jeudi 30 décembre 2021

Joon Moon : « Chrysalis »

 


Derrière l’alias de Joon Moon se trouve le multi-instrumentiste Julien Decoret, que l’on croise plutôt sur la scène électro, accompagné pour l’occasion de la chanteuse Liv Warfield. Le duo est l’occasion pour Decoret de renouer avec les sonorités organiques et une diversité d’influences allant de la soul au gospel, incluant toutes les nuances de funk entre deux. La durée, plutôt brève, de la chose, renouant avec la longueur d’un ancien vinyle (soit une grosse demi-heure) pourrait se révéler frustrante pour l’auditeur. Mais, au contraire, la brièveté oblige le duo à une forme d’efficacité sans temps mort. En seulement huit titres, Decoret et Warfield, font étalage d’un nombre impressionnant de qualités, en premier lieu le feeling (« Young », la minimaliste « Lover ») débordant du ton séduisant de la chanteuse et de son timbre chaud, puis l’ingéniosité (les arrangements de cordes de « Bill » tirant vers la musique de film et Bernard Herrmann) et, enfin, un sens du groove funk assez irrésistible (« Feel It ») présent à tous les étages. Plutôt pas mal en 30 minutes !

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mercredi 29 décembre 2021

Tex Perkins & The Fat Rubber Band

 


Figure bien connue du rock australien, Tex Perkins et son partenaire dans le crime Matt Walker se lancent dans ce nouveau projet de groupe à vocation blues et rurale. Doté d’un grain de voix marquant, dans un registre grave, de gorge, transpirant le vécu et le bourbon, mais néanmoins mélodique et intelligible, Tex Perkins trouve ainsi un répertoire idoine pour faire montre de ses qualités de chanteur et de conteur. L’accompagnement se révèle à la hauteur de son interprète et l’écho western, évoquant le grand ouest étasunien, des guitares fantomatiques résonne ainsi longtemps chez l’auditeur. Acoustique ou électrique, quelques poussées de fièvre rock’n’roll ne sont ainsi pas à exclure, le blues existentiel du groupe sonne avec acuité et s’inscrit en digne successeur des pionniers des années 1950. Un des must de l’année sans aucun doute.

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samedi 25 décembre 2021

The Sore Losers : « Ultra Elektric »

 


Attention, le terrible groupe belge est de retour ! Un retour, que le groupe a voulu « ultra électrique » et se distingue, après les errances de leur dernier album, par des guitares autant saturées que véloces, le temps de titres courts et ultra efficaces, menés tambour battant. Douze titres et autant de décharges d’adrénaline, au-dessus desquels plane toujours l’influence du rock des années 1970, esthétique à laquelle le groupe reste fidèle, tout en se détachant du paradigme hérité de Black Sabbath auquel l’album « Skydogs » faisait référence. La recette en est somme toute assez simple, soli saillants, potards des amplis à fond dans le rouge (même leurs tentatives psychédéliques « Birds Of A Feather » et « Magnum Epos » restent marquées par le sceau du gros son) et groove (tout de même!) de la section rythmique. Voilà le genre d’album qui accroche immédiatement l’oreille, réveillant l’excitation rock’n’roll tapie au fin fond de notre être, une sensation salvatrice et qui fait du bien. Au final, une grosse demi-heure galvanisante de bonheur heavy / garage rock, ça réveille !

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vendredi 24 décembre 2021

The Bobby Lees : « Skin Suit »

 


Les hésitations qui marquent l’intro du premier titre de l’album nous disent tout de l’urgence et de la rage de jouer qui habitent The Bobby Lees, tout jeune groupe originaire de Woodstock mené par Sam Quartin. S’en suit une décharge électrique d’une demi-heure absolument implacable ou défile tout ce qui caractérise le gros son étasunien. Guitares dont la saturation flirte avec le métal (« Riddle Daddy »), inspiration rock garage qui ne néglige pas la mélodie (« Redroom » ; « Wendy » ; « Mary Jo » ; la formidable reprise de "I'm a man") et vélocité punk tout du long, surtout perceptible dans le traitement sonore de la batterie, cohabitent ici dans un effort dominé par le chant terrible et incarné de la chanteuse Sam Quartin. Cette dernière apporte un grain de folie à l’album, module sa voix à l’envi suivant les ambiances, tout de même assez variées, et incarne le petit plus propre à distinguer son groupe du tout venant punk. D’une efficacité remarquable l’album file sans temps mort. S’il ne fallait qu’une seule raison de se précipiter, ce serait certainement ce « Ranch Baby », tentative psyché flippante situé en milieu de disque, que n’aurait pas reniée Iggy Pop. Un album qui vient rappeler, fort à propos, qu’une petite décharge électrique rock’n’roll ne fait jamais de mal.

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jeudi 23 décembre 2021

Cedric Burnside : « I Be trying »

 


Etrange parcours que celui de Cedric Burnside, batteur devenu chanteur/guitariste, et petit-fils de R.L. Burnside, une légende du Mississippi Hill Country Blues. Sur ce nouvel album Cedric reprend le flambeau de son grand-père s’illustrant avec maestria dans le même genre tout en mettant en valeur son talent multi-facettes et unique en son genre. A l’aise dans un contexte acoustique, c’est la sublime « The world can be so cold » qui ouvre l’album avec beaucoup de feeling. Mais comme on l’a vu auparavant, Cedric fut également batteur et cela s’entend avec beaucoup de bonheur sur ce nouvel effort tant il imprime un groove terrible aux compositions, avec feeling, au point de faire tourner la tête de l’auditeur et de rendre son blues hypnotique et totalement addictif (« You really love me » ; « Love is the key »). Cedric ne se contente pas d’essayer comme le prouve ce magnifique effort de haute volée !

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mercredi 22 décembre 2021

Meskerem Mees : « Julius »

 


Attention talent ! Il ne faut guère que 30 secondes de guitares folk délicatement arpégées avec feeling à la jeune Belge pour mettre l’auditeur sous sa coupe et ne plus le lâcher. Ainsi « Julius » le premier album de la chanteuse Meskerem Mees s’impose par sa simplicité et son caractère intemporel, l’artiste est d’une telle classe que seule une voix et une guitare suffisent pour que la magie opère. Quelques bruits de vagues ici, un violoncelle discret là, soulignent la voix éraillée transpirant le vécu de la chanteuse. Folk assurément mais la soul et l’esprit du blues ne sont jamais bien loin des aspirations de la musicienne, bien plus mature que ses 22 ans (seulement!) ne le laissent supposer. Cet album en forme de joyau sort aujourd’hui comme il aurait pu sortir en 1966, et s’il n’y a qu’une seule chose à retenir de ce bijou, c’est bien que la valeur n’attends point le nombre des années. La beauté n’a pas d’âge, ne cherchez plus la digne héritière de Joni Mitchell ou de Karen Dalton, elle est ici !

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lundi 20 décembre 2021

François Joncour : « Sonars Tapes »



Vous vous souvenez d’« Harvest » de Neil Young ou de « Bryter Layter » de Nick Drake ? Deux disques dont puissance mélodique était si forte qu’ils arrivaient à faire voyager l’auditeur dans les grands espaces de l’ouest étasunien pour l’un ou les vertes prairies anglaises pour l’autre. Et bien, toutes proportions gardées et dans une esthétique électro pop radicalement différente, le nouvel album du Finistérien relève pourtant de la même logique, à savoir transporter littéralement quiconque aura le bonheur d’y jeter une oreille. Elaboré en collaboration avec les chercheurs BeBEST du CNRS, qui a mis a disposition du musicien sa bibliothèque sonore, on retrouve sur le disque les sons maritimes captés en bord de mer, par hydrophones ou par Joncour lui-même, de l’Arctique à la rade de Brest (des glaciers se déchirant par exemple) comme autant de témoignages de la catastrophe du réchauffement climatique actuellement en cours (« la beauté d’une catastrophe » entends-t-on en cours d’album). Quand l’art vient au secours de l’écologie. Le matériau ainsi collecté est riche et François Joncour, par ailleurs adepte de pop, d’expérimentation électronique et de musique répétitive, le met à profit en mélangeant sons, électronique et instruments acoustiques (violons, guitares) dans un amalgame somptueux et hypnotique quoi que légèrement menaçant. Un enregistrement de terrain à classer tout près du « 60°43’Nord » de Molécule. Embarquement immédiat.

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dimanche 19 décembre 2021

Olivier Rocabois et Pollyanna, Péniche Antipode, 16 décembre 2021.


Un petit mot tout d’abord pour annoncer la naissance du label Acoustic Kitty dont l’artiste phare Pollyanna ouvre la soirée. Seule à la guitare, tantôt acoustique, tantôt électrique, cette dernière fait preuve d’une belle aisance sur scène dont elle occupe l’espace avec un humour qui transpire le vécu et les petits malheurs, rigolo ou non, du quotidien et les émerveillements de tous les jours. Plutôt d’obédience folk la musique de Pollyanna n’exclut pas quelques poussées de fièvre rock’n’roll et la chanteuse se révèle une guitariste remarquable arpégeant les cordes de son instrument avec beaucoup de feeling.

Vint ensuite notre héros du jour, Olivier Rocabois, qui, une fois n’est pas coutume, se produit ce soir entouré d’un vrai groupe comprenant basse, batterie, piano et, alternativement, trompette et une seconde guitare électrique. Une véritable armada bien décidée à faire honneur au remarquable dernier album du chanteur (« Olivier Rocabois goes too far ») une ode à la pop de chambre, entre baroque et psychédélisme. Pari tenu haut la main tant l’assemblage remarquable de musiciens ainsi regroupés retranscrit sur scène toute la folie douce qui anime l’artiste dans la création de sa musique. Groove terrible de la section rythmique et envolées barrées (selon les propres termes du chanteur) du clavier, sont ainsi au programme le tout souligné par l’ingrédient venu d’ailleurs, une forme de cheveu sur la soupe rock, incarné par la trompette. Sur scène, Olivier Rocabois exprimait le désir que sa « musique serve à quelque chose et au moins à rendre les gens heureux », qu’il se rassure le contrat est rempli au-delà des espérances. Voilà de quoi conclure en beauté une année de concerts, tronquée et bizarre, mais tout de même riche de quelques bons moments malgré tout.



jeudi 9 décembre 2021

The Dead South : « Sugar & Joy »

 


C’est au Canada, dans la province de Saskatchewan, bien loin des collines du Kentucky qui ont vu naître le bluegrass, qu’est né The Dead South, un groupe de bluegrass donc, à l’approche toute personnelle. Petit rappel pour commencer, le bluegrass, la country des collines, est exclusivement jouée sur des instruments à cordes (point de batterie par exemple). Dans le cas qui nous intéresse, banjo, mandoline et violoncelles sont à la fête (on note toutefois l’absence de violon). Mais la note toute personnelle vient de ces refrains d’inspiration pop/rock (cf. « Blue Trash ») qui viennent faire des irruptions impromptues au milieu des chansons, au débotté, avant une de ces accélérations démentielles typiques du genre. Une forme de grand huit au swing infernal (cf. « Black Lung ») où se côtoie folk (la magnifique « Broken Cowboy ») rock et country. L’auditeur finit l’écoute étourdi ! Alors The Dead South, faux groupe de rock ou vrai formation bluegrass ou inversement ? Peu importe dans le fond, « Sugar & Joy » est le genre d’album qui fait voyager, emmène très loin l’auditeur et ça fait du bien !

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mercredi 8 décembre 2021

Howlin' Jaws : « Strange Effect »

 


Howlin' Jaws, soit Mâchoires Hurlantes en français, réussit, par un étrange effet, à faire mentir la promesse de bruit et de fureur contenue dans le nom du groupe. Point de hurlements à la mort ici, ni d’attaques délirantes de guitares saturées. Nous avons droit, au contraire et c’est tant mieux, à un cocktail musical particulièrement fin, très inspiré par les années 60, dont l’influence se fait surtout sentir dans le chant (les voix sont sublimes cf. « Love makes the world go round »), et où le groove règne en maître du clavier à la batterie. Il ne fait point de doute que le trio s’y entend pour écrire et composer de chouettes ritournelles inspirées par le rhythm’n’blues, le blues (« Dust »), le rock garage et traversées d’éclairs de guitare psychédélique (« She lies »). L’idée de génie a été d’enregistrer l’album dans les mythiques studios londonien Toe Rag où le producteur Liam Watson a su magnifier le tout en cet album sublime et intemporel.

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lundi 6 décembre 2021

Sarah Amsellem : « Muses, les filles de la mémoire »

 


Si l’on prend en compte le fait que son premier album est sorti il y a seulement deux ans, tout est allé relativement vite pour Sarah Amsellem, artiste qui, jusqu’à présent, s’était distinguée avec des disques « faits maison » (cf. « Hidden Echoes », « Miracles ») ou acoustiques à l’esthétique dépouillée (l’ep « Sésame »). Ainsi ce nouvel effort de la chanteuse, sa quatrième sortie (en deux ans donc), marque une nouvelle étape avec, pour la première fois, le travail avec un producteur au regard extérieur, Jean-Charles Versari. La collaboration avec ce dernier a véritablement fait passer un cap à l’artiste qui enlumine les compositions et confectionne, à grandes lampées d’arrangements, entre sophistication et expérimentation, l’écrin parfait pour la voix protéiforme de Sarah (également comédienne voix-off) qui chante, récite ou susurre délicatement dans le creux de l’oreille, magnifiquement du début à la fin. Ainsi, ce nouvel effort s’impose comme la somme, la synthèse de tout ce qui a précédé. Les arrangements psychédéliques et barrés vont relativement loin, jusqu’à l’incandescence folle («Le Brasier »), et côtoient une forme d’évidence irrésistiblement pop et addictive (la délicieuse « Le Serment » construite sur une ligne de piano brisée et savamment déconstruite). Les ballades au charme rétro (« Au revoir à présent ») où le piano (jouet?) aigu fait planer un léger air de cabaret (« Ode à la plume de la ménagère ») constituent une autre esthétique prisée par la musicienne qui clôture, comme souvent, son album sur une composition dépouillée aux accents classiques (« L’hiver ») bouleversante à vous retourner le cœur. « Muses » est non seulement son travail le plus abouti à ce jour, mais également son projet le plus ambitieux, inspiré par la littérature (les textes sont signés de poétesses et autant de grandes plumes) et accompagné d’un recueil de neuf poèmes, composés par l’artiste, qui en a également dessiné pochette et couverture.

Sortie numérique le 10 décembre.

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samedi 4 décembre 2021

Laurence Jones Band, Jazz Club de l’Etoile, Le Méridien, 02/12/2021


Qui de mieux que lui pour accompagner en musique le vernissage de l’exposition « Music Revolution » de Roger Kasparian (visible jusqu’au 2/03/2022 dans le hall de l’hôtel Le Méridien) ? En effet, par son habilité guitaristique, Laurence Jones s’impose comme le digne héritier du Blues British Boom des sixties, une position devenue hélas rarissime dans le pays d’Alexis Korner et de John Mayall. Une influence première que le jeune musicien mélange un son rock typé 60/70, clin d’œil au Rolling Stones et reprise de Jimi Hendrix à la clef, chargé en électricité donc mais auquel le clavier apporte la dose de groove nécessaire. Même s’il a parfois un peu tendance à trop couper les cheveux en quatre et à forcer un peu dans le rock, là où un supplément de feeling serait bienvenu, le concert réserve tout de même quelques chouettes moments où on se prend à taper du pied et à dodeliner de la tête. Et ça fait du bien de retrouver, même de manière artificielle, un peu de l’insouciance capturée sur les clichés de M. Kasparian dans les années 1960.

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mercredi 1 décembre 2021

Modern Men : « Partout en France »

 


On peut, à l’écoute, se demander dans quelle faille spatio-temporelle Adrian d’Epinay (MNNQNS) et Quentin Pinçon (Greyfell) sont tombés quand ils ont fondé ce duo radical, dans le fond comme dans la forme. Faisait sien l’idiome punk, le duo en donne une rendition unique remplaçant l’électricité saturée par toute une artillerie électronique évoquant une rave party industrielle voire expérimentale, menée tambour battant sur un beat implacable, quelque part entre les années 1980 et 2021. Sombre, voire nihiliste, le duo met en sons son incompréhension, salutaire, face au monde. On reçoit le résultat comme on se prend une droite et ça fait mal ! Ames sensibles s’abstenir…

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