Manière de Dandy
égaré au 21ème siècle, Alister reprend à son compte l'héritage
de la pop française, délaissé par une pléthore de groupes, trop
occupés à baragouiner dans un anglais approximatif. Alister, donc,
sort son troisième album et il s'intitule « Mouvement
perpétuel », comme une sorte de métaphore de l'histoire de la
musique populaire, dans un mouvement en perpétuel renouvellement où
tout se recycle, il y a toujours un fantôme qui traîne, une mélodie
qui en rappelle une autre. En l'espèce, Alister s'en sort bien. Très
bien même. La production est soignée aux petits oignons, les
arrangements, audacieux, picorent dans le catalogue des musiques
populaires, un peu rock (« Fils de »), beaucoup de pop,
de la chanson au piano (« Les filles entre elles », "Philoscaline") et
même un soupçon de disco (ne fuyez pas!) sur « Avant/après ».
Rythmiquement parlant, la chose est très solide, sur des tempi
plutôt élevés, portés par une basse énorme (instrument qui est
finalement mis plus en avant que la guitare) et entretient un
contraste assez intéressant avec le chant, traînant, détaché et
légèrement nasillard, quelque part entre Gainsbourg et Bashung. Un
décalage que l'on retrouve entre le fond et la forme, dans cette
manière détachée de balancer des paroles piquantes et bien senties
(« Fils de », « Je travaille pour un con »).
C'est à la fois subtil et percutant. Avec « Granny smith »
Alister nous offre une ode, un poème d'amour à la pomme, le genre
de chanson décalée et rafraîchissante que l'on entend plus guère
de nos jours. Mais c'est dans ses moments les plus baroques et
psychédéliques que l'album finît par nous séduire pour de bon, la
magnifique « Cathédrale » (d'obédience Polnareff) ou
« Honni soit qui mal y pense » (qui rappelle plutôt
Gainsbourg). Un disque de haute tenue.
En concert les 27/09
et 11/10 à Paris (Les Trois Baudets).
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