chansons, quelque chose relie cet album aux années 70 et 80. Déjà parce qu’il est avant tout questions d’instruments et non de boucles trafiquées sur ordinateur. Ensuite par ce que sa nature foncièrement libre et dégagée des contingences matérielles, fait de cet album un objet aussi sauvage que planant, entre kraut et progressif, plaçant la créativité et la recherche de nouvelles voies en valeurs cardinales absolues. Soit exactement le même créneau que les libertaires des années 70. A écouter les yeux fermés en rêvant à un monde meilleur. On en a besoin.

A noter, le cd est accompagné d’un objet aussi désuet que charmant : un flexi à écouter sur tourne-disque !

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mercredi 28 décembre 2022

Roxane Arnal feat. Baptiste Bailly : « ELIOR »

 


On avait déjà repéré la chanteuse au sein du formidable duo Beauty & The Beast en 2017, avant son envol en solo avec un premier EP sorti en 3 ans plus tard. Signée sur le vénérable label Dixiefrog, la chanteuse présente son premier effort long, se situant, d’après les propres termes de la chanteuse, dans la droite lignée de son EP. Un album qui se dévoile dès sa pochette, boisé, champêtre et acoustique, autant de termes que l’on pourrait aisément utiliser pour décrire sa musique. Dans les faits la créature est bicéphale et c’est bien la synergie existante entre les deux protagonistes qui fait avancer le disque. D’un côté, Roxane, plutôt portée sur la ballade folk, une esthétique proche de scène californienne des années 60/70. Face à elle se trouve son pianiste, Baptiste Bailly, aux envolées jazz et rock (« Elior » ; « September without rain »), dont la voix se marie superbement à l’ensemble (« Little Bird »). Voilà un album aux aspirations variées, qui a le don magique de hausser le ton à bon escient sans que l’on s’en rende vraiment compte (« Be the one you are » ; « Rushed to fly ») sans casser la douce harmonie acoustique de l’ensemble. Apaisant, relaxant, c’est une réussite !

En concert le 19 janvier au Studio de l’Ermitage.

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mardi 27 décembre 2022

Todd Sharpville : « Medication Time »

 


Du haut de ses trente années d’expérience, Todd Sharpville, a compris une chose : la musique doit rester, quoi qu’il arrive, enivrante, euphorisante, et ce quand bien même lorsque cette dernière trouve sa racine dans des épisodes particulièrement dramatique, comme c’est le cas ici. Ainsi, avec ce nouvel album, le bluesman revient 16 ans en arrière, lorsqu’une séparation et le douloureux combat juridique qui a suivi, s’est terminé en hospitalisation pour dépression, comme le suggère le titre de l’album et sa pochette. Mais pas question pour autant de faire un album larmoyant, un comble pour un disque de blues. Parfaitement produit par l’esthète Duke Robillard (qui présente la particularité d’être autant bluesman que jazzman), Sharpville a pris la direction inverse. Celle d’un album subtil et élégant, au groove souligné d’orgue, accompagné d’un piano au swing endiablé qui dépote, au raffinement jazzy affirmé de la section de cuivres. Le tout sans jamais obérer l’émotion présente du début à la fin (« Tangled up in thought » ; « Medication Time »). Un album d’excellente facture.

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samedi 24 décembre 2022

Grant Haua : « Ora Blues at the Chapel »

 


Alors que la fin d’année se rapproche, et sa cohorte de palmarès saisonniers, nous avons de notre côté un gros coup de cœur pour le bluesman Maori. Enregistré live, devant un public d’invités, dans une Eglise de la région de Tauranga, ce nouvel album fait naître chez l’auditeur un regret immense : celui de ne pas avoir assisté en personne au concert ! Nous sommes mis dans l’ambiance dès le premier titre un « Bad Man » d’une énergie insensée, provoquant, même à distance, une vague de plaisir pour quiconque aura la chance de poser une oreille sur le disque. La groupe assemblé pour l’occasion par la chanteur n’est rien moins que merveilleux et allie à la perfection l’énergie sans pour autant obérer le feeling. Comme boosté par les musiciens qui l’entourent, le chanteur livre une performance vocale exceptionnelle, à s’arracher les cordes vocales sur chaque titre, dans un subtil alliage de blues et de folk-rock mené le pied au plancher. A noter enfin, la présence de l'excellente chanteuse DeLanie Ututaonga, dans les chœurs et au lead sur un titre (« Beetlejuice »), dont on attends l’album solo, dont la sortie est également prévue sur le label Dixiefrog.

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jeudi 22 décembre 2022

Superdownhome : « Blues Pyromaniacs »

 


La collaboration entre le duo italien et le label Dixiefrog passe à un stade supérieur : la sortie d’un nouvel album ! Comme souvent les deux comparses mettent les petits plats dans les grands et battent le rappel des amis, ce coup-ci c’est le chanteur Mike Zito et le guitariste touareg nigérien Bombino qui répondent présent. Un nouvel album qui voit le duo mettre un peu d’eau dans le whisky assez corsé, entre blues et punk, qui le caractérisait jusqu’alors. Adepte d’une démarche brute de décoffrage et réduite à l’os, une batterie et une collection de guitares improbables (cigar boxes ou Diddley Bows), dans la droite lignée de Seasick Steve ; Superdownhome cultivait jusqu’ici un esprit punk, énergie et saturation électrique à l’appui, dans un corps de bluesman. Sans renier le son qui a fait leur réputation, ce nouvel album est soigné aux petits oignons. Produit au millimètre. En ce sens la collaboration avec Bombino, guitariste au jeu délié fait d’envolées orientalisantes, fait des étincelles et apporte un soupçon de psychédélisme dans la musique. Un aspect que l’on retrouve également dans « Ambition Craze » où l’on croit également déceler une pointe de nostalgie dans le chant. Pas de quoi altérer cependant la bonne humeur communicative du duo ni son enthousiasme contagieux. Du blues qui fait du bien.

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mercredi 21 décembre 2022

Corpus Delicti + JE T’AIME, La Maroquinerie, 17 décembre 2022.

Remarqué depuis sa doublette de remarquables albums « Passive / Aggressive » sortie un peu plus cette année, c’est au trio JE T’AIME qu’il revient d’ouvrir ce dernier concert de l’année 2022. Evoluant en eaux troubles, et forcément sombres, le trio se trouve au confluent de plusieurs influences, alliant le rétro (la cold wave) au moderne (le post punk). Un cocktail varié qui prend de la valeur sur scène. Ainsi aux ambiances sombres, soulignées par des lignes de guitare prenantes, succèdent une tonalité électro, dopées aux boîtes à rythmes et autres claviers, dansante et festive. Un festival de sons mais aussi de couleurs, après les lumières jaunes du premier disque arrivent celles, mauves, du deuxième album. Retour aux loges et changement de tenues express à l’appui. En tout cas, les musiciens ne ménagent ni leur peine, ni leur énergie. Un set de haute tenue. Les litres de sueur versée peuvent en attester.

On les croyait portés disparus depuis leur dernier album, « Obsessions », sorti en 1995, on les pensait séparés depuis longtemps, s’il y a un groupe que l’on n’imaginait pas voir sur scène ni maintenant, ni jamais, c’est bien eux : Corpus Delicti, vétérans du rock gothique originaire de Nice. Signe du crédit qui est le leur, c’est une maroquinerie quasiment pleine qui a répondu présent à l’appel de la nostalgie et prête à accueillir les revenants « 25 ou 26 ans après leur dernier concert parisien », même le chanteur Sebastian a la mémoire qui flanche ! C’est en tout cas un festival de looks gothiques dans la salle. Sur scène, nous sommes marqués par la présence massive de Sebastian, crane rasé, tout de noir vêtu (forcément!) et qui toise le public presque quasiment immobile, dans une posture assez impressionnante. Musicalement le quatuor impose une ambiance envoûtante, la guitare produit une sorte de nappe planante, mené par le rythme hypnotique, tribal, de la batterie et des basses énormes. Un retour triomphal, salué d’un tonnerre d’applaudissements nourris à la grande satisfaction du chanteur Sebastian : « C’est pour cette raison, recevoir de l’amour, que l’on fait tout ça, c’est beau des goths qui s’aiment... »

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dimanche 18 décembre 2022

The Reed Conservation Society, Médiathèque Violette Leduc, 17 décembre 2022.



Il est de ces groupes qui, subrepticement, sans crier gare, sans tambour, mais avec trompette, vous enserrent dans leur toile musicale pour ne plus vous lâcher. Il en va ainsi du trio The Reed Conservation Society qui, dans le cadre fonctionnel de la médiathèque Violette Leduc (qui hélas ne nous laissera pas un souvenir exceptionnel), va totalement transcender la banalité de l’endroit une petite heure durant, le temps d’un concert. Tout chez eux respire le raffinement, la mélodie, l’apaisement voire une forme d’envoûtement musicale dans les envolées, planantes, pop et psychédéliques, croisées des guitares (acoustiques et électriques) mêlées aux nappes du clavier. Le tout incarné à merveille par le chant doux et posé de Stéphane Auzenet. Un moment de grâce musicale qui devient magique lorsque le groupe découvre, par hasard et par bonheur, un piano dans le coin de la pièce que le trio décide séance d’utiliser et dont les notes s’amalgament harmonieusement à la guitare folk. Un piano que Sera, pianiste de formation plus que claviériste, utilisa à la perfection et, sans doute, une nouvelle voie à explorer pour le groupe. Un petit mot enfin sur la trompette de Mathieu Blanc, un instrument somme toute assez rare dans la pop qui ajoute à lui seul un supplément de musicalité bienvenu. A noter pour finir deux titres en français, « Sonoma » et « Pylône », que l’on devrait retrouver sur le premier album du groupe, puisque le projet pour ce disque est de chanter entièrement dans la langue de Molière.

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Mike Andersen, Jazz Club de l’Etoile, 15 décembre 2022.

Mike Andersen et son groupe risquent de se souvenir longtemps de ce premier concert parisien, tant il est rare d’être le témoin d’autant de catastrophes qui s’enchaînent les unes après les autres. Une déveine qui commence dès l’arrivée des Danois alors que la compagnie aérienne a perdu tous leurs bagages, instruments de musique compris. Cependant, pas de quoi faire perdre le sourire au musicien qui s’amuse de la situation ainsi que de sa tenue de scène achetée au débotté l’après-midi même dans le centre commercial jouxtant l’hôtel où se tient le concert. Après un premier set joué sans encombre, la catastrophe commence lorsque la basse tombe rade et reste désespérément muette. On assiste alors à une scène inédite, voire complètement hallucinant, où la moitié de la scène est occupée par la moitié du groupe à bricoler la basse récalcitrante dans un atelier improvisé alors que le côté droit est occupé par Mike assurant à l’improviste un set acoustique avant que la guitare folk ne lâche à son tour. C’est alors le pianiste qui vient à la rescousse et voilà notre Mike transformé en crooner dans un contexte piano/voix tout à fait inédit (la soirée nous donne à écouter des choses nouvelles). La batterie entre dans la danse, puis la deuxième guitare et enfin la basse retrouve le son, et nous voilà reparti comme en 40 ! Et le rendu live tout à fait exceptionnel ! L’envie de jouer et d’en découdre semble décuplée par toutes les galères accumulées, le groupe est soudé comme jamais, l’ascenseur émotionnel est au plus haut ! L’émotion dans le chant de Mike, le feeling des guitares, l’énergie de la section rythmique, le groove des claviers, l’émouvant dialogue entre les instruments (entre les deux guitares ou la guitare et le piano notamment) : tout est poussé à son paroxysme. Qu’importe les galères, la scène peut bien s’effondrer, rien ne peut arrêter ce groupe qui assure coûte que coûte. « Dis-lui bien que je ne suis pas un amateur », dit Mike qui s’inquiète de son image auprès de ce public français qu’il découvre. Qu’il soit pleinement rassuré Mike et son groupe nous ont démontré leur professionnalisme, mais aussi toute l’étendue de leur talent tout au long de cette soirée mémorable…

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jeudi 15 décembre 2022

Maxwell Farrington : « Yuletide & I’ll tide with Yann »

 


En solo, en duo avec le SuperHomard, au sein de son groupe Dewaere, ou en duo avec son nouveau partenaire dans le crime Yann Ollivier (The Craftmen Club, Pandapendu, Thomas Howard Memorial), Maxwell Farrington (par ailleurs cuisinier de profession dans le civil) est, de loin, l’expatrié australien le plus prolifique du moment ! Un personnage atypique, attachant, toujours en action avec plusieurs projets sur le feu. Sa dernière lubie en date : enregistrer un album de Noël ! Mais, connaissant le personnage, impossible de faire un disque gentillet à siffloter au coin de la cheminée. Non, le Noël de Maxwell est forcément unique en son genre, décalé. Le résultat tient en cette collection pharaonique de 16 titres, dont certains dépassent à peine la minute, qui brille par son éclectisme. Folk, psychédélique, ou électro kitsch, à fond les synthés 80s (« On and On »), Maxwell brille d’un point de vue vocal. Un véritable crooner ! Le disque se révèle festif, vous devriez lui réserver une place à table pour le réveillon. Avec Maxwell aux manettes, on n’a pas fini de rigoler ! Joyeux Noël !

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lundi 12 décembre 2022

FRANCE MUSIC TOUR TOUR BOOK Vol. 01

 


Puisque musique et voyage sont indissociables, partons pour un petit tour de France en lecture. Reprenant le format d’un roadbook à spirale, l’indispensable accessoire des attaché(e)s de presse pendant les festivals, le livre décrit, en creux, la vivacité musicale de l’hexagone, vue par le prisme des salles de concerts. Douze salles, réparties sur l’ensemble du pays, sont ainsi décrites : infographies, statistiques, anecdotes cocasses, entretiens avec les responsables et, cerise sur le gâteau, douze sublimes illustrations inédites sont au sommaire. Loin d’être anecdotique, la démarche met en valeur tous ces activistes au service de la musique. La salle de concert apparaît ainsi comme un lieu de vie à la valeur inestimable, tant en termes festifs qu’en accompagnement de projets en développement. La lecture permet également de se replonger, avec émotion, dans ses souvenirs de spectateur (certains lieux sont ouverts depuis les années 1980) mais aussi de déclencher l’envie d’une petite virée le temps d’un week-end pour un concert.

Editions KBLIND, 114 pages, 18 euros.

vendredi 9 décembre 2022

Lux the band : « Gravity »

 


Faisant honneur au joli petit animal qui orne la pochette, Lux the band « really did put on the dog » (s’est mis sur son 31, ndlr) pour ce nouvel album. Renforcé par le bassiste Julien Boisseau (déjà présent sur scène depuis longtemps et dorénavant membre à part entière) et le batteur Amaury Blanchard, c’est avec un immense plaisir que l’on retrouve toute l’élégance du duo formé par Angela (chant) et Sylvain (guitare). Sans que le groupe le recherche vraiment, il fait revivre le rock des années 1970 grâce à une production au cordeau et à des arrangements mettant en valeur la guitare virtuose de Sylvain. Entre Laurel Canyon (souvent c’est la guitare folk que l’on retrouve à la base de toute les mélodies) et la noirceur du New York natal d’Angela, le groupe trouve sa voie naturelle. Car, c’est un paradoxe, malgré toute la luxuriance musicale déployée ici, la tonalité se veut plus sombre, hantée par les fantômes du passé. « A son of Sam » qui ouvre le disque évoque le tueur en série ayant terrorisé le New York des années 1970 (un thème déjà exploité par le regretté Elliott Smith sur le dernier album sorti de son vivant) ; « The ballad of John », hommage subtil à John Lennon, assassiné il y a 42 ans tout pile (le 8 décembre 1980, ndlr) ou presque. Et bien qu’écrite en 2019, « Did you hear they’re talking about the end of the world again » (titre prophétique) ne peut que résonner dramatiquement à nos oreilles après deux ans de pandémies et autres calamités guerrières. C’est une étrange dynamique qui anime le groupe les mélodies contrebalançant la noirceur des thèmes abordés. Si tout n’est pas rose dans le monde, Lux the band se charge de le rendre plus sympathique le temps que dure l’écoute de cet excellent album aux mélodies folk-rock et guitares acérées (la rageuse « Chemical Love »). Un album qui a du chien !

https://lux-theband.com/

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jeudi 8 décembre 2022

Gliz : « Mass »

 


A bien des égards, le power-trio ressemble un peu à cette étrange mascotte qui orne la pochette de ce nouvel album. Une créature onirique, perdue dans le monde moderne, industriel, ne comprenant pas très bien ce qu’il lui arrive ni où exactement elle est tombée. Chez Gliz, on ne se pose pas trop de questions et on fait les choses comme on les sent. Un groupe de rock sans guitare ni basse mais avec un banjo (électrifié tout de même procurer un semblant d’illusion) et un tuba. Le premier album « Cydalima » (2019) voyait le groupe évoluer sur une tonalité teintée garage rock. Une pandémie et un confinement plus tard, le power trio a affiné sa formule. Il reste toujours du garage ces poussées électriques, les aiguilles dans le rouge, défiées par le chant sur le fil de Florent Tissot où les relents du blues viennent hanter la musique (« Mass »). Mais le groupe a également gagné en profondeur, en relief et en couleurs grâce à l’ajout d’un orgue farfisa donnant vie aux aspirations psychédéliques du trio, tempo alanguie, ambiance planante mais tension sous-jacente. N’en déplaise les mélodies rêveuses du trio, l’anxiété reste le moteur qui fait avancer les compositions du groupe, qui, décidément, reste l’un des plus attachants de notre paysage musical. Les dix titres de ce nouvel effort en sont la preuve.

https://www.gliz.fr/

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mardi 6 décembre 2022

Vicki Rummler : « Leaps and Bounds – Songs from the Porkies »

 


C’est pendant l’automne 2020, en pleine pandémie, que la chanteuse Vicki Rummler a eu l’occasion de participer à une résidence artistique au cœur du Porcupine Mountains Wilderness State Park (connu sous le diminutif des Porkies), dans le Michigan, l’état natal de la chanteuse exilée à Paris depuis 20 ans. Elle en est revenue avec sous le bras avec un album magnifique en tout point. Enregistré en solo intégral, le disque met en valeur les deux instruments fétiches de l’artiste : la guitare et le piano, ce qui en soi est déjà la promesse d’un album folk, serein, apaisé et intemporel mettant en valeur le timbre si charmant de la chanteuse. Mais l’album gagne un supplément d’âme grâce à ses arrangements bricolés avec les moyens du bord. Un papier frotté devient ainsi un instrument de percussion, le son d’une carotte croquée ou le sifflement apportent une humanité bouleversante à la musique. La qualité de l’écriture piochant à la source du jazz ou de la country fait le reste. Mais surtout, nous sommes particulièrement sensible à tous ces sons piochés dans la nature, ces bruits de l’eau et du vent émaillant le disque. Un grand bol de nature en musique. Magnifique !

http://victoriarummler.fr/

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lundi 5 décembre 2022

Lehmanns Brothers : « The Youngling vol.2 (Alhambra Studios Live Session) »

 


Contrairement à bons nombre de formation groove/soul, le quintet ne fait pas des années 1970 (et du passé de manière générale) une fixation obsessionnelle. Le groupe vise plus large tout en gardant une élégance musicale, une science consommée du groove, intemporelle et qui n’a pas à rougir de la comparaison. Le falsetto du chanteur Julien Anglade possède un charme ravageur et le groupe semble comme galvanisé par la présence du public en studio. Le disque impressionne en terme d’engagement et d’énergie, la syncope groove de la section rythmique, et ses brusques montées en tension et en rythme, nous donne le tournis. Les compositions se révèlent aussi assez riches partant d’un feeling jazzy pour rejoindre des rivages hip-hop et funk, mettant en valeur la virtuosité du groupe. Il n’y a guère que le live pour faire ressentir ce genre d’émotions, et ce même par disque interposé. Le public présent à eu de la chance...

https://lehmannsbrothers.com/

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samedi 3 décembre 2022

Red Beans & Pepper Sauce, Le Zèbre de Belleville, 1er décembre 2022.

 

Dans le sublime cadre, boisé et suranné, du Zèbre de Belleville, le quintet nous a offert un pur moment de rock’n’roll, saturé, mais plein de soul. Dans les faits, le groupe se situe au confluent de plusieurs influences, le rock’n’roll tout d’abord grâce au jeu surpuissant et inspiré, toujours à propos du guitariste Laurent Galichon mais aussi grâce à une section rythmique survoltée (le batteur Niko Sarran, en pleine transe groove, bien secondé par le bassiste Pierre Cordier). A ce flux de décibels, les deux autres membres du groupe apportent une contrepoint bienvenu. Du blues et de la soul tout d’abord, grâce à la chanteuse Jessyka, dont chant suave et la voix soulful font frissonner d’émotions. Dernier ingrédient pour que la recette soit complète : le clavier au look hippie Serge Auzier dont les interventions véloces à l’orgue emmènent le groupe vers un terrain psychédélique à la lisière du rock progressif, barré juste comme il faut, la puissance du groupe empêchant ce dernier de dériver en interminables improvisations planantes. Un concert qui, de citations (Led Zeppelin, Jimi Hendrix) en reprise des Beatles, n’a pu que ravir tous les fans de classic rock. Enfin, Noël approchant, le groupe nous a offert une immense surprise avec la présence de Manu Lanvin (quelle voix et quelle guitare aussi!) venu taper le bœuf avec ses potes le temps des rappels. Quelle belle soirée que ce fut !

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vendredi 2 décembre 2022

FeelGood’s Space Industry / C. Van Huffel



Comme à la glorieuse époque indé des années 1990, le label Twisted Soul Records nous gratifie d’un splendide disque split présentant deux artistes phares du label, chacun disposant d’une face du vinyle. On commence par la joyeuse bande de cintrés, pour les avoir vus en concert on peut vous assurer que cela dépote, FeelGood’s Space Industry mené par FeelGood, ancien chanteur des Bad Losers dans les années 1980. Comme si le temps n’avait pas de prise sur lui, FeelGood reste fidèle à une certaine conception du rock’n’roll. L’ambiance se veut hippie, entre guitares folks et nappes planantes, à mi-chemin des rocks psyché et progressif. Le temps a laissé sa patine sur les cordes vocales du chanteur dont les accents gainsbourgiens servent le propos à merveille. Un trip charmant.




Personnage humble et discret, Christophe Van Huffel, qui occupe la seconde face du vinyle, est une pointure, un ancien collaborateur du regretté Christophe sur le merveilleux album « Les vestiges du chaos ». Avec un art consommé du contre-pied, Van Huffel reprend ici « Girl in uniform », le hit eighties des Bad Losers, sur une tonalité à l’opposé du rock furieux de la version originale. Ici, l’ambiance se veut synthétique, quelque chose des années 1980 mais en gardant une note contemporaine. Il reste cette impression cotonneuse et planante qui rappelle la face A mais un style différent. Enfin le disque se termine sur une petite perle « L’infini, elle aime » (texte signé de Boris Bergman) un blues synthétique où guitare et harmonica s’amalgament harmonieusement aux synthés et boîtes à rythmes, c’est absolument craquant.


jeudi 1 décembre 2022

Blumi : « There is no end in me »

 


Avoir mis pendant longtemps sa voix d’ange et ses talents de multi-instrumentistes au service des autres (Feist, Bon Iver, Thousand, Orouni) ne suffisait plus à Emma Broughton, a.k.a Blumi. L’émancipation de l’artiste continue donc avec ce deuxième EP en solo. « Il n’y a pas de fin en moi » chante-t-elle, aussi, peut-on affirmer sans prendre trop de risques, qu’il y a beaucoup de musique en elle également. La chose la plus frappante reste sa voix, douce, enveloppante et délicate, qui enrobe l’auditeur dans sa bulle musicale. La proposition musicale est à l’avenant, intrigante, à mi-chemin de la tradition et de l’avant-garde expérimentale. Le disque s’écoute comme on feuillette les pages d’un livre, Blumi chante mais récite également. Une histoire qui nous emporte sur les rivages cotonneux des plages synthétiques planantes et des délicats arpèges de guitares de la magnifique « Everyone Heals » qui porte décidément bien son titre.

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samedi 26 novembre 2022

Red Beans & Pepper Sauce : « 7 »

 


A bien des égards, cette attachante formation, synthétise à elle seule tout ce que l’on aime. Des guitares saturées, au-dessus desquelles plane l’ombre du hard rock des années 1970 (on pense particulièrement à Led Zeppelin) et un groove lancinant, servi sur un plateau par la voix gorgée de soul de la chanteuse Jessyka Aké, les vénérables BellRays ne sont jamais bien loin. Ce nouvel album, le septième, ne déroge pas à la règle et vaut son pesant de décibels, d’attaques de pédales wha-wha dévastatrices (Jimi sort de ce corps!), de grandes lampées d’orgue soul à la Deep Purple et de blues (« Lonely »). Un cocktail fort éprouvé par le passé mais qui n’empêche pas la prise de risques et voit le quintet chercher, expérimenter et, aussi, voyager. Ainsi tout l’album est parsemé d’intro psychédéliques et de descentes d’orgues baroques venant contraster avec bonheur la puissance des guitares. Cerise sur le gâteau ce nouvel effort se divise en deux disques. En effet, aux huit titres enregistrés à la maison se rajoute, un EP bonus composé de trois pistes capturées aux mythiques studios Rockfield (Stone Roses, Oasis, Robert Plant, Black Sabbath). Une institution de légende nichée au cœur de la campagne du Pays de Galles (le voyage évoqué plus tôt). L’ambiance se veut plus bucolique et l’occasion était trop belle pour reprendre « Rock and Roll » du grand modèle Led Zep.

En concert le 1er décembre au Zèbre de Belleville.

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Mike Andersen : « Raise your hand »

 


Que les talents lèvent la main ! Il suffit parfois de quelques accords de guitare folk pour saisir la rareté d’un album. A l’instar de nombreux talents nordiques (cf. Jesper Lindell) le Danois Mike Andersen réussit à se glisser dans ce mince interstice entre folk, blues et soul, le tout emprunt de ces sonorités americana plus vraies que nature. Quelques cordes de guitares donc, arpégées, glissées ou brossées avec feeling, qui suffisent à dépeindre des espaces immenses, de la neige aux marais, servies par la voix éraillée du chanteur, crooner à l’occasion (la sublime torch song « If I fall again ») où l’émotion pointe à fleur de peau. Nous pouvons donc affirmer, sans prendre trop de risques, que l’émotion procurée par ce neuvième album est aussi rare que précieuse, vous auriez tort de vous en priver.

En concert le 15/12 au Jazz Club Etoile – Le Méridien

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jeudi 24 novembre 2022

Amythyst Kiah, Point Ephémère, 22 novembre 2022

 

Seule sur scène et avec en tout et pour tout trois instruments, une guitare électrique, un banjo et une guitare acoustique, Amythyst Kiah a fait une démonstration de grande classe sur la scène du Point Ephémère. Nous retiendrons d’elle tout d’abord son charisme, sa présence envahit l’espace, sa voix puissante résonne et remue les émotions. Son jeu empreint de feeling extirpe du blues partout et même là où on ne l’attends pas (cf. la reprise de « Love will tear us apart » de Joy Division, si, si…) Et c’est bien là que réside la grande découverte de ce concert, si, sur disque, l’artiste n’hésite pas à partir dans une direction néo-soul tout à fait contemporaine, le rendu sur scène reste brut et traditionnel, une voix et une guitare. Outre ses propres compositions, Amythyst Kiah revisite aussi ses influences, suivant un sceptre assez large allant de la pop (« Sugar » de Tori Amos) au traditionnel « Trouble so hard » (Vera Hall, 1937) popularisée par Moby sous le titre de « Natural Blues ». Quelque soit le contexte, le contraste entre la puissance de sa voix et la délicatesse de son jeu emporte l’adhésion. Grand moment !

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dimanche 13 novembre 2022

Marie Pierre, Walrus, 12 novembre 2022.


La silhouette toute de noire vêtue de la chanteuse s’avance sur la scène, accompagnée de son acolyte Alexandre Delmas, chapeau et vêtements noirs également. Alors que les premières nappes sonores s’échappent des claviers, nous sommes immédiatement happés. Marie Pierre sur scène c’est une expérience cérémonieuse, presque hiératique, c’est surfer sur une vague douce, par laquelle il convient de se laisser emporter. La musique de Marie Pierre célèbre la nature : bruits de vagues, chants d’oiseaux et le bruit du vent s’amalgament aux nappes envoûtantes et à la poésie déclamée par la chanteuse entre deux impressionnantes vocalises. La musique est mouvante, voyage, des chants enregistrés dans une église de Riga (Lettonie) et un harmonium indien sont également utilisés. L’ensemble transporte l’auditeur dans un ailleurs imaginaire et fantasmé, inconnu, dans un entre-deux entre vol plané et flottaison. Il nous faut un certain temps pour redescendre… Le set se termine dans un silence impressionnant, l’audience, comme figée sur place, n’ose bouger le petit doigt, de peur de casser la magie du moment. C’est impressionnant.

samedi 12 novembre 2022

Touch of Groove + Lux The Band, La Dame de Canton, 11 novembre 2022.



Prenons le fleuve en ce jour férié dans le cadre exotique et suranné de la Dame de Canton, une jonque chinoise posée sur la Seine, où nous attendent deux formations aux aspirations complémentaires.

On commence par Lux The Band (anciennement Lux), présent ce soir en version acoustique, Angela au chant et Sylvain à la guitare acoustique pour un court set d’une petite demi-heure en prévision de la sortie du nouvel album prévue pour le 9 décembre prochain. Le contexte acoustique sied particulièrement bien à la chanteuse dont la voix épouse à la perfection les contours virtuoses de la guitare et le montre tout en mouvements gracieux sans en faire trop non plus. Un beau voyage en musiques, folk et rock, entre Paris et New York City (la ville d’où est originaire Angela). Car même sans amplification, Sylvain attaque ses cordes et se révèle un maître du solo acoustique.

On change de registre avec Touch of Groove qui, comme le veut la tradition, commence son set avec deux instrumentaux, histoire de faire monter l’ambiance, avant l’arrivée en grandes pompes de la chanteuse Letty M. Nous nous sommes déjà énamourés de sa voix, qui, en live, prend encore une autre ampleur. Lorsque les instruments se mettent en sourdine, comme ce fut le cas au tout début du set, sa voix brille de mille feux, avec une ferveur proche du gospel, quelle claque ! Avec un enthousiasme débordant qui fait plaisir à voir (mention spécial à Sylvain surexcité derrière son clavier) et d’énormes sourires barrant leurs visages les musiciens (Paco à la guitare, Pascal à la basse, Olivier à la batterie) pratiquent une soul/rhythm’n’blues de grande classe. Justesse des interventions, soli pleins de feeling sans démonstration superfétatoire, outre l’intégralité de l’album le concert est ponctué de nombreuses reprises/hommages à Aretha Franklin ou Etta James. Bien plus en avant qu’à l’époque du Blues Power Band, le guitariste Paco fait montre d’une virtuosité discrète, juste et sans ostentation. L’enthousiasme du groupe a vite fait de gagner le public transformant le lieu en piste de danse bon enfant. Le groupe a du mal à quitter la scène, nous aussi !

jeudi 10 novembre 2022

Meskerem Mees : « Caesar »

 


A peine un an après la sortie de son premier album, qui, déjà, nous avait mis à genoux, la jeune Belge est de retour avec ce nouvel EP, assez copieux, de 8 titres. Et force est de constater que la magie fonctionne encore, et ce dès le premier titre, « The City », qui s’enlumine d’une patine vintage (c’est assez nouveau pour elle) plus vraie que nature et qui d’emblée transporte l’auditeur dans une machine temporelle fantasmée. Ayant plus d’un tour dans la caisse de résonance de sa guitare, l’artiste ne se contente pas de jouer cette carte nostalgique mais se concentre sur l’écriture de petites perles où folk, soul, blues et pop s’amalgament dans un ensemble débordant de charme auquel le violon apporte une légère note nostalgique. Le style convient à merveille à son grain de voix mélodique. Une guitare, une voix, tout à l’air tellement simple et évident à l’écouter… Avec simplicité, l’artiste a trouvé son chemin personnel et l’exprime avec émotion dans cet EP intemporel. Dans un monde parfait, Meskerem Mees est faîte pour durer.

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mercredi 9 novembre 2022

Touch of Groove

 


Cette toute nouvelle formation permet de retrouver quelques figures connues telles que le guitariste Pascal « Paco » Guegan (Blues Power Band, Paco Duke) ou le clavier Sylvain Lansardière (Elise & The Sugarsweets) qui entourent la nouvelle venue Letty M, une chanteuse qui jusqu’à présent s’était illustrée loin de chez nous, en Australie ou en Géorgie. Sans vouloir diminuer l’apport des uns ou des autres, cette dernière est la grande révélation du disque ! Impossible de ne pas tomber en amour avec ce grain, ouaté, ourlé et terriblement sexy, avant même la fin de la première piste de l’album ! Cette voix sublime, la chanteuse réussit a en extraire des émotions infinies à donner des frissons. Lui donner un écrin à la hauteur était loin d’être évident. Paco et Sylvain ont opté pour une soul grand teint, digne des classiques où la guitare et l’orgue Hammond s’entremêlent avec bonheur dans un scoubidou groove, qui n’a rien à envier à la scène étasunienne, mettant en valeur les capacités acrobatiques de la chanteuse à l’aise sur tous les tempos (l’enlevée « This summer 21 » ou la tendre « People of the damned »). Enfin, si le groupe s’inspire des années 1960 et 1970, ce dernier garde les yeux ouverts sur les problématiques actuelles telles que la pandémie et autres confinements (« Breathe », « This summer 21 ») ou les enjeux climatiques (« The very last snowflakes »). Un disque de grande classe donc mais aussi un baume musical aussi bon pour les oreilles que le cœur.

En concert le 11/11 (La dame de Canton)

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dimanche 6 novembre 2022

Beechwood : « Sleep without dreaming »

 


Que reste-t-il de New York aujourd’hui ? Ne serait-ce que pour le Velvet Underground et la scène folk de Greenwich Village, dont la figure la plus connue reste Bob Dylan, New York City a toujours représenté quelque chose de spécial pour tout amateur de rock’n’roll. Patti Smith, Garland Jeffreys, Elliott Murphy, Jesse Malin, Sonic Youth, les New York Dolls, Ramones, Television et même Kiss voire Interpol, le casting laisse rêveur et a installé une solide culture rock dans la Grosse Pomme, aujourd’hui réduite à néant. Même le CBGB a fermé ses portes ! Dans ce marasme, un seul groupe a fait son apparition ces dernières années, le quatuor Beechwood dont le quatrième effort est sorti un peu plus tôt cette année. Beechwood excelle dans un genre de chansons courtes et ultra efficaces (avec 12 titres ce nouvel album est plutôt du genre copieux) entre punk et glam dominé par une guitare agressive, où le chanteur Gordon Lawrence, à l’unisson, s’arrache les cordes vocales (« Carved Arm » ; « Friendly Fire »). Et pourtant il y a bien plus de musique en eux, « She broke me » les trouvent particulièrement à l’aise dans un genre de psychédélisme barré et bruitiste (new-yorkais en résumé) parfois mâtiné de folk envoûtant (« Gently towards the light »). Conscients de leur statut, les musiciens se posent en gardiens de la chose rock, qui les voit régulièrement reprendre sur scène les classiques signés Kinks ou Beatles (« Rain » dans le cas présent, qu’ils passent à la moulinette électrique). Un album d’excellente facture signé d’un groupe attachant.

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samedi 5 novembre 2022

Tedeschi Trucks Band : « I am the moon I. Crescent »

 


A bien des égards, la musicalité du Tedeschi Trucks Band est imprégnée des années 1970. Une chose relativement commune de nos jours où les doigts des deux mains ne suffiraient pas à compter le nombre de formations nostalgiques. A ceci près que chez le couple Susan Tedeschi / Derek Trucks, la démarche semble plus profonde et loin de se résumer à une posture et à une collection d’instruments et de fringues vintages. Non, Tedeschi Trucks Band est un groupe comme il n’en existe plus que dans nos souvenirs. Une formation XXL, douze musiciens, une incongruité égale à celle de l’époque où Joe Cocker, Leon Russell ou Eric Clapton réunissaient une bande de musiciens cintrés pour accoucher de chef d’œuvres qui ont écrit la légende des années 1970. La comparaison avec Clapton est d’autant plus pertinente que ce nouvel effort prend sa source dans le poème perse « Layla et Majnûn », le même que celui qui a inspiré l’opus magnum « Layla and assorted love songs » de Derek and The Dominos. D’ailleurs peut on encore parler d’album tant la démarche du groupe assomme par son gigantisme : un coffret de 4 cds, dont voici le premier volume. Qui d’autre peut se targuer de tenir cette distance sans lasser, de proposer un cocktail de musiques, ancrées dans l’americana, qui du rock à la soul, du blues au psychédélisme, du folk à la country en passant par le jazz, propose une diversité d’ambiances pour aboutir à un résultat d’un rare cohérence finale. Une qualité d’écriture rare magnifiée par une virtuosité, sans esbroufe et dénuée d’ambages, tout à l’air si simple, coulé et naturel à l’écoute. Sans aucun doute, le signe des très grands !

En concert les 12 et 13/11 (Le Trianon) et le 15/11 (Bataclan).

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mardi 1 novembre 2022

JE T’AIME : « Passive / Aggressive »

 



Le trio parisien a été particulièrement ambitieux, présentant son nouvel album en deux temps. Le premier disque, « Passive » est sorti le 14 février dernier, jour de la Saint-Valentin, et le deuxième disque « Aggressive » sort ce 1er novembre, jour de la fête des morts. Amour et mort sont donc intimement liés à ce corpus de vingt chansons. Symboliquement nommé « Je t’aime », le trio fait preuve d’un romantisme à toute épreuve. Mais sa vision est loin du romantisme béat. Tortueuse et parfois violente, la vision de l’amour, mise en musique par le groupe, se révèle plutôt tourmentée. Une vision assez subtile en vérité. Battement implacable d’une boîte à rythme digne des Sisters of Mercy, échos de Robert Smith (The Cure) dans le chant, sons de basse énorme (coucou Simon Gallup!) s’intégrant parfaitement dans le mix de guitares et de synthés : du punk à la cold wave, l’écho des années 1980 sonne partout dans le disque, le trio se révélant le parfait héritier de la mouvance froide et noire de l’époque. Il n’est pourtant nullement question de nostalgie à l’écoute. D’abord parce le groupe sait faire preuve d’audace, intégrant subtilement quelques rythmes reggae/dub à l’occasion (cf. « Unleashed »), ensuite parce que le trio appartient définitivement à notre époque, faisant également sien l’électro clash (cf. « Stupid Songs ») ou le post punk. Symboliquement, c’est avec le son d’un orage enregistré que se clôture « Passive », le premier disque. Signe de la déflagration à venir, le deuxième album « Aggressive » fait honneur à son titre et se révèle à la fois nerveux, tendu et électrique, dopé par l’amertume en parfait complément du premier disque. Une sublime doublette d’albums intemporels.

En concert le 17/12 à La Maroquinerie

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dimanche 30 octobre 2022

Tiki Black : « The sound of the broken wand »

 


Il aura fallu huit années de maturation à la chanteuse avant de donner suite à son premier album. Une période assez longue conclue par un projet particulièrement ambitieux se composant, outre le disque, d’un recueil de poèmes (en anglais). Le tout porte un nom assez mystérieux, le son de la baguette brisée. Le terme « wand » fait probablement référence à la baguette magique du magicien, en cela l’album illustre les thèmes des illusions perdues ou de la résilience face à l’adversité. Un spectre assez large mis en musique, de façon majoritairement acoustique, entre jazz vocal et soupçon de classique perceptible dans les envolées lyriques de la chanteuse. Piano, cordes voluptueuses, une section rythmique, l’accompagnement sobre a le mérite de mettre en valeur la voix expressive de la chanteuse, empreint d’une mélancolie parfaitement soulignée par les cordes. L’album est par ailleurs un ascenseur émotionnel dans lequel l’auditeur est guidé par la voix, souvent douce et délicate, mais aussi ponctué d’éclatant coup de gorge rageurs. Emouvant et bouleversant à la fois.

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jeudi 27 octobre 2022

Barton Hartshorn : « Manchester Sun »

 


Depuis son formidable album « I died of boredom and came back as me », sorti en 2018, c’est avec intérêt et plaisir que l’on suit le parcours de Barton Hartshorn. C’est donc avec une joie non feinte que l’on accueille son nouvel effort ! Une nouvelle étape qui voit Duncan Roberts, son véritable patronyme, retourner sur sa terre natale où le disque a été enregistré quasiment en solo avec l’aide de quelques amis de longue date : David Lewis (Paris Combo), Melissa Cox («également accompagnatrice d’Elliott Murphy) ou Vincent Guibert. Conséquence directe, la tonalité du disque se veut plus acoustique et la guitare folk de Barton se retrouve au centre des débats (« I had other ideas » chante-t-il sur « Semaphore Signal »). Moins produite, la musique du chanteur gagne en profondeur ce qu’elle perd en euphorie électrique. Le contexte dépouillé convient à merveille à la poésie qui anime intrinsèquement la plume du Britannique et le léger voile mélancolique qui recouvre le disque fait ressortir la profondeur de la voix, légèrement éraillée. Le tout y gagne en émotion. Ainsi, l’album possède le charme instantané des choses improvisées, en dehors des sentiers battus, dans un contexte particulièrement émouvant. Une réussite supplémentaire à mettre au crédit du britannique.

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jeudi 20 octobre 2022

Howard : « Event Horizon »

 


Etirant l’horizon des possibles, le trio parisien est de retour avec un deuxième album marqué du sceau de la maturité et de l’évolution. Et c’est, paradoxalement, en période de confinement que le groupe a trouvé sa liberté artistique. En effet, ce nouvel album sonne comme un exutoire à l’angoisse latente et à la liberté de mouvement entravée. Le groupe reste cependant enraciné dans un rock psychédélique à la saturation électrique particulièrement affirmée. Ainsi, il n’est pas étonnant, à l’écoute, de penser aux années 1970. Mais le groupe sait aller au-delà, incorporant un soupçon d’électronique, sous la forme de synthés ou de samples, qui s’amalgament parfaitement au rock saturé parfaitement maîtrisé par le groupe. Mais l’album impressionne par ses coups de sang, lorsque soudainement la musique monte dans les tours et que toutes les digues sautent une à une sous l’effet de l’intensité dégagée par le trio. Une lampée de synthé acide, un break de batterie dévastateur ou une guitare qui plonge dans les aigus, tous les moyens sont bons (et sont souvent utilisés) par le groupe pour provoquer une transe salvatrice. L’écoute du disque s’apparente ainsi à un tour de grand huit, particulièrement corsé, dans lequel le groupe se plaît à nous balader. Vous êtes prévenus !

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mercredi 19 octobre 2022

Kicca : « Call Me Sugar »

 


Comme souvent avec la chanteuse italienne (une ancienne du groupe Intrigo), ce nouvel effort brille par son éclectisme. Mais plutôt qu’une diversité d’ambiances un peu vaine, ce nouveau disque tiendrait plus de la variation au cœur de laquelle se trouve le groove et le swing. Kicca a le regard tourné vers l’autre rive de l’Atlantique et dans une époque bien précise, celle des années 1970, qu’elle réadapte à sa culture européenne et à notre époque. Un véritable festival à elle toute seule en vérité, passant du jazz langoureux (« Say So ») au reggae (« Oscar l’Etourdi ») pour finir un groove disco/funk incendiaire (« Call Me Sugar », « Annette Kellerman ») avec, toujours, cette classe vocale qui la caractérise si bien. Enregistré en 2021, alors que l’on sortait à peine des divers confinements, l’album a des fourmis dans les jambes et nous offre, le temps du titre « 2020 », un véritable pied de nez groovy à cette époque honnie ! Remontée comme une pendule, mue par une énergie communicative, la chanteuse a une forte envie d’en découdre et de faire la fête et le prouve le long de cet album festif et dansant chanté en anglais, français et italien. C’est chaud !

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mardi 18 octobre 2022

Marie Pierre : « Beyond The Apex »




Entre confinements, guerres, pandémies et autres tragédies quotidiennes, au cœur de notre époque troublée, la nouvelle impétrante Marie Pierre, dont c’est le premier album, invente une musique « Au-delà du sommet ». Tout commence par un immense bol d’air et de nombreux sons collectés en extérieur : eau, vent et chant d’oiseaux en constituent le cœur créatif. Une autre couche serait constitué de délicats arpèges de guitares, d’électro ambiant et de chant éthéré (en français ou en anglais) quasiment fantomatique, le tout constituant un court album de sept titres. Mais au-delà de la musique, l’attrait de la chose réside dans son extrême douceur. Rêveur et délicat, évoluant dans un monde parallèle, dégagé des contingences terrestres, l’album est un véritable cocon dans lequel il est bon de se lover. Une bulle de douceur, pourtant motivé par les agressions extérieures, mue par une angoisse générale et latente, totalement exorcisée en sons, chants et mélodies. Un objet rare donc, et forcément précieux, dont la sortie est prévue en numérique et en cassette audio.






dimanche 25 septembre 2022

Superdownhome, Jazz Club Etoile Le Méridien, 24 septembre 2022.

 

Sur la pochette de son nouvel album, intitulé « Blues Pyromaniacs » (chronique à venir), le duo Superdownhome apparaît rigolard, à la bonne humeur communicative. Une impression souriante confirmée en tous points par le groupe italien, sur scène pour fêter la sortie dudit album. Vêtus de costumes aussi élégants qu’improbables, nous retrouvons, côté jardin (à gauche), Henry Sauda, chant et guitare et, côté cour (à droite) le batteur Beppe Facchetti. La bonne surprise réside dans le feeling qui habite la musique du groupe, parfois hélas un peu noyé par les décibels sur disque, surtout lorsque Henry joue acoustique, le lap-steel sur les genoux. Mais le duo rigolard, qui n’hésite pas à faire le show se baladant dans le public, solo endiablé et sourire jusqu’aux oreilles, peut également envoyer les watts, boogie à réveiller les morts, dans un déluge électrique et euphorisant. Soulignons enfin l’incroyable collection de cigar box (guitares à 4 cordes faites à partir de boîtes de cigares) d’Henry, dont une rectangulaire à la Bo Diddley. La soirée fût incandescente, ça tombe bien c’est samedi.

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samedi 24 septembre 2022

Julie Odell : « Autumn Eve »

 


Désormais installée à la Nouvelle-Orléans, Julie Odell s’apprête à dévoiler, le 30 septembre prochain, son premier effort nommé, avec poésie et acuité, soir d’automne. Le disque au titre terriblement évocateur débute avec un orage, ou du moins le son enregistré, comme un lointain souvenir de la tempête Katrina qui a dévasté son état natal, la Louisiane. Ainsi va la musique de Julie Odell, sur ce premier court album (8 titres seulement), faîte de calme et de tempête, de délicats arpèges acoustiques (« Space »), de piano à peine effleurés mais aussi de fulgurantes accélérations électriques. On en revient ainsi à l’orage du début, une tension sous-jacente anime le disque, perceptible dans la lourdeur de certaines rythmiques, comme une menace annonçant imminent l’assaut des guitares. Le chant délicat et mélodique de Julie, qui ne se prive pas du plaisir des vocalises (« Moments Later »), agît en contrepoint de ces dernières, la voix plane ainsi au-dessus des contingences qui agitent sa musique (« Cardinal Feather »). Une proposition musicale assez atypique, pour la Nouvelle-Orléans, le signe d’une personnalité artistique forte qui trace son propre sillon.

En concert le 22 novembre (Café de la danse)

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