jeudi 30 septembre 2021

The Freaky Buds : « Hard Days Fuzzy Nights »

 


Il est un peu trop facile, depuis le début de la pandémie, de tout relier à la Covid 19. Pourtant l’écoute du premier album du quatuor nantais donne l’étrange sensation d’un disque d’époque, d’un album de pandémie. Et bien évidemment, un tel disque ne pouvait être qu’un album de blues. Un album langoureux, qui réchauffe et fait chaud au cœur dans il déborde de feeling, dans le chant, dans l’interaction entre guitares et harmonica, et dans ce groove tranquille, mais assuré avec autorité, par la batterie parfois rehaussé de percussions sexy. Un groove assuré par la batterie seule puisque le groupe a décidé de se passer de bassiste. Appelons cela un moins pour un plus, l’assise est plus flexible mais procure à l’écoute une sensation d’intimité, une sorte de sourdine, propice à l’écoute confinée (pandémie, toujours…) Mais quoi qu’il en soit l’album fait du bien ! Car le groupe à beau revendiquer des influences rock allant des Black Keys à Royal Blood, on pense plutôt, pour notre part, à une approche rustique sous influence JJ Cale. Une forme de blues déglinguée, certes, héritée de RL Burnside, et plus généralement du label Fat Possum (cf. « Runaway » ; « Too far gone »), mais en version tranquille et apaisée. Où le feeling est si puissant qu’il emporte tout sur son passage, même la saturation des guitares. A découvrir...

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mercredi 29 septembre 2021

Paul Galiana + Cléo Marie + Mon Eléphant, La Dame de Canton, 28 septembre 2021.


Pour (enfin) fêter en grandes pompes la sortie de son nouvel EP (« Cela a été si long » comme il le dit lui-même) Paul Galiana a mis les petits plats dans les grands en ce mardi soir. Le cadre de la Dame de Canton est sublime, une jonque chinoise posée sur la Seine, au décor à la fois exotique et suranné, il ne manque plus que Corto Maltese fixant l’horizon de son regard noir sur le pont pour que la carte postale soit complète.

Mais c’est surtout sur scène qu’il se passe de belles choses. On commence par Mon Eléphant, un grand gaillard grisonnant armé de sa seule guitare acoustique, entre rock’n’roll et chanson, dont les compositions charment par leur regard décalé, touchant (« Au cas où ») et plein d’humour. Un gars qui se décrit comme « une erreur de calcul » demandant à « être annulé » ne peut être foncièrement mauvais !

Sur scène, Cléo Marie se distingue par une formule basse/voix, assez inédite. Des boucles et autres nappes discrètes permettent de créer une texture assez froide où les textes touchent au cœur, usant de mélancolie. Mélancolique mais pas austère pour autant, quelques accélérations rock et beaucoup d’humour, un peu désenchanté, forment un ensemble équilibré.

On termine enfin par notre tête d’affiche du soir, Paul Galiana, surexcité par la présence d’une vraie section rythmique à ses côtés. Une basse et une batterie qui propulsent les compositions de Paul dans la stratosphère rock, chose qui n’était pas si évidente sur disque. Et c’est donc la musique de Paul qui prend un sacré coup de fouet. Lui-même se transforme en zébulon, se contorsionne et grimpe, en fin de set, sur un tabouret au milieu du public pour assurer le spectacle tout en se lâchant sur la saturation de la guitare. Les textes de Paul pratiquent une sorte de revendication douce où la dimension idéologique ne prends jamais le pas sur l’émotion qui est la source d’inspiration principale de l’artiste. Enfin, pour finir, signalons une chouette reprise du « Small town boy » de Bronski Beat, la version la plus rock que l’on n’a jamais entendu de ce titre.

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Elise and The Sugarsweets, Le Triton, 18 septembre 2021.

 




Cela faisait un petit moment que l’on avait un peu perdu de vue le groupe, confinement oblige, et dans l’intervalle le line-up a évolué avec l’arrivée d’une nouvelle chanteuse, Yulia, originaire de Sibérie ! Autre nouveauté du soir, la présence d’un duo de cuivres. Cet dernier ajout se révèle particulièrement pertinent ajoutant un supplément de peps et de groove, ce qui ne fait jamais de mal, sans pour autant piétiner sur les plates-bandes de l’orgue. Yulia, nouvelle chanteuse de la formation, semble particulièrement à son aise sur scène, assure le show à coups de petits de danse inspiré tout en motivant ses nouveaux compagnons de jeu échangeant les regards complices desquels émane l’immense joie d’être enfin sur scène après des mois de privations. Son timbre fort, assuré ancre la musique du groupe dans la grande tradition soul auquel ils font honneur. Mais tout ceci ne serait que littérature inutile si le groupe ne comptait pas dans ses rangs une section rythmique du tonnerre qui n’a de cesse de fournir le swing, carburant nécessaire pour faire tourner la machine. A cette dynamique, le clavier et la guitare offrent un contrepoint bienvenu, plus soulful, dont les soli successifs débordent de feeling. Un groupe en pleine forme donc ! Avec un nouvel album, prévu pour 2022 et une tournée en préparation, dont quelques dates en dehors de nos frontières, tous les signaux sont au vert pour 2022, enfin pour peu que la Covid nous foute enfin la paix !

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dimanche 26 septembre 2021

Paul Galiana

 




Signe des temps, c’est par le biais d’une campagne de financement participatif que « Marque-page », le nouvel EP du musicien a vu le jour. L’objectif pour Paul, habitué depuis des années à la performance solo en acoustique, était de pouvoir enregistrer en groupe afin de donner une nouvelle ampleur à sa musique. Accompagné de ses compères Guillaume Clain (batterie) et Alain Gibert (basse), le chanteur a succombé aux sirènes de la fée électricité pour un résultat hybride. Les guitares, et l’intensité afférente, ont certes, grimpé de quelques degrés (cf. « La pioche » ; « Histoire ») mais la musique du chanteur reste très marquée par le texte (en français), la chanson française, et de fait assez éloignée d’un idéal rock’n’roll. Et c’est tant mieux ! Car plutôt que pomper éternellement les mêmes plans 70s, le musicien préfère explorer une voie originale, un genre de chanson énergique, dont les rythmes sautillants (cf. « Que faire qu’on finira ? ») refile la pèche, tout en conservant une grande qualité de textes au questionnement essentiel : « Que faire confiné avec toi ? », grande question en effet !
 




Enfin, cette campagne de financement participatif nous a donné l’occasion de (re)découvrir, Luna Papa, le projet précédent de Paul. En dépit de son titre aux allures prophétique, qui semble terriblement marqué par les années 2020/2021, l’EP « En quarantaine » date de 2014. Une époque où les chansons de Paul étaient plus émotives et intimes (« La Citadelle »), marquées par l’acoustique et des instruments tels que le ukulélé ou le violon (en sus des guitares) sans néanmoins négliger la dynamique rythmique grâce à des percussions incisives (cf. « A l’imparfait » ; "Complainte périurbaine") assurées par le musicien lui-même.