dimanche 27 février 2022

NO MONEY KIDS

 



La formule du duo guitare/batterie a fait bien des émules, depuis le début des années 2000, dans la foulée du succès mondial rencontré par les Black Keys et autres White Stripes. S’ils sont bien deux, Félix et JM (aka No Money Kids), ont repris la formule à leur compte mais suivant un angle des plus personnels. Tout d’abord en jouant de la multiplicité des instruments ne se cantonnant pas uniquement aux guitares et batteries. De cette ouverture, aux claviers notamment, découle naturellement un éclectisme musical plus électro, mêlant guitares d’inspiration blues ou rock aux nappes planantes, parfois au sein du même titre, entraînant l’auditeur dans un drôle d’ascenseur. La réflexion vaut également pour le chant qui s’aventure parfois dans la scansion rap. Ainsi des gamins sans argent (mais pas sans amis cf. les featurings de The Toxic Avengers ou Charles X sur le deuxième album) on ne peut dire qu’ils sont au sens strict un groupe de rock ou de blues mais un subtil agrégat n’appartenant qu’à eux dont la seule constance semble être l’approche lo-fi et DIY acharnée. Lo-fi, car en dépit de tous les moyens mis en œuvre, leur musique conserve ce côté bancal et bricolé (cf. « Dear Friend »). Trois albums sont sortis de cette savante cuisine (les pochettes des deux derniers sont en présentation en début de post) et la suite immédiate s’écrira sur scène où leur sens de l’ampleur sonore et le petit je ne sais quoi clubesque de leur musique devrait offrir de beaux moments festifs.

En concert au Trianon le 3 mars 2022.

https://fr-fr.facebook.com/nomoneykids

https://www.nomoneykids.com/






samedi 26 février 2022

Howlin’Jaws + Alvilda, Les Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, 25/02/2022.



La deuxième soirée du festival débute avec Alvilda, tout jeune quatuor de jeunes musiciennes, qui n’a pour le moment sorti qu’un seul 45 tours (quatre chansons) rapidement épuisé. Il faut dire que le groupe a tout pour séduire derrière ses nombreux tatouages. Chantées en français, les chansons d’Alvilda possèdent ce charme typiquement français, comme un lien entre les yéyés des années 1960 et les jeunes gens modernes des années 1980. Quelque chose d’intrinsèquement pop, vitriolé par une attaque punk de tous les instants, genre par lequel elles sont passées, particulièrement perceptible dans la batterie, au taquet, et dans les attaques sèches des deux guitares. Frais et énergique, une belle découverte saluée par force applaudissements obligeant les musiciennes, à court de titres, à reprendre la première chanson « Négatif ».

Après un imbroglio dû à un bouton d’alerte malencontreusement enclenché ayant pour conséquence la mise en route de la sirène d’urgence et provoquant l’évacuation de la salle (le bar à cocktail gratuit à base de Jack Daniels, c’était pas forcément une bonne idée les gars) ; la soirée à pu reprendre son cours normal.

Et heureusement, car c’est un groupe particulièrement classieux, les Howlin’Jaws que l’on retrouve sur scène. Quelle classe et quelle leçon de rock’n’roll donnée par le trio ! Débuté dans le rockabilly, il en reste encore un peu (cf. la contrebasse) le trio continue son parcours dans une veine très sixties Kinks/Beatles. Le chant est remarquable, séduit, le guitariste aux interventions toujours justes et pleines de feeling, la batterie mène le tout tambour battant. On imagine les heures de travail et de répétitions derrière pour arriver à un tel résultat, intemporel dès leur premier album ! Le public se déchaîne alors que le guitariste visite régulièrement la fosse, pour la première fois depuis la reprise des concerts, on retrouve un peu ce qui faisait le sel de la vie d’avant. Merci !

https://www.facebook.com/Alvilda.Paris/

https://fr-fr.facebook.com/Howlin.Jaws/


Ariane Moffatt, Le Café de la Danse, 22/02/2022

 

Cela fait exactement six longues années que la Québécoise n’était pas revenue en France. Un retour attendu, et qui s’est effectué avec un nouvel album sous le bras, le sublime « Incarnat », un disque de confinement, minimaliste et articulé autour du piano et de la voix de la chanteuse. La déclinaison scénique dudit album se fait dans les mêmes conditions, seule sur scène, équipée de quelques instruments. Seule, certes, mais avec une arme secrète (il paraît même qu’il s’agît d’une invention française!), un cadre laser accroché sur le mur du fond de la scène et qui fait basculer le show dans la quatrième dimension : séparant la scène d’un mur de lumière, plongeant le spectateur au milieu de rayons lumineux roses, ou envahissant la salle d’une lumière d’un bleu céruléen, parsemé de quelques nuages de fumée, imitant le ciel et donnant l’illusion d’un vol plané, l’effet whaou est garanti ! Musicalement le spectacle s’est déroulé en plusieurs parties, débuté de manière mélancolique, seule au piano (on note une reprise de Leonard Cohen) et à peine agrémenté de quelques sons électro préenregistrés avant de basculer dans une partie plus festive où Ariane, toujours seule, s’accompagne aux synthés, plus dansant mais plus psychédélique également. Enfin, pour les rappels, Ariane enfile l’improbable (au vu de tout ce qui a précédé) costume de la rock star, guitare vintage demi-caisse et grosse caisse au pied, pour un final rock endiablé. Et finalement on retiendra qu’Ariane n’a besoin que des 88 touches de son piano pour vous retourner le cœur.

https://www.arianemoffatt.com/

https://www.facebook.com/ArianeMoffatt

https://twitter.com/moffattariane






jeudi 24 février 2022

Théo Charaf + Jerron Paxton + Left Lane Cruiser, Les nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, 20/02/2022.


A la fois solaire et intense, c’est seul sur une chaise et armé de sa guitare que Théo Charaf se présente sur scène. Paradoxal pour un artiste à l’univers assez sombre mettant son malaise en chanson (cf. « Vampire »), triturant sa voix pour en faire ressortir de vibrantes émotions caressant délicatement et avec feeling ses cordes. Une force se dégage du musicien qui impose le silence parmi le public, c’est assez impressionnant, totalement hypnotisé par la performance hiératique. Comme sur son remarquable premier album solo, c’est en toute fin de set que l’électricité fait son apparition, très certainement une porte ouverte pour le futur. C’est dans ce genre de moment que l’on réalise à quel point l’expérience du concert nous avait manqué. Ainsi, il est difficile de contredire Théo lorsque ce dernier affirme, avec force et justesse : « Aux chiottes les streams » !

Théo Charaf nous avait prévenus en quittant la scène, « vous n’êtes absolument pas prêts pour ce qui va se passer » et encore il était en-dessous de la vérité. Le Louisianais Jerron Paxton, relativement méconnu, est la grande révélation de la soirée ! Seul sur scène, mais multi-instrumentiste surdoué (guitare, banjo, piano, harmonica, violon) Jarron Paxton assure tout à lui tout seul ! Il lui suffit de souffler dans son harmonica pour simuler le passage d’un train et faire voyager le spectateur à travers le sud des Etats-Unis. Voix soulful, chaque geste, chaque note jouée par le musicien est empreint d’un énorme feeling et d’une musicalité sans pareille, entre folk, blues et country. A découvrir absolument !

Enfin, au regard de tout ce qui a précédé sur scène, la présence du duo Left Lane Cruiser a quelque chose de quelque peu décalée. Apparu au début des années 2000 dans la foulée des duos aux patronymes noirs (Black Keys) ou blancs (The White Stripes) prétendant remettre le blues au goût du jour sous couvert de rock garage, Left Lane Cruiser a inversé la problématique mettant la note bleue au cœur de ses préoccupations. On en veut pour preuve le fait que le duo débute son set en reprenant R.L Burnside mais aussi que le batteur, debout derrière un kit minimaliste, soit également équipé d’un frottoir. Déglingué, cradingue, fort en notes saturées, Left Lane Cruiser reprends avec brio l’esthétique du label Fat Possum et, plus généralement, du Hill Country Blues. Aussi excellent soit-il, on peine un peu à rentrer dans l’univers du duo tout penaud que nous sommes après les chocs musicaux précédents.

Sons d’hiver, Maison des Arts, Créteil, 19/02/2022


Il en aura fallu de la résilience aux organisateurs de Sons d’hiver pour, après deux ans d’arrêt forcé, pour organiser coûte que coûte ce dernier week-end de concerts, perturbé à la dernière minute par une grève massive dans les transports en commun. Soirée du vendredi annulée, on aura hélas perdu Anthony Joseph dans la manœuvre, les artistes ont été reportés au samedi pour un programme assez chargé. Et ce n’est rien de le dire, débutée à 19h, cette dernière soirée s’achèvera quasiment cinq heures plus tard, sur le coup de minuit !

On débute donc avec William Parker et cette création ambitieuse « Trail of tears – A continuum 1492-2022 ». Il s’agît d’un poème symphonique, récit de la relocalisation des nations Cherokee et Choctaw, une thématique entrant forcément en résonance avec le destin tragique des réfugiés de nos jours. Pour illustrer son propos, le contrebassiste William Parker se repose sur une formation de grande ampleur, avec sections de cordes et de vents, des danseurs et un chœur où se mélange récitants, chanteuses et chanteurs. Le résultat est à la hauteur des ambitions élevées de Parker et passe allégrement du classique au jazz, de la poésie saupoudrée d’un soupçon de gospel lorsque les voix sont mises en valeur, parfois free et expérimental (cf. les déroutantes stridences des violons) mais mené avec un sens du swing remarquable. Superbe !

La soirée se poursuit ensuite avec Hamid Drake, rien de moins que l’un des meilleurs batteurs de jazz au monde, pour un hommage à Alice Coltrane (décédée en 2007) mêlant une fois encore musique et danse. Le jazz fougueux et expérimental du batteur virtuose s’agrémente également d’électronique (un musicien sur scène est équipé d’un ordinateur portable) lequel ajoute une note bizarre mais restant relativement discrète. Sorte de grand huit faisant passer l’auditeur par tous les états on ressort un peu exténué par la performance, et sa déferlante de notes, passant d’un swing surexcité à des moments plus planants, mais néanmoins magnifiques.

On en serait restés là-dessus que l’on aurait déjà passé une soirée des plus consistantes. Mais ce n’était pas encore fini puisque The Master Musicians of Jajouka ont ensuite fait leur apparition sur scène. Encore une performance contrariée, non pas par la grève mais par la Covid, entre pénurie de vaccins et ouverture tardive des frontières marocaines, le groupe s’est présenté à quatre membres au lieu des sept initialement prévus. Mais comptant sur le soutien du groupe précédent, celui d’Hamid Drake, les maîtres du Jajouka nous ont proposé un grand voyage entre Amérique et Maghreb imposant la musique comme langage universel. Il est d’ailleurs très émouvant d’entendre Hamid Drake (l’un des meilleurs batteurs au monde rappelons-le) parler avec déférence du percussionniste Mohamed El Attar, invitant le public à l’écouter attentivement car « que l’on joue du jazz, du rock’n’roll ou de la funk, il y a toujours quelque chose à apprendre en l’écoutant jouer ». Belle leçon d’humilité.

jeudi 17 février 2022

Ariane Moffatt : "Incarnat"

Dans un décor majestueux, se détache la silhouette d'Ariane Moffatt. La chanteuse québécoise a décidé d'innover avec ce "piano-film", un clip de 20 minutes, accompagnant la sortie de son album du même nom, où les tableaux s'enchaînent comme les éléments (eau, forêt) illustrant les différentes chansons interprétées avec grâce et émotion. De toute beauté !

En concert le 22/02 au Café de la danse.

https://www.arianemoffatt.com/

mercredi 16 février 2022

Cecilya, Le Triton, 12 février 2022.

 

D’origine barcelonaise, la jeune chanteuse Cecilya est arrivée en France, il y a deux ans, juste avant le confinement. Confinée, seule, dans une ville et un pays nouveau, la chanteuse en est ressortie avec un album qui rêve des grands espaces et de l’ouest des États-Unis. Entourée d’un groupe de pointures, la chanteuse, parfaitement francophone, dévoile son répertoire sur scène et pour la première fois ! Folk, rock, americana, un soupçon de blues sont les inspirations principales de la chanteuse auxquelles elle rend hommage de bien belle manière, pour un peu, on s’y croirait, on sent le vent et la poussière retomber dans le moindre solo, inspiré, de guitare ou de clavier. Dotée d’un joli brin de voix, tantôt frêle et tantôt affirmé, débordant de feeling et d’émotion, la chanteuse, de plus charismatique et drôle sur scène ce qui ne gâche rien, se révèle à l’aise dans tous les contextes, de l’émotion pure acoustique à l’électricité plus enlevée. Le public ne s’y est pas trompé, réservant des applaudissements nourris. Un talent à suivre, pourvu qu’elle reste encore un peu chez nous !

https://www.facebook.com/cecilyamestres

https://www.cecilyamestres.com/?locale=fr

samedi 12 février 2022

Sweet Gum Tree, La Boule Noire, 10/02/2022.

 

Le concert débute par un cérémonial assez impressionnant. Il est vrai que l’interdiction des concerts debout et les chaises de jardin installés à la va-vite dans la salle de La Boule Noire (dans laquelle on est assis pour la toute première fois) n’invite guère à la grande bamboche rock’n’roll. Qu’importe après tout, Sweet Gum Tree ne s’inscrit pas (ou si peu) dans ce registre et finalement, être assis, permet de mieux saisir toutes les nuances de la musique de l’artiste. Et Dieu sait si elles sont nombreuses ! Précis et méticuleux dans l’arrangement de ses chansons, pratiquant une forme d’élégance surannée dans sa musique, Arno Sojo fait revivre les grandes heures du rock psychédélique teintée d’aspirations progressives. Ainsi, qu’il le dit lui-même il embrasse à bras-le-corps le concept même de « douceur angevine » (lui-même est originaire d’Angers). Une touche de classe britannique emballe le tout, on y retrouve un peu du George Harrisson (circa « All things must pass ») dans l’utilisation du sitar et de diverses percussions et tablas indiennes. En fin de set, il nous gratifiera même d’une reprise de David Bowie, enregistrée en vue d’un album tribute à sortir prochainement. Pour le reste, accompagné d’un groupe remarquable (on note la présence d’un saxophone, instrument somme toute assez rare dans un contexte rock) et d’une collection de guitares à faire pâlir d’envie (Gretsch, Danelectro, Fender Jazzmaster, une très belle Gibson folk), Sweet Gum Tree laisse respirer la musique et plane à dix mille mètres au-dessus des contingences terrestres. Bon vol !

https://sweetgumtree.tv/

https://fr-fr.facebook.com/SweetGumTree

mercredi 9 février 2022

Gizelle Smith : « Revealing »

 


Elle nous avait charmé, en 2010, avec un premier album en compagnie du combo deep funk allemand The Mighty Mocambos. Une décennie plus tard, les capacités vocales de la Britannique sont toujours là et le charme opère, par intermittence, et dans un genre sensiblement différent. Le début énergique de l’album (« Agony Road » / « Superstar ») nous prouve que c’est bien dans le rythme, le groove, que réside la préoccupation principale de la chanteuse. La musique suit une pulsation endiablée tout en prenant ses distances avec l’esthétique héritée des années 1960 qui la caractérisait jusqu’alors. La porte de l’invitation grande ouverte, disco, pop voire rock, pas toujours pour le mieux cependant (cf. la pale « The Girl who cried slow ») s’invitent à la fête sans oublier la soul qui reste le nœud gordien de toute cette affaire (« Better Remember » ; "Three Tiny Seeds", la meilleure de cette nouvelle livrée) que l’on retrouve dans le moindre de ses coups de gorge. Hélas le résultat est mitigé, parfois aseptisé, parfois fade, parfois victime de choix douteux au goût incertain (« Maybe Baby » ; « King of the Mountain »). Entendons-nous bien, qu’importe l’habillage, Gizelle Smith reste une vocaliste de haut vol et ce troisième album est d’une facture honnête. Mais elle nous avait habitué à mieux…

https://fr-fr.facebook.com/gizellesmith/

https://gizellesmith.bandcamp.com/

https://twitter.com/gizellesmith





mardi 8 février 2022

Jamie and The Numbers : « You don’t love me »

 


Dans le créneau, déjà bien encombré, de la soul vintage le groupe néo-zélandais a choisi d’occuper une place originale et pas uniquement parce qu’ils ont décidés de transformer, avec talent, le « Boys don’t cry » de The Cure en brûlot funk ! La chose démarre plutôt calmement, mais sur d’excellentes bases, dans une tonalité soul / rhythm’n’blues matinée de pop, façon Motown. Efficace, rétro, charmant à tous les niveaux, le groupe excelle grâce à la voix sublime de la chanteuse débordante de feeling et d’émotions nuancées. Mais, au fur et à mesure que l’on progresse dans la découverte de l’album, lentement mais sûrement, le piège se referme sur l’auditeur. Sans que l’on y prenne vraiment attention, subrepticement, le ton de guitares monte et l’air se charge d’électricité. Le groupe décroche un « The Seeker » (Pete Townshend – The Who) de derrière les fagots, enchaînée avec la fameuse reprise des Cure et l’auditeur, décontenancé, se retrouve dans un album de rock garage à la mode BellRays (dans le genre « The Fugitive » vaut aussi son pesant de groove) ! Entre soul, rock et folk aussi, comme le prouve la fin de l'album, le groupe ne choisit pas vraiment, alterne avec une efficacité égale ou, encore mieux, brouille les pistes avec talent. « Tu ne m’aimes pas » clament-ils ! Au contraire, bien au contraire, nous sommes aux anges !

https://m.facebook.com/jamieandthenumbers/




dimanche 6 février 2022

PM Warson : « True Story »

 


Dans la foulée de Nick Waterhouse, l’Anglais PM Warson, guitariste à l’instar de son compatriote James Hunter, débarque avec un premier album au charme rétro indéniable et au swing élégant. Avec ce premier disque, le Britannique renoue avec une forme ambitieuse (pas moins de quinze musiciens crédités sur la pochette) et un sens de l’ampleur musicale où orgues, cuivres et contrebasse sont de rigueur ; en total contraste avec la production au cordeau sans effet superfétatoire aucun mais où tous les éléments sont parfaitement en place. Un véritable régal où chaque coup de cymbale fait frissonner, apporte un feeling et un groove qui fait du bien. A aucun moment le costume ne semble trop large pour le jeune artiste, qui produit lui-même son premier album avec l’autorité d’un vieux routier, et c’est avec délectation que le chanteur enfile les habits du crooner 50s/60s, incarnant à la perfection les ambiances tour à tour jazzy, exotiques, blues/soul, rhythm’n’blues, teintée rock’n’roll pratiquées tout au long de l’album. Une réussite !

https://fr-fr.facebook.com/pmwarson/

https://pmwarson.bandcamp.com/album/true-story





vendredi 4 février 2022

Bror Gunnar Jansson : « Faceless Evil, Nameless Fear »

 


Les dernières nouvelles que le Suédois nous avait laissées, ne nous avaient guère inspirées (cf. l’album « They Found My Body in a Bag », 2019). Sans doute arrivé en bout de course, après 10 ans à arpenter les scènes en solitaire, assurant à lui seul guitare et batterie, Bror Gunnar Jansson a ressenti un besoin de renouvellement. Première révolution, le chanteur est désormais accompagné d’un groupe. Deuxième révolution, autrefois thuriféraire d’un blues roots et rétro jusque dans son look de scène, Gunnar a désormais ouvert son horizon musical et n’hésite pas à lorgner vers le rock voire le métal stoner. Un changement qui sied plutôt bien à son univers dark où rode les tueurs en série et autres malfaisants. C’est donc un prélude au violoncelle qui nous accueille dans ce nouvel effort, avant le déferlement de riffs lourds et envoûtants (« I Can’t » ; « Breathe »). Nous ne sommes certes plus dans le blues au sens strict du terme, mais son influence est toujours là, rôde dans l’arrière plan, prête à nous sauter à la figure (« Cancer »). L’autre plus incontestable réside dans le groove hypnotique apporté par une véritable batterie, loin du rythme simple assuré par le chanteur lui-même autrefois, et qui fait réellement évoluer sa musique. Un Gunnar nouvelle formule, remarquablement produit sans fioriture inutile, et sans aucun doute son meilleur album depuis longtemps.

https://fr-fr.facebook.com/brorgunnarjansson

https://brorgunnar.com/




jeudi 3 février 2022

L’Eclair : « Confusions »

 


La confusion dont il est question dans le titre n’est qu’une vue de l’esprit, car dans les faits, ce nouvel effort du groupe suisse est parfaitement limpide, autant dans son intention que dans son exécution. Mis à mal, comme tant d’autres, par la pandémie, la formation XXL (on dénombre pas moins de 14 musiciens crédités sur le disque) s’est confinée en studio et, contrairement à ses habitudes, à pris le temps de poser sa musique. Le rendu final est conséquent, une heure de musique ! Un véritable trip éthéré à vrai dire, instrumental, où les influences se bousculent. Electro psychédélique (« P+R »), groove et progressif (« Cosmologies »), voire expérimental (« Transmission I et II »), sont autant d’étiquettes trouvant leur justification à l’écoute de ce nouvel album. Mélangeant les influences et les sons, L’Eclair confronte la démarche héritée des années 1970 (Can n’est jamais bien loin) aux réalités d’aujourd’hui (il y a aussi un peu de !!! dans leur démarche, l’agressivité punk en moins). Une conception de la musique qui se prolonge dans l’instrumentation où l’électronique s’amalgame avec volupté aux guitares électrique et à une batterie organique, qui donne un sacré coup de fouet à la musique, l’intention hypnotique donne le tournis ! Une réussite éclatante !

https://leclairband.bandcamp.com/album/confusions

https://fr-fr.facebook.com/lesclairs





mercredi 2 février 2022

Sweet Gum Tree : « Silvatica »

 


L’avantage, lorsque l’on est musicien sans être anglo-saxon, est que l’on peut facilement se projeter et fantasmer la culture d’outre-Manche ou Atlantique. Le fantasme est justement le principal moteur de ce nouvel album de Sweet Gum Tree, alias du multi-instrumentiste angevin Arno Sojo, qui nous propose avec ce nouveau disque un morceau de bravoure plus anglais (« Lifelines »), plus psychédélique (le sitar de « A bright interval »), plus progressif (la quasi expérimentale « Edgewise ») que nature. Un grand fourre tout en vérité, issus d’influences diverses pop, folk ou psyché qui en toutes en commun de se situer à la lisière des années 1960 et 1970 mais remarquable de constance grâce à un soin maniaque apporté à la production et incarné à la perfection par le timbre éraillé et mélancolique (l’Angleterre toujours) du classieux chanteur. Qu’il s’agisse de saxophone, de sitar ou de synthés, rien n’est trop beau pour tenter de sortir des sentiers balisés du rock, une forme de gageure pour un exercice aussi standardisé et ancré dans un passé idéalisé. Et pourtant, mettant l’accent sur son désir de création plutôt que sur la tentation nostalgique, Arno Sojo trouve la clef de l’originalité. Ainsi, son album, frais à l’écoute, s’avère finalement plus intemporel qu’autre chose. Et à l’instar d’un vieux vinyle, on y rentre comme dans un trip, à 10 000 mètres au-dessus des contingences terrestres. Bon voyage !

En concert le 10/02 à la Boule Noire.

https://fr-fr.facebook.com/SweetGumTree