lundi 30 décembre 2019

Red Beans and Pepper Sauce : « Mechanic Marmalade »



Le groupe mené par la chanteuse Jessyka Aké est de retour avec un cinquième album. Un nouvel effort placé sous le signe de la mécanique rutilante (cf. le titre et la photo de la pochette prise dans un garage) qui les voit suivre peu ou prou la même direction. Celle d'un rock heavy, inspiré par une veine seventies (« Give it to me »), et infusé d'influences venues du blues (cf. « Thank You ») ou de la soul (« My Holy Guest »). Un mélange digne des BellRays, dont ils incarnent une très décente descendance. Ce nouvel album voit cependant l'ambition du groupe revue à la hausse. Pas de révolution de Palais en vue, mais une maîtrise générale du moindre détail que l'on ressent à l'écoute. Plus de dérapages de guitares déraisonnés, les watts dans le rouge et à fond dans l'électricité, le groupe ménage dorénavant ses effets et laisse sa juste place au groove : l'orgue est soulful (Serge Auzier) et la section rythmique (Niko Sarran, batterie et Denis Bourdié, basse) pratique un dosage savant entre puissance rock et swing funk (« The Battle »). Enfin, tel un grain de sable, la guitare de Laurent Galichon se fait joueuse et parsème le disque de lignes alternant psyché, pédale wha-wha et heavy, apportant un angle barré assez inédit pour le groupe. Excellent. 

En concert à Paris (La Boule Noire) le 30/01.
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samedi 28 décembre 2019

Jersey Julie Band : « Multiball »



Six longues années s'étaient écoulées depuis « Goosebump » le premier album du Jersey Julie Band. Le groupe est aujourd'hui de retour, et à défaut de jouer au flipper, est obligé de se réinventer après le départ du contrebassiste Stéphane Blanc. C'est à la fois dommage, car le groupe abandonne la formule du trio et ce son, sans batterie, caractéristique qui faisait l'originalité et la personnalité du groupe. Mais c'est aussi un nouveau départ pour la formation et des horizons étoffés qui s'ouvrent à eux à l'image de la ligne de piano, un instrument inédit jusqu'ici dans le panorama du groupe, par laquelle débute ce nouvel effort ; une manière de nous souhaiter la bienvenue dans ce Jersey Julie Band nouvelle mouture. Et, force est de constater que le son du groupe s'est considérablement étoffé ; outre le piano, la batterie et les chœurs apportent une nouvelle ampleur à la musique. Autant de petites briques ajoutées une à une qui à la fin bâtissent un magnifique écrin pour accompagner la voix spectaculaire (on pense parfois un peu à Beth Ditto) de la chanteuse Julie, magnifique de puissance et d'émotion. Pour le reste si l'habillage est différent, le fond de la chose, la substantifique inspiration, reste finalement la même entre jazz (cf. le saxophone de Julie y est pour beaucoup) et, blues. La musique respire d'un swing nouveau, revigoré, comme une collection de torch-songs dynamiques refilant la pèche (« Five days alone ») plutôt que le blues mais, tout de même, un peu au détriment du feeling rock'n'roll/rockabilly qui habitait le premier disque. 13 titres au total et autant de raisons de visiter ce « Crowded Bar », pour rependre le titre d'une piste instrumentale de l'album, car en compagnie de musiciens de ce niveau, la soirée devrait être belle. 

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dimanche 22 décembre 2019

Acide Adore : « Tu me captures »



Duo franco-britannique, Acide Adore, accouche d'un EP (5 titres) que l'on a bien du mal à cerner. Est-ce du rock, de la pop, de l'électro ? Oui, et un peu tout à la fois, tant pis pour les catégories, ceux qui aiment tant faire rentrer la musique dans des cases en seront pour leurs frais. Acide Adore donc, c'est une voix, celle de Mathilde, douce et voluptueuse qui enrobe les oreilles de l'auditeur. Tout autour, on retrouve la patte de Jeremy qui d'arpèges délicats, de nappes synthétiques rêveuses et de boîtes à rythmes en sourdine emballe le tout dans un subtil alliage de dream pop et d'électro. Et puis tout est remis en question lorsqu'une guitare aux accents grunge maîtrisés vient s'amalgamer avec harmonie, ce qui n'était pas gagné d'avance, dans cet ensemble à l'équilibre délicat apportant une nouvelle profondeur. A noter, une reprise baroque, acoustique et en français, du « Ava Adore » des Smashing Pumpkins (1998).

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jeudi 19 décembre 2019

Foggy Tapes : « Cogito Ergo Fog »



Unis par une ligne artistique commune et une identité forte, toutes les sorties du label Howlin'Banana sont comme reliées par un fil invisible. Avatar récent de l'étiquette, Foggy Tapes, qui comme son nom l'indique tient à enregistrer sur bande magnétique, rassemble tous les éléments qui, d'ordinaire, nous font nous précipiter sur toutes les sorties Howlin'Banana les yeux fermés : des guitares fuzz en pagaille et des bizarreries baroques en tout genre (thérémine, orgues divers) qui, en l'espèce, cohabitent harmonieusement. Ainsi, la trajectoire de ce premier album voit le groupe surfer la vague avant de terminer sa course au fin fond du garage non sans avoir revisité le western entre les deux (cf. « Mist from above »). Un déferlement de sons acides et psychés qui revisitent les années 60 et 70 sur un mode déglingué et doux à la fois. Arrangements pop et harmonies vocales léchées font que les Beach Boys et autres Beatles ne sont jamais bien loin (la merveilleuse « Days to come »). Entre groove acide, mélodies pop et guitares foutraques, le quatuor toulousain, vise juste et toujours dans le mille ! Une réussite ! 

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mardi 17 décembre 2019

Les Nus : « Enfer et Paradis »



Formation mythique du Rennes du début des années 1980, Les Nus, dont le chanteur Christian Dargelos fût un membre fondateur de Marquis de Sade, ont disparu corps et biens après un unique album sorti en 1982. C'est à l'initiative d'Etienne Daho que Les Nus refont surface avec un deuxième album en 2016, 34 après le premier. Ce nouvel effort, le troisième, scelle donc pour de bon le retour du groupe, loin d'être un feu de paille sans lendemain. « Vous faîtes du rock n'est-ce pas ? » interroge ce nouveau disque sur un de ses titres phares. La réponse est claire et sans appel. Fidèle à ses convictions Dargelos affine sa plume, d'encre noire, en français alors que la musique lorgne par-delà la mer à la fois en direction de New York, pour la tentation bruitiste savamment canalisée (« Suspicion »), que vers l'Angleterre (« Ceci n'est qu'une nuit » ; « Café bizarre »), en ce qui concerne la richesse et l'élégance des arrangements (« Jim Crow »). Point d'imitation ici dans un anglais bafouillant, mais au contraire, une appropriation habile des codes anglo-saxons définissant ainsi un modèle esthétique rock à la française. Impeccablement mis en sons par Romain Baousson (l'ancien batteur des Wankin'Noodles) ce nouvel effort, inespéré, s'annonce comme un classique immédiat et intemporel. 

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lundi 16 décembre 2019

Vile Assembly : « Propaganda »



La vile assemblée nous arrive de Liverpool et fait des merveilles dans un créneau post punk plutôt en vogue à l'heure actuelle (Idles, Fontaines DC, Murder Capital). Mû par l'énergie du désespoir, peut-être une conséquence du climat actuel, le groupe a mis son agressivité sous une chape de plomb. L'électricité est contenue dans une ambiance sombre et froide, héritée de la cold wave (« Gone ») et incarné par un chant plaintif. Même les morceaux les plus lents de l'ep (« Them drugs 2») font montre d'une anxiété sous-jacente et d'une tension fuyante allant crescendo. 

En concert le 20/12 à Paris (Espace B)
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vendredi 13 décembre 2019

Carla Mariani : "Sweet Little Angel"

C'est un lien comme on en reçoit des dizaines par jour. Pourquoi as-t-on ouvert celui en particulier ? Mystère... Peut-être qu'un texte de présentation évoquant Janis Joplin, Etta James et Nina Simone constitue un bon début, éculé et dangereux, vu le talent desdites références, mais un bon début quand même... La chanteuse s'appelle Carla Mariani et nous vient du Brésil. En un peu moins de six minutes, la durée de sa nouvelle chanson, Mariani nous fait fondre. Feeling entre jazz et blues, piano élégant, swing ourlé de la batterie, tout y est parfaitement intégré, digéré et reproduit avec grâce d'une voix habité transportant l'auditeur dans un imaginaire blues urbain et pluvieux. Intemporel. Cela nous fait la soirée, merci.

jeudi 12 décembre 2019

Frustration : « So cold streams »



Toujours aussi fidèle à son patronyme, le groupe laisse exploser sa frustration dans un courant froid, voire glacial, faisant honneur au titre de ce nouvel effort, sur le rock français. Bien que fortement enraciné dans le punk et la cold wave (cf. « Pulse » sous influence Joy Division), Frustration ouvre sa musique aux sonorités synthétiques d'hier et d'aujourd'hui inscrivant sa démarche entre la cold wave des années 1980 (« Slave Market » qui peut s'enorgueillir de la participation de Jason Williamson des Sleaford Mods) et l'électro du 21ème siècle, le tout mené par des lignes de basse énormes, une constante du début à la fin du disque. Les aiguilles du potentiomètre dans le rouge, le quintet, qui fût la toute première signature du label Born Bad, rajoute du boucan au boucan superposant la saturation synthétique à celle des guitares dans le but ultime de toujours faire péter les décibels. Ainsi « Insane » qui ouvre les débats de sa rythmique martiale marque un virage certain vers la musique industrielle. Un album salutaire par les temps qui courent. 
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mercredi 11 décembre 2019

Cold War Kids : « New Age Norms 1 »



Souvent coincé dans une bulle nostalgique, cherchant, le plus en souvent en vain, à recréer un supposé age d'or, pourtant révolu depuis un demi-siècle, le rock'n'roll donne l'impression de tourner en rond à la poursuite de sa gloire passée. Et puis de temps en temps arrive un disque qui change la donne. C'est un peu ce que l'on ressent à l'écoute de ce nouvel effort des Cold War Kids, un disque très court, 8 titres et à peine 30 minutes, autant respectueux du passé qu'à la recherche d'un nouveau souffle. Un album très ramassé donc, qui file sans donner le temps de s'ennuyer. Si quelques fantômes planent ici et là (« Fine fine fine » sous influence Iggy Pop alors que « Waiting for your love » rappelle plutôt les intonations des Rolling Stones fin 70s) le tout est dynamité par une production contemporaine où la basse dicte le groove avec autorité autant qu'elle claque dans les oreilles (« Dirt in my eyes »). Un vernis pop maintient la foudre qui anime les musiciens à un juste niveau ouvrant le champ vers une jolie ballade mélancolique au piano (« Beyond the pale »). Une belle réussite. 

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mardi 10 décembre 2019

Half Moon Run : « A Blemish in the great light »



Pour ce qui constitue le troisième effort de leur carrière, les Canadiens sortent le grand album de saison. Aussi doux et douillet qu'une couette alors que frémissent les premiers frimas de l'hiver naissant. Parfaitement produit et d'une grande richesse d'arrangements, ce nouveau disque se trouve au mitan du folk (leur incarnation première) et de la pop, qui constitue leur incarnation la plus récente. Si quelques arpèges rappellent la nature acoustique de leur musique (« Flesh and bones » ; « Naturel Disaster »), c'est bien à un album pop que nous avons affaire. Délicat sans être mièvre (« Black Diamond ») et n'ayant pas peur de monter brusquement dans les tours (« Then again ») pour apporter un soupçon de fièvre rock'n'roll à toute cette affaire. Ainsi si les influences se bousculent, des années 1960 à 80 (cf. les synthés), au fil des sons, il n'est pour une fois aucunement question d'un revival quelconque. On pencherait plutôt pour une sorte de spleen intemporel bercé par les flocons de neige sous un ciel gris qui laisserait, de temps en temps, percer quelques rayons de lumière rasante du soleil hivernal. 

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lundi 9 décembre 2019

Moonlight Benjamin : « Simido »



Haïtienne de naissance et authentique prêtresse vaudou, la chanteuse est installée en France depuis 2002. Après d'innombrables expériences musicales, du jazz à la chanson pour enfants, Moonlight Benjamin se consacre depuis deux ans à un projet plus personnel entre blues et garage rock, chanté en créole en compagnie du guitariste Matthis Pascaud (également auteur d'un excellent album en solo cette année). Suivant une trajectoire parallèle à celle du trio Delgres, Moonlight chante son île, son histoire comme sa détresse actuelle, dans sa langue vernaculaire, le créole haïtien. Cette dernière n'est pas le seul élément rattachant la musique de Moonlight à la créolité, la ferveur des rythmiques et la transe fiévreuse qui s'en dégagent procurent une sensation de tournis (cf. « Pale Pawol ») qui permet à la musique de s'élever bien au-delà du tout venant. Le tout est parfaitement incarné en voix par Moonlight, qui se révèle à la fois forte, profonde et féline. Son chant semble ainsi comme profondément ancré dans la terre. Musicalement il était difficile d'égaler le tourbillon de guitares du premier disque. Aussi ce nouvel album propose un pas de côté au profit d'une approche plus en retenue, lissée et pop, mais qui n'obère ni son esprit aventureux (les quasi sept minutes de « Salwe ») ni l'entregent des musiciens que l'on sent transpirer à grosses gouttes à chaque note jouée (« Tchoule »). Un disque moite et hypnotique. 

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jeudi 5 décembre 2019

Les Amirales : "Mountains"


Mirabelle Gilis (violon), Sarah Petit (chant) et le batteur Guillaume Rossel (Rachid Taha) forment le trio Les Amirales. Tout premier clip du groupe, "Mountains" se situe au croisement de la pop et de l'électro où guitares et sonorités synthétiques constituent le parfait écrin pour la voix ample et spectaculaire de la chanteuse Sarah.En concert le 7/12 aux Transmusicales de Rennes.
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mercredi 4 décembre 2019

Matthis Pascaud, Studio de l'Ermitage, 02/12/2019.


Guitariste émérite, Matthis Pascaud nous a gratifié d'une sublime performance aux confins des genres sur la scène intime du Studio de l'Ermitage. Entouré de son groupe (un saxophone usé d'allure steampunk, batterie et basse), le guitariste nous a livré un concert sur le fil, très doué pour s'approprier à la perfection les codes traditionnels du jazz et du blues (notamment lorsqu'il fût rejoint par le chanteur Hugh Coltman), notamment ceux de la Nouvelle-Orléans qui guident son projet actuel, mais qui n'a pas son pareil pour s'en éloigner également, entraînant la musique vers des rivages progressifs et expérimentaux. Sa guitare se fait alors joueuse détournant le son pour s'éloigner au point de trouver des sonorités originales hors des sentiers battus. Mais comme le prouve la fin du set Matthis sait aussi se jouer du gros son saturé flirtant avec le rock garage. Un talent protéiforme, également au lap-steel (sauf quand ce dernier tombe en panne, c'est ça le blues), donc qu'il convient de suivre avec attention. 

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dimanche 1 décembre 2019

Moon Duo : « Stars are the light »



Nous sommes certains à ce jour que les musiciens de Moon Duo n'ont pas débarqués de la lune, leur musique néanmoins vient d'ailleurs. Un ailleurs que le duo se plaît à imaginer le long de ces huit plages cosmiques et contemplatives, savant alliage de synthés vintages, de guitares déliées et de vocaux éthérés. Ripley Johnson et Sanae Yamada qui composent le groupe ont bien retenu les leçons psychédéliques de leur ville natale de San Francisco mais ont plutôt décidé de garder vivace l'inventivité et la transe de leurs morceaux plutôt que de repiquer les plans de leurs aînés. Point de guitares survoltées ici, ni d'héritage blues ou folk mais des boîtes à rythmes répétitives et des circonvolutions synthétiques analogiques partant dans de folles arabesques psychédéliques. Bien tapie dans le fond, la guitare se coule entre les interstices suivant le fil d'arpèges délicats et de solos étirés au son clair. Avant-gardiste sans avoir l'air d'y toucher, respectueux d'un passé qu'ils cherchent à renouveler, le duo de la lune nous offre une proposition musicale suffisamment affirmée pour planer au-dessus des contingences quotidiennes. Définitivement venu d'ailleurs. 

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samedi 30 novembre 2019

Seratones, Pop-up du Label, 29/11/2019.


La claque du vendredi soir ! Sur la petite scène exiguë du Pop-Up du Label, à deux pas de la Gare de Lyon, les Seratones, groupe venu de Louisiane, ont explosé de toute leur classe dans un exercice périlleux, entre soul et rock garage, à la fois intemporel et respectueux de la tradition mais aussi novateur lorsqu'il s'agît de la trahir pour faire prendre une autre tournure à la musique. Ainsi on oscille entre les genres, quand les claviers prennent plus d'espace, le groupe se retrouve dans un entre-deux soul et suffisamment synthétique pour être original. Mais les Seratones ont aussi les deux pieds bien ancrés dans la terre de leur état natal (La Louisiane) et s'entendent aussi bien en matière de soul sexy et langoureuse que de rock garage gorgé d'électricité. Quelque soit le contexte la chanteuse AJ Haynes irradie de son charisme se mélangeant sans vergogne avec les premiers rangs des spectateurs et voix, dans la lignée de Lisa des BellRays, charme quelque soit le contexte. Magnifique soirée. 

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vendredi 29 novembre 2019

Deadly Shakes



Une ligne de basse énorme, un riff de guitare gras, une batterie carrée et efficace, mais que se passe-t-il ? Il se passe que nous sommes en train d'écouter le nouvel EP de Deadly Shakes, un trio originaire de l'Est de la France. En quatre titres d'équerre, le groupe nous prouve que le rock'n'roll lorsqu'il est joué avec autant de passion reste d'une force de persuasion redoutable ! Car s'il est peu dire que le groupe est efficace (cf. « Reap what you sow ») il ne s'agît là que de la partie visible de l'iceberg. Car c'est sous la couche, épaisse, d'électricité que tout se joue. Là ou le groupe laisse s'infiltrer des manipulations sonores à visée psychédélique (« Living by the river ») qui donnent toute leur substance à la musique du trio. Ne surtout pas se fier à l'aspect brut de décoffrage du disque qui constitue la facette la plus abordable de la chose. Cette dernière n'obère ni la sensibilité (« Left behind » ; « Never Return ») ni l'ambition affichée de ces quatre titres produits avec le plus grand soin. Une belle découverte, en attendant la suite sur long format. 



jeudi 28 novembre 2019

Matthis Pascaud : « Clap Clap »



Guitariste talentueux et collaborateur recherché, on avait pour notre part pu apprécier sa présence aux côtés de Moonlight Benjamin, Matthis Pascaud continue son escapade en solitaire avec ce deuxième album solo. Entièrement instrumental, l'album se situe aux confins du jazz, là où la musique mute sous les coups de boutoirs électriques de sa six cordes inspiré par le contact avec d'autres musiques. Il n'est plus question dès lors de jurer fidélité absolue à un idiome mais de laisser la créativité voguer librement, le swing en ligne de mire (« Bayou »). Afin d'incarner la musique et de palier à l'absence de chant, ce sont les instrumentistes qui récupèrent la mise à force soli, sans jamais abasourdir l'auditeur de virtuosité déplacée. Au contraire, les instruments dialoguent, improvisent renouant ainsi avec une dimension progressive et labyrinthique à la limite de l'expérimentation (les interludes « Clap » qui parsèment le disque). Puissance rock et feeling jazz sont ainsi les deux pôles guidant la musique, transformant cette dernière en matière libre et mouvante. C'est beau. 

En concert le 02/12 à Paris (Studio de l'Ermitage)
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mercredi 27 novembre 2019

Soleil Vert : « Amour Orange »



L'amour est orange, le soleil est vert, la pochette de l'EP est quant à elle résolument jaune ! Pas une mauvaise chose d'ailleurs quand on se rappelle des augures funestes du film de Richard Fleisher du même titre (« Soleil Vert », 1973). Ah les fameuses années 1970, nous y voilà une fois encore ! Il en est vaguement question dans le premier EP du trio qui mélange cette inspiration originelle entre pop (« Amour Orange », « Mirage ») et chanson (« Beirut ») à une dynamique résolument contemporaine et quelques claviers plutôt échappés de la new wave années 80 (« La Préfecture »). En l'espèce cela donne de très belles choses. Un feeling pop intemporel, soigné, ouvragé sur lequel se greffe une basse groove sexy en diable (« Souvenir ») sans se départir tout à fait de ce sentiment doux-amer où la mélancolie côtoie l'allégresse. 

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mardi 26 novembre 2019

Embrasse Moi : « La Marche des morts »



Une pochette aussi sublime et un nom générique, en forme d’intrigante injonction, ne peuvent qu'augurer de bonnes choses ! Dès que résonnent les premières notes de « Tout me parait », qui ouvre ce nouvel EP, la formation enivre l'auditeur l'entraînant sur un chemin escarpé, loin des itinéraires sûrs et bien balisés. Gauche et malhabile, la composition semble comme en suspension ne sachant plus très bien où aller… D'abord perplexe, l'auditeur est finalement séduit, car le charme de la chose réside précisément dans cette démarche claudicante et l'aspect volontairement frugal et minimal de la musique. Réduite autour de l'os sans enluminures, quelques claviers forts en basse, chant éthéré, un peu de guitare et une ossature rythmique réduite au minimum sont les seuls ingrédients. Mais il n'en faut guère plus à ce disque tenant de l'alchimie rare et précieuse. Une véritable proposition artistique, intrigante et mystérieuse… 

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lundi 25 novembre 2019

Lovataraxx : « Hébéphrénie »



Alors que le grondement sourd de la basse s'élève, comme d'outre-tombe, difficile de ne pas penser aux différents artefacts synthétiques de la cold-wave des années 1980. Titre après titre, il semble évident que le duo maîtrise sur le bout des doigts son petit dico eighities/dark de Depeche Mode à Clan of Xymox (« Subjugué », « Prostration ») en passant par The Cure (le riff tournant de « Angst »). Influences largement digérées par le duo qui, sans se départir d'une unité de son synthétique, tente et expérimente, en matière d'arrangements, pour mettre au point une proposition musicale finalement bien plus variée que l'on ne l'imaginait à première vue. Ainsi l'album ressemble à une madeleine de Proust, évoquant de lointains souvenirs de nos premiers émois musicaux, tout en dépassant ces derniers pour un rendu addictif et hypnotique, pop dans son écriture, mais ripoliné d'une couche de noir profond. 

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jeudi 21 novembre 2019

Alexandr : « Surrender »



Si on ignore d'où sort exactement Alexandr, on devine néanmoins où ils ont la tête : dans le son de l'Angleterre de la fin du 20ème siècle entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. L'histoire est bien connue, il s'agît d'un éternel recommencement, c'est pourtant le propre des projets personnels d'instaurer un souffle nouveau dans un monticule d'influences connues par ailleurs. Pour l'heure, la chose se dénomme « Post brit-pop » et, dans les faits, ces quatre titres oscillant entre guitares, boîte à rythmes et couches synthétiques, n'ont de cesse de prendre l'auditeur par surprise, un croche pied par l'arrière bousculant l'auditeur dans ses certitudes. Pop/rock à guitare égarée sur le dancefloor : le groupe a choisi de ne pas choisir. Hédonisme béat (« Neon ») et attaque frontale (« Surrender ») sont les deux mamelles du trio, mené par une basse au groove madchester plus vrai que nature. 
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mercredi 20 novembre 2019

Grèn Sémé : « Poussière »



Trois titres et un remix constituent cet EP, en forme de porte d’entrée, vers le nouvel album du groupe à venir. Et c'est à un étrange mélange auquel on assiste, entre chanson française et musique métissée entre maloya et pop électronique. Une rencontre entre deux mondes, l'Europe et l'Afrique, qui n'oublie cependant pas ses racines le temps d'un « Zénès » à l'acoustique chatoyante. 

En concert le 21/11 à Paris (FGO Barbara)
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mardi 19 novembre 2019

Tio Manuel, Péniche Antipode, 17/11/2019

Tio Manuel, Péniche Antipode, 17/11/2019 (c) RG

A lui seul, le nom de l'endroit, la Péniche Antipode, sonne comme la promesse exotique d'un ailleurs… Quoi de plus indiqué pour la musique de Tio Manuel qui se joue des langues (l'espagnol, l'anglais) ? A défaut de partir pour les Antipodes, c'est donc posé sur l'eau (le bassin de la Villette) que nous assisterons au concert de Tio Manuel. Et pour le coup, la musique de Manuel déborde d'influences plus terriennes (folk, blues, rock'n'roll) que fluviales. Son univers sonore est marqué par le désert, celui qui a vu naître sa famille (l'Andalousie) et qu'il s'amuse à comparer avec celui situé au sud-ouest des Etats-Unis délimitant la frontière avec le Mexique. Ainsi, la musique de Manuel, transpirant la poussière hostile et les cactus, est également la promesse d'un ailleurs pas forcément reluisant. Pour fêter la sortie du nouveau disque, l'artiste a mis les petits plats dans les grands et réuni une formation tip-top pour l'accompagner dans sa ballade sonore. La section rythmique est solide comme le roc, et propose un groove solide et puissant, sans fioriture. Une locomotive parfaite pour les deux guitaristes, Manuel et Gilles, ce dernier pratique de long solos comme autant d'explorations des limites de la pédale wha-wha ; une divagation presque psyché débordante de feeling, qui mélangée avec le bottelneck donnent un résultat pour le moins étonnant. Petit bonhomme râble et empathique, Manuel trouve ainsi l'accompagnement idoine, du stoner au rockabilly, pour son grain de voix rocailleux. L'ailleurs n'est peut-être pas aussi loin que l'on se l'imagine. 



samedi 16 novembre 2019

Bordelophone, Bateau El Alamein, 15/11/2019.


Il faut bien l'avouer, en cette saison les quais de la Seine sont assez ternes, bien moins animés qu'il y a quelques semaines encore alors que l'été brillait de ses derniers feux, voire franchement tristounets, désertiques dans la nuit balayée par la pluie et le vent glacial. Fort heureusement les joyeux drilles de Bordelophone vont, instruments en mains, se charger d'insuffler un peu de vie dans cette morne plaine, sur la scène du bateau El Alamein, une enclave au charme rétro et exotique, posée sur la Seine. A l'avenant du cadre sans âge qui les entoure, les quatre musiciens de Bordelophone nous transportent dans un voyage au cœur du son où se télescopent les genres (pèle mêle le métal, le funk, le reggae, le jazz-fusion) dans un joyeux bordel de façade mais mené de mains de maître, avec un sérieux sens du swing, par la section rythmique (Olivier Michel à la basse, l'extraordinaire batteur Francesco Marzetti). Car il faut un solide sens de la composition, et de la virtuosité, pour se faire cohabiter autant d'influences différentes dans des morceaux aux long cours, complexes, dépassant les dix minutes, empruntant de nombreuses passerelles entre les styles ; incarnés par la guitare (l'excellent Jonathan Baron) passant du gros son aux arpèges délicats. Le tout en gardant un esprit fun et enjoué qui ne prends jamais le pas sur la maîtrise affichée. En résumé, Bordelophone c'est un vent de fraîcheur qui souffle sur le rock. Un groupe créatif et original où les instruments traditionnels du rock (guitare, basse et batterie) cohabitent avec un trombone (tenu ce soir par Axel, un petit nouveau) ; un peu incongru dans le contexte mais qui amène définitivement le groupe vers de nouveaux rivages. Et avec tout ça, nous on a passé une excellente soirée. 



vendredi 15 novembre 2019

Pritchard & Lo : « Rendez-vous Streets »



Comme une lueur dans le noir, l'album scellant la collaboration entre Bill Pritchard et Frédéric Lo fait partie des projets les plus excitants de l'année. Un disque fantasmé dès son annonce et que l'on était impatient de découvrir ! Il faut dire que loin d'arriver de nulle part, la collaboration entre les deux musiciens clôt un cycle entamé il y a trente ans, en 1988, alors que le même Bill Pritchard sortait « Parce que », un album devenu culte enregistré avec Daniel Darc. Une quinzaine d'année plus tard, en 2004, c'est Frédéric Lo qui enregistrait le come-back, triomphal, du même Daniel Darc avec son album, devenu également un classique, « Crève cœur ». Daniel, hélas disparu, la démarche de ses deux anciens amis, apparemment prise sur un coup de tête, prenait soudainement un tour pour le moins émouvant. Et ce n'est pas peu dire que ledit album prend l'auditeur à la gorge dès les premiers accords de la magnifique « Digging for diamonds » qui ouvre les débats. Oscillant entre mélancolie (« Magic Mountain ») et électricité rock savamment dosée (« In Shibuya », la petite bombe abrasive du lot ; « Always » sous influence Velvet Underground) l'album revêt, avec classe et élégance, un costume classique à la fois pop et immédiat. Il souffle un air intemporel sur ce disque, richement arrangé, nourri d'une audace typiquement sixties (« Palace of dreams » ; « Hey Mimsey » ; « Rendez-vous Streets ») mettant particulièrement bien en lumière les qualités de crooner de Bill Pritchard jamais aussi à l'aise que dans un contexte acoustique (« Arts and Crafts»). A noter enfin la participation d'Etienne Daho (qui a également bien connu Bill et Daniel) aux agapes qui illumine « Luck » de sa voix moins basse qu'à l'accoutumée. Un album magnifique qui n'a pas fini de nous réchauffer le cœur alors que pointent les premiers frimas de l'hiver. 

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jeudi 14 novembre 2019

Tio Manuel : « The 7th road »



La « septième route » empruntée par l'artiste n'est autre que le chemin qui mène à ce nouvel album. Une route à ciel ouvert, martelée par le soleil, poussiéreuse, bordée de cactus sous un bleu céruléen. Le décor est posé. Le guitariste y vagabonde en compagnie de ses partenaires dans le crime, se plaisant à redessiner à sa guise le fameux crossroad, le point de croisement entre blues, folk et rock'n'roll. Du pain béni pour Tio Manuel et sa voix rocailleuse dont le vécu fait résonner les cordes vocales. Entre anglais et espagnol, les deux langues utilisées sur le disque symbolisant le point de rencontre de deux cultures que l'on se plaît à opposer, l'illusion est parfaite ; quand bien même l'album fût conçu en plein Paris ! Alors qu'il renoue avec l'électricité, la musique de Tio Manuel, gagne une épaisseur supplémentaire. Hypnotique et captivant, le groupe déroule le tapis de sons, laissant le temps nécessaire (souvent autour des cinq minutes) aux compositions de s'épanouir pleinement, entraînant l'auditeur dans la spirale tournoyante tout en prenant, à l'occasion, la tangente inverse (le rockabilly tenace de « Skinny Girl », « San Jose Junction ») vers un rock vivifiant. C'est un véritable plaisir que de vagabonder, en musique, en compagnie de l'artiste le temps de l'écoute. 

En concert le 17/11 à Paris (Péniche Antipode - 18h30)
http://tio-manuel.com/
https://tiomanuel.bandcamp.com/


mardi 12 novembre 2019

James Eleganz : « The only one »



Le Breton, ancien leader de Success, revient du mythique studio Rancho de la Luna, perdu en plein désert californien, un nouvel effort en solo sous le bras. Un exil pour le moins fructueux tant il n'est pas exagéré d'affirmer que ledit album est sublime. Sur place, le chanteur a croisé quelques musiciens et autant de CVS prestigieux, Toby Dammit (ancien batteur d'Iggy Pop et de Jessie Evans) qui a produit le disque, Mike Watt (ex bassiste des Minutemen qui a également frayé avec les Stooges) et Larry Mullins ; tous partie prenante de l'enregistrement, qui ont su faire passer un cap à l'artiste et donner un irréfutable cachet aux chansons. Frappées du sceau de l'authenticité, de ballades crépusculaires (« Lasso the moon ») aux échos fantomatiques et baroques (« Forgive me, forget me ») au rock'n'roll tendu et mordant (« Consolation ») ; le souffle chaud du désert souffle à travers les enceintes, dans la moindre note de piano, à chaque corde de guitare slidée ou dans le rythme délicat de la batterie (« Better man » ; « Every time I'm with you »). A l'unisson des musiciens, et comme possédé par la magie des lieux et des sons, les qualités de crooner d'Eleganz sont particulièrement bien mises en exergue quelque soit le contexte. De la haute voltige dans le ciel céruléen californien. 

lundi 11 novembre 2019

KO KO MO : « Lemon Twins »



On appelle cela le changement dans la continuité. Pour son deuxième album, les Nantais de KO KO MO ne révolutionnent pas la donne, restant dans la continuité de leurs influences heavy rock seventies, mais ajoutent de nouvelles couleurs (le jaune!) à leur palette enrichissant considérablement leur univers. Ainsi la première piste de l'album, « The Lemon Twins », en déstabilisera probablement plus d'un, intégrant, harmonieusement, des sonorités électroniques (en lieu et place de la basse) à leur gros son enivrant et son lot de guitares déchaînées et de break de batteries dévastateurs (« So down » au pont presque hip hop). Car, de tout ce carambolage de sons, une évidence ressort : KO KO MO est un formidable groupe rythmique, prêt à toutes les expériences pour faire se déhancher le public (« White House blues »). Un disque exaltant bousculant les sens de l'auditeur au milieu duquel la très douce « Ready for the storm » apparaît comme une pause bienvenue. Signalons enfin pour finir la magnifique participation de Leila Bounous dont le chant en langue arabe apporte une effluve supplémentaire et différente, rappelant les expérimentations arabisantes de Page & Plant dans les années 1990 alors que le reste de l'album évoque plutôt Led Zeppelin ("Shake off your fear"). Recommandé. 





dimanche 10 novembre 2019

(ThisIs) Redeye : « Desert Eyes »



Musicien français ayant grandi au Texas, Guillaume Fresneau, aka (ThisIs) Redeye et anciennement Redeye, revisite son passé le temps de ce nouvel album. Un disque en forme de passerelle vers un désert fantasmé prenant une forme musicale inattendue. Point de rock stoner ici, ni de guitares grasses revisitant le blues sur un mode rock heavy seventies. Petite perle mélodique, entre pop et folk, ce nouvel effort est comme le miroir déformant du musicien porté sur son passé. Nourrie d'influences américaines (cf. « Faded ! ») où les guitares acoustiques se taillent la part du lion, la proposition musicale est pourtant d'une élégance toute européenne, pop ourlée et délicate, se teintant parfois d'une pointe d'expérimentation à base de claviers psychédéliques sans artifices vintages (cf. « Under the waterline » ; « Pounding Heart » ; "Sons & Daughters"). Le tout sied particulièrement bien à la voix et au chant de gorge, grave, qui sonne, pour le coup, comme burinée par le vent chaud et le sable du désert (« Desert Eyes »). Intemporel, classique et immédiat. 





mardi 5 novembre 2019

SBRBS : « By lust and gold »



C'est un sentiment finalement assez rare qui nous habite à la découverte du premier EP du trio rennais. Celui de tomber sur une pépite qui transforme l'écoute en expérience addictive faisant frissonner l'échine. Car si le groupe ne propose rien de bien expérimental ou d'inédit, ce dernier a le bon goût de le faire avec force persuasion rendue en un geste musical précis, pointu et exigeant. Des mélodies pop traitées sur un mode stoner, cela donne des guitares lourdes et traînantes, dont les ruades n'ont de cesse de trimballer dans la poussière de gentilles mélodies. Il se dégage quelque chose de lancinant et d'hypnotique de cette première livrée qui accroche immédiatement l'oreille dans le juste milieu, ni trop agressif, ni trop peu. C'est une réussite ! 
https://fr-fr.facebook.com/sbrbstheband/



lundi 4 novembre 2019

Seratones en concert le 29/11


Le quintet louisianais sera sur la scène du Pop up du label le 29 novembre prochain pour présenter son deuxième album, "Power", aux accents soul traditionnels traversé d'éclairs expérimentaux et synthétiques.

Event Facebook
http://www.seratones.band/
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dimanche 3 novembre 2019

Virginie Seghers : « Echos d'ateliers »



Auteur, compositrice et interprète, fille de l'éditeur et poète Pierre Seghers, Virginie Seghers à découvert l'imprimerie Mourlot, sise à Paris, Montparnasse, en compagnie de ses parents. Toujours active, l'imprimerie Mourlot est devenue l'atelier d'art IDEM dans le courant des années 1990. C'est après une visite dudit atelier qu'est né ce livre-disque, qui constitue son troisième album, nourri par les nombreux souvenirs d'enfance de Virginie ; une enfance bercée par l'amour de l'art, des lettres et du beau papier, soit les ingrédients de ce nouvel effort. Les pages de ce magnifique ouvrage et les chansons composant le disque se répondent ainsi dans un dialogue nostalgique entre les arts qui sied particulièrement bien à l'orchestration acoustique un tantinet jazzy, tantinet tzigane, choisie par l'auteure. Il s'échappe ainsi de l'acoustique un sentiment d'intimité prégnant avec la musique qui se prolonge au contact des pages de l'ouvrage magnifiquement illustré de photos et de lithographies signées Jean-Michel Alberola, Titouan Lamazou (l'ancien navigateur devenu peintre), David Lynch (le cinéaste) ou Nicolas Vial ; autant d'artistes habitués de l'IDEM. Echos d'Atelier est le genre d’œuvre avec laquelle le contact est charnel. Le doux contact du papier sous les doigts, alors que tournent les pages, permettent de renouer avec cette dimension tactile qui nous fait tant défaut en ces temps numériques. Le temps d'écoute et de lecture offre ainsi une pause bienvenue dans cette marche forcée généralisée vers le digital. Et cela fait un bien fou ! 
Editions Idem Paris - 35 €
https://virginiesegherschante.fr/

vendredi 1 novembre 2019

Hannah Williams and The Affirmations : « 50 foot woman »



Ce deuxième album de la chanteuse britannique s'impose, par sa qualité et sa facture, comme l'événement soul, un véritable coup de cœur, de l'automne et c'est une divine surprise. Toujours entourée d'une large formation (guitare, basse, batterie, claviers, cuivres et chœurs) la chanteuse est passée sous les fourches caudines du producteur étasunien Shawn Lee qui s'est évertué par tous les moyens possibles de retrouver le goût, la touche magique des années 1960, sous influence Stax et Motown, bien que mû par une dynamique tout à fait moderne. Et le résultat est à la hauteur des espérances les plus folles et l'égal des productions des labels de Brooklyn Daptone ou Big Crown (Lee Fields). Des les premières mesures du groove puissant, à l'esprit assez rock, du morceau titre, l'auditeur est emporté dans la faille temporelle et qu'est-ce que c'est bon ! Du songwriting malin et efficace (le hook de « I can't let this slip away » est irrésistible) à défaut d'être foncièrement original Un petit détour par le blues (« Tablecloth »), puis le jazz (la formidable "I feel it") et un virage deep soul plus tard (« Sinner ») et l'affaire est dans le sac ! La chanteuse module sa voix à l'envi en fonction des ambiances, assez variées mine de rien, faisant montre de ressources insoupçonnées nichées dans le fond de la gorge. Le tout est efficace et entraînant. On doute qu'Hannah Williams mesure effectivement 50 pieds (environ 15 mètres), mais cela ne change rien à la stature géante que la chanteuse est en train de se bâtir. La formation devrait faire des ravages sur scène. 

En concert le 26 novembre à Paris (New Morning)
https://hannahsoulwilliams.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/HWAffirmations/


jeudi 31 octobre 2019

Fiona Monbet, La Cigale, 30 octobre 2019.


Talentueuse et décidée, Fiona Monbet a pris d'assaut la scène de la Cigale, entourée de son grand orchestre, devant une audience conquise qui lui a réservé un accueil de rock star, plutôt inhabituel, contrastant avec l'ambiance d'ordinaire feutrée d'un concert mi-classique / mi-jazz. La soirée montre toute l'étendue du talent de l'artiste aussi à l'aise à la direction de l'orchestre que son violon fétiche en main. La soirée commence par une pièce formidable évoquant la bande son d'un vieux film muet hollywoodien, différents mouvements entre musique classique (un grand orchestre l'accompagne sur scène, cuivres et vents) et jazz. A la direction, Fiona se révèle totalement habitée par la fonction, accompagnant de pas de danse ses mouvements de mains. Ainsi, la soirée met en exergue, au travers de cette création originale, ses deux carrières parallèles dans le classique et le jazz. Les compositions naviguant d'un style à l'autre, entre le swing de son quintet jazz (guitare, claviers, basse et batterie) et la majesté du grand orchestre. Les pièces prennent ainsi des directions inattendues l'orchestre appuyant avec emphase certains mouvements. Dans ce contexte la batterie apporte un véritable plus, tant l'instrument est rare dans l'orchestration classique, un supplément de vie et de swing. Violon en mains, Fiona ajoute une note supplémentaire s'aventurant dans les sonorités celtiques et Irlandaises faisant ainsi honneur à son ascendance. Superbe soirée ! 


dimanche 27 octobre 2019

Fun Fun Funeral : « Everything is ok »



Derrière sa pochette magnifique signée Valentin Lergès, se cache un bien intriguant objet, le premier album du duo franco-britannique composé de Dean Spacer et Clément Sbaffe. A l'image de son patronyme, entre amusement (fun) et deuil (funeral), le duo accouche d'un disque fuyant, aux contours mouvants dont on a du mal à saisir les aspirations. Le disque résulte d'une période de quasi-retraite dans une petite chapelle sise dans la Manche transformée en bulle de créativité débridée, entre moyens limités, lo-fi, et bricolage. Ainsi il est parfois difficile de saisir la direction qui a précédé à la chose (si toutefois il y en a une). Les voix hauts-perchées et la guitare folk, triturée autant que faire se peut et même au-delà, constituent l'épine dorsale. C'est autour que les choses se compliquent. Boîtes à rythmes, synthés, instruments jouets et autres objets détournés de leur usage premier constituent l'instrumentarium utilisé par les deux compères. Guidés par la volonté de sortir des sentiers battus, le duo triture à l'envie ses compositions entre folk lo-fi et pop. On ne compte plus les changements de direction au sein du même morceau, les virages et autres embardées. A l'autre bout du spectre l'auditeur, pour le moins étourdi, ne sait plus trop à quel saint se vouer. On salut ainsi la créativité du duo et l'effort d'inventivité. Mais pris tel que, sans trop de recul, avouons-le, l'album cristallise la frustration d'un univers dans lequel il est difficile de pénétrer. 

https://funfunfuneral.bandcamp.com/
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samedi 26 octobre 2019

Dirty Sound Magnet : « Transgenic »



Par opposition aux couleurs chatoyantes qui orne sa pochette, le trio suisse donne de nouvelles couleurs, plutôt sombres pour le coup, à la scène psychédélique se référant autant au passé qu'il cherche à se démarquer des années 1960. Il en résulte un album aux préoccupations très actuelles (« Hashtag Love », le diptyque « Social media boy » / « Social media girl », « Transgenic ») à l'avenant de leur proposition musicale qui retient du passé l'esprit aventureux plutôt que la fidélité absolue à l'idiome fantasmé. Pour autant point de virage électro à l'horizon (No synth used on this record affirme fièrement le livret) mais un bricolage malin et ingénieux, œuvre d'un trio de freaks/geeks qui aurait mis la main sur le stock de pédales d'effets du voisin. A la fois classique dans le fonds (on y entends guère que de la guitare, de la basse et de la batterie) mais totalement original dans la forme le trio entraîne l'auditeur sur des sentiers escarpés, de la distorsion à tous les étages, dont on ressort étourdis par l'audace formelle du trio, son sens de l'écriture mais aussi cet art de vitrioler ses compositions à grandes lampées de sons sortis d'on ne sait où, signant l'œuvre d'un trio de cerveaux vrillés. Un vent nouveau souffle sur la scène psychédélique, celui du 21ème siècle. A noter pour finir le sublime artwork, signé du batteur Maxime Cosandey, ajoute au plaisir d'écoute. 

http://dirtysoundmagnet.com/
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vendredi 25 octobre 2019

Iguana Death Cult : « Nude Casino »



Lors du long cheminement qui mène à la formation d'un groupe de rock'n'roll, la question patronymique se pose forcément à un moment ou à un autre. Note à tous les jeunes groupes en gestation : n'importe quel nom contenant les termes « death » ou « cult », fort de précédents célèbres est cool, si on y ajoute, en sus, une référence à l'Iguane (Iggy Pop, la rock star ultime) alors la chose devient férocement cool. Ainsi, de fil en aiguille, lorsque le disque arrive dans la boîte aux lettres du chroniqueur, avant même d'avoir entendu la moindre note, la curiosité est attisée. Et la chose se confirme bien rapidement alors que les premières notes s'échappent des enceintes. Venu des Pays-Bas, Iguana Death Cult remporte l'adhésion, avec ce deuxième album, grâce à une juxtaposition d'éléments constitutifs du rock'n'roll. Ainsi la chose commence avec un riff de guitare twang entre garage psychédélique et surf (« Nude Casino »), classique et efficace, dans une irrésistible veine sixties automatiquement addictive. A ce premier niveau s'ajoute la voix, les paroles scandées, dans un esprit plus punk, assez incongru dans le contexte mais le mariage des styles fonctionne de manière assez harmonieuse. Quelques pistes plus loin (« Carnal Beat Machine ») le disque prend une autre tournure, ligne de basse sèche et énorme, d'obédience cold, et quelques claviers épars plus eighties (« Half Frysian ») ; nous voilà bien loin de l'ambiance sixties qui ouvrait l'album à peine quelques minutes plus tôt. Que s'est-il passé entre temps ? Aucune idée mais l'auditeur est transporté par l'énergie qui, elle, reste identique quel que soit l'emballage mélodique (« Tuesday Lament »). Seule explication possible, le disque est une formidable machine à remonter le temps, une spirale infernale dont on ressort exsangue avec, pour idée fixe, de recommencer l'écoute depuis le début. Excellent ! 

https://fr-fr.facebook.com/iguanadeathcult/
https://iguanadeathcult.bandcamp.com/



jeudi 24 octobre 2019

Theo Lawrence : « Sauce Piquante »



Ce nouvel album de l'ex-leader des Velvet Veins marque une évolution sensible de sa musique. Séparé (temporairement?) de son groupe The Hearts, Theo retourne en cuisine nous mitonner une savoureuse « Sauce Piquante ». Une décoction goûteuse dont on tente de retrouver la recette suivant une piste qui nous mène immanquablement au sud des Etats-Unis, territoire fantasmé de l'artiste, où le disque a en partie été enregistré (à Valdosta, dans le sud de la Géorgie). D'où ce délicieux goût à l'oreille où se mélangent harmonieusement arpèges folk (« Judy doesn't live there anymore »), country (« Come on back to my love »), cajun (« Petit Cœur ») et tex-mex (« In the back of my mind »), le tout formant un tout nouveau terreau où peut s'exprimer à plein le goût du musicien pour la ballade (« Evangeline »), un genre qui sied si bien à sa voix idoine de crooner. Moins soul dans sa forme mais toujours aussi soulful, la musique de Theo déborde de ce charme, non pas vintage mais intemporel, tout au long de ce somptueux album finalement plus doux-amer que piquant. Une superbe réussite ! 
https://fr-fr.facebook.com/theolawrencemusic/



mardi 22 octobre 2019

Fiona Monbet : « Contrebande »



Violoniste de formation classique, également chef d'orchestre, Fiona Monbet s'est entouré d'une formation plutôt typée jazz (contrebasse, guitare et accordéon) pour l'enregistrement de cet album, son deuxième. Le jazz, un genre musical qu'elle visite en contrebandière. Car, en dépit des quelques accents manouche, violon oblige, celtiques, voire latins -cf. l'accordéon qui nous rapproche du tango- qui parsèment ça et là le disque, c'est bien à la naissance d'un idiome, quasi-inédit, à laquelle nous assistons ébahis, l'apparition d'une nouvelle grammaire dont le présent album serait le faire-part, à mi-chemin du classique et du jazz. D'autant plus qu'à l'exception de deux reprises, la totalité du répertoire est signé de la main des musiciens jouant sur le disque. Il ne nous reste plus dès lors qu'à nous caler confortablement dans un fauteuil moelleux à souhait pour profiter de la virtuosité des musiciens, de leur geste précis et classieux, et, au-delà, de la variété de climats que la formation, serrée, réussit à installer faisant par là-même pénétrer l'auditeur dans l'intimité de la création. Et l'écoute se révèle particulièrement relaxante. 
En concert le 30/10 à Paris (La Cigale) https://www.fionamonbet.com/

lundi 21 octobre 2019

Maya Kamaty : « Pandiyé »


Ce deuxième album de la chanteuse réunionnaise sort après une longue période de silence, cinq ans, mise à profit pour revoir en profondeur sa démarche musicale. Car, au-delà de la sortie de seul disque, Maya tente de bâtir véritablement une œuvre et semble décidée à assumer jusqu'au bout la prise de risque intégrant de nombreuses sonorités électroniques, plutôt occidentales, à l'acoustique chatoyante du maloya, une sorte de blues réunionnais, qui faisait le charme du premier album. Le risque étant grand de se perdre en route dans le dédale électronique. Et pourtant l'identité du groupe en ressort encore renforcée, car si l'enveloppe change, les musiciens sont restés les mêmes et ont fait évoluer leur pratique en même temps que la musique du groupe. Plus électronique, certes, le fond de la démarche est resté le même, préserver la culture maloya pour éviter à cette dernière de tomber dans l'oubli, ainsi, la musique laisse beaucoup d'espace à de nombreux instruments traditionnels acoustique, dont certains n'avaient jamais été utilisés jusqu'alors par la chanteuse. Gumbass, takamba (qui rappelle le n'goni africain soulignant au passage la proximité entre Afrique et créolité), tambours, kayamb et autres roulèrs. Loin de dénaturer le maloya, ce délicat mélange entre électronique et acoustique, renforce l'âme, lui conférant un supplément d'ambiance, de ce bel album « pandiyé » (suspendu). 
En concert à Paris (Pan Piper) le 17/11 (17h30) 
https://www.facebook.com/MayaKamaty/



dimanche 20 octobre 2019

The Grasslers : « Bluegrass Time Machine »



Figuré sur le cédé par un magnifique mécanisme horloger, d'esthétique steampunk, cet album des Grasslers est, en soi, un machine à voyager dans le temps. Mais la musique est-elle le meilleur, sinon le seul, moyen de voyager dans le temps ? On n'a pas fini de se poser la question à l'écoute des 13 reprises qui composent le disque. Chipées chez quelques grands noms - Bruce Springsteen («Dancing in the dark »), Nirvana (« Smells like teen spirit »), les Beatles (« Norwegian Wood »), The Clash (« Should I stay ») ou Sting (« Every breath you take ») - les chansons sont réinterprétées suivant le style bluegrass, la country des collines, joué uniquement sur des instruments à cordes (en l'espèce, guitare, violon, contrebasse, banjo, mandoline et, éventuellement, un peu d'harmonica). Une démarche qui n'est pas sans rappeler les Hayseed Dixie, un autre fameux groupe de reprises. Décalées (« Get Lucky » de Daft Punk), rigolotes, ludiques et, toujours, excellentes, les reprises choisies font preuve d'un impeccable bon goût (encore que, Daft Punk…) et permettent à l'auditeur de revisiter son enfance et/ou adolescence à travers cette sélection de tubes qui a marqué bien des générations. A noter enfin, « Personal Jesus » de Depeche Mode, dont Johnny Cash avait, en son temps, déjà livré une version faisant autorité. Prêts pour le voyage dans le temps ? 

https://thegrasslers.net/
https://fr-fr.facebook.com/thegrasslers/



samedi 19 octobre 2019

Malted Milk : « Love, tears & guns »



Tout commence par un choc visuel, un artwork coup de poing, dont la violence potentielle (l'arme braquée pleine face) est désamorcée par une tache rouge, figurant l'explosion, en forme de cœur. Le titre de l'album « Love, tears & guns » trouve ainsi une parfaite illustration. Prise dans son ensemble, la pochette rompt les codes classiques de la soul vintage. Une démarche qui se prolonge sur disque, en musique, tant le groupe a élevé son niveau de jeu, déjà fort impressionnant par le passé. Dans la foulée de la magnifique collaboration avec la chanteuse Toni Green (lire ici) le groupe fait tout pour s'élever au-dessus du tout venant, sortir du carcan vintage que le groupe avait fait sien jusqu'ici pour viser l'étage du dessus, l'intemporalité, là où les références s'effacent devant les qualités d'écriture et de production. Ce ne sont pas les cuivres et autres vents convoqués ici qui nous contrediront, le son est certes influencé par celui d'hier (la blaxploitation "Branded by your love") mais est bel et bien d'aujourd'hui et sera, gageons-le, encore prégnant demain. Le falsetto dévastateur du chanteur et guitariste Arnaud Fradin a trouvé un bien bel écrin soul mais également blues (« Daddy has a gun »), folk (« Pay day »), reggae (« Children of the world »), ou disco/funk (« Money »). Une diversité d'influences qui ne nuit pas à la cohérence du tout, c'est là le tour de force réalisé par les Nantais sur ce magnifique nouvel album. 

https://www.malted-milk.com/
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https://twitter.com/maltedmilkmusic