mercredi 29 janvier 2020

Lonely Walk



Après quatre années de silence et leur album « Teen » sorti chez Born Bad, et qui avait déjà à l'époque fait sensation dans les oreilles de votre serviteur, les Bordelais sont de retour. Un nouvel album, éponyme, comme s'il était inutile de poser un titre sur un disque qui sonne comme une nouvelle définition du groupe. Et, dans ce fracas de guitares, de beat implacables et d'électro, allant de la cold wave au post punk, il y a au moins une chose qui ne change pas : l'engagement des musiciens. Il va sans dire que ce nouvel effort est virulent, viscéral, mû par une impressionnante tension, un crescendo tendu, sur le fil du rasoir, toujours à deux doigts de l'explosion. Post apocalyptique, dystopique, jouant des motifs répétés jusqu'à l'implosion, comme pour mieux pénétrer le cerveau de l'auditeur telle une perceuse stridente et chanté sur un mode désincarné : ce nouvel effort fascine au moins autant qu'il effraie. En nous prouve, en creux, une chose. Peu importe le style, la musique devient fascinante à partir où elle véhicule des émotions qui, en l’espèce, affluent. Remué de l'intérieur, l'auditeur ne sort pas indemne d'un album pareil. 

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dimanche 26 janvier 2020

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, le 28/01 au Louxor



Film inachevé d'Henri-Georges Clouzot, L'Enfer, avec Romy Schneider et Serge Reggiani, fera l'objet d'une projection événementielle, accompagné d'une performance du DJ Prieur de la Marne et des voix de Philippe Katerine et Blandine Rinkel (du groupe Catastrophe) ce mardi dans le cadre magnifique du cinéma Louxor. 


Chaque soir tout recommençait from Prieur de la Marne on Vimeo.

Anya Gelden, Médiathèque Nelson Mandela, Créteil, 25/01/2020



Soutenu par la municipalité, le dispositif Créteil en scène, vise à l'émergence de talents en développement, en aidant à leur professionnalisation. Parmi la sélection de cette année se trouve Anya Gelden, une jeune artiste originaire d'Afrique du Sud, installée en France depuis deux ans, laquelle a pu se produire, entre deux rayonnages de disques et devant une immense baie vitrée, dans la médiathèque Nelson Mandela de Créteil, un samedi après-midi. Encore peu assurée devant le public, saisie par le stress, cette dernière a présenté son répertoire le temps d'une courte prestation, seule avec sa guitare acoustique. Inspirée par Cat Power et ravivant le souvenir d'Audrey Hepburn chantonnant « Moon River » sur son balcon (dans le film « Diamants sur canapé »), pour citer les deux reprises du set, Anya possède une belle voix, douce et délicate, qu'elle souligne de ses accords arpégées avec beaucoup de talent (elle joue magnifiquement bien). Suivant la métaphore du fleuve (cf. « Moon River ») pour évoquer le déroulement de l'existence, Anya déroule son répertoire tout en partageant ses vues sur la vie et l'acceptation de ses diverses péripéties. Dans l'ensemble le répertoire est mélodique, harmonieux et délicat même si un titre mené sur un tempo plus swing dans le frotté des cordes trahit l'influence du jazz manouche. Les chansons sont plutôt courtes et le tout manque encore d'ampleur et d'arrangements, comme un diamant brut restant à polir. Mais le talent est définitivement là. Pas encore de disques pour le moment mais d'autres prestations scéniques sont à prévoir… 

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samedi 25 janvier 2020

Paco Duke : « Only dreams come true »




Le Blues Power Band en sommeil depuis (trop) longtemps, c'est finalement le guitariste Pascal « Paco Duke » Guegan qui dégaine son album solo en premier. Une surprise pour le discret guitariste, quelque peu effacé au sein du groupe. Blues Power Band donc, une formation plus power que blues au fil des albums. Une trajectoire également suivie par le guitariste sur son projet solo que l'on ne saurait réduire à la note bleue, même si Paco maîtrise cette dernière à la perfection. C'est peut-être la limite de ce disque, patchwork blues et rock, acoustique ou électrique, aux détours surprenants, au point de croire, parfois, à une erreur lors du pressage (« Zenobia »). Appelons-cela une preuve éclectisme. Un album d'artisan, modeste et passionné, attachant car enraciné dans le feeling (« My true love  ; "Broken Glasses", magnifiques) ou le gros son des années 60 et 70 (cf. « Yellow Jacket » aux accents Deep Purple) et à peine altéré par le chant encore peu assuré du guitariste. Des débuts en solo d'excellente facture. 

En concert à Paris (La Boule Noire) le 30/01
Sortie le 14/02/2020


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mardi 21 janvier 2020

Berling Berlin



Restituant à la perfection les sonorités cold des années 1980, un patronyme fleurant l'ostalgie (la nostalgie de la RDA) : il serait facile d'imaginer Berling Berlin sur la bande-originale de la série Deutschland 83. Une vision bien réductrice, puisque Juan, le chanteur uruguayen du quatuor, se révèle aussi à l'aise dans son espagnol natal qu'en anglais ou en français. Un grand brassage multiculturel, de langues, mais aussi de musiques puisque l'obédience cold de la chose n'occulte pas quelques clins d’œil vers le reggae (« Tangent Line ») ou le rock indé au guitares claires et aériennes (« Paris Montevideo »). Interpol n'est certes jamais bien loin mais, en l'espèce, cet EP de quatre titres se révèle aussi réussi qu'immédiatement attachant, en particulier grâce à l'ambiance prenante que le groupe réussit à instaurer dans un laps de temps aussi court. 

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lundi 20 janvier 2020

Adore : « Restarted »



Evoluant sur le mince fil qui sépare le hard du rock'n'roll, Adore mise sur l'énergie, la saturation (surtout sur « Restarted » le premier titre) évoque un lointain hard-rock qui ne néglige pas pour autant les mélodies (« Ghost »). Rythmiques qui fusent comme une balle et chant étranglé, ce court EP s'impose comme un modèle de pop vitriolé à l'électricité. Ces quatre titres sont, surtout, plein d'entrain et d'allant (« Watch Me ») ; la déclinaison scénique devrait faire des ravages sur scène.


samedi 18 janvier 2020

Tav Falco : « Cabaret of Daggers »



A 73 ans bien tassés, Tav Falco a tout vu, tout connu, tout fait : du punk au rockabilly au rock garage. Un vétéran à la vie bien remplie mais qui n'a pas toujours joui du crédit qui lui est dû. Aujourd'hui, l'homme incarne un paradoxe. Installé en Europe depuis plus de dix ans maintenant (à Vienne aux dernières nouvelles) Falco incarne pourtant, et toujours, une sorte d'idéal musical étasunien, un éternel où blues, rock'n'roll et country se mélangent harmonieusement dans un cocktail sans âge auquel il ajoute sa petite touche personnelle dans laquelle les sonorités latines (à l'instar des démonstrations de tango qui agrémentent régulièrement ses performances scéniques) croisent une forme d'élégance surannée typiquement européenne. Ainsi ce nouvel effort s'écoute comme on savoure un vieux film en noir et blanc, bercé par le piano bastringue et la voix de gorge, gravée par la vie, de Falco qui, à elle seule, incarne le fantasme d'un idéal nostalgique et rétro. 

http://www.tavfalco.com/
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jeudi 16 janvier 2020

Barefoot Iano : « Keep it simple »



Plus qu'une révélation, c'est une redécouverte. Celle de Ian Giddey, aka Barefoot Iano, que l'on connaissait principalement comme harmoniciste des, désormais « en pause », Mountain Men. Six albums au sein du duo et on avait fini par oublier que l'Australien aux pieds nus, exilé de longue date en France, était également guitariste / chanteur (et quel chanteur!) Ce nouvel effort, le quatrième (et oui!) de sa carrière en solo, est donc l'occasion de renouer avec son univers personnel, sensiblement différent de celui des Mountain Men. Le son est plus étoffé que celui du duo, principalement grâce à la présence d'une section rythmique complète, basse et batterie, ce qui change considérablement la donne et éloigne le musicien du blues au sens strict même si l'influence de ce dernier plane du début à la fin du disque, notamment au travers de ses licks d'harmonica bien sentis. Pour le reste nous tenons là une pépite folk/rock, apaisée, ensoleillée, propre au voyage immobile de l'auditeur où à écouter en voiture au gré de routes désertiques et poussiéreuses. Excellent. 

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mercredi 15 janvier 2020

Franck & Damien : « You can find your way »



Franck et Damien, deux prénoms qui constituent une façon simple et directe de se présenter et définit assez bien l'approche naturelle de leur musique. L'album s'intitule « You can find your way » et, à l'écoute, il semble bien que le duo a trouvé la sienne, de voie, folk et bleutée bien évidemment, quelque part entre Ben Harper, Jon Butler Trio ou Xavier Rudd. Guitares acoustiques, lap-steel, quelques percussions éparses, un harmonica et un banjo qui traînent, le résultat est aéré et ample, respire la forêt et le grand air, les chansons grattées et/ou composées au milieu d'un champs. Et le rock'n'roll dans tout ça ? Savamment caché dans le fond du buisson, telle une engeance prête à frapper, il est là, dans l'ombre, sous la forme d'une saturation de guitare savamment étudiée ou dans le mouvement sec du poignet frappant les cordes avec énergie. Le détail qui tue : la voix magnifiquement éraillée incarne l'univers du duo avec beaucoup de soul et de vécu. Un très bel album. 

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mardi 14 janvier 2020

Baston : « Primates »



Complètement passés sous nos radars jusqu'à présent, c'est avec ce premier album que l'on découvre le quatuor breton. Et c'est un bien étrange objet qui se cache derrière cette toute aussi intrigante pochette naïve. Sorte de trait d'union entre les années 1970 et 1980, Baston incarne une sorte de magma sonore où se télescopent nappes synthétiques, tantôt anxiogènes, tantôt hypnotiques et guitares d'obédiences garage, le tout porté par des lignes de basses énormes et une batterie métronomique quasi mécanique. Le chant, quant à lui, est noyé dans la nasse, une couche d'effet le masque, le déforme, au point de rendre les paroles quasiment inintelligibles dans un grand effet de délire kafkaïen. Une interrogation demeure cependant : est-ce du krautrock, de la cold wave, du garage/psyché ? Oui, oui et oui, tout en même temps ! Et c'est là que réside la grande réussite de ce disque, rendre cohérent tout un agrégat d'influences éparses dans un rendu harmonieux et impeccable. Il ne s'agît pas là d'un énième revival mais d'un disque autant personnel qu'intemporel. Et, de plus, sacrément réussi ! 
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lundi 13 janvier 2020

Double Date With Death : « L'au-delà »



Avec un nom pareil, difficile de ne pas attirer l'attention. A ce point, on ignore encore si la camarde attend l'auditeur au tournant à l'écoute de ce nouveau disque des Québécois, mais on peut toutefois d'ores-et-déjà affirmer qu'on est sur le point de se prendre une sacrée décharge d'électricité ! Dans la lignée du Nombre, de Ponctuation ou de Chocolat, Double Date With Death nous offre une nouvelle preuve de la vitalité de la scène garage/punk de Montréal. Car s'il est bien question de cela, d'électricité, de guitares et de batteries révoltées, sur ces neuf nouvelles pistes, la montagne de décibels qui se dresse devant l'auditeur ne saurait obérer les aspirations pop psyché barrées du groupe (cf. « Fluorescent » ; « L'au-delà ») et les jolies mélodies qu'ils sont autant capables de trousser que de vitrioler. Une réussite ornée d'une magnifique pochette signée du génial graphiste Elzo Durt. 

https://doubledatewithdeath.bandcamp.com/
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dimanche 12 janvier 2020

Sarah Amsellem : « Miracles »



S'il est des œuvres qui transportent, bouleversent au point de laisser une empreinte durable chez l'auditeur, alors, assurément « Miracles », premier album de Sarah Amsellem en fait assurément partie. Car si miracle il y a, il tient, en l'espèce, dans cette capacité à marier les contraires entre une musique d'obédience mélancolique, aux accents trip-hop, et un étrange rayon lumineux, faible mais persistant, qui irradie les compositions de la chanteuse, sous la forme d'un accord de ukulélé (« Console-moi ») ou de piano (« Vue de l'intérieur » ; « Miracles ») contrastant avec les nappes de clavier. Dense et d'une profondeur infinie, l'album réclame de l'attention et des écoutes répétées pour en saisir toutes les nuances et plonger dans cet univers où paroles et musiques forment un univers cohérent et personnel jonglant avec les langues (français, anglais et hébreu). Au-dessus du magma sombre plane la voix de Sarah, le cap vers les étoiles, prenant l'auditeur par l'oreille et le guidant dans ce labyrinthe aux murs noirs, entre failles et résilience. On achève l'écoute comme on se réveille d'un songe enfantin (« L'âme innocente »). 
En showcase à Paris le 16/01 (La Fabrique des Ballades Sonores - 19h30)
https://sarahamsellem.com/
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samedi 11 janvier 2020

Rod Barthet : « Ascendant Johnny Cash »



Etat civil, Barthet, Rod, profession musicien ascendant Johnny Cash. Un ascendant rare sur la scène blues hexagonale et, en l'espèce, tenant plus du fantasme tant la musique de Barthet s'éloigne dudit modèle. Ce qui n’empêche pas ce dernier d'attaquer la chose bleue suivant un angle original et personnel. La scène blues française, aussi fournie et intéressante soit-elle, souffre d'une sorte de syndrome de l'imitation prenant sa source chez des groupes chantant dans un anglais mal maîtrisé et ne livrant au final qu'une pâle imitation du modèle original. Rod Barthet a assimilé lui qu'il n'était ni Noir ni Américain et que, par conséquent, son blues, pour être crédible, doit rester fidèle à sa personnalité et donc sera chanté dans sa langue maternelle, celle de Molière, avec la complicité du grand parolier Boris Bergman sur quatre titres, cette approche étant la seule façon de faire résonner ses cordes vocales de vécu et d'émotion. Ainsi, ce nouvel effort de Rod s'invite tel un ovni sur nos platines, un étrange objet à équidistance du fameux blues (le magnifique acoustique « En noir et blanc ») du rock'n'roll (les guitares incisives de « Dans mon monde ») et, plus étonnant, de la chanson française grâce à l'apport original d'un quatuor à cordes sur deux titres (dont le très épuré et sublime « Un homme tout petit » ; Bashung n'est plus très loin). Une présence loin d'être incongrue et qui, à elle seule, fait basculer la musique dans une autre dimension, atypique. 

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jeudi 9 janvier 2020

Duplessy and Brothers of String : « The violins of the world »



Guitariste aventureux, motivé par la soif des grands espaces et la découverte de sons différents, mais plus encore, curieux de l'autre, grand voyageur en musique, Mathias Duplessy est à la tête de ce projet baroque et original où il s'est entouré de trois vielles : japonaise, suédoise et mongole (instrument que l'on a également entendu récemment dans un cadre plus métal au sein du groupe The Hu) tous réunis derrière un alias commun : les frères de cordes ! L'album qui en résulte est une petite merveille de virtuosité navigant entre les styles, nos musiciens faisant office de bâtisseurs construisant, note après note, un pont imaginaire entre les cultures (un bien beau message soit dit en passant). Est-ce du folk, du jazz, du blues ou du country and western ? Non, rien de tout ça au sens strict et, pourtant, tout à la fois en même temps, après avoir emprunté nombre de traverses et autres chemins détournés. Si l'album séduit par ses reprises (le « Brothers in arms » de Dire Straits) qui, parfois, renforcent l'angle cinématographique du groupe (le thème « The good the bad the ugly » signé Ennio Morricone), l'essentiel est pourtant ailleurs. Dans le feeling constant qui porte la musique et emporte littéralement l'auditeur dans un long périple autour du monde. Un album délicat et doux (« Horizon blues ») quoique euphorisant (« Chiken del »), acoustique et chaleureux, mélodique à la douce mélancolie par lequel il convient de se laisser bercer. Magnifique ! 
https://mathiasduplessy.fr/
En concert le 27/02 à Paris (Café de la danse)



mardi 7 janvier 2020

Normcore : « Six Pack »



Si l'on doit parler chiffons, bien plus que le phénomène « Normcore » (le fait de passer incognito en portant des vêtements neutres), la musique du quatuor du même nom évoque plus les jeans déchirés et les chemises bûcherons telles que l'on les affectionnait dans les années 1990. Dis-moi ce que tu écoutes et je te dirais ce qui tu es. A tout les coups si l'on se prenait à fouiller la discothèque de Normcore on y trouverait l'intégrale de Weezer et de Nirvana et peut-être même les quelques albums de Snot (un groupe métal californien de ces années-là) pour reprendre le titre d'un des morceaux de l'ep. Une musique chargée en électricité donc, dont les guitares reprennent l'esthétique des quelques trucs cools évoqués plus avant, et une agressivité justement dosée qui n'obère ni les mélodies ni les harmonies vocales du groupe. Excellent !

https://normcore.bandcamp.com/album/six-pack
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lundi 6 janvier 2020

Chris Shiflett : « Hard Lessons »



Connu principalement comme guitariste des Foo Fighters, Chris Shiflett étonne en solo dévoilant un amour immodéré pour la musique country, indécelable par ailleurs. Néanmoins, on ne se refait jamais totalement et Chris a bien gardé deux ou trois trucs de son groupe fétiche, en matière de saturation sonore générale (qui proviendrait paraît-il d'un ampli de guitare vintage, le Marshall JMC800) et de dynamique rythmique. Filant à la vitesse du vent, les compositions ont une durée moyenne de deux minutes, l'album défie le temps dans une sorte d'hybride country-hard, les amplis dans le rouge, finalement pas si éloignée que cela, dans l'esprit, de ce que proposait Steve Earle à l'époque de « Copperhead Road » il y a trente ans de cela. C'est plutôt réussi. 

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dimanche 5 janvier 2020

Bobby Rush : « Sitting on top of the blues »



Il est là, fier comme Artaban, assis sur le capot de sa bagnole. Bobby Rush est, suivant ses propres dires, sur le trône du Blues. Et c'est probablement vrai ! 26 ème album studio, 75 ème au total, qui dit mieux ? Comme il l'affirme lui-même lors de la première plage, « I'm a bluesman ». Un genre dont il connaît par coeur les moindres arcanes et auquel il rend hommage tout au long de ces onze titres dont certains contiennent son nom (cf. « Hey Hey Bobby Rush » ; « Bobby Rush Shuffle »). Armé de sa foi inaltérable Rush livre 11 pépites, dont certaines s'éloignent un peu du style de Chicago pour des rivages acoustiques (« Recipe for love ») ou la soul music (le grivois "Slow Motion"). Du classique, du solide, débordant de groove et de feeling, incarné à merveille par sa voix rauque, Rush délivre ce que l'on attend de lui : le fameux « Good Stuff ». Dans le genre il est assez difficile de faire mieux. Euphorisant et intemporel. 



samedi 4 janvier 2020

Delbert McClinton and Self-Made Men + Dana : « Tall, Dark and Handsome »




Harmoniciste, vu aux côtés de légendes telles que Tom Petty, BB King, Howlin'Wolf, Jimmy Reid ou Mavis Staples, et songwriter de talent (Emmylou Harris a décroché un tube avec son « Two more bottles of wine » de 1978), Delbert McClinton est devenu un véritable artiste solo après une longue période de maturation. Un vétéran méconnu de 79 ans et une trentaine d'albums au compteur : le Texan a tout vu, tout connu ! Conclusion logique : ce type sait tout faire ! Une preuve supplémentaire nous en est apportée avec ce superbe nouvel effort passant habilement du jazz (« Lulu » ; « Ruby & Jules ») aux accents latins de « Gone to Mexico » sans oublier au passage les indispensables blues (« Loud Mouth » ; « Down in the Mouth »), country voire rock'n'roll. Autant de genres abordés avec maestria, incarnés avec grâce par son timbre de voix rocailleux dégageant une émouvante sensation de vécu du bout de la route (cf. "Temporarily Insane"), sans fausse note ni de goût. Sa personnalité est tellement forte que l'album ne souffre nullement d'un syndrome patchwork, en dépit de sa diversité, et se tient d'un bout à l'autre sans temps morts. Un album qui s'écoute d'une traite comme on voyagerait à travers le temps et l'espace, les époques et les styles. Superbe. 

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vendredi 3 janvier 2020

Jewish Monkeys : « Catastrophic Life »



Enraciné dans la bouillonnante scène musicale de Tel-Aviv depuis 2014, le sextet débarque en France avec cette première sortie en bonne et due forme. Fidèle à ses origines culturelles, le groupe propose un son frais et original, rock'n'roll mais pas que, où les guitares d'inspirations surf côtoient des instruments dont les groupes de rock ont généralement peu l'usage : l'accordéon, le trombone et la clarinette. Autant d'artefacts destinés à offrir un son orientalisant, mi-punk/mi-klezmer, inédit, primesautier et, du moins vu d'ici, exotique (cf. « Punkfurt » ; « Too little too late »). Un grand délire en perspective donc (cf. les costumes de scène ; l'hilarante "Can't get it up") mais qui révèle un fond autrement plus conscient à travers ses paroles positives, prônant l'acceptation d'autrui. La musique survitaminée et le grand tourbillon de langues qui se bousculent (anglais, hébreu et même français) promettent de futurs grands moments sur scène, l'incarnation ultime de cette formation festive (cf. le reggae « Catastrophic Life »). A découvrir. 

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jeudi 2 janvier 2020

Laurence Jones Band



Encore peu connu dans nos contrées, et en dépit de son jeune âge, le Britannique Laurence Jones a déjà un solide parcours derrière lui, fort de cinq albums sortis en solo avant la formation de son Band, un quatuor dont il s'agit du premier véritable album. Allons droit au but, le disque est une véritable petite bombe classic rock placée sous la figure tutélaire des deux groupes majeurs du rock anglais, les Beatles (cf. la reprise de « Day Tripper ») et les Rolling Stones, qui ont, suivant toute vraisemblance, beaucoup inspiré « Everything's Gonna Be Alright » la première piste qui ouvre magnifiquement les débats (et qui ressemble beaucoup à « Gimme Shelter »). Voilà qui vous classe le bonhomme ! Entre les deux, l'album est un festival de guitares en furie, débordant du groove furieux de l'orgue, entre rhythm'n'blues (« I'm waiting », « Stay ») et blues (« Mistreated », « Long Long Lonely Ride ») et, quoi qu'il en soit, toujours plein de feeling. Que du classique certes, mais joué avec passion et envie, le genre d'album qui procure une sensation de plaisir immédiat et dont il est impossible de se lasser. Intemporel, on écoutera encore ce disque dans dix ans sans que la chose ai pris, gageons-le, la moindre ride ! 

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