jeudi 29 février 2024

Fomies : « Ominous Prominence »

 


Relativement méconnu, totalement inaperçu jusqu’ici sur nos radars, le groupe suisse Fomies sort son cinquième album. Et quel album ! Tout débute avec cette pochette, aussi sublime qu’inquiétante, une sorte d’évocation des griffes de la nuit. La chose se vérifie à l’écoute et se révèle aussi dangereuse que les mains du monstre représentées sur la pochette. En résumé, le groupe saisit l’auditeur à la gorge pour ne plus desserrer son étreinte létale. Tous les moyens sont bons, guitares saturées et furieuses, pédales fuzz endiablées, rythmique menée à fond la caisse. Non content d’assommer l’auditeur sous les décibels, le groupe porte le coup de grâce en nous hypnotisant totalement. Ainsi les merveilleuses « See » et « The Seeker » ajoutent une dimension répétitive psychédélique à tout le raffut punk et garage rock qui a précédé (et qui va suivre!) Et plus on avance dans l’écoute, plus il devient difficile d’y résister. Aussi bon que du King Gizzard and The Lizard Wizard ! Comment avait-on pu y échapper jusqu’alors ?

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https://fomies.bandcamp.com/album/ominous-prominence





mercredi 28 février 2024

Venus Worship : « Relapse »

 


A l’instar de tous ces groupes que nous chérîmes durant les années 1990, Venus Worship fait du boucan, beaucoup de boucan. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, la guitare, certes omniprésente, n’est qu’un élément dans ce power trio où les instruments n’ont de cesse de se répondre les uns, les autres. Et c’est précisément à cet instant que les choses deviennent intéressantes, dans les changements brusques de direction que s’autorise le groupe (« So it’s war »). Des sorties de pistes, hors des sentiers balisés, qui font brusquement ressurgir les émotions, cachées sous la saturation des guitares, et qui sont également incarnées par le chant. A noter pour finir, le groupe est également très habile dans un contexte lancinant et moins saturé (« Relapse ») voire popisant (« Never give up » tube en puissance) qui fait ressortir à plein la dimension émotionnelle du trio. Prometteur et à confirmer sur le format long.

https://venusworship.bandcamp.com/album/relapse

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mardi 27 février 2024

Kloé Lang : « Ce que la nuit »

 


Avec ce premier EP, Kloé Lang, également actrice et réalisatrice, s’inscrit dans une veine particulière. Celle d’une chanson française, respectueuse du passé, il est difficile de ne pas penser à Barbara à l’écoute de son élocution toute en émotions, mais également ouverte sur le présent. Classique mais pas rétro pour résumer. Electronique et organique à la fois, le disque (réalisé par Michael Wookey) déborde de trouvailles sonores, du jouet trafiqué au clavier vintage. Le tout plonge l’auditeur dans un entre-deux, pris par la mélancolie palpable des compositions tout autant que captivé par cette bulle nocturne et intime. « Aimez moi » proclame Kloé en conclusion de cet EP, difficile en effet de ne pas succomber.

En concert le 6 mars à La Manufacture Chanson

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lundi 26 février 2024

LeanWolf : « Limbo »

 




Une attaque tranchante de guitares, son saturé et amplis dans le rouge, contrebalancée par de larges rasades d’orgue groove et soulful, non, vous n’êtes pas en train d’écouter le fabuleux « Southern Harmony and Musical Companion » des Black Crowes (1992) mais le nouvel EP de LeanWolf (aka Quentin Aubignac). Racé, sauvage et fort en bouche, le rock de LeanWolf réussit ainsi à investir un terrain plus nuancé et soul. L’orgue certes, mais le chant à s’arracher les cordes vocales sous le coup de l’émotion, cassure soul au fond de la gorge, et le groove de la guitare à la lisière du funk (« Frustration ») y sont aussi pour beaucoup. A cheval entre deux cultures, le blues, jamais franchement exprimé mais subtilement évoqué à plusieurs reprises, rode tout au long de ces six titres, y compris lorsque les watts sont en sourdine (cf. la ballade « Everybody needs a woman » , l'acoustique "The angels sing today" qui ponctue le disque). L’écoute de ce nouvel EP nous confirme cette vérité éternelle : les meilleurs groupes de rock ont toujours été ceux possédant le sens du groove…




dimanche 25 février 2024

Nat Myers : « Yellow Peril »

 


Nat Myers, jeune américano-coréen empoigne sa guitare folk et c’est parti comme en 40 ! Ou, plus précisément 1930, si on prend en compte les influences, du delta-blues au folk voire la country, qui habitent l’imaginaire du jeune homme. Guitare picking ou dobro, un simple kick-drum pour marquer le temps, banjo, mandoline, washboard et contrebasse, Nat Myers nous entraîne dans un sacré périple défiant le temps. Car si la forme reste volontairement rétro, c’est d’ailleurs là que réside tout le charme de l’album, dans cette intimité défiant le temps et les modes, le fond est animé de préoccupations tout ce qu’il y a de plus modernes. Ainsi, Nat Myers n’a de cesse de dénoncer ce péril jaune (« Yellow Peril ») qui a saisi le monde d’effroi lors de la pandémie de Covid et qui lui a fait prendre conscience de son appartenance à la communauté asiatique montrée du doigt et désignée responsable de la catastrophe. Une forme de racisme, ignorée jusqu’alors du chanteur, et qui le fait rejoindre en les grands bluesmen qui l’on inspiré (Robert Johnson, Skip James, Leadbelly et consorts). Un album de très haute tenue produit par Dan Auerbach, de plus en plus incontournable dans ce genre de productions raciniennes.

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samedi 24 février 2024

Stella Burns : « Long walks in the dark »

 


En matière cinématographique, on appellerait ça un western spaghetti. Derrière le pseudonyme mystérieux de Stella Burns, se cache en réalité le musicien italien Gianluca Maria Sorace (un ex-Hollowblue) et son dernier album, une collection assez fantastique de ballades entre folk et western, c’est un peu l’Italie qui rêve des grands espaces étasuniens, c’est une poursuite à cheval filmée à Cinecittà. Une illusion est plus vraie que nature prête à transporter l’auditeur en plein désert. Ainsi, à de nombreuses occasions, l’album défriche des terrains autrefois chevauchés par Calexico, arpèges folk et trompette mexicaine (un autre genre de latinité) à l’appui (cf. « Amor », « Long walks in the dark »). A ces éléments, Stella Burns ajoute un sens de l’épique typiquement cinématographique (« Love and thunder » qui sonne comme une bande originale) et une noirceur générale assumée. De fait, des raisons de « marcher longtemps dans le noir », Stella Burns n’en a pas manqué ces dernières années. La camarde rode autour de ce disque, marqué par les disparitions des ses collaborateurs et amis Dan Fante (dont on entend la voix enregistrée, déchirante et comme venue d’outre-tombe, sur la prémonitoire « I want to be dust when I’m done »), de son ami musicien Franco Volpi et enfin du propre père de l’artiste. C’est pourtant sur une note d’espoir que l’album se termine avec « We cannot decide » écrite et enregistrée en quarantaine, alors que Stella Burns sortait de l’hôpital après avoir contracté la Covid. Enfin, comme toute bonne série B italienne qui se respecte, l’album compte son lot de guest stars anglo-saxonne, Ken Stringfellow (aperçu aux côtés de R.E.M.), Mick Harvey (que l’on ne présente plus) et Marianna D’ama (aux côtés de Timber Timbre en live). De la belle ouvrage.

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jeudi 22 février 2024

The Reed Conservation Society : « La société de préservation du roseau »

 


Attention, c’est un petit événement que tous les amateurs de pop attendaient, The Reed Conservation Society, sort son très attendu premier album ! « La société de préservation du roseau », titre miroir, traduction littérale du patronyme du groupe dans la langue de Molière, indiquant une évolution importante dans la trajectoire du duo composé de Stéphane Auzenet et Mathieu Blanc qui, pour la première fois, s’exprime en français, après une remarquable triplette d’EP chantés en anglais. Un pas important ajoutant une dimension nouvelle au groupe, certains textes abordant des thèmes assez sombres telle, « A cœur joie » qui ouvre les festivités en évoquant la violence conjugale derrière un vernis pop luxuriant. Et il s’agît là d’un aspect du groupe qui jusqu’alors nous avait toujours échappé. Pour le reste l’état d’ébaudissement qui saisit l’auditeur dès le premier titre dure finalement toute la durée de ce merveilleux album. Délicats arpèges de guitares (« Le Tamis », « Molly »), détours bienvenus vers la bossa-nova (« Aux rochers rouges ») et autres ambiances latines aux confins du western (« Pylônes ») ; TRCS mets les petits plats dans les grands pour envoûter l’auditeur et le charmer tel un serpent. Remarquablement produit et nourri aux influences de la meilleure eau pop, folk et psychédélique. Enfin, habitué aux collaborations avec de nombreuses chanteuses, TRCS nous a réservé une surprise de taille en invitant Emma Broughton (Blumi) et, surtout, Natacha Tertone (perdue de vue depuis la sortie de son unique album « Le grand déballage » en 2000, bientôt réédité soit dit en passant) sur deux titres qui signe ainsi son retour en grandes pompes avant de retrouver bientôt la scène. Tout juste se permettra-t-on de regretter l’absence de la merveilleuse « Sonoma », régulièrement jouée en concert, toujours inédite dans sa version studio, et mystérieusement absente ici. Un regret minime au regard du niveau atteint par le groupe, assurément devenu une des meilleures formations pop folk du moment.

En concert le 10 avril au Petit Bain

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https://thereedconservationsociety.bandcamp.com/album/la-soci-t-de-pr-servation-du-roseau-2




dimanche 18 février 2024

Leyla McCalla + Rihannon Giddens, Festival Sons d’Hiver, Maisons des Arts de Créteil, 10 février 2024.


Cette dernière soirée du festival s’inscrit sous le signe des retrouvailles au sommet, celles de Leyla McCalla et de Rihannon Giddens, toutes deux ex-membres Carolina Chocolate Drops et réunies le temps de ce plateau superbement pensé par l’équipe, de quoi nous consoler de la suppression (provisoire?) de l’habituel concert du vendredi en ce même lieu. Une seule soirée au lieu de deux, les temps sont durs…

Leyla McCalla, donc. Née à New-York, d’origine haïtienne et installée depuis quelques années à la Nouvelle-Orléans, la chanteuse a depuis entamé une exploration de la créolité sous toutes ses formes et tente de trouver des points de convergences entre la tradition musicale cajun (typique de New Orleans) et la musique haïtienne. En creux, c’est aussi une éloge de la francophonie, tous les participants faisant l’effort de s’exprimer dans la langue de Molière. En l’espèce, la violoncelliste et banjoïste s’est entouré de quatre musiciens, Louis Michot (chant, violon), l’immense accordéoniste Cory Ledet (spécialiste du zydeco) et deux percussionnistes haïtiens : Claude Saturne et Kebyesou. Une sorte de grand écart s’effectue alors devant nos yeux ébahis entre le violon (fiddle) et l’accordéon, tenants d’une tradition proche de la country et les percussions d’obédience plutôt africaine, pas très éloignées de la transe. Tout ce beau petit monde ainsi réuni réussit à jouer ensemble, confortant l’adage selon lequel la musique n’a pas de frontière. Un très beau moment.

La venue de Rihannon Giddens quant à elle fait figure d’événement immanquable tant la chanteuse (elle aussi également banjoïste) se fait rare sur scène de ce côté-ce de l’Atlantique. Un changement d’ambiance se fait immédiatement sentir dès les premières notes de la contrebasse, la puissance du groupe au grand complet (dans lequel on reconnaît Attis Clopton, l’ancien batteur d’Eli « Paperboy » Reed and The True Loves), guitares électriques et claviers, enveloppe immédiatement l’auditeur, en opposition à l’intimité ressentie lors de la première partie. Pieds nus sur son petit tapis de sol, la chanteuse dégage une puissance vocale phénoménale débordant d’émotions, idoine pour incarner ce subtile mélange de blues, soul et jazz teinté de folk traditionnel, incarné par le banjo. Enfin, nous avons vécu un grand moment d’émotion lorsque Leyla McCalla a rejoint sur scène (par deux fois) son ancienne compagne de jeu, comme le dit Rhiannon Giddens : « We go way back » (nous deux, ça remonte à loin). Une très très belle soirée. A l’année prochaine !



samedi 10 février 2024

Johnny Montreuil : « Zanzibar »

 


Ne boudons pas notre plaisir, l’inénarrable Johnny Montreuil le narvalo est de retour avec un troisième album ! Nous aimons Johnny pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’il est l’un des seul, en France, à s’inscrire dans un registre de rock’n’roll très pur aux extensions nombreuses, du blues au honky-tonk, voire à la surf music, toutes situées dans un périmètre très marqué par les années 1950 et parfaitement reproduites ici dans un geste musical de grande classe : c’est à dire toutes guitares dehors (« Ses Amours »), harmonica et contrebasse. Mais, comme son nom d’artiste le laisse supposer, Johnny n’est pas un imitateur et tient à apporter sa touche personnelle à ces styles musicaux très codifiés en s’exprimant en français. Ainsi la musique de Johnny Montreuil est située dans un périmètre très précis à la lisière du périphérique. Gouailleur, argot à l’appui, personne n’a chanté la banlieue aussi bien que lui depuis le Renaud des débuts. A la différence près que lui n’a, jusqu’à preuve du contraire, jamais cédé à la tentation de la variété. Enfin, comme un gamin de banlieue rêvant à un ailleurs loin du béton, Johnny parsème ses chansons d’effluves exotiques du meilleur effet rêvant de musique hawaïenne (« Vers les îles ») ou clôturant son album avec une longue dérive quasi-psychédélique (une nouveauté) aux accent orientaux (« Les goémons » sept minutes, de loin le titre le plus long de l’album). Comme d’habitude, un album de très haute tenue, excellent de bout en bout, qui possède le très grand mérite de transporter l’auditeur dans l’univers personnel de l’artiste.

En concert le 17 février à La Maroquinerie

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jeudi 8 février 2024

Daren Muti : « Ten Songs »

 


Si Daren Muti sort son premier long, après un EP inaugural en 2020, Jean-Rémy Papleux, tête pensante du projet, est loin d’être un débutant, actif depuis la fin des années 1990 dans diverses formations (March, Marnitude). Un musicien expérimenté donc. Ce qui explique très probablement la très grande maîtrise affichée ici. Derrière la batterie ou la guitare, Daren Muti, peint (mot utilisé à dessein car il est également l’auteur de la sublime toile ornant la couverture) en dix chansons un tableau ténébreux. Le tempo est alangui, la guitare dessine des lignes sombres sublimées par des nappes synthétiques oppressantes. Et pourtant c’est une forme de douceur, surlignée par le chant délicat de Jean-Rémy, qui se dégage de l’ensemble. C’est à une forme de folk-rock annonciatrice de la tempête que nous invite le disque. Car c’est en apparence seulement que tout paraît calme. L’orage gronde derrière chaque composition, la tempête approche…

Sortie le 1er mars

En concert le 14 février au Supersonic

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mercredi 7 février 2024

Sarah Jeanne Ziegler : « Le Ciel n’en finit pas »

 


Un temps exilée au Canada avant de revenir dans son Paris natal, Sarah Jeanne Ziegler conçoit ce nouvel EP comme un trait d’union entre les différentes cultures qui vivent en elle. La base en serait le folk et la guitare acoustique qui en constitue la pierre angulaire. Mais le parti pris de production plus moderne, l’ajout des boîtes à rythmes entre autres effet fait évoluer la musique vers de rivages plus pop (cf. « Loup Garou » qui résume parfaitement la démarche). Enfin à cet univers anglo-saxon, Sarah ajoute sa touche personnelle, le français. La trinité folk, pop et chanson ainsi complétée offre un court moment d’écoute (6 titres) charmant et apaisé.

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mardi 6 février 2024

Gabi Hartmann : « Little Songlines »

 


L’heure de l’entre-deux est venue pour la chanteuse, toujours portée par l’immense succès de son premier album éponyme sorti il y a un an, sous la forme d’un EP inédit de cinq titres. Un moyen de patienter, avant la sortie d’un nouveau long format, et aussi un retour aux premières amours de la chanteuse, qui s’était déjà fait remarquer en 2021 avec un premier mini album. Petites chansons, nous indique le titre. Un adjectif qui induit en erreur tant celui d’« intime » nous paraît plus indiqué. En effet, sur ce nouvel EP, le jazz de Gabi se part d’atours acoustiques. A mi-chemin du folk et du jazz, Gabi nous entoure d’une bulle de douceur, courte mais bienvenue. Tout dans ce disque nous invite au relâchement, à l’abandon, porté par les arpèges délicats et la voix charmeuse, de gorge assez grave et pourtant empreinte de délicatesse, de Gabi, qui alterne les langues avec aplomb. Le contexte dépouillé sied particulièrement bien à la chanteuse et permet de mettre en valeur ses qualités vocales avec lesquelles il est difficile, avouons-le, de ne pas tomber en amour.

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lundi 5 février 2024

Olivier Rocabois et son Orchestre, Médiathèque Violette Leduc, 3 février 2024.

Samedi après-midi, la Médiathèque Violette Leduc accueillait un moment exceptionnel, le retour sur scène du grand maître ès pop baroque, Olivier Rocabois et son orchestre. Exceptionnel ce moment le fut à plusieurs titres. Déjà parce qu’il nous a permis de découvrir, plusieurs mois avant la sortie de son prochain album, ses nouvelles compositions qui voient le musicien se renouveler, avec une ambition musicale jamais démentie, tout en restant fidèle à ses passions premières. Ensuite, parce passer un moment avec des musiciens d’un tel niveau, le pianiste virtuose Jan Stümke entre autres, dans un cadre aussi intime que celui-ci, est toujours la promesse d’un moment grandiose, énergie, mélodie et humour des différents protagonistes en sus. Quel plaisir enfin de retrouver la magnificence psychédélique (ah cette guitare électrique!), folk et baroque, de « Arise Sir Richard », « Watch the seasons come and go », « Sound of the waves » ou le bijou caché « Over the moon » jouée sur scène depuis longtemps mais que l’on va découvrir sur disque pour la toute première fois, toutes plus british que nature. Vivement la suite !

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GYASI : « Pronounced Jah See »

 


Instantanément, alors que s’écoulent les premières notes et les guitares saturées, Gyasi nous transporte dans le temps. Les années glam, les années 1970 défilent devant nos oreilles ébahies, entre la flamboyance de David Bowie et le boogie saturé de T-Rex. A ceci près que notre héros du jour est américain et que, à ces influences typiquement britanniques, Gyasi injecte une bonne dose de rock’n’roll étasunien. Et c’est parti pour un cocktail de guitares saturées et graisseuses à souhait (dont le son est recherché et véritablement travaillé) et une bonne dose de blues, harmonica rageur ici (« Tongue Tide »), bottelneck là (« Androgyne ») et des cuivres pêchus pour dynamiter le tout (« Black Strap »). Vous vous rappeler la béatitude, la jubilation provoquée par l’écoute de ces bons vieux albums de rock des années 1970 ? Cheap Trick, James Gang ou Big Star ? Et bien Gyasi c’est pareil, et bien plus encore, ici et maintenant.

En concert le 7 février à La Maroquinerie (Les Nuits de l’Alligator)

https://gyasimusic.com/

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dimanche 4 février 2024

Thomas Kahn, La Maroquinerie, 2 février 2024.

Le concert du soir vient clôturer une séquence un peu folle pour le chanteur, surnommé le petit prince de la soul, porté par le succès de son album « This is real », que l’on peut (re)découvrir dans une version deluxe depuis quelques jours. Un succès non démenti par une Maroquinerie pleine comme un œuf, après un New Morning déjà complet et un passage par Taratata ! Les petits plats ont été mis dans les grands pour cette soirée de nombreux guests, JP Bimeni, la sublime chanteuse Annie Lalalove, ou la légendaire China Moses pour un double hommage aux regrettés Charles Bradley et Sharon Jones. Une volonté affirmée du chanteur d’écrire son chapitre personnel dans le grand livre de la soul, parsemant le concert de nombreuses reprises de classiques des Temptations (« My Girl ») à Otis Redding (« Satisfaction » elle-même chipée chez les Rolling Stones). Pour se faire, le chanteur est entouré d’un groupe taille XL, trois cuivres, claviers, guitare, basse et clavier, et de très haut niveau. Au final deux heures et demie de show de très haute tenue où le chanteur n’a pas ménagé sa peine (quitte à surjouer un peu par moment, il s’agît là du seul petit bémol), porté par un groove sans faille, entre émotion dans les moments les plus intimes (un petit passage par la fosse qui restera dans les annales) et déflagration électrique de la guitare flirtant avec le rock sur la fin. Voici le genre de concert dont on repart avec le sourire !

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jeudi 1 février 2024

Gypsy Mitchell + Muddy Gurdy, Festival Les Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, 31 janvier 2024.

Amateur depuis toujours du petit grain de sable qui fait sortir la musique des sentiers battus, comme par exemple le saxophone chez Morphine, le piano chez Ben Folds Five ou Jim Jones Revue, les cornemuses des Dropkick Murphys et autres banjos de Gliz ou sousaphone de Delgres, nous nous étions pris de passion pour les deux albums de Muddy Gurdy et son blues à la vielle à roue. Les vicissitudes de l’existence nous avaient fait rater le précédent passage du groupe en ce lieu, pour le compte du même festival, tout comme le concert du groupe au Triton des Lilas à l’occasion d’une soirée Soul Bag. Le décès inattendu du batteur, et fondateur du groupe, Marc Glomeau, survenu l’an dernier, nous avait laissé un temps supposer que la chance était définitivement passée. Aussi, c’est avec une joie et un bonheur non feint, que nous sommes avant tout heureux de constater que Tia Gouttebel (chant, guitare) et Gilles Chabenat (vielle à roue) ont décidé de continuer l’aventure du groupe avec un nouveau compagnon de jeu, le batteur Fabrice Bony. Un nouvel album est même prévu pour le printemps prochain ! En attendant, le groupe retrouve la scène de la Maroquinerie pour son blues atypique. Muddy Gurdy, c’est le genre de groupe qui impose le respect tant il réussit l’impossible à savoir respecter la tradition tout autant qu’il la transgresse. Ce fameux petit grain de sable qui fait dérailler la machine prend ici la forme d’une vielle à roue, instrument antique et ancêtre du violon dont il reprend en partie les sonorités. Une sorte de stridence qui, mêlée aux guitares chargées d’effets, du bottelneck à la pédale wha-wha, de Tia (merveilleuse chanteuse à la voix de gorge par ailleurs) crée une toile autant fascinante qu’hypnotique. Magique ! Du grand art !

Dans le registre pointu, Gypsy Mitchell se pose là. Même les sites spécialisés, Allmusic et Discogs, n’ont aucune information sur l’artiste qui, a 70 ans environ, débute une carrière solo dont la discographie se limite pour l’instant à un unique 45 tours. Cependant, un album serait en préparation et sortira dans le courant de l’année. En attendant, Gypsy Mitchell se rode sur scène sur laquelle il débarque sapé comme un mac tout droit sorti d’un film blaxploitation réalisé par Michael Campus (The Mack, 1973). Chargée en guitares, la musique de Gypsy Mitchell s’impose comme un mix parfait entre blues et soul entre passage éthérés et brusques montées en groove de la batterie et des guitares. Sur scène Gypsy fait le show, émule Jimi Hendrix, solo avec les dents et guitare derrière la nuque au milieu de la fosse (une manœuvre dangereuse qui a failli assommer plusieurs spectateurs) ou évoque avec une émotion non feinte la disparition de son fils à la fin des années 90. L’ensemble rappelle les concerts des regrettés vétérans, vus en ces lieux même, Nathaniel Mayer, Leo Bud Welch ou Charles Bradley, tenants d’une soul blues à l’ancienne, dont Gypsy Mitchell s’apprête à prendre la succession avec brio.

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