lundi 30 décembre 2019

Red Beans and Pepper Sauce : « Mechanic Marmalade »



Le groupe mené par la chanteuse Jessyka Aké est de retour avec un cinquième album. Un nouvel effort placé sous le signe de la mécanique rutilante (cf. le titre et la photo de la pochette prise dans un garage) qui les voit suivre peu ou prou la même direction. Celle d'un rock heavy, inspiré par une veine seventies (« Give it to me »), et infusé d'influences venues du blues (cf. « Thank You ») ou de la soul (« My Holy Guest »). Un mélange digne des BellRays, dont ils incarnent une très décente descendance. Ce nouvel album voit cependant l'ambition du groupe revue à la hausse. Pas de révolution de Palais en vue, mais une maîtrise générale du moindre détail que l'on ressent à l'écoute. Plus de dérapages de guitares déraisonnés, les watts dans le rouge et à fond dans l'électricité, le groupe ménage dorénavant ses effets et laisse sa juste place au groove : l'orgue est soulful (Serge Auzier) et la section rythmique (Niko Sarran, batterie et Denis Bourdié, basse) pratique un dosage savant entre puissance rock et swing funk (« The Battle »). Enfin, tel un grain de sable, la guitare de Laurent Galichon se fait joueuse et parsème le disque de lignes alternant psyché, pédale wha-wha et heavy, apportant un angle barré assez inédit pour le groupe. Excellent. 

En concert à Paris (La Boule Noire) le 30/01.
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samedi 28 décembre 2019

Jersey Julie Band : « Multiball »



Six longues années s'étaient écoulées depuis « Goosebump » le premier album du Jersey Julie Band. Le groupe est aujourd'hui de retour, et à défaut de jouer au flipper, est obligé de se réinventer après le départ du contrebassiste Stéphane Blanc. C'est à la fois dommage, car le groupe abandonne la formule du trio et ce son, sans batterie, caractéristique qui faisait l'originalité et la personnalité du groupe. Mais c'est aussi un nouveau départ pour la formation et des horizons étoffés qui s'ouvrent à eux à l'image de la ligne de piano, un instrument inédit jusqu'ici dans le panorama du groupe, par laquelle débute ce nouvel effort ; une manière de nous souhaiter la bienvenue dans ce Jersey Julie Band nouvelle mouture. Et, force est de constater que le son du groupe s'est considérablement étoffé ; outre le piano, la batterie et les chœurs apportent une nouvelle ampleur à la musique. Autant de petites briques ajoutées une à une qui à la fin bâtissent un magnifique écrin pour accompagner la voix spectaculaire (on pense parfois un peu à Beth Ditto) de la chanteuse Julie, magnifique de puissance et d'émotion. Pour le reste si l'habillage est différent, le fond de la chose, la substantifique inspiration, reste finalement la même entre jazz (cf. le saxophone de Julie y est pour beaucoup) et, blues. La musique respire d'un swing nouveau, revigoré, comme une collection de torch-songs dynamiques refilant la pèche (« Five days alone ») plutôt que le blues mais, tout de même, un peu au détriment du feeling rock'n'roll/rockabilly qui habitait le premier disque. 13 titres au total et autant de raisons de visiter ce « Crowded Bar », pour rependre le titre d'une piste instrumentale de l'album, car en compagnie de musiciens de ce niveau, la soirée devrait être belle. 

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dimanche 22 décembre 2019

Acide Adore : « Tu me captures »



Duo franco-britannique, Acide Adore, accouche d'un EP (5 titres) que l'on a bien du mal à cerner. Est-ce du rock, de la pop, de l'électro ? Oui, et un peu tout à la fois, tant pis pour les catégories, ceux qui aiment tant faire rentrer la musique dans des cases en seront pour leurs frais. Acide Adore donc, c'est une voix, celle de Mathilde, douce et voluptueuse qui enrobe les oreilles de l'auditeur. Tout autour, on retrouve la patte de Jeremy qui d'arpèges délicats, de nappes synthétiques rêveuses et de boîtes à rythmes en sourdine emballe le tout dans un subtil alliage de dream pop et d'électro. Et puis tout est remis en question lorsqu'une guitare aux accents grunge maîtrisés vient s'amalgamer avec harmonie, ce qui n'était pas gagné d'avance, dans cet ensemble à l'équilibre délicat apportant une nouvelle profondeur. A noter, une reprise baroque, acoustique et en français, du « Ava Adore » des Smashing Pumpkins (1998).

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jeudi 19 décembre 2019

Foggy Tapes : « Cogito Ergo Fog »



Unis par une ligne artistique commune et une identité forte, toutes les sorties du label Howlin'Banana sont comme reliées par un fil invisible. Avatar récent de l'étiquette, Foggy Tapes, qui comme son nom l'indique tient à enregistrer sur bande magnétique, rassemble tous les éléments qui, d'ordinaire, nous font nous précipiter sur toutes les sorties Howlin'Banana les yeux fermés : des guitares fuzz en pagaille et des bizarreries baroques en tout genre (thérémine, orgues divers) qui, en l'espèce, cohabitent harmonieusement. Ainsi, la trajectoire de ce premier album voit le groupe surfer la vague avant de terminer sa course au fin fond du garage non sans avoir revisité le western entre les deux (cf. « Mist from above »). Un déferlement de sons acides et psychés qui revisitent les années 60 et 70 sur un mode déglingué et doux à la fois. Arrangements pop et harmonies vocales léchées font que les Beach Boys et autres Beatles ne sont jamais bien loin (la merveilleuse « Days to come »). Entre groove acide, mélodies pop et guitares foutraques, le quatuor toulousain, vise juste et toujours dans le mille ! Une réussite ! 

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mardi 17 décembre 2019

Les Nus : « Enfer et Paradis »



Formation mythique du Rennes du début des années 1980, Les Nus, dont le chanteur Christian Dargelos fût un membre fondateur de Marquis de Sade, ont disparu corps et biens après un unique album sorti en 1982. C'est à l'initiative d'Etienne Daho que Les Nus refont surface avec un deuxième album en 2016, 34 après le premier. Ce nouvel effort, le troisième, scelle donc pour de bon le retour du groupe, loin d'être un feu de paille sans lendemain. « Vous faîtes du rock n'est-ce pas ? » interroge ce nouveau disque sur un de ses titres phares. La réponse est claire et sans appel. Fidèle à ses convictions Dargelos affine sa plume, d'encre noire, en français alors que la musique lorgne par-delà la mer à la fois en direction de New York, pour la tentation bruitiste savamment canalisée (« Suspicion »), que vers l'Angleterre (« Ceci n'est qu'une nuit » ; « Café bizarre »), en ce qui concerne la richesse et l'élégance des arrangements (« Jim Crow »). Point d'imitation ici dans un anglais bafouillant, mais au contraire, une appropriation habile des codes anglo-saxons définissant ainsi un modèle esthétique rock à la française. Impeccablement mis en sons par Romain Baousson (l'ancien batteur des Wankin'Noodles) ce nouvel effort, inespéré, s'annonce comme un classique immédiat et intemporel. 

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lundi 16 décembre 2019

Vile Assembly : « Propaganda »



La vile assemblée nous arrive de Liverpool et fait des merveilles dans un créneau post punk plutôt en vogue à l'heure actuelle (Idles, Fontaines DC, Murder Capital). Mû par l'énergie du désespoir, peut-être une conséquence du climat actuel, le groupe a mis son agressivité sous une chape de plomb. L'électricité est contenue dans une ambiance sombre et froide, héritée de la cold wave (« Gone ») et incarné par un chant plaintif. Même les morceaux les plus lents de l'ep (« Them drugs 2») font montre d'une anxiété sous-jacente et d'une tension fuyante allant crescendo. 

En concert le 20/12 à Paris (Espace B)
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vendredi 13 décembre 2019

Carla Mariani : "Sweet Little Angel"

C'est un lien comme on en reçoit des dizaines par jour. Pourquoi as-t-on ouvert celui en particulier ? Mystère... Peut-être qu'un texte de présentation évoquant Janis Joplin, Etta James et Nina Simone constitue un bon début, éculé et dangereux, vu le talent desdites références, mais un bon début quand même... La chanteuse s'appelle Carla Mariani et nous vient du Brésil. En un peu moins de six minutes, la durée de sa nouvelle chanson, Mariani nous fait fondre. Feeling entre jazz et blues, piano élégant, swing ourlé de la batterie, tout y est parfaitement intégré, digéré et reproduit avec grâce d'une voix habité transportant l'auditeur dans un imaginaire blues urbain et pluvieux. Intemporel. Cela nous fait la soirée, merci.

jeudi 12 décembre 2019

Frustration : « So cold streams »



Toujours aussi fidèle à son patronyme, le groupe laisse exploser sa frustration dans un courant froid, voire glacial, faisant honneur au titre de ce nouvel effort, sur le rock français. Bien que fortement enraciné dans le punk et la cold wave (cf. « Pulse » sous influence Joy Division), Frustration ouvre sa musique aux sonorités synthétiques d'hier et d'aujourd'hui inscrivant sa démarche entre la cold wave des années 1980 (« Slave Market » qui peut s'enorgueillir de la participation de Jason Williamson des Sleaford Mods) et l'électro du 21ème siècle, le tout mené par des lignes de basse énormes, une constante du début à la fin du disque. Les aiguilles du potentiomètre dans le rouge, le quintet, qui fût la toute première signature du label Born Bad, rajoute du boucan au boucan superposant la saturation synthétique à celle des guitares dans le but ultime de toujours faire péter les décibels. Ainsi « Insane » qui ouvre les débats de sa rythmique martiale marque un virage certain vers la musique industrielle. Un album salutaire par les temps qui courent. 
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mercredi 11 décembre 2019

Cold War Kids : « New Age Norms 1 »



Souvent coincé dans une bulle nostalgique, cherchant, le plus en souvent en vain, à recréer un supposé age d'or, pourtant révolu depuis un demi-siècle, le rock'n'roll donne l'impression de tourner en rond à la poursuite de sa gloire passée. Et puis de temps en temps arrive un disque qui change la donne. C'est un peu ce que l'on ressent à l'écoute de ce nouvel effort des Cold War Kids, un disque très court, 8 titres et à peine 30 minutes, autant respectueux du passé qu'à la recherche d'un nouveau souffle. Un album très ramassé donc, qui file sans donner le temps de s'ennuyer. Si quelques fantômes planent ici et là (« Fine fine fine » sous influence Iggy Pop alors que « Waiting for your love » rappelle plutôt les intonations des Rolling Stones fin 70s) le tout est dynamité par une production contemporaine où la basse dicte le groove avec autorité autant qu'elle claque dans les oreilles (« Dirt in my eyes »). Un vernis pop maintient la foudre qui anime les musiciens à un juste niveau ouvrant le champ vers une jolie ballade mélancolique au piano (« Beyond the pale »). Une belle réussite. 

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mardi 10 décembre 2019

Half Moon Run : « A Blemish in the great light »



Pour ce qui constitue le troisième effort de leur carrière, les Canadiens sortent le grand album de saison. Aussi doux et douillet qu'une couette alors que frémissent les premiers frimas de l'hiver naissant. Parfaitement produit et d'une grande richesse d'arrangements, ce nouveau disque se trouve au mitan du folk (leur incarnation première) et de la pop, qui constitue leur incarnation la plus récente. Si quelques arpèges rappellent la nature acoustique de leur musique (« Flesh and bones » ; « Naturel Disaster »), c'est bien à un album pop que nous avons affaire. Délicat sans être mièvre (« Black Diamond ») et n'ayant pas peur de monter brusquement dans les tours (« Then again ») pour apporter un soupçon de fièvre rock'n'roll à toute cette affaire. Ainsi si les influences se bousculent, des années 1960 à 80 (cf. les synthés), au fil des sons, il n'est pour une fois aucunement question d'un revival quelconque. On pencherait plutôt pour une sorte de spleen intemporel bercé par les flocons de neige sous un ciel gris qui laisserait, de temps en temps, percer quelques rayons de lumière rasante du soleil hivernal. 

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lundi 9 décembre 2019

Moonlight Benjamin : « Simido »



Haïtienne de naissance et authentique prêtresse vaudou, la chanteuse est installée en France depuis 2002. Après d'innombrables expériences musicales, du jazz à la chanson pour enfants, Moonlight Benjamin se consacre depuis deux ans à un projet plus personnel entre blues et garage rock, chanté en créole en compagnie du guitariste Matthis Pascaud (également auteur d'un excellent album en solo cette année). Suivant une trajectoire parallèle à celle du trio Delgres, Moonlight chante son île, son histoire comme sa détresse actuelle, dans sa langue vernaculaire, le créole haïtien. Cette dernière n'est pas le seul élément rattachant la musique de Moonlight à la créolité, la ferveur des rythmiques et la transe fiévreuse qui s'en dégagent procurent une sensation de tournis (cf. « Pale Pawol ») qui permet à la musique de s'élever bien au-delà du tout venant. Le tout est parfaitement incarné en voix par Moonlight, qui se révèle à la fois forte, profonde et féline. Son chant semble ainsi comme profondément ancré dans la terre. Musicalement il était difficile d'égaler le tourbillon de guitares du premier disque. Aussi ce nouvel album propose un pas de côté au profit d'une approche plus en retenue, lissée et pop, mais qui n'obère ni son esprit aventureux (les quasi sept minutes de « Salwe ») ni l'entregent des musiciens que l'on sent transpirer à grosses gouttes à chaque note jouée (« Tchoule »). Un disque moite et hypnotique. 

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jeudi 5 décembre 2019

Les Amirales : "Mountains"


Mirabelle Gilis (violon), Sarah Petit (chant) et le batteur Guillaume Rossel (Rachid Taha) forment le trio Les Amirales. Tout premier clip du groupe, "Mountains" se situe au croisement de la pop et de l'électro où guitares et sonorités synthétiques constituent le parfait écrin pour la voix ample et spectaculaire de la chanteuse Sarah.En concert le 7/12 aux Transmusicales de Rennes.
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mercredi 4 décembre 2019

Matthis Pascaud, Studio de l'Ermitage, 02/12/2019.


Guitariste émérite, Matthis Pascaud nous a gratifié d'une sublime performance aux confins des genres sur la scène intime du Studio de l'Ermitage. Entouré de son groupe (un saxophone usé d'allure steampunk, batterie et basse), le guitariste nous a livré un concert sur le fil, très doué pour s'approprier à la perfection les codes traditionnels du jazz et du blues (notamment lorsqu'il fût rejoint par le chanteur Hugh Coltman), notamment ceux de la Nouvelle-Orléans qui guident son projet actuel, mais qui n'a pas son pareil pour s'en éloigner également, entraînant la musique vers des rivages progressifs et expérimentaux. Sa guitare se fait alors joueuse détournant le son pour s'éloigner au point de trouver des sonorités originales hors des sentiers battus. Mais comme le prouve la fin du set Matthis sait aussi se jouer du gros son saturé flirtant avec le rock garage. Un talent protéiforme, également au lap-steel (sauf quand ce dernier tombe en panne, c'est ça le blues), donc qu'il convient de suivre avec attention. 

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dimanche 1 décembre 2019

Moon Duo : « Stars are the light »



Nous sommes certains à ce jour que les musiciens de Moon Duo n'ont pas débarqués de la lune, leur musique néanmoins vient d'ailleurs. Un ailleurs que le duo se plaît à imaginer le long de ces huit plages cosmiques et contemplatives, savant alliage de synthés vintages, de guitares déliées et de vocaux éthérés. Ripley Johnson et Sanae Yamada qui composent le groupe ont bien retenu les leçons psychédéliques de leur ville natale de San Francisco mais ont plutôt décidé de garder vivace l'inventivité et la transe de leurs morceaux plutôt que de repiquer les plans de leurs aînés. Point de guitares survoltées ici, ni d'héritage blues ou folk mais des boîtes à rythmes répétitives et des circonvolutions synthétiques analogiques partant dans de folles arabesques psychédéliques. Bien tapie dans le fond, la guitare se coule entre les interstices suivant le fil d'arpèges délicats et de solos étirés au son clair. Avant-gardiste sans avoir l'air d'y toucher, respectueux d'un passé qu'ils cherchent à renouveler, le duo de la lune nous offre une proposition musicale suffisamment affirmée pour planer au-dessus des contingences quotidiennes. Définitivement venu d'ailleurs. 

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