mardi 31 juillet 2018

Guillaume Fontaine : « Le complexe du zèbre »



Il serait trop simple de ne voir qu'en Guillaume Fontaine un énième avatar de l'éternel revival des années 1980. Certes à l'écoute, les souvenirs de l'époque affluent et il ne fait aucun doute que la New rave a laissé une marque indélébile chez le chanteur que l'on perçoit dans le son cristallin des synthés que l'on imagine d'époque. Mais à cette patine nostalgique, attendue mais attachante à défaut d'être originale, Guillaume ajoute une touche de rock par le biais de guitares tranchantes (« Le dernier fossoyeur ») voire franchement Heaviside (« C'est quoi ce cirque ») et un peu de noirceur perceptible dans le chant maniéré et dans la toile hypnotique de ces synthés froids patiemment tissée (« Je n'irai pas me battre », « Ma Reine ») et qui finit par encercler l'auditeur. Produite avec un soin manique, la musique et les mots profonds et lourds de sens (« La mort du philosophe ») de Guillaume Fontaine finissent par emporter nos suffrages. A découvrir… 

https://ptprecords.bandcamp.com/album/la-complexe-du-zebre


lundi 30 juillet 2018

The Beach Boys with the Royal Philarmonic Orchestra



Que les fans les plus impatients calment leurs ardeurs. Il ne s'agît là ni d'un album instrumental, ni même d'un disque de reprises et encore moins d'un nouvel album. Plutôt un disque hybride (voix d'époque et nouveaux arrangements philharmoniques), qui a tout du best-of pour béotiens, couvrant l'essentiel de leur carrière partant du groupe rock’n’roll des débuts, inspirés par Chuck Berry (la bien nommée « Fun fun fun ») à la formation pop à la mélancolie transperçante (« Wouldn't it be nice », « God only knows ») en passant par le franchement anecdotique (« Disney Girls », « Kokomo », sérieusement?) Ceci étant posé, alors ces nouveaux arrangements ? Assez mitigés dans l'ensemble… L'ensemble philharmonique apporte un supplément majestueux qui cadre assez bien avec l'ambition démesurée de Brian Wilson (« Heroes and Villains », « Good Vibrations »), de la fin des années 1960 et renforce encore un peu la mélancolie, déjà prégnante à l'origine, des morceaux (« God only knows », « Sloop John B », « California Suite », « California Girls », « Wouldn't be nice »). Sur « Fun, fun, fun », l'orchestre apporte un nouveau regard sur le titre sous la forme d'un décalage amusant avec les guitares rock’n’roll inspirées par Chuck Berry. Un disque assez agréable dans l'ensemble, quoi que assez anecdotique dans le fond, même s'il est entendu que l'on parle d'une formation majeure de l'histoire de la pop, ce que personne ne contestera.

dimanche 29 juillet 2018

The Sloths : « Back From The Grave »




De retour de la tombe, en voilà une histoire qu'elle est bonne ! C'est dans un garage de Los Angeles que s'est formé le groupe, comme tant d'autres, en 1964. Cinquante-quatre ans plus tard ils sont de retour avec leur premier album (comme ils le chantent eux-mêmes, j'ai survécu à mes 27 ans, ah ah!). Le groupe s'est séparé après un premier 45 tours « Makin'love » qui n'avait pas rencontré le succès. Des années de silence et d'oubli plus tard et « Makin'love » réapparaît sur une compilation intitulée « Back from the grave ». Le pressage original du disque atteint alors des sommes folles sur internet (6,500 $ en 2011) et le groupe, auréolé d'une réputation de trésor perdu du garage-rock, décide, l'année suivante, de se reformer pour quelques concerts. Quelques shows qui ont eu le mérite d'inoculer le virus du rock chez ces vétérans toujours aussi verts. Au-delà d'un disque formidable, c'est un véritable voyage dans le temps qui est proposé à l'auditeur : « One way out », « Gotta get fired », des quasi-retraités qui chantent les diverses frustrations de l'existence, avec beaucoup de recul et d'auto-dérision, la voix marquée par les caprices du temps qui passe, c'est un grand moment ! Jubilatoire ! Le disque est aussi un sommet de guitares rageuses (« Lust », « Never enough girls ») marquées par Détroit (Stooges, MC5). On pense aussi à leurs contemporains (Seeds, Sonics, Remains, Standells) qui revivent un peu à travers eux. Mention spéciale pour le morceau country-western « Haunted » qui prouve que la formation peut également exister sans amplification démentielle et pour le blues, toujours une preuve de bon goût, « Before I die ». The Sloths sont donc sortis de la tombe pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Un album addictif. 

https://www.thesloths.org/
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samedi 28 juillet 2018

Jamie Gallienne : « Under the radar »



Angevin, né d'un père britannique, Jamie Gallienne a le profil du suspect idéal pour incarner ce rock français qui se rêve en anglais tout en étant bien incapable de maîtriser la langue. Point d'accent ridicule, c'est déjà un (très) bon point pour commencer. Ensuite, pour ce qui est de la musique, Ken Stringfellow (The Posies, REM), rencontré à l'occasion d'un tribute à Elliott Smith et producteur ici, a délimité un pré-carré idéal pour le jeune homme : du rock au nord, de la pop au sud, un rond-central psyché (« Bad Fluid ») pour encercler le tout et notre Jamie au milieu pour incarner tout cela. Et plutôt bien au demeurant. Les guitares sont agressives, mais pas trop, juste suffisamment pour rentrer dans le costume pop (« Brighter Days », « Brain Twister », « Sophisticated Animal ») et faire un peu de place pour une approcher tour à tour planante teintée de psychédélisme (« Key man », l'addictive « Busy bee », l'excellente « Sisco bay », « Free Electron ») ou plus funky (« I love to see you dance »). D'apparence modeste, la chose s'avère finalement rafraîchissante. A l'heure où les groupes se disputent la palme du vintage, Jamie, lui poursuit sa route, les influences des années 60 et 70 parfaitement assimilées et digérées dans un contenu original. L'album est comme un poison qui se distille lentement dans les oreilles de l'auditeur et ce n'est qu'après quelques écoutes que l'on saisit pleinement toute l'ampleur sonore de la chose et le brio dont le disque fait preuve. De la belle ouvrage… 

https://www.jamie-gallienne.com/
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vendredi 27 juillet 2018

The Kinds : « What do we know ? »


Alors que le trois s'impose comme le chiffre magique du rock, eu égard aux nombreux power trio qui ont émaillé l'histoire du rock, The Kinds, dont le premier EP est sorti au printemps dernier, reprend l'équation à son compte. C'était attendu, ce premier disque offre son lot de riffs de guitares acérés (« Walk and fly ») dopés par une section rythmique de feu, illustrant la symbiose parfaite du trio survolté. Ce qui est moins attendu, c'est l'habillage qui entoure le trio, les arrangements électro (cf. la très brève « Blinded ») qui ne dénaturent pas la nature intrinsèquement rock de la chose, mais lui donnent de nouvelles couleurs évoquant tour à tour la cold wave (« In a fight ») ou le space rock progressif (« Here I stand »), dans une sorte de grand écart musical schizophrène (« Prod 7 »). Dans les meilleurs moments, le groupe réussit a étreindre l'auditeur dans une bulle cotonneuse aussi étouffante qu'inquiétante (« Fear is nothing »). On se demande bien ce qu'ils nous réservent pour leur premier album… 

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jeudi 26 juillet 2018

Scandale ! #1



Derrière le patronyme, absolument scandaleux, se cache un duo à l'histoire rocambolesque. Deux individus, Mounir et Ben, deux ex de la même femme. Forcément une situation tendue qui a, d'après ce qu'en dit le communiqué de presse, occasionné son lot de bagarres et autres explications mais qui a, surtout, donné naissance à un groupe ! Aujourd'hui sort leur premier EP, six titres naviguant entre électro et guitare électrique chantés en français. Assez joueur, le duo se révèle assez funky (« Histoire », « Est-ce que tu sais ? ») et d'obédience pop. Et pourtant dans une sorte de schizophrénie créative, la musique, enjouée, est mise au service de textes touchants (« Ce soir ») aux refrains assez sombres (« Ce soir je vais me foutre en l'air, c'est pas comme si j'avais mieux à faire »…) « Automne » et « Tout est pardonné » donnent un nouvel angle d'écoute plus atmosphérique, dégageant un sentiment mélancolique, apportant de la profondeur à cette affaire pas aussi désinvolte et joyeusement anecdotique qu'on le pensait de prime abord. Placés en clôture « Tout est pardonné » et « On verra ça demain » terminent l'EP sur une note positive. Comme ils le chantent eux-même, « Parce que l'été arrivera (...) Soyons en paix ». 


mercredi 25 juillet 2018

Dudes of groove society « Donut »



Intitulé « Donut » le nouvel EP de la formation strasbourgeoise porte bien son nom. En effet, c'est à une délicieuse dégustation à laquelle nous sommes conviés le temps de ces cinq plages. Partant du principe que le revival soul 60s à la Daptone est un brin encombré ces jours-ci, le groupe d'organiser un revival à sa manière croisant funk et hip-hop grâce à un chanteur à l'aise dans les deux genres et dans plusieurs langues. Et l'amalgame fonctionne au-delà des espérances entre guitares wha-wha survoltées croisant le fer avec des scratches furieux et une section de cuivres sous haute tension ("Mead"). « Quero viver perto do mar » ajoutant même une touche latine à la recette alors que "Mirror" joue une carte plus atmosphérique, faisant preuve d'un magnifique éclectisme. Voici en tout cas une magnifique friandise à croquer tout l'été, la saison idéale pour ce genre de sucreries. 

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https://dudesofgroovesociety.bandcamp.com/

lundi 23 juillet 2018

Helluvah : « Echo Valley »



Du folk au post-punk Helluvah a toujours préféré le fond à la forme. Peu importe le style, il est surtout question de ressenti à l'écoute d'un nouvel effort de la chanteuse. Enregistré dans la foulée d'une tournée aux Etats-Unis, Helluvah nous transporte sur place, « California Sun », « Early Days », les meilleurs titres de cette nouvelle fournée, fidèles aux racines folk de la chanteuse qui s'enrobent d'une étonnante touche électro pop suffisamment éthérée pour évoquer les grands espaces (« Let it go »). Pas forcément évident de faire le lien entre les différentes compositions, très variées, et le saut entre les langues, puisqu'elle chante également en français pour la première fois (« La fête » en ouverture du disque) la voix si caractéristique et maniéré de la chanteuse s'imposant comme le chaînon manquant dans cet univers multi-facettes. 

https://fr-fr.facebook.com/helluvahmusic/
https://helluvahmusic.bandcamp.com/

vendredi 20 juillet 2018

Fabulous Sheep

POUR PARTICIPER AU CROWDFUNDING DU PREMIER ALBUM DE FABULOUS SHEEP C'EST PAR ICI :





jeudi 19 juillet 2018

Alexandre Nadjari : « Chambre Noire »



Après deux albums, en anglais, sous le nom de Yalloh, salués par la critique, Alexandre Nadjari, change tout ! Le voilà de retour, sous son vrai nom, et chantant dans sa langue maternelle. Probablement la dernière étape de l'émancipation de l'artiste qui a abandonné une fructueuse carrière professionnelle et une vie confortable pour s'adonner au démon de la musique. Et puisqu'il question de musique, celle d'Alexandre est tout simplement belle. Intrinsèquement mélancolique, la qualité d'écriture d'Alexandre fait que ces cinq titres auraient déjà constitués un excellent effort joués seuls au piano où à la guitare sèche. Mais le magnifique travail de production et d'arrangement, signé Séverin et André Baille Barrelle, fait prendre à l'affaire une toute autre tournure lui confèrent un aspect pop et aérien, convoquant de nombreux souvenirs de la pop 60s évanescente : un son de basse chaud et rond qui se conjugue à la perfection avec le groove feutré de la batterie, les arrangements au clavier (un mellotron probablement vintage) jamais intrusifs, toujours à bon escient et une note baroque au thérémine parachevant magnifiquement le tout. Seul petit bémol la tonalité automnale de l'ensemble un peu contraire à la saison mais qui tombe à pic puisque cet EP constitue un avant-goût d'un futur album, ambitieux vu les hauteurs tutoyées ici, annoncé pour la fin de l'année. Vivement la suite ! 

http://fr.alexandre-nadjari.com/
https://www.facebook.com/Alexandre-Nadjari-Yalloh

mercredi 18 juillet 2018

Billet d'Humeur : « 24 Clara »


Un tiers de soul, pour le chant choral à plusieurs voix (en français), un tiers de pop pour les compositions et un tiers d'électro pour les arrangements, c'est le savoureux cocktail mis au point par Billet d'Humeur. Une manière de soul du 21ème siècle passée par un filtre dance à l'image du premier titre « 24 Clara » qui débute à cappella (façon Bobby McFerrin) avant que l'implacable beat ne se mette en place. Pas sûr que l'on adhère à la formule, pas assez roots pour notre goût personnel, sur la longueur d'un album, mais, en attendant, force est de constater que sur ces trois titres, l'amalgame fonctionne sur du billard. Une affaire qui roule en attendant la suite avec curiosité...

https://fr-fr.facebook.com/billetdhumeurofficiel/

mardi 17 juillet 2018

Bosco Rogers : « All Wet »



C'est l'été et il grand temps pour nous de trouver la bande-son adéquate. A ce petit jeu le duo Bosco Rogers, qui nous avait déjà charmé avec son premier album, est bien placé pour décrocher la timbale ! Toujours aussi déjanté, les Britanniques évoluent dans la continuité. Un peu moins garage (« Black Rabbit »), un peu plus pop, ce nouvel EP met en valeur un psychédélisme foutraque et rigolo, à base de sonorités bizarroïdes qui sont autant de gourmandises pour les oreilles, et se permet même quelques incartades langoureuses (« In your eyes ») et funky (cf. « All Wet »). Ces cinq titres sont suffisamment frais, enjoués et colorés pour que l'on s'autorise a passer le reste de l'été (voire plus si affinités) en leur compagnie. 

https://fr-fr.facebook.com/BoscoRogers/



lundi 16 juillet 2018

Undervoid



Dieu sait si sur cette page on ne s'est jamais privé de vilipender Noir Désir et leur esthétique rock/poétique/sombre qui s'est propagée telle une peste bubonique musicale sur la scène rock hexagonale au point de rendre toute autre sorte de tentative obsolète, devenant au fil des années une sorte de modèle unique déposé. Pourtant avec Undervoid on a peut-être trouvé l'exception qui confirme la règle. Cette EP démarre sur les chapeaux de roues avec un titre en forme de coup de fouet, « Révolutionne » où le groupe révolutionne (c'est le cas de le dire) le genre en y injectant une bonne dose de groove garage par le biais d'une pédale wha-wha maîtrisée à la perfection, le tout chanté dans la langue de Molière. Le pied ! Espoir confirmé avec « S'y essayer » dans la même veine, tout en syncopes funky de la batterie. En comparaison les deux autres titres semblent un peu plus fades englués dans le modèle Noir Désir (« Hasard ») ou dans un son plus heavy en (dignes) héritiers de la fusion (on pense à Lofofora) des années 1990 (« Tout Faire »). Mais que tout ceci semble prometteur ! 

Www.undervoid.fr
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dimanche 15 juillet 2018

Interview avec Michelle David




A peine une heure avant de monter sur la scène de la plage, Michelle David se pouponne dans la coulisse devant un équipement de fortune. Encore relativement inconnue dans nos contrées, Michelle a cependant déjà chanté devant un public français « C'était à Saint Paul » se souvient-elle. Ce qui ne l'empêche pas d'être littéralement sous le charme du site du Malsaucy, presqu'île entourée de deux étangs au pied des Vosges « Le paysage est magnifique, je me sens très excitée ». Ce passage aux Eurockéennes s'annonce prometteur, tous les voyants sont au vert pour faire d'elle la grande révélation soul de ces quatre jours « Je suis nouvelle pour tout le monde, je suis là pour prendre la température, essayer de créer une petite sensation. » On peut s'étonner cependant de la présence d'une artiste aussi marquée par le gospel dans un festival de rock : « Le groupe a été mis sur pied par les deux guitaristes, Onno Smit et Paul Willemsen. Nos racines sont dans le blues, la soul, le jazz et le rock rock’n’roll. On essaye de rendre hommage au gospel en y ajoutant de nouvelles couleurs. » La chanteuse prend sa présence atypique avec beaucoup d'humour : « J'ai déjà fait un festival de heavy-metal et c'était fabuleux (rires). J'essaye d'embarquer tout le monde avec ma musique, de toucher le cœur des gens. Je chante pour tous ceux qui croient en l'amour. Je raconte ma vie, mes épreuves car je n'aime pas utiliser le mot "échec". J'espère donner au public ce dont il a besoin. » Lorsqu'on lui fait remarquer qu'en 2014 on avait assisté sur cette même (superbe) scène de La Plage à la Daptone Super Soul Revue (il s’agissait d'ailleurs de nos derniers concerts de Sharon Jones et de Charles Bradley tous deux décédés depuis) son visage s'éclaire : « On était supposés faire sa première partie mais elle est décédée et ça ne s'est jamais fait. Ensuite, on devait ouvrir pour Charles (Bradley, ndlr) mais il est parti aussi, on s'est arrêté là (sourire triste). Je me reconnaissait tellement en Sharon (Jones, ndlr). J'ai 52 ans, tu sais, c'est incroyable pour moi de laisser une marque, tellement le milieu est jeune. Commercialement parlant, nous vivons dans un monde de pop music. Il n'y a pas de juste milieu, aussi il est important de ne jamais abandonner. » 

Le troisième album de Michelle David, « The Gospel Sessions vol. 3 » sortira à l'automne. 

Propos recueillis le 6 juillet 2018 à Belfort.

Un grand merci à Michelle, à Yazid Manou et à Clémence Prieur pour leur gentillesse et leur disponibilité. 



vendredi 13 juillet 2018

Eurockéennes de Belfort, 5, 6, 7 et 8 juillet 2018


Deux ans que l'on était pas revenus à Belfort, quelle joie de retrouver le site du Malsaucy, la scène de la Plage, le bar du boulot et la loggia dont la programmation a été la plus consistante du week-end. Après quatre jours, commencés sous la pluie pour finir en canicule, voici nos conclusions. Ah oui on est désolés d'avoir raté Beth Ditto et les Viagra Boys... 

LES RÉVÉLATIONS : 

Marlon Williams : L'évidence mélodique d'Elliott Smith conjuguée à une voix d'ange entre Jeff Buckley et Chris Isaak (pour la note fifties), le tout rehaussé d'une pointe de ruralité bienvenue via un art consommé du vibrato de guitare et du bottleneck, un peu de piment garage et psyché pour relever le tout, pas de doute, le Néo-Zélandais à tout bon ! Au point d'imposer le silence, un exploit rare dans un festival où le public n'hésite pas à réclamer, bruyamment, sa dose de décibels. 

Warmduscher : le quatuor garage venu d'Angleterre conjugue avec une classe infinie expérimentation un peu barrée et électricité démoniaque auquel la basse ajoute un groove énorme, un excellent moment. 

Cigarettes after sex : Le spleen atmosphérique des Cocteau Twins et une basse énorme digne de Simon Gallup (The Cure), tout cela prend également une autre dimension sur la (superbe) scène de la plage, sous une pluie battante, conférant à l'ensemble une dimension onirique dépassant très largement le cadre musical. Une expérience quasi-mystique. 

Dream Wife : Jeune quatuor féminin venu d'Angleterre entre pop et punk, soit des mélodies jouées à fond la caisse. Frais et enlevé à défaut d'être original. Excellent sur scène. 

Michelle David : Soul de grande classe, intemporelle, la chanteuse à la fois vétérante (la cinquantaine entamée) et débutante (trois albums) fait montre d'un tempérament de feu et d'une énergie presque inépuisable portée par un discours positif. Variant les plaisirs à deux guitares (sans basse) ou avec basse et guitare, batterie et cuivres, la chanteuse nous a offert un superbe moment de groove parfait pour le cadre enchanteur de la Plage, sous un soleil revenu. La relève de la regrettée Sharon Jones est assurée... 

Leon Bridges : L'autre artiste soul du jour programmé, lui, sous le chapiteau Greenroom. Un univers moins brut de décoffrage que Michelle David, moins funk et plus soul avec une grande élégance héritée des années 1970. Quelques passages langoureux sont magnifiques mais s'accordent mal avec le plein air, doit être superbe en salles. 

Caroline Rose : Lorsqu'elle a la tête à l'endroit, globalement quand on la tient éloignée de la flûte à bec, et qu'elle a décidé de jouer, Caroline Rose fait les choses très bien. Un univers complètement barge (le rouge omniprésent, le costume de scène totalement foutraque) entre pop psyché et garage rehaussé de synthés eighties du plus bel effet, la prestation la plus déjantée du week-end. Excellent. 

Truckks : Jeune formation originaire de Vesoul, une ville voisine, les membres de Truckks fêtent leur bac, fraîchement obtenu, sur scène. Ca tombe bien les musiciens ont tous l'air de s'être échappés du cours d'EPS. Musicalement très intéressant pour son improbable croisement entre hardcore et expérimentations de guitare psyché, le groupe manque encore de maturité sur le plan vocal, et a encore beaucoup de boulot au niveau du chant. Néanmoins prometteur. 

Touts : Power trio irlandais entre punk et mod, une énergie dévastatrice (ah cette reprise de Gloria). Pas mal du tout. 

LES VALEURS SÛRES : 

Seasick Steve : Sous le chapiteau greenroom, Seasick Steve se produit désormais en trio. Un certain Luther Dickinson fait son apparition alternant basse et guitare. Fin instrumentiste, excellent soliste, ce dernier apporte un contrepoint élégant à l'énergie brute déployée habituellement par Steve et son batteur Dan propulsant le tout dans une nouvelle dimension. Le nouvel effort de Steve sort en septembre, on a hâte ! 

The Limiñanas : La fructueuse et judicieuse collaboration avec Anton Newcombe sur le dernier effort du groupe a propulsé ces derniers dans une toute autre catégorie. Une magnifique collection d'instruments vintage (les claviers et une magnifique strat orangée) sont autant d'excuses pour des expérimentations psychédéliques complètement folles sublimées par une énergie rock n'roll de tous les diables. Un pur moment de bonheur sur la scène, boisée, de la loggia qui a finalement offert la programmation la plus homogène du week-end. Magnifique. 

ON A ÉTÉ UN PEU DÉÇUS : 

Prophets of Rage : Trois quarts de Rage Against The Machine, un peu de Public Enemy et un peu de Cypress Hill, tout ce beau monde réuni sous l'alias opportuniste de Prophets of Rage, reprend les titres des uns et des autres sans surprise ni réel enjeu… Symptomatique d'une vague nostalgique qui s'est emparée du rock et qui désormais s'étend aux années 1990. Assez triste dans le fond. 

Liam Gallagher : Entouré d'une bande de professionnels consciencieux assurant le boulot avec sérieux Liam Gallagher tente de faire revivre les grandes heures d'Oasis reprenant un répertoire dont il n'est pas l'auteur (« Some might say », « Supersonic », « Morning Glory ») et quelques titres de son répertoire personnel (« Wall of glass » plutôt de bonne facture). Le tout inspire un ennui poli, de la mélancolie, une nostalgie un peu tristounette, pas franchement la grosse éclate. Il manque quelque chose. Un peu plus d'investissement personnel des musiciens peut-être. Seul moment d'émotion, le final accoustique « Live Forever » et « Wonderwall » au refrain repris en coeur par la foule, on finit avec des frissons, quand-même… 

LE CONCERT DU WEEK-END : 

Sans contestation Nine Inch Nails ! Un Trent Reznor en pleine possession de ses moyens, totalement investi dans sa musique entraîne l'auditeur dans une spirale qui dépasse très largement du simple cadre musical ! On a plané très haut, entre ambiance apocalyptique, angoisses, et moments tendres (le « Hurt » final acoustique) ou émouvants (« I'm afraid of Americans » en hommage à Bowie) faisant au passage preuve d'une magnifique polyvalence entre électricité et électronique avec ou sans guitare et batterie. Superbe !

jeudi 12 juillet 2018

Binic Folks Blues Festival, les 27 28 et 29 juillet 2018


C'est le dilemme habituel des festivaliers, on va voir quel groupe quand ils sont plusieurs intéressant à la même heure ? A Binic, la question ne se pose pas car la majorité des groupes assurent deux à trois concerts sur les différentes scènes du site. Une programmation tip top entre blues (Mark Porkchop Holder, Dirty Deep) et rock psyché/garage (Kaviar Special/Carambolage, Black Boys on Moped). Pas de véritable tête d'affiche, certes, mais plein de bonnes choses à découvrir dans la scène indé (34 groupes pour 52 concerts). Le tout sur le port de Binic (donc en bord de mer) et c'est gratuit ! Que demander de plus ? On s'y retrouve ?

lundi 9 juillet 2018

Les Nuits Secrètes, les 27, 28 et 29 juillet 2018


La nouvelle édition du festival Les Nuits Secrètes se tiendra du 27 au 29 juillet dans les Hauts de France. Un festival dont la grande originalité est de proposer, en sus des scènes habituelles, des concerts dans des lieux atypiques, souvent tenus secrets, d'artistes surprises dont l'identité est dévoilée à la dernière minute. Ceux qui aiment sortir des sentiers battus ont rendez-vous le dernier week-end de juillet dans le Nord de la France...
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mardi 3 juillet 2018

Lux, Péniche Antipode, 29 juin 2018.


Lux était de sortie en ce vendredi soir dans le cadre associatif accueillant et détendu, à mille lieues de l'esprit parisien, de la Péniche Antipode, un cadre estival particulièrement approprié, afin de fêter dignement la sortie de la sublime édition vinyle de leur premier album « Super 8 » (sans rentrer dans des détails techniques rébarbatifs, le vinyle a demandé de nombreux efforts au groupe, un mastering spécifique et une technique de pressage old school pour un son optimal) limitée à cent exemplaires (enfin 99 parce qu'on en a récupéré un au passage). Donc, performance du soir se déroule dans une configuration hybride, on a connu Lux en duo acoustique ou en full band électrique. S'ils sont toujours quatre, la chanteuse Angela est ce soir accompagné de deux guitaristes et d'un bassiste. Peut-être bien la meilleure configuration possible pour permettre à la voix d'Angela de briller sans être noyée dans les décibels, qui a en outre l'avantage de mettre en valeur l'écriture du duo, sans tomber dans un son brut âpre et trop rêche. Un nouveau guitariste additionnel, Nico fait son entrée en scène (c'est son troisième concert). Sobre mais efficace, il soutient les chansons permettant au guitariste principal Sylvain de se lancer dans des interventions, soli, enluminant les chansons, tâche dont il s'acquitte avec son feeling habituel modulant le son avec beaucoup d'attaque et d'entrain. Enfin dernière pièce du puzzle le bassiste Julien (le seul à être en électrique) apporte le soutien rythmique, ses lignes, discrètes, se faufilent dans les entrelacs laissés libres par les compositions avec beaucoup d'inspiration. Au chant, Angela, fait montre de sa classe new-yorkaise habituelle avant de se faire piéger par une climatisation sournoise placée juste dans l'axe de la scène et lui coupant, littéralement, soudainement la voix. Sylvain se lance alors dans le chant lead avec moins d'assurance et beaucoup d'improvisation (J'ai oublié les paroles lance-t-il en rythme et en souriant). Et Angela de se transformer en coach vocal chargé de lui apprendre les paroles en direct. Heureusement que toutes ces péripéties arrivent sur le dernier titre. Pas de quoi gâcher le concert donc, le meilleur du groupe que l'on ait vu à ce jour.