dimanche 30 septembre 2018

Duck Duck Grey Duck : « Traffic Jam »



Pour son deuxième album le trio suisse, dans lequel on retrouve Robin Girod, un ancien Mama Rosin, a vu grand, très grand même, accouchant d'une œuvre gargantuesque, laquelle aurait trouvé son format naturel sous la forme non pas d'un simple mais un double vinyle ! Le menu est pour le moins copieux, 25 titres rien de moins, regroupés sous la forme de 4 Eps (un par face de vinyle donc) aux couleurs musicales différentes (Back beat, Pop & Fast, French Collision et Acid & Sweet) mais toutes reliées par un nœud commun. Montées acides et psychés teintées de krautrock (« Earth Collusion ») y côtoient blues et soul électriques, en anglais et en français, dans un grand bain de musiques ne souffrant d'aucune incohérence et il s'agît là d'un petit tour de force en soi. L'ouverture, « Bing bang » et « Frelon » est fantastique, on avoue également un petit faible pour « Duck Tape » (une variation sur le thème du génial « Frelon ») ainsi que pour la face Acid & Sweat (cf. « Traffic Jam »). On pourrait également dire le plus grand bien de la face en français faisant revivre les fantômes de la pop française des années 1970, alors que Pop & Fast évoque plutôt la décennie suivante ("Ride my bike") ; mais ô combien il est difficile de synthétiser pareille somme, définitivement appelée à faire date. 

https://www.facebook.com/duckduckgreyduck/
https://duckduckgreyduck.bandcamp.com/

samedi 29 septembre 2018

Bordelophone



Sur la, magnifique, pochette d'inspiration BD, de cet effort inaugural trône un monstre hybride fait d''enceintes et d'instruments crachant des notes comme un dragon cracherait du feu… Une manière de Godzilla musical, une perspective un tantinet effrayante, et gare aux intrépides qui y risquerait une oreille ! De fait à l'image de la créature présentée sur la pochette, Bordelophone ratisse tout sur son passage emportant tous les styles, du métal au reggae (« State of Emergency ») en passant par le prog spatial (cf. « Apollo 13 »), sur son passage dans un déluge de notes balancées avec une maestria peu commune. Un sacré bordel donc pour un groupe au patronyme particulièrement bien pensé. Mais, surtout, une belle démonstration de virtuosité car il ne fait aucun doute que nous avons affaire là, à un disque de musiciens (la moitié du groupe est issue du conservatoire), majoritairement instrumental (à l'exception de la participation de l'inénarrable Sanseverino qui prête sa voix râpeuse à « Jambon de Bruxelles, on s'en fout ») qui s'expriment le mieux sur le temps long (l'album dépasse l'heure) pour explorer au maximum les différentes possibilités mélodiques qu'offrent les compositions et pour mieux sauter d'un genre à l'autre dans un ping pong musical où la guitare répond au trombone, un instrument plutôt rare dans le rock. Une démarche qui s'apparente au jazz, qui reste très probablement le fond de l'affaire (cf. « African Lullaby », « Like a lemon tree », « Remember », « 445 ») dût-il cohabiter avec Led Zeppelin et la musique orientale (« Delpez »). Un peu à contre courant de notre époque de saturation à outrance d'informations, de sons et d'images de toutes sortes (surtout vides de sens), voici un disque à l'ancienne qui demande de l'écoute et de l'attention et dont on n'a pas fini de faire le tour… Enivrant ! 
Sortie le 26 octobre. 
En concert le 27 octobre à Paris (Studio de l'Ermitage)

https://fr-fr.facebook.com/bordelophone/
https://soundcloud.com/bordelophone



mardi 25 septembre 2018

Altin Gün : « On »



Derrière sa pochette bariolée ce premier album, œuvre d'un groupe à moitié turc et à moitié hollandais (trois des membres sont par ailleurs des accompagnateurs de l'excellent Jacco Gardner), est une petite merveille de groove psychédélique et exotique ("Sad Olup Gülmedim"), chanté en turc s'il vous plaît. Aussi coloré que sa magnifique pochette, le sextet embarque l'auditeur dans un voyage hallucinant aux confins du kitsch 70s mais au groove imparable et dévastateur (cf. « Goca Dünya », « Caney » et ses percussions folles). Au point que l'on jurerait être tombé sur une authentique pépite oubliée du groove local comme en sort régulièrement l'excellent label Habibi Funk. Inventif dans ses arrangements et enlevé, mû par une dynamique contemporaine faisant le lien entre passé et présent, cet effort inaugural est une authentique (et addictive) surprise. Excellent ! 
En concert le 17/10 au Mama Festival

lundi 24 septembre 2018

Festival CinéComedies à Lille du 27 au 30/09


L'inénarrable Pierre Richard sera l'invité d'honneur de la première édition de ce festival mettant en valeur la comédie des années 1930 à nos jours. Ciné concert (Retour de flamme), exposition, un flash mob autour du film "Rabbi Jacob" (Gérard Oury, 1973) et l'avant première du nouveau métrage de Pascal Thomas "A cause des filles... Et des garçons !?" sont au programme du week-end dans le Nord.
https://www.festival-cinecomedies.com/

dimanche 2 septembre 2018

Rock en Seine, 24, 25 et 26 Août 2018.


Ah ça, si l'édition de Rock En Seine 2018 restera dans les annales, ça sera pour de très mauvaises raisons. Une programmation pauvre (aucune tête d'affiche réellement à la hauteur), une présence de plus en plus marquée des sponsors, des barrières partout en forme de cache misère pour masquer le manque criant d'affluence le premier jour et de nombreuses inepties dans le planning : programmer Theo Lawrence à la même heure que The Psychotics Monks, on a connu des moyens plus intelligents de mettre en valeur la scène en développement ; Idles et Ezra Furman en concurrence directe c'est idiot… Et au final le spectateur sort de ce week-end un brin frustré. Rock en Seine... Le fan de rock aura eu bien peu de choses pour se sustenter ce week-end (et on ne nous fera pas avaler que Thirty Seconds To Mars est un groupe de rock!) Néanmoins, dans ce morne paysage d'automne avant l'heure, on a quand même retenu les choses suivantes :

First Aid Kit (c) Olivier Hoffchir

First Aid Kit
: Mené par deux sœurs suédoises le groupe a débuté dans une veine folk/country avant de propager une fièvre pop et électrique. De la lap-steel, du trombone autant d'instruments que l'on entends peu en festival ça fait du bien. On démarre sur une bonne note, c'est déjà ça.

The Liminanas (c) Christophe Crenel

The Liminanas
: Si il y a un groupe sur lequel on peut toujours compter pour avoir sa dose de rock' rock’n’roll c'est bien eux. Compact, impressionnant le groupe ensorcelle la foule dans une veine psyché/garage. Emmanuelle Seigner et un étrange et impassible go-go dancer en guests...

Nick Murphy (c) Olivier Hoffchir

Nick Murphy
: On ne connaissait rien de ce type avant d'être interpellé par une boucle froide de synthé vintage sous influence cold wave. Porté par un bassiste virtuose, Nick Murphy joue au crooner, ses torch songs faisant le grand écart entre électro et ambiances jazzy au piano totalement organique. Un registre étendu et plutôt une agréable surprise.


Gothking : Le patronyme du groupe était prometteur. A l'arrivée la déception d'un groupe plus punk que goth et un équilibre instable entre électro et punk. Quelques instants de fièvres, trop fugaces, via des lignes de guitares bien senties quand même. La formule manque encore de cohésion et de maturité. Ca va venir, espérons-le.

 Theo Lawrence (c) Olivier Hoffchir

Theo Lawrence & The Hearts
: Dans la foulée d'un album appelé à devenir un futur classique Theo et son groupe confirment tout le bien que l'on pensait d'eux, le répertoire franchissant aisément le passage à la scène. Hélas on n'aura que bien peu profité de leur prestation, la faute d'un planning absurde et mal pensé.

The Psycchotics Monks (c) Christophe Crenel

The Psychotics Monks
: Evidemment, arriver à la moitié de leur concert n'est pas le meilleur moyen d’apprécier leur performance qui s'envisage comme un tout. On note néanmoins une certaine évolution chez le quatuor moins porté sur les ambiances psychés et adepte d'une démarche plus noise et expérimentale, comme si un groupe punk se mettait au rock psychédélique. « On a découvert Sonic Youth », nous a confié Arthur (chant/guitare) après coup.

Tamino (c) Christophe Crenel

Tamino
: On ne vous fera pas le coup du nouveau Jeff Buckley tant le talent de ce dernier était unique et irremplaçable (tristesse). Cependant il y a un peu de cela chez l'Anversois adepte d'ambiances feutrées au phrasé de guitare élégant et voluptueux. Une bonne surprise.

King Gizzard and the lizard wizard (c) Olivier Hoffchir

King Gizzard and the Lizard Wizard
: Les Australiens voient tout en double, trois guitares et deux batteries, pour une ambiance survoltée, électrique, hypnotique, qui vaut bien plus qu'un énième revival. Une claque, enfin !

Liam Gallagher (c) Olivier Hoffchir

Liam Gallagher
: Une prestation calibrée qui peut s'apprécier ou se détester pour les mêmes raisons. Côté pile : un best-of d'Oasis, chouette alors ! Côté face : aucune surprise ni bonne, ni mauvaise. L'ex chanteur d'Oasis a délivré ce que l'on attendait de lui ni plus, ni moins. Reste un sens de l'humour imparable : « C'est le festival où Oasis s'est séparé, non ? Les backstage me semblent familières... » Quel comique ce Liam !

Charlotte Gainsbourg (c) Christophe Crenel

Charlotte Gainsbourg
: Entourée d'un impressionnant dispositifs de néons, Charlotte embrasse son passé (les reprises de « Lemon incest », « Charlotte for ever ») ainsi que l'histoire familiale, on pense beaucoup à Melody Nelson, mais sur une note plus moderne via l'ambiance électro froide tissée par Sebastian, alternant avec quelques passages funky bien sentis (cf. « Sylvia »). Plus familière et délurée avec le public, assise derrière son clavier, Charlotte est enfin devenu musicienne ! C'est une excellente nouvelle !

The Regrettes (c) Christophe Crenel

The Regrettes :
Un combo féminin survolté ou les harmonies vocales dignes d'un girl group des sixties côtoient une électricité punk. Pas mal du tout.


Belako : les Basques sont adeptes d'un clash entre noise, cold wave et électro punk entre My Bloody Valentine et les Cure. Un groupe soudé et compact (cf. les nombreux sourires échangés par les musiciens pendant leur set) qui joue réellement ensemble, ça fait du bien !

Ezra Furman (c) Olivier Hoffchir

Ezra Furman
: Le chanteur arrive travesti en femme. Chez Ezra Furman le travestissement transpire une note émouvante, on l'image outkast, incompris et solitaire. Une transgression à la Bowie, une ambiance évoquant Lou Reed, saxophone à l'appui, c'est une magnifique découverte.

Jessica 93 (c) Olivier Hoffchir

Jessica 93
: Depuis la séparation d'avec ses musiciens Jessica assure tout, tout seul. Une basse, une boîte à rythme et deux guitares, de l'art de faire beaucoup avec peu. Forcément l'impact live s'en trouve considérablement réduit mais d'un autre côté les pédales loop, et l'aspect répétitif qui en découle, tissent une toile hypnotique, répétitive, entêtante, ensorcelante. Un hybride étrange noise et psyché.