dimanche 25 septembre 2022

Superdownhome, Jazz Club Etoile Le Méridien, 24 septembre 2022.

 

Sur la pochette de son nouvel album, intitulé « Blues Pyromaniacs » (chronique à venir), le duo Superdownhome apparaît rigolard, à la bonne humeur communicative. Une impression souriante confirmée en tous points par le groupe italien, sur scène pour fêter la sortie dudit album. Vêtus de costumes aussi élégants qu’improbables, nous retrouvons, côté jardin (à gauche), Henry Sauda, chant et guitare et, côté cour (à droite) le batteur Beppe Facchetti. La bonne surprise réside dans le feeling qui habite la musique du groupe, parfois hélas un peu noyé par les décibels sur disque, surtout lorsque Henry joue acoustique, le lap-steel sur les genoux. Mais le duo rigolard, qui n’hésite pas à faire le show se baladant dans le public, solo endiablé et sourire jusqu’aux oreilles, peut également envoyer les watts, boogie à réveiller les morts, dans un déluge électrique et euphorisant. Soulignons enfin l’incroyable collection de cigar box (guitares à 4 cordes faites à partir de boîtes de cigares) d’Henry, dont une rectangulaire à la Bo Diddley. La soirée fût incandescente, ça tombe bien c’est samedi.

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samedi 24 septembre 2022

Julie Odell : « Autumn Eve »

 


Désormais installée à la Nouvelle-Orléans, Julie Odell s’apprête à dévoiler, le 30 septembre prochain, son premier effort nommé, avec poésie et acuité, soir d’automne. Le disque au titre terriblement évocateur débute avec un orage, ou du moins le son enregistré, comme un lointain souvenir de la tempête Katrina qui a dévasté son état natal, la Louisiane. Ainsi va la musique de Julie Odell, sur ce premier court album (8 titres seulement), faîte de calme et de tempête, de délicats arpèges acoustiques (« Space »), de piano à peine effleurés mais aussi de fulgurantes accélérations électriques. On en revient ainsi à l’orage du début, une tension sous-jacente anime le disque, perceptible dans la lourdeur de certaines rythmiques, comme une menace annonçant imminent l’assaut des guitares. Le chant délicat et mélodique de Julie, qui ne se prive pas du plaisir des vocalises (« Moments Later »), agît en contrepoint de ces dernières, la voix plane ainsi au-dessus des contingences qui agitent sa musique (« Cardinal Feather »). Une proposition musicale assez atypique, pour la Nouvelle-Orléans, le signe d’une personnalité artistique forte qui trace son propre sillon.

En concert le 22 novembre (Café de la danse)

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vendredi 23 septembre 2022

Cash Savage and The Last Drinks + Parlor Snakes à La Maroquinerie le 30 Septembre


 

Jesper Lindell, Le Méridien Jazz Club Etoile, 22 septembre 2022


Santiags aux pieds, chapeau, jeans et chemise à carreaux, lorsque Jesper Lindell débarque sur scène, le musicien dégage un petit quelque chose de roots et, d’un coup, le classieux Jazz Club de l’Etoile prends des airs de Woodstock. Woodstock, non pas à cause du célèbre festival mais plutôt le village ou vivait, quasiment reclus, les membres de The Band. La filiation semble évidente, et pas uniquement à cause des deux reprises jouées par le groupe suédois. Débarqué au grand complet, la formation compte six musiciens : piano, orgue, deux guitares, basse et batterie auquel s’ajoutent quelques instruments accessoires, accordéon, violon et trompette, autant d’instruments peu usités dans le rock et qui donnent sa véritable identité au groupe. C’est précisément là que se noue la filiation avec The Band. Même grand écart entre country-folk et soul music (influence particulièrement perceptible dans le chant), éclairs électriques et rock’n’roll en prime, le long de solo de guitare particulièrement inspirés. Avouons-le, pendant les deux heures et quelques du concert, on a voyagé en musique. Un trip le long de routes et de paysages imaginaires, suivant le groove implacable de la batterie, finalement bien plus intemporel que nostalgique. Sublime soirée.

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jeudi 22 septembre 2022

Jonathan Jeremiah : « Horsepower for the streets »

 


Plus que jamais, à l’écoute de ce superbe nouvel album, le chanteur apparaît au croisement des cultures et des influences. Britannique, il a gardé de la culture musicale de son pays de naissance une forme d’appétence pour le spleen, la mélancolie et les arrangements de cordes soyeux qui caressent l’oreille de l’auditeur. Une approche qui rappelle d’une manière générale le regretté Nick Drake et les classiques du folk britannique, qui a le don d’emballer l’auditeur dans une bulle de douceur apaisante. Mais, Jonathan a également les yeux tournés vers l’autre rive de l’Atlantique. Ainsi, la soul music irradie son chant doux et délicat, de même qu’un certain sens du groove imprime durablement l’oreille, perceptible notamment dans les lignes de basses, rondes et bourdonnantes, que l’on jurerait issues des années 1960, et dans les chœurs féminin qui illuminent ses compositions. Richement produites, les compositions de haut vol de Jonathan Jeremiah trouvent une nouvelle ampleur sonore mettant particulièrement en valeur l’émotion qui se dégage du chant. Enfin, une forme de sobriété habite la durée des chansons, le disque dans son ensemble n’excède pas la durée d’un vinyle des années 60, comme un véritable classique instantané.

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dimanche 18 septembre 2022

Jonathan Personne

 


Sur son précédent album, le magnifique « Disparitions », le Québécois Jonathan Personne (leader par ailleurs de Corridor) chantait le titre « Springsteen » sans pour autant que sa musique évoque en une quelconque manière le boss du New Jersey. Le lien est toujours aussi ténu sur ce nouvel effort et s’il fallait rechercher un lien avec un autre songwriter célèbre ce serait plutôt vers son compatriote canadien Neil Young que les regards se tourneraient. C’est dire le niveau auquel le Québécois évolue sur ce nouveau disque : simplicité mélodique, pureté acoustique ou éclairs abrasifs et électriques : ce nouvel album possède tous les attributs du classique immédiat auquel l’écho fantomatique posé sur la voix de Jonathan Personne (aucun lien avec notre Paul national) ajoute un soupçon d’étrangeté évoquant un entre-deux bizarre. Il faut dire que la vie du chanteur s’est singulièrement compliquée lorsque son groupe Corridor a affolé le Landerneau rock en devenant, en 2019, la première signature francophone du vénérable label Sup Pop (celui de Nirvana), entraînant un excès de sollicitations achevée par un burn out du chanteur. Un malaise exorcisé et mis en musique, cette dernière servant de thérapie pour le musicien, qui trouve ici une sublime incarnation.

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samedi 17 septembre 2022

Something Borrowed, Something New : A Tribute to John Anderson

 


Largement méconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, John Anderson est un pionnier de la country, dont le parcours a débuté à la fin des années 1970 et est toujours actif de nos jours. A l’initiative de Dan Auerbach, le présent album, enregistré chez Easy Eye Sound, rend hommage au répertoire d’Anderson, qu’il soit signé de sa plume ou nom. Avant toute chose, l’unicité du lieu d’enregistrement donne sa cohérence artistique au projet et l’album, qui s’écoute d’une traite, forme un tout cohérent. Pas si évident que ça vu la diversité du casting ayant répondu présent : de la star country FM Eric Church (inconnu ici mais une superstar remplissant les stades aux Etats-Unis) aux figures plus habituelles de l’americana, telles que Nathaniel Rateliff ou la sublime Sierra Ferrell, et autres voix de l’alt-country comme Sturgill Simpson. L’ensemble donne un panorama complet de l’idiome à l’heure actuelle au-dessus de laquelle John Anderson fait figure d’ange tutélaire. Un excellent album.

jeudi 1 septembre 2022

Tami Neilson, Le Balajo, 31 Août 2022.

 

C’est dans le cadre incroyablement suranné du Balajo, le dernier dancing rock’n’roll de Paris, ouvert en 1936, que l’on a pu, enfin, découvrir sur scène la formidable Tami Neilson (et son sens de l’humour), en provenance directe de Nouvelle-Zélande. La piste de danse occupe la majorité de l’espace, tout autour sont installée tables et banquettes, la scène minuscule occupe un coin, juste à côté d’un pole pour la danse. C’est un peu le problème de l’endroit, pas vraiment étudié pour accueillir un concert, la scène reléguée dans un coin semble plus pensée pour un groupe accompagnant les danseurs. Mais peu importe, Tami se fond dans le décor, resté dans son jus. Le groupe qui l’accompagne se résume à sa plus simple expression : un batteur et un guitariste (son frère Jay Neilson). Tami quant à elle, joue de l’harmonica sur le premier titre et assure la rythmique à la guitare acoustique la plupart du temps. Mais surtout Tami chante ! Et sa voix est d’une puissance incroyable et tutoie les sommets d’émotions (il est rageant d’entendre certains discuter pendant ces moments particulièrement émouvants). Un peu de rock’n’roll, un peu de country, beaucoup de soul au sens large, cf. la reprise de « It’s a man’s man’s man’s world » de James Brown dont Tami changeât les paroles pour mieux coller à ses préoccupations, voici la recette magique de la chanteuse aux influences aussi sûres que bien digérées. Enfin, sa voix incroyable a séché le public sur place, surtout dans les titres quasiment à cappella, sur un simple accompagnement rythmique (cf. « Queenie, Queenie »). Excellent.

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The Deslondes : « Ways and Means »

 


Originaire de La Nouvelle-Orleans, The Deslondes voit plus loin que le patrimoine musical, déjà immense, de sa ville natale. S’il fallait qualifier la musique du groupe, on parlerait de nos jours d’Americana, cet hybride entre folk et country (cf. « South Dakota Wild One »), qui semble être la manne nourricière du quintet. Ancré dans le sud des Etats-Unis, au sens large, The Deslondes agrège une multitude de styles, des studios Suns (cf. « Wild Eden ») à la Stax (cf. « Ways & Means ») sans renier à l’occasion une petite dose de psychédélisme dans les arrangements ("Standing Still"). Un éclectisme qui fait la force du groupe, et donne, paradoxalement, sa ligne directrice aux Deslondes ; formation qui ne dérive jamais de sa trajectoire. Varié mais pas dispersé pour autant, c’est le petit tour de passe-passe d’un album en forme de BO pour la route qui file en ligne droite dans la poussière et le soleil couchant.

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