samedi 30 avril 2022

Jostone Traffic Festival, le Cabaret Sauvage, 29 avril 2022.

 


Tourneur précieux pour tous les amoureux de la cause garage rock, Jostone Traffic, qui a tant fait pour faire venir tous ces groupes aimés (BellRays, Fleshtones et tant d’autres qui ont honorés le Cool Soul Festival) fête ses trente ans en grandes pompes dans le cadre majestueux et suranné du Cabaret Sauvage, idéalement placé en retrait de la ville et dans un cadre presque champêtre au bord du canal Saint-Martin. Le line-up est fabuleux et, bien entendu, légendaire ! On commence avec Nine Pound Hammer. Originaire du Kentucky, formé en 1988, le groupe revient fouler une scène parisienne pour le première fois depuis 2008 ! Comme si les années n’avaient aucune prise sur le groupe, ce dernier est toujours aussi rageur, dans un registre punk, qui n’occulte pas son origine terrienne aux accents countrysant. Un pied dans la prise, l’autre dans la boue, on adore ça ! Lorsque les Morlocks débarquent sur scène c’est une leçon de classe rock’n’roll. Formés en 1985, les Morlocks sont arrivés bien après le supposé age d’or du rock garage, dans les années 1960. Pourtant la formation se révèle une merveilleuse machine à voyager dans le temps. Riffs acérés, batterie puissante et voix caverneuse, c’est un voyage dans le train fantôme du rock’n’roll, génial de quoi avoir la banane tout le week-end ! Enfin, last but not least, la soirée se termine avec une légende, une vraie de vraie, les Flamin’Groovies. Oui, oui, ceux de « Supersnazz » (1969), « Flamingo » (1970) et « Teenage Head » (1971), une sorte de sainte trinité du rock garage. Toujours vaillant, Cyril Jordan et son inusable guitare en plexiglas aux étranges reflets colorés est toujours prêt à défendre la cause d’un rock ardent, influencé par Chuck Berry, une incongruité dans sa ville natale de San Francisco. Pourtant, les années passant, Cyril et ses nouveaux compagnons de jeu mettent la pédale douce sur l’électricité et l’énergie brute au profit d’une musicalité plus élevée, les décibels sont maîtrisées et c’est d’autant plus appréciable. Ce fut une magnifique soirée.

vendredi 29 avril 2022

January Sons : « Ocean of days »

 


Faisant fi de l’esthétique minimaliste souvent associé au genre folk, le trio propose une lecture de l’idiome bien différente. On y retrouve pourtant les mêmes ingrédients essentiels, des guitares et même des mandolines. Mais la chose se joue à un autre niveau. Ce n’est certainement pas par hasard que le groupe a choisi d’utiliser le mot « Ocean » dans le titre de son nouvel EP. Qui dit océan, dit vent et, on y vient, c’est justement un souffle, digne du grand large, qui vient habiter la musique du trio. Un sentiment épique qui s’invite dans les compositions : voix ample, martèlement des percussions, éclairs électriques, nappes de claviers, l’instrumentation choisie par le groupe converge vers la scène indie autant pop que rock, le tout incarné par différentes voix, les trois musiciens sont tous chanteurs. Une incongruité mise à profit par le groupe pour travailler avec soin les harmonies vocales. A découvrir.

https://fr-fr.facebook.com/januarysons/




jeudi 28 avril 2022

Jostone Traffic Festival, le 29 avril au Cabaret Sauvage

 


https://www.cabaretsauvage.com/work/jostone-traffic-festival-flamin-groovies-morlocks-nine-pound

Le Bingo

 


Echappé de Forever Pavot, Olivier Cardinal lance son projet solo, et Bingo ! « Bonne Nouvelle » également ainsi qu’il le chante en ouverture du disque. En effet, ce premier EP entretient le cousinage avec Forever Pavot (Emile Sornin, tête pensante de ce dernier groupe en assure la production) et c’est déjà, en soi, le gage d’une pop psychédélique à la française de haute-volée. On y retrouve la même appétence pour les instruments anciens (le Fender Rhodes en particulier) ou les basses rondes à la mode sixties. Tout un arsenal mis au services de pièces pop n’hésitant pas à flirter avec le jazz ou l’expérimentation au synthé analogique décrivant, avec une douce ironie et beaucoup d’humour, l’absurdité du quotidien. On se croirait dans un film de Jacques Tati ! Excellent !

https://lebingomusique.fr/

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mardi 26 avril 2022

Pagan Poetry : « The Unseen / L’Autre Rive » (2021)

 


Sa voix s’est envolée pour l’éternité. C’était le 15 février 2020, un lendemain de Saint-Valentin et quelques semaines à peine avant que le monde ne tombe dans l’ubuesque, la chanteuse Nathalie Réaux nous quittait, après un long combat perdu contre la maladie. Comédienne voix-off, musicienne et choriste dans des projets de grande ampleur, tels que Miossec ou Yael Naim par exemple, Nathalie était également à la tête de son projet personnel, Pagan Poetry (d’après une chanson de Björk). Sorti en 2013 et devenu introuvable, l’EP « The Unseen », la seule trace discographique de Pagan Poetry, a été réédité en vinyle en début d’année. Un bien bel et émouvant objet ! Un magma (mot utilisé à dessein) complexe de mélodies, baroque et lyrique, ésotérique et progressif, mystique et psychédélique. Les moyens mis en œuvre impressionnent, une ampleur sonore dont on mesure encore mieux la magnitude sur le support vinyle. Travaillé dans les moindres détails, produit avec un soin maniaque, l’écrin est parfait pour les envolées vocales de la chanteuse, dont la fascination pour la nuit éternelle de l’espace (on retrouve les paroles prononcées par Neil Armstrong lorsqu’il posa le pied sur la lune en 1969 samplées sur le disque) donne le tournis, une impressionnante sensation de vertige, comme une descente le long d’une spirale. Mais peut-être que le véritable trésor se trouve sur la face B, intitulée « L’autre rive », totalement inédite. On y retrouve l’inédit « From the Dusk till Dawn », une version live acoustique de « The Dark Side of The moon » procurant une étonnante forme d’intimité avec la chanteuse dont on a l’impression qu’elle nous susurre directement dans le creux et de l’oreille et, surtout, deux versions françaises, « Des Siècles Encore » et « L’Autre Rive ». La barrière imposée par la langue anglaise tombée, redécouvrir Nathalie dans ce contexte se révèle encore plus bouleversant. Toutes les aiguilles de la nostalgie dans le rouge, cette dernière ne nous a jamais semblé aussi proche. L’EP original de 2013 se terminait avec ce titre « Wonderworld ». Peu importe l’endroit où se trouve dorénavant Nathalie, nous nous plaisons à croire qu’elle finalement trouvé son « Wonderworld », son monde merveilleux.

Concert hommage le 7 mai au Trois Baudets.






lundi 25 avril 2022

Lisa Portelli : « L’innocence »

 


L’innocence. Retrouver l’innocence du musicien qui découvre un nouvel instrument, la joie simple de faire de la musique. Après un parcours accidenté, ponctué de longues poses, Lisa Portelli semble avoir retrouvé cette fameuse innocence au point de nommer ainsi son nouvel effort. Autrefois très portée sur la guitare, on se souvient de son album « Le Régal » (2011) et des convulsions électriques qui animait l’« Animal K », Lisa revient aujourd’hui, presque sereine, métamorphosée, pianiste, dont la musique se pare d’élégants atours (légèrement) électroniques et pop (« Spleen »). Mais il ne s’agît là que de l’arbre qui cache la forêt des sentiments qui animent sa musique restés, quant à eux, identiques. Comme si tout ce qui avait précédé devait mener à cette étape précise, devenir soi et trouver une voie (et une voix aussi) personnelle et unique. Sur ce nouvel effort Lisa enchante, ensorcelle, mais toujours avec douceur et bienveillance. Le toucher délicat du piano (« Prière » enluminée du récit émouvant de Dani), la voix claire et posée, toujours aussi troublante, envoûtante, dans une sorte de mélancolie doucereuse (« Promenade »). Et lorsque Lisa retrouve ses six cordes fétiches, c’est avec une fraîcheur renouvelée à l’image des éclairs électriques qui traversent « L’Epoux » de part en part. Située en toute fin de parcours, « L’innocence » incarne le sommet émouvant de l’album. A l’origine destinée à Christophe, que la musicienne a à peine eu le temps de rencontrer avant sa disparition, le titre est présenté dans sa version instrumentale (Lisa assurant le piano), immaculée. Cet émouvant voyage ne pouvait finir autrement.
En concert le 12 mai à La Marbrerie (Montreuil)

https://fr-fr.facebook.com/lisa.portelli.officiel





samedi 23 avril 2022

Rivkah : « Duet »

 


Désormais mère de famille (on entends son bébé sur le disque) et installée dans le Loiret, une grande sérénité habite désormais Rebeka (Rivkah), qui pose, sereine, en compagnie de son chien sur la pochette. Et c’est un sentiment calme et apaisant qui habite ce nouvel effort. Une sorte de simplicité bienveillante ensorcelle ces chansons douces à l’accompagnement acoustique, guitares folk et contrebasse, une batterie à peine effleurée soutenant rythmiquement les compositions. Dans ce contexte, la voix délicatement haut perchée de Rebeka se glisse comme une goutte d’eau entre les arpèges de guitares, trouvant naturellement sa place dans ce flot délicat. Les chansons en elles-mêmes (on avoue un faible particulier pour l’excellente tentative jazz manouche « For You ») semblent relever d’un miracle échappé d’une faille temporelle, sans affectation particulière pour le passé mais avec un sentiment d’intemporalité prégnant. Un classique immédiat, écoutez-le, il apaise et fait du bien.

En concert le 19 mai à la Péniche Antipode.

https://www.rivkah.fr/

https://www.facebook.com/RivkahRebekah

https://twitter.com/rivkahrebeka







lundi 18 avril 2022

Roland Bourbon & Serge Korjanevski : « Sacré »

 


S’il existe encore, Dieu merci, des créateurs un peu fous-fous pour nous faire rêver, alors assurément, ces deux cinglés de Roland Bourbon (batterie, percussion) et Serge Korjanevski (à peu près tout le reste pour résumer) en font partie ! Les deux musiciens se sont associés pour un projet dingue et totalement hors-sol intitulé « Sacré ». Hors-sol car il ne s’agît pas d’un simple album. L’objet se présente sous la forme d’une pochette plastique comprenant un cd, un livret sublime de 28 pages, illustré en noir et blanc (une illustration par titre), des photos et des goodies surprise et vraisemblablement uniques (l’auteur de ces lignes a eu droit à une plume!) Le tout forme un coffret luxueux mais sans ostentation, un magnifique objet fait avec le cœur en totale autoproduction, saluons l’effort ! Sur le plan musical, la proposition qui nous est faîte là encore étonne et détonne. Assez éloigné des standards du rock, le duo n’en a gardé que l’aspect progressif, voire grandiloquent, transformant l’écoute en moment suspendu, à part. Ce n’est plus un album mais un voyage, une odyssée au long cours où l’expérimentation délirante se mêle aux accents pop (il faut tout de même bien garder une base classique) et aux rares éclairs rock électriques. Libre (comprendre free comme dans le jazz) et hypnotique, le duo joue également la carte de la poésie, adaptant deux poèmes de William Blake, une qualité littéraire servie sur un plateau par deux voix, celles de Valentine Cohen et Arnaud Frémont, qui récitent avec un talent entraînant l’auditeur dans une spirale étourdissante. Un superbe voyage, un trip psychédélique, on vous l’assure.

https://rolandbourbon.bandcamp.com/album/sacr

dimanche 17 avril 2022

PARK

 


Voici le genre de projet qui intrigue et questionne avant même d’en avoir entendu la moindre note. Derrière l’alias assez passe-partout, se cache en fait une manière de super-groupe (comme disent les anglo-saxons) regroupant Frànçois Marry (des très pop Frànçois and The Atlas Mountain) et le trio punk rageur de Lysistrata. Autant dire une sorte de grand écart impossible que presque rien ne rapproche. Or, c’est précisément là, dans l’écart infime qui sépare le presque du rien que réside tout le sel de cet excitant projet. Une pelote assez difficile à démêler en vérité. Est-ce Frànçois qui au contact du trio n’hésite plus à hausser le ton où le trio qui au contact du chanteur s’est quelque peu adouci ? Certainement un peu des deux, mais le fait est que par une étrange alchimie, l’amalgame possède quelque chose de magique, où la rage de Lysistrata est canalisée et où la pop prend un sacré coup de fouet. Jouant à deux voix, en sus de François, Ben n’a en rien abandonné ses prérogatives de chanteur (et c’est tant mieux), le groupe a su trouver une voie médiane propre à ravir tout le monde sans copier personne. Enfin, les bruitages expérimentaux de Frànçois trouvent naturellement leurs places dans les compositions, apportant une note étrange et intrigante bienvenue, en contrepoint de la tendance naturellement bruitiste des guitares de Lysistrata. Le tout forme une sorte de chef d’œuvre inattendu dont on espère qu’il ne restera pas sans suite.

https://www.facebook.com/parksoundsband





samedi 16 avril 2022

Mélodies pour Gainsbourg, La Dame de Canton, 14 avril 2022.


Daniel et Gilbert, les deux organisateurs des agapes du soir, nous avaient prévenus en ouverture de la soirée en envisageant cette dernière comme un voyage au cœur du corpus Gainsbourgien. Le lieu s’y prête particulièrement, une jonque sur le Seine, un écrin boisé, patiné par le temps et exotique. Ne manque plus que Corto Maltese fixant l’horizon de son regard sombre et on s’y croirait. Ils sont donc quatorze, issus de la scène indé parisienne, à se succéder, une reprise après l’autre. Un programme chargé mais harmonieux en dépit des incessants changements de plateau et autant de scènes cocasses. On commence avec Gilbert reprenant « Ford Mustang » accompagné de S.am (le nouveau nom de scène de Sarah Amsellem), laquelle se glisse à la perfection dans le rôle de Brigitte Bardot. Une mise en jambe avant les choses sérieuses quand la guitariste Lisa Portelli rejoint S.am. Une configuration guitare/voix assez inédite pour la chanteuse (qui a plutôt l’habitude de s’accompagner au piano ou au ukulélé). Se glissant avec malice dans les interstices laissés vacant l’une ou l’autre, la performance est riche d’enseignement. Se concentrant sur le chant, sans se polluer l’esprit à devoir jouer d’un instrument, S.am déclenche des torrents d’émotion. Un moment de grâce suspendu, sous le soleil exactement, dans les reflets mordorés du jour finissant, le soleil se couchant sur la Seine, magique ! On retiendra de cette soirée, le charme de Pauline Drand (« La Chanson de Prévert » qui sera reprise une deuxième fois en compagnie du chanteur de Collateral), la fureur fuzz psychédélique de la Bestyons (Olivier Azzano et Armelle Yons qui a ressorti sa flûte traversière pour la première fois depuis 20 ans) dont les éclairs électrise « L’homme à tête de chou » entrecoupé d’un petit bout de « Je suis venu te dire que je m’en vais » ou la basse de François Puyalto, la longue dérive psyché de « Variation sur Marilou ». En reprenant « Sorry Angel », Guilhem Valayé étonne (il sera d’ailleurs le seul à aller piocher dans cette période honnie, les années 1980, musicalement médiocre, ou en Gainsbarre, Gainsbourg n’était plus que l’ombre du lui-même). Et pourtant, seul à la guitare, tirant la substantifique moelle de la chanson, Guilhem en soustrait une beauté absente de l’originale. Grand moment ! S’il était un animal, le duo Pur-Sang serait incontestablement un Crazy Horse filant à travers les plaines, en direction de la ville fantasmée « New York USA », le temps d’une cavalcade folk rock échevelée. Le public est emballé. Pour être tout à fait exhaustif, Robi et Lembe Lokk ont complété la soirée avec charme et beaucoup d’humour pour la seconde nommée. Enfin, tout ce beau petit monde s’est retrouvé pour le grand final « La javanaise » reprise en cœur par le public refusant de quitter le navire, dans un grand moment d’émotion partagée.

vendredi 15 avril 2022

Natalia M. King + Roxane Arnal, New Morning, 13 avril 2022.



En première partie on retrouve la jeune Roxane Arnal, que l’on avait connu au sein du duo Beauty and The Beast, qui défend vaillamment son projet solo en dépit de vents contraires, problème de micro, guitare quasi-muette, mais la guitariste garde le sourire en toute circonstance, simplement contente d’être sur scène. Envolées classiques du piano, contraste entre batterie plutôt swing jazz et groove funk de la guitare, le premier album solo de la chanteuse, annoncé sur le label Dixiefrog, dont plusieurs extraits on été dévoilés, s’annonce plutôt bien !

En arrivant sur scène, Natalia M. King, nous promettait « de l’amour, des voyages et du blues » ! Le contrat est amplement rempli ! Le rendu live se caractérise par une élégance de tous les instants. La contrebasse en impose, le batteur pratique le geste avec une précision clinique tout faisant montre d’un feeling de tous les instants. Le piano aux accents classiques s’envole, par contraste, l’orgue injecte une dose de groove acide bienvenu. Enfin, ils sont deux à se partager les guitares, dont Natalia, également très à l’aise en français. Le blues, mâtinée de swing jazz, est classieux, élégant, et est incarné à la perfection par la voix rauque de Natalia. Un superbe moment !

mardi 12 avril 2022

The Dead South, La Cigale, 11/04/2022.


C’est une vision assez incroyable qui nous accueille, celle d’une salle de La Cigale (toujours aussi belle deux après notre dernière visite la faute à qui vous savez) archi-pleine pour un concert de bluegrass ! Improbable, un public français, suffisamment béotien pour hurler de ridicules « yee-haw » à chaque fois qu’un banjo pointe le bout de son manche (soyons honnêtes, cela ne sera heureusement pas le cas ce soir), se rassemble en masse pour un concert de cet idiome si américain et si éloigné de notre culture, dans le fond c’est assez réconfortant. Les Canadiens de The Dead South, donc, se présente à quatre, uniquement équipés d’instruments à cordes comme le veut la tradition. La petite originalité se présente sous la forme d’un violoncelle, tenu en bandoulière comme s’il s’agissait d’une guitare, qui présente l’avantage, « deux en un », de remplacer et la contrebasse et le violon. Banjo, mandoline, guitare, ainsi qu’une grosse caisse complète le dispositif. Les musiciens sont alignés sur le devant de la scène, un micro chacun, et de grandes lampes, figurant d’anciennes lampes à pétrole du far-west, se tiennent sur le bord de la scène derrière les fameuses lampes. Dans le mur du fond, quatre toiles en forme de vitraux ajoutent une note gothique. Enfin, le tout est surplombé par le logo du groupe. La prestation révèle une dichotomie entre l’approche classique du bluegrass (une surprise tant le groupe casse les codes sur disque) et un éclairage high-tech nappant la salle de lumières sophistiquées rouge ou verte. Rapidement le groupe emballe le public sur un rythme infernal, les intros sont plutôt calmes avant que la cavalcade se déchaîne assez rapidement. Les quatre musiciens chantent, des voix de gorges plutôt rocailleuses. Une sorte de fièvre s’empare du lieu au fur et à mesure que la soirée avance, les musiciens martèlent le sol de coup de pieds, toujours en rythme à qui mieux-mieux, épris d’ivresse musicale, frappent les cordes avec intensité. Les passages calmes, violoncelle à l’archet alternent avec la transe, ce fût une magnifique soirée !

samedi 9 avril 2022

Pur-Sang : "Darling"

 


"Tu pars sans un mot, voir si le monde est beau", quel programme promis par le duo ! Le monde est-il beau ? Vaste interrogation à laquelle il est difficile de répondre mais, néanmoins, une chose est certaine, une chanson aussi belle aide à le rendre moins moche. Attention les Darlings, le premier album de Pur-Sang sort le 13 mai.


Roméo Blanc + Emma Sand + A Forest Man & The Elements, La Dame de Canton, 7 avril 2022.

C’est seul, chapeau sur la tête et guitare acoustique en mains que se présente Roméo Blanc à qui il revient d’ouvrir les agapes indés organisées sur la jonque. Mélangeant anglais et français, la musique de Roméo se caractérise par une grande douceur, dans les arpèges délicats, également incarnée par son chant mélodieux. Inspirée par ses voyages en Mongolie ou en Nouvelle-Zélande, la musique de Roméo rêveuse, baladeuse et poétique, rêve des grands espaces et ce même lorsqu’il chante des chansons composées pendant le confinement. Une belle découverte.

https://romeoblanc.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/romeoblancmusic/


Sur un mode plus électrique, la musique du quatuor Emma Sand Group, s’inscrit dans une veine bien particulière, à la fois folk et cinématographique, les arpèges s’échappant de la guitare d’Emma font voler la poussière, on se croirait dans un western de Sergio Leone, mais rappelle plus sûrement le très bel album sorti par Valparaiso, il y a quelques années. Mais sous la surface se cache également un groupe de rock redoutable, mené par la guitare machiavélique de Frank, expert en déconstruction sonique et rythmique, grâce à une attaque sèche des six cordes (la section rythmique est à l’avenant). Ne renâclant pas non plus devant les expérimentations tortueuses, le groupe possède une qualité rare, celle de savoir se jouer du silence, qui apporte beaucoup de relief à la musique.

https://emmasand.bandcamp.com/

https://fr-fr.facebook.com/EmmaSandBand/


On termine enfin avec A Forest Man & The Elements, projet qui a bien évolué depuis les premiers morceaux folk solo sortis sur la toile pour devenir un véritable groupe aux contours fuyants. Axé sur les guitares, la musique du groupe laisse autant la place aux nappes synthétiques qu’aux cavalcades échevelées de la guitare solo. De tous les éléments en question, celui du groupe est sans conteste l’eau (ça tombe bien on est posés sur la Seine) tant le groupe navigue en eaux troubles entre rock progressif et psychédélique, on note également une pointe de cold wave lorsque les synthés sont à la manœuvre. Hélas, le dernier morceau (une odyssée d’un quart d’heure) sera amputé de cinq minutes afin de respecter les horaires, générant une fin un peu abrupte. Belle découverte néanmoins dont on attend la première sortie discographique.

https://www.facebook.com/aforestmanandtheelements/




mercredi 6 avril 2022

Oslo Tropique

 


Sorti l’an dernier, le premier d’Oslo Tropique, parce que c’est le jour où les palmiers pousseront à Oslo que l’on comprendra que nous sommes dans la merde, impose d’emblée sa patte sur le rock français. Un alliage subtil dont la puissance percussive prend d’emblée à la gorge (cf. « Les Grands Palaces » ; « Un pavé dans l’écran ») où basse, batterie et guitares martèlent le cerveau. Mais pas dénué d’aspirations mélodiques pour autant (« L’amour et ses fantômes ») renforcé par le chant, en français soulignons-le, mélodique, clair et sensible, qui apporte contraste et distanciation par rapport aux assauts soniques, expérimentations (« Aquarium ») et autres tentations bruitistes auxquelles cède le groupe. De bon augure avant le premier album dont la sortie est prévue pour le 20 mai prochain. On en reparlera à coup sûr !

https://www.facebook.com/OsloTropiqueRock/




lundi 4 avril 2022

The Dead South : « Easy Listening for Jerks – Part 1 & 2 »





Signe des temps, c’est en privilégiant un format court actuellement en vogue, l’EP, que les Canadiens ont décidé de commercialiser leur nouvel effort. Ce dernier se compose de deux disques, une partie 1 et une partie 2, contenant respectivement, 6 et 7 chansons, soit 13 compositions au total, le compte est bon, nous avons bel et bien un nouvel album entre les mains ! Point d’erreur possible, la chose a beau s’appeler « Easy Listening », nous sommes éloignés au possible de la variété 60s/70s. The Dead South reste fidèle à son idiome fétiche, le bluegrass (pour rappel, la country des collines jouée exclusivement sur des instruments à cordes, sans batterie ni harmonica par exemple). Un genre codifié à l’extrême, très ancré dans la ruralité étasunienne, à laquelle le groupe canadien est étranger (bien que proche géographiquement) et qu’ils ont, jusqu’ici, adapté à leur goût en le teintant de rock’n’roll. Ainsi, le premier disque, concentré sur les reprises de classiques du genre, offre une surprise de taille en respectant à la lettre la tradition. Banjo, contrebasse, mandoline, guitare acoustique et violons sont de sortie pour une virée de haute volée, voire une cavalcade vu le tempo rapide imposé, dans les grands espaces. C’est à la fois aéré, la musique respire le vent des collines, et dépaysant, tant la musique est propre à nourrir les rêves de voyages. Le deuxième EP, est en revanche beaucoup plus proche du son typique des Dead South, plus rock’n’roll, le battement rythmique est plus lourd, l’attaque franche des cordes rapproche le quatuor de la scène punk (« Chop Suey »). Le choix des reprises est à l’avenant, concentré sur des titres pop/rock, la plus marquante du lot reste « People are Strange » (The Doors). Les deux EP sont complémentaires et s’emboîtent naturellement l’un dans l’autre. L’ensemble offre une vue panoramique du talent du groupe canadien.

En concert le 11 avril à Paris (La Cigale)

https://www.thedeadsouth.com/

https://www.facebook.com/TheDeadSouth






dimanche 3 avril 2022

Celestial Burst : « The Maze »

 


Fruit d’une longue période de maturation, ce premier (et pour l’instant unique) EP du duo est sorti en 2020, soit huit années après la formation du groupe. Le disque s’appelle « The Maze », le labyrinthe ou le dédale en français, et cela sied à merveille à leur approche musicale. D’abord parce que les six titres qui le compose, s’étalent tous entre cinq et huit minutes (à telle enseigne que ledit EP peut-être considéré comme un album à part entière). C’est un fait, Alexis (guitare) et Kenza (chant) aiment les titres longs, les productions soignées, les ambiances éthérées, les arpèges délicats desquels ressort un étrange mysticisme, et sur lesquelles s’envole la voix aérienne et mélodique de la chanteuse Kenza Laala. Mais parce qu’il a été biberonné au métal Alexis Lustenberger ne rechigne pas sur les attaques franches de guitares, qui apparaissent comme autant de traits saillants, en contrepoint du chant, et soulignant le climat progressif recherché par le groupe. Rien de fondamentalement métallique, pas plus d’écoute en forme de grand huit où l’auditeur passe par toutes les couleurs (enfin presque cf. « First Flight » !), mais un ensemble cohérent où la saturation s’invite de manière harmonieuse et où les décibels sont savamment contrôlés (cf. « The Maze », la deuxième piste). Tout un univers, entre apaisement (« Obédience » ; « Anna ») et angoisse sourde aux relents psychédéliques (« First Flight ») qui n’est pas sans rappeler les Hollandais de The Gathering, et cela tombe bien, leur ex-chanteuse, la sublime Anneke Van Giersbergen, est invitée sur le dernier titre. Un dernier mot enfin pour souligner la sublime pochette, signée de l’artiste Sarah Benkirane, et qui justifie l’achat d’un disque physique.

https://celestialburst.com/

https://www.facebook.com/celestialburst/




samedi 2 avril 2022

Dirty Sound Magnet : « DSM III »

 


Attention, le redoutable trio suisse, qui nous avait déjà impressionné au temps de son précédent album, est de retour et cela risque de faire du bruit, au sens premier du terme, tant le groupe a décidé de lâcher les décibels sur ce nouvel effort ! Ainsi, DSM s’inscrit dans une veine particulière du psychédélisme, à base de guitares survoltées, une variante particulièrement heavy du rock garage. Mais ce n’est pas tout, privilégiant les formats longs, le trio atteint une sorte de transe hypnotique, qui en fait voir de toutes les couleurs à l’auditeur. Car même dans les moments supposément calmes, le groupe ne peut décemment pas être à fond du début à la fin (cf. « Meet the Shaman »), les musiciens maintiennent une sorte de pression permanente particulièrement sensible dans le traitement des batteries. Un battement sourd omniprésent qui maintient la tension. Pour le reste, on assiste là à une explosion dans tous les sens, de décibels, des guitares et des batteries, mais aussi de créativité, les groupe exploitant dans les moindres recoins toutes les possibilités offertes par ces compositions au long cours (seulement huit titres composent ce nouveau disque). Un sacré trip en perspective.

En concert le 6 avril à Paris (Supersonic)

http://dirtysoundmagnet.com/

https://www.facebook.com/dirtysoundmagnet







vendredi 1 avril 2022

Junkyard Crew : « Life Slides »

 


Et si le cœur de Junkyard Crew était créole ? Car, finalement, à bien écouter, on réalise rapidement que la créolité habite la musique du groupe (« Piti Filé Gumbo ») aussi bien dans le redoutable battement de section rythmique, mélangeant batterie (Antonin Leymarie) et percussions, assurées par le Réunionnais David Doris, que dans le sousaphone, un instrument emblématique de la Nouvelle-Orléans, joué par Jean Crozat. C’est ainsi une véritable ferveur qui anime la formation (« Death Comes Creeping » ; « La Facture » ) proche de la transe hypnotique. C’est un fait, la soul et le funk ne sont jamais vraiment éloignés des préoccupations du groupe, influences habilement mêlées au blues, par la grâce des guitares et cigar box slidées au bottleneck ("That Grin Of Yours"), le tout dans une ambiance poisseuse à souhait (« The Wrong Thing ») évoquant une virée dans les marais. Enfin, en la personne de Manouche Fournier (également guitariste), le groupe tient une voix polyvalente, aussi à l’aise dans le chant que dans le flow hip hop qui habille certaines compositions (l’euphorisante « Watcha Gonna Do »). Dépaysant !

https://www.facebook.com/junkyardcrewtrio