mercredi 31 mai 2017

Yonathan Avishai : "The Parade"



Ce nouveau disque voit le pianiste élargir considérablement sa palette accueillant dans sa formation clarinette, saxophone et percussions. L'album embarque ainsi l'auditeur dans un grand voyage initiatique évoquant à la fois les sonorités klezmer (la clarinette) et la chaleur latine (les percussions) faisant le grand écart constant entre joie et mélancolie. Tout ici part de la pulsation rythmique (« Que tal », « Django »). En effet, l'album est caractérisé par sa finesse rythmique obtenue avec force et moult percussions et l'association harmonieuse de ces dernières avec la batterie (le très côté batteur Donald Kontomanou et le percussionniste Cubain Inor Sotolongo sont de la partie), le tout redonnant toutes ses lettres de noblesse au swing et au silence. Un swing élégant, qui voyage embarquant l'auditeur vers les Caraïbes ou la Nouvelle-Orléans, autant d'endroits où le jazz se vit avant tout comme une fête, en concert. Une parade contre la morosité actuelle.

Article paru à l'origine dans Longueur d'Ondes

Aquaserge : "Laisse ça être"



Depuis 25 ans, le rock s'est enfermé dans une boucle nostalgique, et les formations « rappelant le rock des années 60 » ou « sonnant à la manière de » se sont multipliées comme des petits pains au cours des années. Julien Gasc et sa bande ont, quant à eux, décidé d'inverser la problématique ne gardant des sixties que l'essentiel, c'est à dire un souffle de créativité débridée. Au-delà de toute considération stylistique, c'est une autre façon d'envisager la musique et la notion de groupe. A bien des égards, ce nouvel effort est étourdissant. Passant de l'ombre à la lumière dans une sorte de mouvement perpétuel, faisant fi de toute notion de genre, explorant des directions insoupçonnées, ce nouvel album donne le tournis à l'auditeur, jusqu'à partir dans des délires excédant les huit minutes, érigeant le rock progressif de l'école de Canterbury et le free jazz en modèles. En mode ternaire ou binaire, la liberté est bien le maître mot ici. Un grand disque !

Article paru à l'origine dans Longueur d'Ondes

Mother of two : "Being nice doesn't pay"



Repéré par une série de maxis ravageurs, dans un genre power pop descendant d'une lignée Pixies/Weezer, ce trio devenu entre-temps un projet solo, met la pédale douce sur les décibels sur son premier album. L'électricité, qui était jusqu'ici la marque de fabrique du groupe, est désormais canalisée, mise au profit de compositions pop mettant les mélodies en valeur, et utilisée toujours à bon escient. L'écoute de l'album s'apparente ainsi à un tour de grand huit où les chansons font le grand écart entre passages calmes et apaisés et brusques montées d'adrénaline. La retenue devient ainsi une composante fondamentale de la musique finalement aussi importante que le lâcher de décibels. Avec cet album remarquablement produit et soigné jusque dans les moindres détails, le groupe s'ouvre ainsi à de nouveaux horizons. A défaut de découvrir les joies de la maternité, Julien Gaulier, la tête pensante de l'affaire, accouche ainsi d'un album de haute tenue.

Article paru à l'origine dans Longueur d'Ondes.

dimanche 28 mai 2017

Republik : « Exotica »



Ancien leader de Marquis de Sade, accompagnateur d'un Etienne Daho débutant, Frank Darcel est une personnalité marquante du rock français, toujours vaillante après quarante ans de carrière. Depuis son fief rennais, Frank continue sa quête musicale accompagné de son nouveau groupe, le trio Republik qui sort son deuxième album. Les racines new et cold wave (Marquis de Sade) de Darcel sont prégnantes dans ce nouveau disque. Mais passées par le filtre du temps, il n'en a gardé que le meilleur éliminant le côté pompeux et surfait des années 1980 au profit d'un son âpre et rugueux. Il en résulte un disque furieusement rock mettant l'accent sur les guitares, l'attaque de certains titres étant proche du métal (« I wanna be your car », « The Ride », « Tu seras mon ombre ») tout en gardant la noirceur vivace des eighties (« Far out of sight », « Berlin ») ; et ce notamment sur les titres chantés en français (« En ce jour on ressent », « Celui qui se souvient », « Le sel »), le résultat est étonnant. Dégageant une beauté vénéneuse et addictive, ce nouvel album est un must du rock d'ici.

samedi 27 mai 2017

The Hits : « Hard Nut »



Il fallait assumer un tel patronyme. A l'écoute du disque, on ne peut estimer que la mission est largement remplie. En effet, fidèle à sa promesse de départ, The Hits (le groupe) sort un premier album remplis de hits. Certes, rien de bien révolutionnaire dans le fond, des guitares et des chansons rudement bien troussées. Mais à l'écoute, l'histoire est bien différente. Jeu propre et précis, la batterie en particulier (cf. « Make me hurt »), l'album dégage une énergie contagieuse et respire la joie de vivre et de jouer. Et vive les décibels ! En effet, ces onze titres ont quelque chose d'euphorisant, grâce aux rythmes légèrement funky (« Don't sing ») et à des guitares incisives et inventives, produisant à la chaîne des petits hooks irrésistibles, évoluant sur une ligne à la fois power pop et garage / rock n'roll comme le lien manquant entre Weezer (« Lost my baby ») et les Rival Sons (« La bouche pleine »). On retient en particulier les deux titres en français (assez rare pour être souligné) prouvant que la langue de Molière peut largement tenir la comparaison dans ce contexte chargé en électricité. Le quatuor de Cherbourg n'a pas grand-chose à envier au voisin d'outre-Manche. A découvrir.


vendredi 26 mai 2017

Balkun Brothers : « Devil on TV »



On a, par le passé, souvent fustigé ces duos rock (guitare/batterie) apparus dans le sillage des Black Keys et autres White Stripes (passés depuis longtemps à autre chose soit dit en passant) qui finissent par donner une image figée du rock. Si ils n'échappent pas à certains clichés, le duo formé par les frères Balkun à néanmoins le mérite de proposer quelque chose d'un peu différent. Déjà une vision du rock qui ne se limite pas au garage des années 1960. Il y a certes un peu de ça (cf. le medley « Backdoor man/Five to one ») mais à de nombreux moments les Balkun retrouvent les intonations des années 1990, on pense parfois à Rage Against The Machine (cf. « So hi. So lo ») passés par le filtre de Jimi Hendrix. Disons que chez eux, la formule duo ne semble pas répondre à un sacro-saint idéal garage figé dans le temps mais au meilleur moyen d'exprimer l'énergie et le feu intérieur qui habite littéralement le groupe. Car, et c'est une lapalissade, l'album déborde d'une rage et de guitares saturées à mi chemin entre le blues et le rock brutal (cf. l'excellente « Slippin' Stone », « Devil on TV » mi-acoustique, mi-électrique). C'est une rareté sur le label Dixiefrog plus habitué aux bluesmen classieux (cf. Eric Bibb). Enfin, aussi étonnant que cela puisse paraître, tous les nostalgiques, qui, à l'instar de l'auteur de ces lignes, restent inconsolables depuis la disparition de Morphine, seraient bien inspirés de jeter une oreille sur cet album. Déjà parce que le duo reprend, très bien mais de façon surprenante, « Thursday » (issue du chef d’œuvre « Cure for Pain », 1994). Ensuite parce que, Dana Colley en personne, le légendaire saxophoniste du trio, vient apporter sa caution en participant à « Hey Kid » le temps de quelques lignes atmosphériques, après une pige chez Matmatah (voir l'article précédent). Urbain, donnant l'impression d'avoir été enregistré dans une cave quelconque de la côte nord-est des Etats-Unis, cet effort ne manque décidément pas de charme. A découvrir.

lundi 15 mai 2017

Matmatah : « Plates Coutures »



Chez Matmatah, une page se tourne tous les dix ans ou presque. 1998, le groupe sort son premier album et se sépare en 2008 ; 2017 voit la sortie d'un nouvel effort, dix ans après le précédent (« La Cerise », 2007). Alors que l'on appuie sur la touche play, la machine à remonter le temps s'enclenche : « Nous y sommes » ! La voix du chanteur Tristan n'a pas bougée, la section rythmique carbure à plein régime fournissant l'énergie nécessaire à la combustion des guitares. Le quartet Brestois rock comme au plus beaux jours, au sommet de sa forme (l'urgence quasi Stoogienne de « Petite frappe », « Retour à la normale », "Overcom") affine son propos (« Marée haute ») entre énergie et une pointe de désenchantement et tente quelques arrangements audacieux (quelques synthés discrets) histoire de bousculer les habitudes. Un titre nous intrigue : « Toboggan » qui prend le contre-pied du reste de l'album, tempo alangui, ambiance planante, motif de guitare hypnotique et un très étrange chorus de saxophone fantomatique, entre prog et psyché, signé du légendaire Dana Colley (Morphine). C'est là que le groupe est le meilleur lorsqu'il sort des schémas classiques du rock français, parfois assez proches de la chanson, dans lesquels il excelle pourtant (« Ô ma beauté », « Entre les lignes »). Un disque de rock, carré et efficace, classique mais avec une pointe d'originalité qui, au final, fait toute la différence.
En concert les 16 et 17 mai à Paris (La Cigale)

dimanche 14 mai 2017

Rosedale : « Long way to go »



Rosedale est le nouveau projet d'une vieille connaissance, le guitariste Charlie Fabert. Musicien fin et inspiré, débordant de feeling, Charlie a trouvé en la personne d'Amandyn Roses la complice idéale. C'est peu dire que l'association de ces deux talents naturels fait des étincelles le long des neuf titres de ce disque. Chez Rosedale tout est feeling et ce dernier déborde du disque par tous les pores, dans le chant de gorge, soulful et un peu grave, d'Amandyn et dans les six cordes de Charlie qu'il manie avec une finesse rare. Le dialogue qui s'instaure peu à peu au fil des plages entre les deux musiciens s'avère passionnant. Le résultat : un disque de blues inspiré réunissant ce qu'il faut de groove, de rock et de pop pour emporter la mise ; efficace en up (« Lost soul », « New Frontier ») ou down tempo (la magnifique jazzy « Before you »). Classique certes mais de superbe facture, on n'est pas près de s'en lasser ! A noter, la participation de Fred Chapellier (toujours un gage de qualité) sur l'épique (« Man, I don't want you around »).
En concert à Paris (New Morning) le 22 mai.
www.facebook.com/rosedalebluesrock

samedi 13 mai 2017

Doolin', La Cigale, 12 mai 2017.



Hier soir, le magnifique écrin de la Cigale a été délocalisé près d'un port de pêche irlandais grâce à la magie de la musique. Sur scène nous retrouvons le sextet Doolin', un groupe toulousain qui excelle dans le folk irlandais. Excellents instrumentistes, les musiciens maîtrisent tellement leur sujet qu'ils peuvent se permettent de détourner la musique pour l'entraîner sur des eaux inédites, funky, jazzy (excellente section rythmique) ou adaptant la chanson française à l'idiome (cf. la reprise d' « Amsterdam » de Jacques Brel). Emportés par l'énergie positive de la musique, et des notes s'échappant de l'accordéon, de la flûte et du violon, les musiciens se lâchent, quitte à partir dans un proto-rap qui, soyons honnêtes, ne leur convient pas au mieux. Peu importe, car dans la salle, le public, très varié en terme de classe d'âge, joue le jeu à fond, partant dans des gigues endiablées sous les cris et applaudissements en rythme : chaude ambiance confirmant l'universalité de ces rythmes irlandais. Dans ce contexte la section rythmique excelle, la sonorité de la basse acoustique ressemble à s'y méprendre à une contrebasse et Sébastien Saunié s'y entends pour balancer des lignes groovy. On a pu également admirer la dextérité de Josselin Fournel au bodhrán, une percussion traditionnelle, dont il tire un swing irrésistible. Enfin les reprises de titres signés Steve Earle (« The Galway Girl ») et Bob Dylan (« The ballad of Hollis Brown »), toutes deux très réussies, soulignent les liens entre le folk irlandais et la country. Une très belle soirée, il ne manquait que la proximité de l'Océan.
https://twitter.com/DoolinBand

jeudi 11 mai 2017

Jim Jones & The Righteous Mind + Suzie Stapleton, Petit Bain, 10 mai 2017.



La soirée commence avec la superbe Suzie Stapleton. Toute de noir vêtue, Suzie Stapleton dispense un charme vénéneux par le biais de compositions hantées. Sa voix tout d'abord, grave et profonde, son timbre est absolument inoubliable. Sa guitare ensuite, fantomatique, évolue dans un contexte assez dark et électrique où des relents de blues et d'americana se télescopent. Même si la formule guitare/voix ne semble pas la meilleure pour rendre justice à ses compositions, nous sommes happés une grosse demi-heure durant par le charme de Suzie. Une artiste à suivre.

A la veille de sortir leur premier album sous ce nom, Jim Jones & The Righteous Mind, est revenu nous rendre une petite visite, l'occasion de revisiter ce paysage rock n'roll et viscéral. Bien évidemment personne n'a oublié le groupe précédent The Jim Jones Revue, désormais dissolu mais the Righteous Mind relève le gant avec classe et un son furieux. Le lien entre les deux formations existe, les influences venues à la fois du punk et du rock n'roll des années 50, le piano, et certains compositions de The Righteous Mind auraient facilement pu trouver leur place dans le répertoire de la Revue. Mais ce nouveau groupe se distingue par une approche, toujours aussi déglinguée mais dérangée par quelques sons venus d'ailleurs, la pedal-steel tout d'abord, saturé, trituré, le son de cette dernière n'évoque en rien la country (style dont cet instrument est l'emblème) mais un truc un peu bizarre et inédit rarement entendu auparavant. Les claviers ensuite, car dans ce nouveau groupe, le piano n'est plus exclusif mais laisse parfois la place à des sonorités indéfinissables. Pour le reste on retrouve la rage et l'intensité qui est la marque de Jim Jones à travers un cocktail détonnant de six cordes, demi-caisse, Gretsch et Gibson. Gavin Jay, le bassiste, a, pour sa part abandonné la contrebasse, avec laquelle il expérimentait lors des premiers concerts du groupe, pour se recentrer sur son instrument de prédilection, la basse électrique, dont il use avec une intensité peu commune, occupant l'espace de ses lignes saturées et bourdonnante. Derrière sa batterie, Phil Martini tient la baraque avec autorité, alors que ses comparses sombrent à tour de rôle dans l'expérimentation bruitiste, à genoux ou la guitare brandie en l'air. Certains titres reposent uniquement sur lui quand les autres instruments se taisent, réduisant les chansons à un squelette rythmique, inédit et intéressant. L'influence des années 50 s'efface dans ce nouveau groupe au profit d'un climat plus dark mais reste assez présente, on aura par exemple pu se régaler d'un boogie façon Jim Jones, c'est à dire déglingué mais transpercé par le punk. Une très belle soirée, l'album s'annonce prometteur !


Dix ans ça se fête !


Et oui, déjà dix ans d'activité pour ce blog, cela méritait bien un concert ! Alors avec les amis de Songazine (qui, eux, fêtent leurs cinq ans), on vous a préparé une soirée aux petits oignons, le 9 juin prochain au Supersonic. Trois groupes, tous chroniqués dans ces pages au fil des années, et surtout trois formations menées par des chanteuses dans des styles différents et complémentaires. Les Barettes tout d'abord, dans un style pop folk girlie très sixties puis LUX plutôt orienté classic rock 70s et enfin le garage/psyché de Teleferik pour finir. Et cerise sur le gâteau d'anniversaire, Lucie Baratte sera présente pour dédicacer son excellent livre "Looking for Janis". Janis Joplin qui sera en quelque sorte notre marraine puisque chaque groupe a accepté d'intégrer une reprise de Janis dans son set en plus de ses compositions habituelles. Nous avons également profité de l'occasion pour faire un geste et mis en place une collecte au profit d'Octobre Rose, une association pour la recherche contre le cancer du sein, par le biais d'une opération de crowdfunding. Venez nombreux !
https://www.helloasso.com/associations/songazine/collectes/soiree-janis-joplin-collecte-pour-octobre-rose
Event Facebook
9/06/2017 - 20h- Gratuit
Supersonic
9, rue Biscornet Paris 12 (Métro Bastille)

mercredi 10 mai 2017

Binic Folks Blues Festival




L’appellation "Folk Blues" peut, en l'espèce, sembler trompeuse, il n'empêche, la programmation de la neuvième édition du Binic Folks Blues Festival regorge de pépites indés : Gloria, Le Villejuif Underground, Thomas Schoeffler Jnr (pour le coup lui complètement raccord) ou bien encore Sunny & The Sunsets et King Khan & The Shrines pour les têtes d'affiches internationales, la programmation de cette édition fait envie ! Au total, 34 groupes (pour 52 concerts au total) qui se produiront du 28 au 30 juillet en bordure des plages bretonnes. Le tout est gratuit et en bord de mer, ça ne serait pas notre idée du paradis sur terre ça ? Que demander de plus ?

Pokey LaFarge : « Manic Revelations »



Ancien protégé de Jack White, bien que né en 1983, Pokey LaFarge entretient une relation passionnelle avec la musique du début du siècle dernier. Ainsi LaFarge, se situe à l'exact croisement où le jazz, le blues et la country se rencontrent. Ceci pour les influences. Nostalgique, probablement mais certainement pas passéiste, LaFarge propose sur ce nouvel album, le sixième déjà, un contenu frais et original, inspiré par le XXème siècle certes, mais avec une dynamique tout à fait contemporaine. Et surtout de sacrément bonnes chansons rappelant parfois les années 50 (« Better man than me », « Bad dreams »). Ainsi l'auditeur est rapidement happé par le swing infernal de la chose qui suinte au travers des quatre cordes de la contrebasse. Derrière son petit air de Pee-Wee Herman affligé, Pokey LaFarge sort un album au charme suranné et retro, emballant de bout en bout.


mardi 9 mai 2017

Fink's sunday night blues club Volume One.



Musicien au parcours atypique débuté dans le registre électronique avant de bifurquer vers le folk, Fink effectue un nouveau détour en direction de la note bleue. Avec ce très bel album, Fink nous questionne sur le sens profond du blues. Plutôt que de tenter, tant bien que mal, de copier les maîtres Afro-Américains du genre, Fink, conscient qu'il ne partage pas le même vécu qu'un musicien Noir Américain, préfère adapter l'idiome à son parcours personnel. Vu à travers ce prisme le blues n'est plus uniquement un genre musical aux règles immuables mais l'expression d'un vécu personnel, un feeling mis en notes. Ce qui en l'espèce donne des choses assez étonnantes, l'hypnotique et assez réussi « Cold feet » d'ouverture ou « She was right » qui n'entretient que de très loin un rapport avec le blues pur (les puristes s'arracheront les cheveux). L'introduction (les deux premiers titres) passée, une fois que le guitariste a pris ses marques, on ne peut que dérouler le tapis rouge au musicien. Ambiance minimaliste donnant l'impression que la chose a été enregistrée dans une cave, feeling nocturne prenant, acoustique douce à l'oreille : à défaut d'en respecter les us et coutumes à la lettre, Fink a parfaitement adapté l'idiome à son univers musical personnel, ce qui démontre une compréhension intime de l'essence même du blues (et on le remercie au passage de nous épargner une énième reprise de « Sweet home Chicago »). Le « Volume One » du titre semble indiquer qu'une suite serait prévue, tant mieux, on n'est pas près de se lasser de visiter ce nouveau club. Le dimanche comme les autres soirs de la semaine.


dimanche 7 mai 2017

Sean Taylor : « Flood and burn »



A peine âgé de trente trois ans, Sean Taylor sort son huitième album, affichant une constance qui fait de lui un membre respecté de la scène blues britannique. A l'instar de son aîné Tom Waits, auquel on pense souvent à l'écoute de ce disque, Sean Taylor est un conteur, un raconteur d'histoires, qui possède la voix idoine : profonde, légèrement gutturale, un peu brisée, douce et grave à la fois. Son chant, mélodique à l'extrême, sert à la perfection les textes, chantés autant que susurrés, sur un spectre musical alliant folk (« Troubadour », « Life goes on »), blues jazzy (« A good place to die », « The cruelty of man ») et rock n'roll d'inspiration 50s (la magnifique « Run to the water », une grande réussite du disque). Toujours emprunt de poésie, que l'inspiration se fasse grave ou heureuse, Sean Taylor annihile toute pesanteur de sa musique maintenant ce swing léger comme une plume qui s'apprécie de préférence en soirée.

samedi 6 mai 2017

Klô Pelgag : « L'étoile thoracique »



Dans le petit monde baroque de Klô Pelgag, une douleur thoracique se fait étoile, les âmes ont une chorégraphie et les étoiles un sexe. Ainsi, l'auditeur n'a pas fini de se perdre en conjectures, essayant de décoder le sens profond des paroles auxquelles, avouons-le, on ne comprend rien avant plusieurs écoutes. Et c'est là que réside le sens profond de la démarche artistique de la chanteuse Québécoise, plonger l'auditeur dans un monde parallèle où le baroque le dispute au fantastique. Si la musique et la chanson doivent faire rêver, alors, elles ont trouvé en Chloé (son véritable prénom) une ambassadrice de premier plan. Force est de constater que, trois ans après « L'alchimie des monstres », son disque inaugural, la jeune artiste s'est donné les moyens d'assouvir ses ambitions élevées. Mélancolie du piano (« Au bonheur d'Edelweiss »), arrangements de cordes ou de vents puissants et majestueux, la chanteuse se permet même un petit détour funky (« Les instants d'équilibre ») et, chez elle, un simple ukulélé, scie potentielle chez les autres, devient bouleversant (« Les ferrofluides-fleurs »). Disque ambitieux, « l'étoile thoracique », confirme la créativité débridée de la chanson francophone chez nos cousins d'outre-Atlantique, créativité à laquelle on peine à trouver un pendant ici-bas. Klô Pelgag plane-t-elle plus haut que les autres ? Le résultat est un album de haute tenue quoiqu'il en soit…
En concert à Paris (Divan du monde) les 31 mai et 1er juin.

7ème salon du disque des Puces les 20 et 21 mai


Endroit mythique, ayant déjà reçu la visite de Jimi Hendrix ou de Thurston Moore (Sonic Youth), Les puces de Saint-Ouen accueilleront les 20 et 21 mai prochain le salon du disque (7ème édition). Au programme, une vingtaine de disquaires viendront présenter leurs pépites et une dédicace du photographe Pierre Terrasson.
Les 20 et 21 mai 2017 de 10h00 à 18h00.
Entrée gratuite.

vendredi 5 mai 2017

Doolin'



Empruntant son nom à un village de pêcheurs Irlandais, les six membres, français de Doolin jouent un folk celtique irlandais aussi vrai que nature, accordéon, flûte et bodhrán (une percussion traditionnelle) à l'appui (« Mary's jigs »). Une maîtrise formelle qui impressionne et souligne le parrainage du style avec la country étasunienne (« Ballad of Hollis Brown ») ou le blues. Loin d'ériger ce respect de la tradition en anathème inviolable, le sextet garde les oreilles ouvertes sur le monde et apporte sa touche personnelle apportant des influences inédites dans cet univers séculaire. Ainsi, ce dixième album voit le groupe renouer avec sa langue natale, le français, le temps d'une reprise d' « Amsterdam » (Jacques Brel) ou bâtir un pont en direction de l'Afrique, mettant ainsi en parallèle les famines irlandaises et africaines (« Reel Africa »). Plus étonnante encore est la reprise de « Famine » (Sinead O'Connor) en collaboration avec la rappeuse new-yorkaise Taron Benson. Une note jazzy manouche (« Le jupon blanc ») complète ce magnifique moment de musique traditionnel et innovant à la fois.
En concert le 12 mai à Paris (La Cigale)


jeudi 4 mai 2017

Fufanu, Le Point Ephémère, 29/04/2017.


Consacré aux cultures nordiques, le festival Polar s'est achevé par une soirée islandaise dont le point d'orgue fût la prestation de Fufanu qui ne manquera pas de rappeler de nombreux souvenirs aux nostalgiques des années cold wave. En effet, avec ses compositions rappelant pèle-mêle The Cure, Joy Division ou Bauhaus, Fufanu dispose de tous les arguments pour ravir les nostalgiques des années 1980. Mais pas que. A ces références classiques, le quatuor islandais apporte sa touche personnelle, par le biais d'arrangements évoquant l'électro, trahissant le passé technoïde des protagonistes de l'affaire. Sur scène, la chose prend une tournure exaltante par le biais d'une section rythmique, la batterie notamment, donnant un sacré coup de trique aux compositions. Ainsi dynamité, le terrain est parfaitement balisé pour les brusques explosions de guitares et les boucles électro répétitives faisant passer régulièrement passer la musique d'un état contemplatif à une déflagration sonore. Mines affectées, regards absents (mention spéciale au guitariste dont on se demande s'il n'est que sous influence musicale), les quatre membres du groupe feraient passer Ian Curtis pour un joyeux luron, ce qui n'altère en rien l'excitation procurée par l'expérience live. Un concert à la fois solide et excellent.
https://twitter.com/fufanumusic

mercredi 3 mai 2017

Krazy Kat, Musicora, 28 avril 2017.


S'instruire en musique, telle est le leitmotiv de l'ensemble Calliopée, un ensemble spécialisé dans la musique de chambre et les compositeurs oubliés de la Grande Guerre. La dernière création de l'ensemble s'intitule Krazy Kat, une création hybride, d'un nouveau genre, à mi-chemin du ciné-concert et du spectacle vivant. Le show met en parallèle la Grande Guerre qui secoue l'Europe, la naissance du jazz et le centenaire de Krazy Kat, un personnage crée par George Herriman et héros de l'un des tout premier cartoon de l'histoire et est porté par un trio remarquable : la comédienne à tout faire (voix, chant, bruitages divers) Barbara Scaff et les musiciens Frédéric Lagarde (piano) et Carjez Gerretsen (clarinette). Magnifiques instrumentistes, habitués au répertoire classique, ces derniers excellent dans ce registre swing et s'approprient avec classe les pièces entre deux écoles, signées George Gershwin, Scott Joplin, Debussy ou Stravinsky. Krazy Kat donne également à entendre une commande spécifique, en création mondiale, « Krazy Rag » signée du jeune compositeur Jules Matton. Enfin, la comédienne Américaine Barbara Scaff se révèle être une source d'énergie pour le spectacle : elle chante, danse et assure les bruitages grâce à un attirail bigarré. Son sens de l'humour, son charisme et son énergie communicative irradie la représentation.

lundi 1 mai 2017

Makja : "Déchire"

Artiste engagé, Makja, est de retour avec un clip tristement d'actualité dans cet entre-deux tours d'élection, symboliquement mis en ligne le 21 avril...
http://www.makja.com/
https://fr-fr.facebook.com/makjaofficiel/

Un nouveau clip pour les Psychotic Monks

Le groupe vient de dévoiler un nouveau clip, assez anxiogène, extrait de leur premier album (chronique ici).

https://fr-fr.facebook.com/ThePsychoticMonks/
https://thepsychoticmonks.bandcamp.com/
https://twitter.com/psychoticmonks