lundi 30 novembre 2009

Avishai Cohen, l’Alhambra, 25 novembre 2009.


Nouvelle escale parisienne pour le jazzman Avishai Cohen (voir mon message du 24 juin 2009) qui se présente avec un groupe au grand complet, soit cinq musiciens : guitare, piano, percussions, une chanteuse et Cohen au chant et à la contrebasse. A l’image de son passage précédent on se retrouve immédiatement embarqué pour un beau voyage sur les rives de la mer Méditerranée, dans un pays où il fait toujours chaud et où le soleil est à son zénith. Les percussions orientales, la guitare arabe, le chant tantôt en hébreu, tantôt en espagnol et parfois en latino -cette langue ancienne tombée en désuétude et mélange suranné d’hébreu et d’espagnol- tout confère à donner au jazz d’Avishai Cohen, une saveur exotique, une chaleur poussiéreuse. Il y a, intrinsèquement, quelque chose de profondément méditerranéen qui se dégage de cette musique. Le concert se déroule dans une sorte d’opposition/dialogue entre les instruments. Les percussions (impressionnantes) répondent à la contrebasse. Le piano lutte contre la guitare. Les échanges sont parfois profonds, comme en témoignent les regards complices et les clins d’œil des musiciens entre eux. Le dialogue est tendu, l’auditeur transporté très très loin. Et puis il y a les voix celle, profonde, éraillée et de gorge d’Avishai (on pense à Tom Waits) et les contre-chants féminins éthérés et aériens (un peu trop effacés à mon goût). Parfois, Cohen interprète sa musique seul à la contrebasse, chantant et jouant des percussions à même la caisse de son instrument. Pas avare avec le public, l’orchestre reviendra par trois fois sur scène pour les rappels sous les ovations d’un public qui, bien que repu, ne peut les laisser partir. Et l’on ressortira de l’Alhambra, après plus de deux heures intenses, un peu étourdi, comme après une traversée du désert.
www.avishaimusic.com


dimanche 29 novembre 2009

Seasick Steve, Le Trabendo, 23 novembre 2009.


Si sur son dernier disque Seasick Steve à tendance à faire preuve d’un certain recul et à faire montre de sérénité, sur scène, notre homme au mal de mer sort les griffes et pratique un blues électrique et enlevé aussi féroce qu’addictif. Arrivé sur scène avec dans une main sa guitare et dans l’autre une bouteille de vin (qu’il aura l’outrecuidance de nous faire croire qu’elle venait d’Espagne), Steve, au look de bûcheron fatigué, prend place sur une vieille chaise en bois accompagné de son batteur Dan. Dès les premières notes de « Cheap » la magie opère et une sorte de transe prend possession des musiciens et du public, j’ai à ce propos, retrouvé le hurleur qui m’avait déjà cassé les oreilles lors du précédent concert à la Maroquinerie en février dernier. Steve a également élargi sa collection de guitares toutes plus pourries les unes que les autres et il est d’ailleurs assez rare qu’elles disposent toutes des six cordes réglementaires (mention spéciale à celle fabriquée à partir d’une boîte de cigares). Quant au batteur Dan, il est plutôt en forme, sa crinière blanche se balance d’avant en arrière entre les cymbales. Passons maintenant à la séquence émotion de la soirée. « I need a girl » clame Seasick Steve. Une petite brunette, plutôt mignonne, s’en vient du public et prend place à côté de Steve qui se fait prévenant : « Ne t’inquiètes pas je vais juste chanter une chanson ». « Walking man » en l’occurrence. La nénette n’a pas l’air très rassurée et est toute rouge de confusion. Dan bat calmement la mesure à poings nus, un peu comme on jouerait du djembé. Arpèges de guitare acoustique délicats, beau moment d’émotion partagée. « Chiggers », nommée d’après une maudite mauvaise puce du sud des Etats-Unis, a été le théâtre d’une explication sur les méfaits de ladite puce. Pour « Diddley Bo » Steve a sorti le plus improbable des instruments, un diddley bo de récupération composé d’une planche de bois, une seule corde et agrémentée d’une poignée de porte (Chevrolet 75) et d’une boite de conserve concassée. Quand les moyens manquent, l’imagination et la débrouille prennent le pouvoir. Arrive alors la jeune Amy Lavere venue chanter en duo la délicate « I’m so lonesome i could cry » la reprise d’Hank Williams et les choses sérieuses commencent puisque les musiciens carburent désormais au Jack Daniel’s. Parfois la musique s’arrête et Steve prend le temps de nous parler de sa vie, de son histoire. En dehors de son talent de musicien il est également un exceptionnel storyteller. Le temps d’un dernier tour de la fosse, au milieu du public, guitare en mains et c’est fini. Ainsi s’achève cette belle prestation de Seasick Steve, révélation blues de cette année 2009, inconnue dans nos contrées il y a encore un an.

samedi 28 novembre 2009

Black Joe Lewis & The Honeybears, Le Nouveau Casino, 22 novembre 2009.


Ouh là là, ça dépote !!! Venus de leur bonne ville d’Austin, Texas, Black Joe Lewis (cf mes posts des 7 avril et 2 novembre 2009) et son groupe, les Honeybears, ont débarqué au nouveau casino pour leur première visite française. Un constat s’impose d’emblée, la soul music telle qu’elle pratiquée par Mister Lewis, suinte, sent la sueur et est aussi moite que leur sud natal. Comme on pouvait l’imaginer à l’écoute du disque leur musique est aussi fortement imprégnée de blues mais aussi de rock garage. Contrairement à Eli « Paperboy » Reed ou au classieux James Hunter, les guitares de Lewis, que l’on a également pu écouter à l’harmonica, sont grasses et les deux guitaristes n’ont pas peur du gros son. On pense aux BellRays, sans chanteuse mais avec trois cuivres. Sur un titre comme « I’m broke » la formule marche à merveille d’autant que Black Joe « Shout » aussi le blues très bien. Agrémenté de plusieurs reprises Black Joe Lewis a joué un set assez long, trop long même, la belle énergie du début s’étant délitée au fil de la soirée. Le groupe est alors retombé dans une espèce de mécanique répétitive avant de finir dans un chaos total. Le bassiste a même carrément pété les plombs, envoyant de grosses patates désordonnées qui agressent les oreilles et finit par jongler avec sa basse. Alternant le très bon avec le n’importe quoi le groupe a délivré un set à l’image de son album, survolté et intriguant, confirmant son image d’espoir qui manque cruellement de maturité. Gardons la foi, cela va venir…
http://www.blackjoelewis.com/
www.myspace.com/blackjoelewis

samedi 21 novembre 2009

Tennisoap, Le Grand Palais, 20 novembre 2009.


Le Grand Palais, petite merveille architecturale avec une immense verrière en guise de toit, accueille ce week-end un évènement autour du skateur Tony Hawke, auquel le groupe Tennisoap a été invité. Drôle d’ambiance. Le groupe est perché sur une scène, à plusieurs mètres de hauteur, au dessus d’un wagon SNCF et surplombant plusieurs rampes de skate. Le groupe est loin du maigre public rassemblé sur une petite estrade. L’horaire inhabituel, entre 13 et 14 heures un vendredi en semaine, n’aide pas non plus. Alors évidemment dans un tel contexte, le concert, qui d’ailleurs ressemble plus à une répétition, de Tennisoap passe un peu inaperçu et, dans tous les cas, accessoire. La connexion avec le public est nulle (et ce n’est certainement pas la faute du groupe qui fait ce qu’il peut) qui est loin. Le silence entre les morceaux est parfois pesant et est à peine comblé par le bruit des skateurs qui se vautrent la gueule les uns après les autres (on n’y pense pas mais c’est super bruyant une rampe de skate). Ironie de la chose, pendant le set l’écran géant à côté diffuse des images de skate tournées dans ma bonne vieille banlieue de Créteil sur la place devant la mairie. Et pendant ce temps là Tennisoap joue, et plutôt bien, un set rentre-dedans et énervé, dans l’esprit skate quoi. En tout cas, là bas, dans leur coin, ils ont l’air de bien s’amuser entre eux avec leurs Telecasters. Et pourtant c’était loin d’être gagné car si le Grand Palais offre un cadre de rêve, l’endroit est loin d’être adapté pour la musique. La hauteur sous plafond est immense, il y a beaucoup de réverbérations et de résonances. Les gars m’expliqueront après qu’ici une note met six secondes à faire le tour de la salle, ce qui est énorme ramené à la durée d’une chanson. Sonoriser un endroit pareil, c’est un cauchemar. Cependant même si c’est loin d’être idéal, ce n’est pas la catastrophe non plus. Disons que l’on a déjà entendu pire. Sentiments mitigés donc mais on a quand même eu la confirmation du potentiel scènique du groupe que l’on pourra beaucoup mieux juger lors de leur passage à l’international en février prochain.
www.myspace.com/tennisoap

vendredi 20 novembre 2009

Big Brother and the Holding Company, New Morning, 19 novembre 2009.



Toujours ensemble, le guitariste Sam Andrews, le bassiste débonnaire Peter Albin et le batteur Dave Getz poursuivent la route commencée il y a bien longtemps, à la fin des années 60 avec la chanteuse irremplaçable Janis Joplin. Manque également à l’appel le guitariste James Gurley remplacée par un petit jeune, excellent, qui cherche, lui, à réveiller le fantôme de Jimi Hendrix. Tout ceci n’est pas sans provoquer quelques situations cocasses, quand je suis allé retirer mes places à la fnac, le vendeur, très compétent, m’a tendu les billets en me disant : « et voilà vos deux places pour le concert de Janis Joplin ». Véridique. Faut-il en rire ou en pleurer ?


Le début du concert procure une étrange sensation. Depuis des années on écoute Janis et Big Brother en pensant que jamais on aura la chance de vivre cette expérience en live (j’avais déjà ressenti ça il y a quelques années à un concert du MC5). Et là on y est presque. Janis n’est évidemment plus là mais sa remplaçante ne manque pas de mérite. Ca en devient troublant, le grain de la voix est exactement le même, le chant identique et le look copié. Et la dame met dans ses vocaux autant de passion que son modèle, c’est flagrant sur « Mercedes Benz ». Du coup, dès le premier titre « Down on me » on y est presque, là-bas, au loin, quelque part entre San Francisco et Woodstock. C’est vraiment étrange d’entendre en live pour la première fois « Summertime », « I need a man to love » (plus funky que l’originale », « Turtle Blues » (ma préférée, mon péché mignon) et les autres… La taille humaine de la salle, le public un peu clairsemé et le français, très correct, de Sam Andrews, a contribué a créer une réelle connivence entre le groupe et le public. Comme le disait Sam Andrews : « C’est un rêve devenu réalité pour nous de jouer en France pour la première fois ». Et bien, pour moi et pour les autres spectateurs présents aussi j’imagine, c’était un rêve devenu réalité de les voir en live pour la première fois. Une soirée magique…
http://www.bbhc.com/
Et un grand merci à Xav' pour les jolies photos !

jeudi 19 novembre 2009

Raul Midon, La Cigale, 16 novembre 2009


Il est gentil Raul Midon. Avant même le début du concert, il s’excuse auprès du public pour ses quelques petits problèmes de voix qui l’empêchent de chanter normalement et l’obligent à tenter des choses différentes. Qu’il soit rassuré Raul, on n’entendra pas la différence. Livré à lui-même, seul avec sa guitare acoustique, sur la magnifique scène de la Cigale Raul Midon a livré une performance qui confine à la magie onirique grâce à la beauté du lieu et au superbe light-show. De belles lumières colorées qui mettent dans l’ambiance. Problème de voix ou pas, Raul reste un superbe chanteur au timbre doux et fort à la fois. Ce concert permet aussi de mieux réaliser quel excellent guitariste il est. Jouant sans médiator, il effleure les cordes dans des arpèges délicats, tirant de l’instrument des harmoniques invraisemblables, avant de frapper ses cordes transformant la guitare folk en instrument de percussion. Ses mains dévalent le manche avec dextérité passant d’une gamme à l’autre et même si personnellement je trouve qu’il se perd un peu en route et coupe trop les cheveux en quatre, c’est quand même incroyable. Le public ne reste pas insensible à tant de beauté éthérée et lui réserve une chaude ovation. Le plus beau moment sera certainement « sunshine » où la foule reprend en chœur le refrain lui donnant un tour très émouvant. Equipé de petites percussions, Midon réussi la prouesse de jouer des deux instruments en même temps, une main pour la guitare, l’autre pour les percus, et prouve qu’il n’a besoin de personne pour groover. Le set reprend de larges extraits du premier album, superbe version de « State of mind » et du dernier opus « Synthesis ». Malheureusement du deuxième album seule « Ain’t it happened yet » sera jouée. Dommage, j’aurai bien aimer écouter « Pick somebody up ». Enfin un concert de Raul Midon ne serait pas complet sans ses fameuses imitations de la trompette, plus vraies que nature, dont il gratifiera le public ici et là. Et on a même eu droit à un petit cours de reggae très instructif avec démonstrations à la guitare à la clef. Très belle soirée.



dimanche 15 novembre 2009

Art Brut vs. satan


On ne parle pas assez des britanniques d’Art Brut. Ces derniers, en toute discrétion et complètement « off the radar », viennent de nous gratifier d’un excellent album, leur troisième en l’occurrence, intitulé « Art Brut vs. satan ». Mais qui est ce satan ? Certainement pas Black Francis, qui a produit le disque, et les a gratifié d’un son clair et tranchant aussi efficace que celui du grand modèle Pixies. Pour le reste la formule bouge peu, Eddie Argos chante toujours aussi peu mais déclame ses textes à l’humour toujours aussi ravageur. Connaissez-vous un autre groupe capable de vanter les mérites des comics books et des milkshakes au chocolat sans être ridicule ? Ou les malheurs avec la gente féminine ? Une section rythmique qui dépote, quelques excellents riffs de guitares, excellents et bien mis en valeur par le Sir Francis et le tour est joué. Certes ça ne révolutionnera pas le monde, mais ça fait du bien et ça remonte le moral. Après tout c’est bien pour ça qu’on l’aime notre bon vieux rock n’roll, non ?
http://www.artbrut.org.uk/
www.myspace.com/artbrut

samedi 14 novembre 2009

Pura Fé : Full Moon Rising




Sur ce nouvel album, la chanteuse indienne d’origine Tuscarora, Pura Fé, ratisse large et voit les choses en grand. Un opus du genre maousse, 17 titres et 74 minutes, au temps du vinyle cela nous aurait fait un beau double album. Ce tout nouveau « Full Moon Rising » marque une évolution musicale très nette. Il est vrai que le disque précédent « Hold the rain » était une sorte de climax du blues acoustique de la demoiselle, dans le genre il est difficile de faire mieux. Alors autant éviter la redite et tenter d’envisager les choses différemment. D’où cette collaboration avec des nombreux rappeurs, dont les interventions émaillent le disque. Deux expressions différentes d’un même cri. Où bien alors ce son beaucoup plus électrifié qu’à l’accoutumée. Dans le style « Borders » est une belle réussite, la rythmique à la « wha-wha », assez hendrixienne, se mariant très bien avec la voix puissante de Pura Fé. Sur ce disque, cette dernière paraît plus concernée par le chant, mais c’est avec plaisir qu’elle retrouve sa guitare lap-steel acoustique : « Hard time killing floor » (reprise de Skip James), "My Angel" (sept minutes, la plage la plus émouvante de l'album), « Flight tonight » et « Woman sacred » sont d’autres réussites plus représentatives de son style habituel. C’est comme ça, on ne se refait jamais tout à fait… Enregistré sur sa terre natale de Caroline du Nord, cet opus se teinte parfois de country : « **** 4 Daughters », « Great Gandpah’s banjo » aux rythmiques jouées au banjo. Comme toujours Pura Fe émaille le tout de chant Indiens traditionnels. Dépaysement garanti.
http://www.purafe.com/
www.myspace.com/purafe




vendredi 13 novembre 2009

The Jim Jones Revue




Ames sensibles, passez votre chemin !! Dans le genre boucherie, le premier album des Britanniques de la Jim Jones Revue, se pose là. Leur ambition : mélanger les guitares punks les plus crades possibles sur des rythmes swing hérités du blues et du jazz avec en prime du piano pour lier le tout et un hurleur de première classe en guise de chanteur. Ca détonne. Voici donc le groupe avec le son le plus sale du moment. Tellement sale que c’est en même parfois un peu trop, certains passages sont limites, limites. Mais peu importe. L’album ne s’écoute pas. Il se prend en pleine tête. Dans un magma électrique infernal et hallucinant de violence, en survoltage permanent. Débridé, échevelé et sauvage. Ce disque c’est un shoot de pure adrénaline électrique. Du rock n’roll comme on l’aime doté d’un fort potentiel addictif. C’est fort. C’est ça la classe…
www.jimjonesrevue.com
www.myspace.com/jimjonesrevue
www.punkrockblues.co.uk




mercredi 11 novembre 2009

We want Miles


Après les expositions consacrées à Jimi Hendrix et John Lennon, c’est au tour de Miles Davis de se voir accueillir au sein de la Cité de la Musique. Une quantité impressionnante de documents et artefacts divers a été ainsi réunie : instruments de musiques, partitions, photos, magazines et articles, pochettes originales des 33 tours d’époque. Plusieurs œuvres également, de Jean-Michel Basquiat notamment, mais aussi de Miles Davis lui-même. En effet après avoir été victime d’une attaque au début des années 80, Davis s’est mis à la peinture afin de rééduquer sa main. Le site est divisé en deux parties, la salle du haut est consacrée aux débuts marqués par le be-bop ; celle du bas à la période électrique qui donnera naissance à des chef-d’œuvres aussi importants qu’ « In a silent way » et « Bitches Brew ». Un casque distribué gratuitement permet de profiter des nombreux extraits sonores et vidéo. Le tout dessine un passionnant portrait en creux de Miles Davis, un des musiciens les plus importants du 20ème siècle. A voir jusqu’au 17 janvier 2010.
http://www.citedelamusique.fr/

Mayer Hawthorne & The County, La Bellevilloise, 10 Novembre 2009.


Première visite parisienne pour Mayer Hawthorne, le jeune artiste de Detroit, accompagné pour l’occasion de son groupe The County. Concert au moins aussi attendu, son premier opus « A Strange Arrangement » est l’un des événements de l’automne, que redouté tellement le niveau de sophistication du disque, sous haute influence Motown, paraît impossible à reproduire sur scène. Problème visite résolu par la jeune bande en goguette, ce que la musique perd, à peine, en élégance, elle le gagne en efficacité brute, grâce à un groupe de musiciens talentueux. Ils sont quatre : guitare, basse, batterie, clavier et Mayer Hawthorne qui donnera aussi du clavier. C’est sous un feu d’applaudissements nourri que le dandy, en costume trois pièces, chemise blanche et cravate rouge fait son entrée en scène sur les premiers accords de « Maybe so, Maybe no ». Parmi les bonnes surprises, des versions survoltées de « Your easy lovin’ ain’t pleasin’ nothin’ », de « Green eyed love » (qui me rappelle quelqu’un) et de « One Track Mind » enchaînée avec une surprenante reprise du « Mr Blue Sky » d’Electric Light Orchestra, que tout le monde connaît depuis une fameuse publicité pour un opérateur de téléphones portables. Comme quoi Mayer Hawthorne n’est pas uniquement focalisé sur la Motown ce qui sera confirmé un peu plus tard avec un autre moment amusant une reprise karaoké, par-dessus le disque, du « Just a friend » du rappeur Biz Markie enchaînée avec « Just ain’t gonna work out », le superbe premier tube d’Hawthorne. Cette dernière donnera lieu à une séquence rigolote, d’abord jouée de manière classique, comme sur le disque, le groupe s’arrêtera de manière brutale, Mayer estimant que Paris mérite quelque chose de spécial. On aura droit ensuite à un premier essai (sans rire) version heavy-metal (huées du public) puis country (nouvelle huée) avant que The County ne trouve la note juste avec un reggae qui fait l’unanimité au sein de la fosse. Au final un excellent moment passé en compagnie d’un jeune groupe talentueux et très sympa et communicatif avec le public (on a beaucoup levé les bras et chanté à la demande de Mayer). En résumé une soirée parfaite à la veille d’un jour férié.
www.myspace.com/mayerhawthorne
www.stonesthrow.com/mayerhawthorne


lundi 9 novembre 2009

She Keeps Bees


La formule duo guitare + batterie fait des émules. On connaissait les Black Keys, les White Stripes on a récemment découvert les Golden Animals. Originaires de Brooklyn, New York, She Keeps Bees vient s’ajouter à la liste. Petite originalité de la chose, le batteur, Andy LaPlant, est accompagné ce coup-ci par une chanteuse, Jessica Larrabee, superbe voix et pas maladroite non plus à la guitare, ce qui ne gâche rien. En 11 titres et 26 minutes, She Keeps Bees revisite les fondamentaux de la musique américaine, cela commence par un gospel « Ribbon », et cela dévie rapidement vers le blues aussi bien acoustique qu’électrique. La voix de Jessica parsème le tout de soul music du meilleur effet. Economies de moyens et de personnel obligent, les deux membres du groupe sont obligés de chercher au fond d’eux-mêmes la petite étincelle, celle qui fera chavirer l’auditeur. La formule est simple, tout fonctionne à partir de motifs de guitares répétitifs et entêtants, propres à imprimer durablement le tympan de l’auditeur. Dans le genre, la palme revient à « Gimmie », « Focus » et « My last Nerves », tout simplement irrésistibles. Une suggestion pour cet hiver : Gardons les abeilles !
http://www.shekeepsbees.com/
www.myspace.com/shekeepsbees



dimanche 8 novembre 2009

The Dynamites featuring Charles Walker


La belle histoire des Dynamites c’est surtout celle de leur chanteur Charles Walker. Celle d’un destin forçant le succès, d’une revanche sur le sort prise le tard. En quelque sorte un pendant masculin de Candi Staton ou Bettye LaVette. Originaire de Memphis, Tennessee, Charles Walker commence sa carrière de chanteur à la fin des années 50. Il peut vivre de l’intérieur les succès –et les revers aussi- du label Stax, avant de déménager à New York où il prend ses quartiers à l’Apollo Theater et au Small’s Paradise. Tout en restant à la marge, un outsider auquel le succès et la célébrité se refusent. N’importe qui d’autre aurait lâché l’affaire. Mais pas Charles Walker qui fait montre d’une pugnacité sans pareille. Des années, des décennies plus tard, son chemin croise celui de Leo Black, se dernier guitariste et tête pensante du groupe soul-funk de Memphis The Dynamites. Ces derniers, tout comme Walker, végètent dans leur coin et décident d’unir leurs forces. Leo Black voit en Charles Walker la pierre angulaire de l’édifice, celle sans laquelle tout s’écroule : une Voix tout d’abord et ensuite le vécu indispensable pour chanter la soul de manière crédible. Un premier album « Kaboom ! » sort en 2007. D’emblée l’album se place sur le terrain d’une soul sudiste aussi explosive que le patronyme du groupe le laisse supposer : Kaboom ! fait la stéréo à peine le disque posé. Le groupe, composé de neuf membres avec cuivres, orgue et percussions fait feu de tout bois, toutes les ruses sont bonnes pour allumer la mèche. Parfois le groupe s’autorise quelques pas du côté de la soul de « dig deeper » ou du blues, l’étouffant de « way down south ». Le reste de l’album pratique une soul funk aussi dansante qu’efficace : « What’s it gonna be ? », « Come on in », « Can you feel it ? ». Evidemment dans ce contexte, la voix de Charles Walker fait, enfin, des merveilles. Comme l’affirme le dernier titre « Killin’ it » les Dynamites ont bien tué l’affaire. Toute résistance est inutile.

BURN IT DOWN

Deux ans après un, très encourageant, premier album, The Dynamites sort son second opus « Burn it down ». N’ayant jamais les Dynamites en concert, c’est pourtant en live, sur Canal +, que je les ai découverts. Et la scène est probablement leur terrain d’expression privilégié. Charles Walker, en costume blanc et cravate, dégage une classe folle. En studio, hélas, les choses sont beaucoup moins évidentes pour le groupe. Les musiciens sont toujours aussi bons et efficaces. Le problème est ailleurs, un peu comme une panne d’inspiration. Ce nouvel opus est à la fois la suite et un copié/collé du premier. Des plans de guitare, aux breaks de batteries en passant par les cuivres péchus, tout est bon mais déjà entendu. Et le groupe de tomber dans une sorte de mécanique répétitive. « Ah quoi bon ? » se demande alors l’auditeur. C’est le revers de la médaille. Depuis quelques années la soul « classique » est en plein revival, cette page s’en fait régulièrement l’écho, les sorties, les découvertes sont légions. C’est logique, les déceptions sont plus nombreuses aussi. C’est dommage pour Charles Walker, vocaliste d’exception, qui mérite bien ce bout de gloire qui enfin s’offre à lui. Même si l’album est un tantinet décevant, il mérite d’être écouté. Car même en panne de songwriting, les Dynamites sont mille fois plus honnêtes et intéressants qu’un pathétique et racoleur Seal.
http://www.thedynamites.net/
www.myspace.com/thedynamitesband








samedi 7 novembre 2009

Blues Power Band au New Morning




Seasick Steve : « Man from another time »




Infatigable Seasick « Mal de Mer » Steve. A peine a-t-on le temps de s’extasier sur cette nouvelle découverte (totalement inconnue il y a un an) qu’un nouvel album sort, le deuxième cette année. Il est vrai que si Steve n’est pas le perdreau de l’année, il est encore un jeune bluesman ce nouvel opus est seulement son quatrième. Ce « Man from another time » puisque c’est son titre, ce pourrait être Steve lui-même. Personnage iconoclaste qui a connu la route, a chanté dans le métro et a déménagé un nombre incalculable de fois avant de se poser en Norvège. Aujourd’hui encore, alors qu’il a signé sur une major, il refuse toute idée de confort n’ayant besoin que de ses vieilles guitares rafistolées à partir d’une boîte de cigares où à trois cordes pour enregistrer un album. Avec, quand même, l’aide précieuse de son fidèle batteur Dan Magnusson sur sept titres. Un disque enregistré selon les propres termes des intéressés « old fashion way ». Sur le plan musical, l’album ratisse large. Steve n’a pas un style en particulier mais maîtrise tout. Le blues rural acoustique, teinté de country « The banjo song », électrique façon Chicago « Never Go West » ou bien les boogies ravageurs « Seasick boogie ». Steve sait tout faire. On peut toutefois remarquer qu’il a tendance à envoyer le gros son quand il est accompagné de son batteur. C’est lui, l’excellent Dan, qui donne l’impulsion nécessaire pour faire démarrer le moteur. Mettez le disque en route, vous êtes partis pour une sacrée ballade.
http://www.seasicksteve.com/
www.myspace.com/seasicksteve




Seasick steve in a coffee shop
envoyé par charlattend. - Regardez d'autres vidéos de musique.

vendredi 6 novembre 2009

Calvin Russell : Dawg eat Dawg


A l’instar d’un Elliott Murphy, d’une Demi Evans, d’un Seasick Steve ou bien encore de Paul Collins, Calvin Russell fait partie de cette catégorie de musiciens étasuniens, complètement ignorés sur leur sol natal et adulé en Europe ou bien souvent ils ont élu domicile. Quel autre pays peut se permettre de mettre de côté une telle collection de talents ? Si Calvin Russell ne vit pas dans l’Hexagone c’est bien en France qu’il fait carrière, depuis une bonne quinzaine d’années maintenant, et son nouvel album « Dawg eat dawg » a été enregistré avec des musiciens français et produit par Manu Lanvin (le fils de Gérard qui fait d’ailleurs une apparition sur l’album récitant « 5m2 »). Depuis toutes ces années, la recette, bien éprouvée maintenant, pourrait être définie comme un quatre-quarts musical : un quart blues, un quart rock, tendance gros son, un quart folk et un quart country. Voilà ce n’est pas compliqué et ça marche à merveille. Sur disque cela donne à peu près ceci une chanson acoustique suivi d’un morceau électrique. Un petit air de mandoline ici auquel répond en écho un énorme riff de guitare électrique gras et saignant à souhait un peu plus loin par là. Et c’est finalement la voix de Russell qui fait le lien entre tout ça touchante sur les ballades acoustiques, féroce sur les blues-rock électriques. Une variété d’ambiances et de climats comme autant d’étapes du voyage initiatique de Calvin Russell au-dessus de l’Atlantique…
www.myspace.com/calvinrussell

Note : Souhaitons un bon rétablissement à Calvin Russell contraint d’annuler sa tournée après des soucis de santé. Espérons qu’il nous revienne vite…

mercredi 4 novembre 2009

Raul Midon : « Synthesis »


Un nouvel album de Raul Midon, c’est l’occasion pour nos oreilles de retrouver une figure familière de cette page. Raul Midon, chanteur métis afro-latino et guitariste folk de talent sort donc un nouvel opus, son troisième, intitulé « synthesis ». Deux ans après « a world within a world » qui n’était qu’une moitié de chef d’œuvre, Midon revient donc cette fois pour nous faire la totale : aucun temps mort n’est a déplorer sur ce disque beaucoup mieux équilibré que le précédent. Si le registre est toujours peu ou prou le même, à savoir un soul matinée de folk, Raul prend cette fois ses distances avec l’image de « nouveau Stevie Wonder » qui lui colle aux basques depuis ses débuts. « Bonnie’s song » le voit plutôt flirter avec Nick Drake, « Everyone deserves a second chance » est une bossa brésilienne et « Invisible chains » un reggae. Soit autant de nouveaux territoires sonores que Midon ne se prive pas d’explorer. Autre nouveauté ce nouveau cd a été conçu écrit et enregistré en groupe. Seuls deux titres sont des compositions de Midon en solo. Mais le véritable petit trésor du disque est « Don’t take it that way » au groove percutant et efficace. Enfin il est impossible de finir cette chronique en passant sous silence sa reprise du « Blackbird » des Beatles. Les fab four, il est plus facile de se casser les dents dessus, les exemples sont légions, que de rendre véritablement hommage à la beauté éthérée de leurs compositions. Et c’est pourtant ce que réussi Raul Midon tout au long de ce « blackbird » aux arpèges de guitare acoustique en apesanteur. Un peu le résumé de ce bel album qui n’a pas fini de nous réchauffer le cœur cet hiver.
www.raulmidon.com
www.myspace.com/raulmidon


lundi 2 novembre 2009

Black Joe Lewis & The Honeybears : « Tell’em what your name is ! »


Sentiments un peu mitigés à l’écoute de « Tell’em what your name is ! » le premier album du texan (d’Austin) Black Joe Lewis. Sur la foi d’un excellent premier single, « sugarfoot » on promettait monts et merveilles à Black Joe Lewis qui tient ses promesses mais à moitié seulement. L’album n’est pas mauvais, loin de là mais Lewis est tellement obnubilé par ses idoles qu’il en vient à les plagier. Les cuivres « hit me » à la James Brown, c’est bien mais à la longue ça devient un peu lassant et, surtout, cela manque d’originalité. Au fil de l’album, on en vient un peu à s’ennuyer et au final à se sentir coupable. Par ce que Black Joe Lewis semble sincèrement épris de soul music, de blues et de rock n’roll. Et aussi par ce que son groupe, The Honeybears, sait faire preuve d’efficacité. A ce titre d’ailleurs, les concerts s’annoncent intenses et passionnants. Maintenant ne reste plus qu’à mettre ce feu intérieur qui les anime au service de bonnes chansons. Une simple question de maturation sans doute. Black Joe Lewis n’a probablement pas, espérons-le, dit son dernier mot…
www.blackjoelewis.com
www.myspace.com/blackjoelewis




dimanche 1 novembre 2009

Mayer Hawthorne : « A Strange Arrangement »


A l’écoute du premier album du jeune Mayer Hawthorne, un constat s’impose à vos oreilles : la grande révélation soul de cette année 2009, c’est lui ! Doté d’un joli filet de voix de tête, un peu fluette, Hawthorne pratique une soul élégante et raffinée sous inspiration Motown. Les arrangements des cordes et des cuivres sont somptueux, le tout confère à créer un climat délicat et cela fait des merveilles sur « Just ain’t gonne work out », qui n’est pas sans rappeler Lou Courtney, où sur « Maybe so, maybe no ». Four Tops (« Your easy lovin’ ain’t pleasin nothin’ »), Temptations (« I wish it would rain ») ou bien encore Marvin Gaye sont d’autres références que Mayer se plait à citer. Auteur, compositeur et producteur de son propre album, Mayer Hawthorne a sans doute un bel avenir devant lui. Ce premier opus a en tout cas suffisamment de qualités pour s’imposer auprès du grand public, ce qui serait entièrement mérité.
www.myspace.com/mayerhawthorne




Mayer Hawthorne - Just Ain't Gonna Work Out
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