dimanche 30 octobre 2022

Tiki Black : « The sound of the broken wand »

 


Il aura fallu huit années de maturation à la chanteuse avant de donner suite à son premier album. Une période assez longue conclue par un projet particulièrement ambitieux se composant, outre le disque, d’un recueil de poèmes (en anglais). Le tout porte un nom assez mystérieux, le son de la baguette brisée. Le terme « wand » fait probablement référence à la baguette magique du magicien, en cela l’album illustre les thèmes des illusions perdues ou de la résilience face à l’adversité. Un spectre assez large mis en musique, de façon majoritairement acoustique, entre jazz vocal et soupçon de classique perceptible dans les envolées lyriques de la chanteuse. Piano, cordes voluptueuses, une section rythmique, l’accompagnement sobre a le mérite de mettre en valeur la voix expressive de la chanteuse, empreint d’une mélancolie parfaitement soulignée par les cordes. L’album est par ailleurs un ascenseur émotionnel dans lequel l’auditeur est guidé par la voix, souvent douce et délicate, mais aussi ponctué d’éclatant coup de gorge rageurs. Emouvant et bouleversant à la fois.

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https://tikiblack.bandcamp.com/album/the-sound-of-the-broken-wand



jeudi 27 octobre 2022

Barton Hartshorn : « Manchester Sun »

 


Depuis son formidable album « I died of boredom and came back as me », sorti en 2018, c’est avec intérêt et plaisir que l’on suit le parcours de Barton Hartshorn. C’est donc avec une joie non feinte que l’on accueille son nouvel effort ! Une nouvelle étape qui voit Duncan Roberts, son véritable patronyme, retourner sur sa terre natale où le disque a été enregistré quasiment en solo avec l’aide de quelques amis de longue date : David Lewis (Paris Combo), Melissa Cox («également accompagnatrice d’Elliott Murphy) ou Vincent Guibert. Conséquence directe, la tonalité du disque se veut plus acoustique et la guitare folk de Barton se retrouve au centre des débats (« I had other ideas » chante-t-il sur « Semaphore Signal »). Moins produite, la musique du chanteur gagne en profondeur ce qu’elle perd en euphorie électrique. Le contexte dépouillé convient à merveille à la poésie qui anime intrinsèquement la plume du Britannique et le léger voile mélancolique qui recouvre le disque fait ressortir la profondeur de la voix, légèrement éraillée. Le tout y gagne en émotion. Ainsi, l’album possède le charme instantané des choses improvisées, en dehors des sentiers battus, dans un contexte particulièrement émouvant. Une réussite supplémentaire à mettre au crédit du britannique.

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jeudi 20 octobre 2022

Howard : « Event Horizon »

 


Etirant l’horizon des possibles, le trio parisien est de retour avec un deuxième album marqué du sceau de la maturité et de l’évolution. Et c’est, paradoxalement, en période de confinement que le groupe a trouvé sa liberté artistique. En effet, ce nouvel album sonne comme un exutoire à l’angoisse latente et à la liberté de mouvement entravée. Le groupe reste cependant enraciné dans un rock psychédélique à la saturation électrique particulièrement affirmée. Ainsi, il n’est pas étonnant, à l’écoute, de penser aux années 1970. Mais le groupe sait aller au-delà, incorporant un soupçon d’électronique, sous la forme de synthés ou de samples, qui s’amalgament parfaitement au rock saturé parfaitement maîtrisé par le groupe. Mais l’album impressionne par ses coups de sang, lorsque soudainement la musique monte dans les tours et que toutes les digues sautent une à une sous l’effet de l’intensité dégagée par le trio. Une lampée de synthé acide, un break de batterie dévastateur ou une guitare qui plonge dans les aigus, tous les moyens sont bons (et sont souvent utilisés) par le groupe pour provoquer une transe salvatrice. L’écoute du disque s’apparente ainsi à un tour de grand huit, particulièrement corsé, dans lequel le groupe se plaît à nous balader. Vous êtes prévenus !

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mercredi 19 octobre 2022

Kicca : « Call Me Sugar »

 


Comme souvent avec la chanteuse italienne (une ancienne du groupe Intrigo), ce nouvel effort brille par son éclectisme. Mais plutôt qu’une diversité d’ambiances un peu vaine, ce nouveau disque tiendrait plus de la variation au cœur de laquelle se trouve le groove et le swing. Kicca a le regard tourné vers l’autre rive de l’Atlantique et dans une époque bien précise, celle des années 1970, qu’elle réadapte à sa culture européenne et à notre époque. Un véritable festival à elle toute seule en vérité, passant du jazz langoureux (« Say So ») au reggae (« Oscar l’Etourdi ») pour finir un groove disco/funk incendiaire (« Call Me Sugar », « Annette Kellerman ») avec, toujours, cette classe vocale qui la caractérise si bien. Enregistré en 2021, alors que l’on sortait à peine des divers confinements, l’album a des fourmis dans les jambes et nous offre, le temps du titre « 2020 », un véritable pied de nez groovy à cette époque honnie ! Remontée comme une pendule, mue par une énergie communicative, la chanteuse a une forte envie d’en découdre et de faire la fête et le prouve le long de cet album festif et dansant chanté en anglais, français et italien. C’est chaud !

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mardi 18 octobre 2022

Marie Pierre : « Beyond The Apex »




Entre confinements, guerres, pandémies et autres tragédies quotidiennes, au cœur de notre époque troublée, la nouvelle impétrante Marie Pierre, dont c’est le premier album, invente une musique « Au-delà du sommet ». Tout commence par un immense bol d’air et de nombreux sons collectés en extérieur : eau, vent et chant d’oiseaux en constituent le cœur créatif. Une autre couche serait constitué de délicats arpèges de guitares, d’électro ambiant et de chant éthéré (en français ou en anglais) quasiment fantomatique, le tout constituant un court album de sept titres. Mais au-delà de la musique, l’attrait de la chose réside dans son extrême douceur. Rêveur et délicat, évoluant dans un monde parallèle, dégagé des contingences terrestres, l’album est un véritable cocon dans lequel il est bon de se lover. Une bulle de douceur, pourtant motivé par les agressions extérieures, mue par une angoisse générale et latente, totalement exorcisée en sons, chants et mélodies. Un objet rare donc, et forcément précieux, dont la sortie est prévue en numérique et en cassette audio.