jeudi 10 octobre 2024

Bjorn Berge, l’Archipel, 9 octobre 2024.

C’est avec un artiste déconcertant que l’on a rendez-vous en ce mercredi soir, ô combien pluvieux, sur la scène de l’Archipel. Actif depuis une vingtaine d’année, le bluesman Bjorn Berge, puisque c’est de lui qu’il s’agît, dispose d’une impressionnante technique à la guitare et d’un charisme certain lui permettant de tenir seul la scène avec beaucoup d’aplomb. Marqué dès le début par une forme de brutalité (pour un mec seul à la guitare sèche, s’entend) son approche du blues reste marquée par son côté brut de décoffrage, en particulier à cause de sa grosse voix de gorge, même s’il a beaucoup gagné en subtilité au fil des années en baissant le ton. Sa capacité à jouer sur des tempo rapides, donnant l’illusion de regarder un film en accéléré, impressionne certes mais la démonstration technique se fait parfois au détriment du feeling. Un écueil en parti gommé mais qui refait surface de temps à autre. Maître du bottelneck, posant parfois la guitare à plat sur les genoux telle une lap-steel, ses choix de reprises désarçonnent. Du classique « Spoonfull » à « Can’t get you out of my head » (Kylie Minogue!), les choix trahissent le kid ayant grandi dans les années 1990 (« Buena » de Morphine ; « Give it away » des Red Hot Chili Peppers ; « Ace of Spade » de Motörhead). Des reprises totalement transfigurées, que l’artiste se réapproprie complètement grâce à de longues interventions instrumentales en guise de solo, qu’il gagnerait toutefois à raccourcir un petit peu. Il reste cependant un musicien attachant.


mardi 8 octobre 2024

Mirabelle Gilis : « Rivière »

 


Telle la rivière donnant son titre à ce premier EP de la chanteuse/musicienne, la vie coule et infuse la musique de Mirabelle Gilis. La vie et sa violence, cf. « La Prunelle de ses yeux » (cosignée avec Miossec), qui saisit l’auditeur, le disque à peine posé sur la platine, par sa dichotomie savamment entretenue, entre la dureté des paroles et sa mélodie apaisée. Et ainsi va ce disque, qui voyage, telle sa rivière titulaire, s’arrête en Italie (cf. « L’immensità ») et dont les circonvolutions musicales sont semblables à celle des flots. Ces cinq titres sont surprenants ! Richement orchestrés, en dehors des sentiers battus, traçant un sillon unique, aventureux, où les mélodies flirtent avec l’expérimentation et envoûtent l’auditeur de ses violons et de ses synthés.

https://mirabellegilis.com/

https://www.facebook.com/mirabellegilismusic/




jeudi 3 octobre 2024

Kokopeli : « Family Affair »

 


Sans rapport aucun avec Sly & The Family Affair, le duo Kokopeli nous propose à son tour une belle affaire de famille puisque le groupe est composé de deux cousines. En français, un peu, et en anglais, souvent, cette livrée inaugurale de cinq titres nous entraîne sur des rivages rêveurs, allant du folk intimiste à la pop indé. Doux et apaisant, mélodique, à l’unisson des deux voix harmonieuses des deux musiciennes, mais aussi voyageur grâce à l’utilisation du n’goni (« Mania »). Une belle découverte.

En concert le 21/11 aux 3 baudets.

https://www.facebook.com/Kokopeliband




mardi 1 octobre 2024

Manila Haze : « Upside Down »

 


Dans le grand revival soul actuel, une décennie reste régulièrement la grande oubliée de cette mode rétro : les années 1980. Période à laquelle se réfère le premier EP de ce quintet au titre évoquant l’inoxydable classique signé Diana Ross (sorti justement en 1980). Une influence prégnante mais totalement digérée en une proposition totalement moderne allant du folk à l’électro et ce dans le même morceau (« King of Fakes »). Teintant sa musique de synthés, réduisant la guitare à la partie rythmique, Manila Haze se situe au croisement de la pop, du funk et de la soul. Mais qu’importe le flacon tant qu’on ait l’ivresse. Alternant l’émotion (« Strangers in the bay », joli solo de guitare soit dit en passant) et la danse (« Callysthenia »), le sens du groove electro-funk à toute épreuve (« My Valentine »), Manila Haze fait mouche !

En concert le 25/10, Péniche El Alamein

https://www.facebook.com/manilahazeforever/

https://manilahaze.bandcamp.com/album/upside-down




lundi 30 septembre 2024

Des places de concerts à gagner !

Poursuivant avec bonheur un partenariat entamé l'an dernier, la salle de concert de l'Archipel (17, boulevard de Strasbourg - 75010) et My Head is A Jukebox ont le plaisir de vous offrir 1x2 places pour les concerts suivants :

- Le bluesman Bjorn Berge le 9/10

- Kaia Kater (folk / jazz) le 17 / 10

Pour participer, il suffit d'envoyer un email à l'adresse suivante : myheadisajukebox@gmail.com en précisant Concerts Archipel dans l'objet.

Les invitations seront à retirer directement à l'Archipel le soir du concert.

Bon concert à tous !

dimanche 29 septembre 2024

Dominic Sonic : « Qu’avons nous fait »

 


Aussi magnifique soit-elle, il ne faut surtout pas se fier à la superbe photo ornant la pochette de cet album posthume. Ainsi, ce disque n’est pas l’œuvre du flamboyant guitariste qui avait scotché tout le monde avec son premier effort « Cold Tears » en 1989, mais l’album intimiste d’un artiste atteint par la maladie et se sachant déjà, probablement, proche de la sortie, qui sera effective en 2020, date de son décès. L’écoute se révèle ainsi forte en émotions. Sur « Puisqu’il n’y a rien à enfer » ou « A ma décharge », les guitares électriques rugissent pour la dernière fois, émotion quand tu nous tiens... Ce dernier bal a été confectionné par Romain Baousson, qui l’a réalisé et finalisé après le décès de Dominic, qui s’est concentré sur les parties vocales. Nombreux sont les amis à avoir battu le rappel « Qu’avons-nous fait, qu’avons-nous dit » voit Dominic chanter en duo avec Miossec, autre Breton fameux, ailleurs, Jérôme Coudanne, Daniel Paboeuf, Lætitia Sheriff ou Olivier Mellano participent également à l’enregistrement. Majoritairement intime et acoustique, l’album est émouvant plus souvent qu’à son tour au point d’en devenir douloureux sur les deux dernières plages « J’ai mal » et « Voler Enfin » qui ponctuent définitivement le parcours du musicien. On ne ressort pas indemne d’un tel album.



samedi 28 septembre 2024

Les Excellents : « Ukulelum Trucidatio »

 


Eternel trublion du rock français depuis les années 1970, au sein des groupes Au Bonheur des Dames et Odeurs, Ramon Pipin est de retour ! Sa nouvelle « bêtise » (le terme est de lui) s’intitule Les Excellents, un groupe pratiquant des reprises de classiques du rock, qu’ils ont gravées sur un album parodique et humoristique, qui voit les Eagles échanger leur « Hotel California » pour un Formule 1. Ainsi, « Start Me Up » (Rolling Stones) devient « Star Myope », « Highway to Hell » (AC/DC) se transforme en « Camion Poubelle » et on reconnaît en « Elle Adore le Rugby », « Eleanor Rigby » (Beatles), et en « Baba ou Riz au Lait » le « Baba O’Riley » chanté naguère par The Who. Une bande de joyeux drilles qui connaît ses classiques donc mais qui, surtout, les aime. Car, en effet, la bonne tranche de rigolade ne doit en rien occulter l’immense boulot qui a été fait pour adapter ces classiques en français, en respectant les sonorités, tout en lui donnant un sens aussi absurde soit-il (« Bonnes vibrations » des Beach Boys ou « Ah les nouilles ! », l’« Hallelujah » de Leonard Cohen). Un travail d’adaptation qui se poursuit sur le plan musical. Car point de guitare ou de batterie ici, mais une instrumentation baroque à base de ukulele, synthé (bien pourri comme l’indiquent les notes de pochette), du cor, du kazoo ou du trombone. Si on rigole beaucoup à l’écoute de l’album (il n’y a pas à dire mais ça fait du bien par les temps qui courent) on y retrouve également l’exaltation des premiers émois rock, tant le groupe a su restituer une énergie égale aux originaux. Voici donc un album qui devrait également ravir les fans des originaux ou de classic rock.

https://www.facebook.com/leschefsdoeuvredurockmassacresparnossoins

En concert les 4 et 14 octobre au Café de la Danse.



vendredi 27 septembre 2024

Little Odetta : « Little Bit Of Soul »

 


Leur premier album de 2021 avait laissé une forte impression sur nos oreilles. Et avec ce nouvel effort, le quintet poursuit sur son excellente lancée. Les guitares toujours à vif, dans cette lignée 70s assez irrésistible, le groupe élargit sa palette ajoutant, comme le titre l’indique, un peu plus de soul dans sa musique. Dans les faits, l’album se présente sous la forme d’un rock’n’roll dynamique et assez musclé, compensé par les envolées de claviers aériennes et, surtout, une chanteuse, Audrey, dotée d’une voix assez incroyable, digne héritière d’une lignée Janis Joplin/Elin Larsson (Blues Pills), mais qui gagnerait toutefois a jouer un peu plus sur la réserve pour préserver l’émotion. Un aspect que l’on entraperçoit trop peu, mais bien présent dans la balade acoustique « Take you away » ou le blues "Leave me alone". Cette petite réserve mise à part, la suite se révèle brillante. Poursuivant une tradition entamée dans les années 70, les compositions ménagent des interventions instrumentales pour chaque musicien, tout en se jouant magnifiquement de la tension/détente. Coup de fouets électriques et accalmies se succèdent ainsi, sous le haut patronage de la section rythmique qui ajoute une bonne dose de l’indispensable groove, finissant de rendre la chose aussi inflammable qu’inoubliable. Enfin, la pochette, signée Elzo Durt, est magnifique, comme d’habitude avec cet artiste.

https://www.facebook.com/LittleOdetta






mercredi 28 août 2024

Rock en Seine, 23, 24 et 25 Août 2024

SAY SHE SHE (c) Roxane Montaron
 
PLEASE (c) Olivier Hoffschir

Vendredi 23 Août.

Elles sont trois et viennent de Brooklyn, les chanteuses de Say She She remportent l’adhésion. Véritable Girl Group des temps modernes, le trio de chanteuses, aux harmonies vocales à tomber, incarne le cœur battant du projet. Dans le fond un solide quatuor soul funk (guitare, basse, batterie et clavier) œuvre dans un registre plein de groove hérité de la fin 70 début 80. Le nom du groupe se prononce « c’est chi chi », un hommage au groupe Chic, tout est dit ! Rendez-vous ensuite vers la scène du bosquet où l’on retrouve les français de Please. Remettant au goût du jour des influences atypiques (Supertramp, Steely Dan), et quelque peu tombées dans l’oubli, le quintet pratique une sorte de pop/rock FM teintée de psychédélisme. Les détails qui tuent : une guitare en plexiglas (comme les Flamin’Groovies en 71) et un Fender Rhodes dont le groupe fait le meilleur usage. A la fois planant et entraînant, dansant à l’occasion, la musique fait aussi résonner la foudre. On a cru voir un bout de baguette de batterie voler dans les airs à la fin du set, preuve de l’engagement sans faille du groupe. Une excellente surprise. On termine la journée avec la soul futuriste de l’anglais Sampha marquée par un parti pris musical assez fort, le groupe n’est composé que de claviers et de percussions. L’ancrage soul est important comme le prouve un titre en piano/voix ainsi qu’un autre au groove plus organique (piano, basse, batterie). Le reste du set nous entraîne dans une autre dimension, dansante et électro. Enfin, on a pu assister à un moment d’anthologie quand la totalité des musiciens s’est réunie en cercle autour de percussions (incroyable, tous les membres du groupe savent jouer de la batterie) nous délivrant une sorte de batucada teintée de sonorités africaines, une véritable transe menée par Sampha qui chante et joue des percussions en même temps.


VOX LOW (c) Louis Comar

BLONDE REDHEAD (c) Olivier Hoffschir


GLASS BEAMS (c) Olivier Hoffschir


SLEATER-KINNEY (c) Olivier Hoffschir

Samedi 24 Août.


Sans contestation possible, la journée la plus dense du week-end et un sacré programme en perspective en dépit de quelques choix cornéliens, typique de l’exercice du festival. A plus d’un titre le reste des agapes réjouira les nostalgiques des années 1990. On commence dans cette veine avec le grunge féminin de Sleater-Kinney qui n’a rien perdu de sa verve même s’il est toujours compliqué d’ouvrir la grande scène en début d’après-midi. En tout cas, voici un groupe entièrement féminin toujours capable de sacrés fulgurances électriques. Place ensuite au groupe le plus énigmatique (et un véritable coup de foudre absolu pour l’auteur de ces lignes), les Australiens de Glass Beams, trio dont on ignore encore à ce jour l’identité des musiciens qui le compose. Groupe masqué (un peu comme Ghost) ornant de sublimes masques dorés de perles scintillant dans le soleil estival, Glass Beams pratique un musique instrumentale sur laquelle souffle un air désertique grâce aux gammes de guitares arabisantes qu’ils affectionnent particulièrement. Hypnotique, envoûtant l’effet ne se fait pas attendre et est proche d’une transe délicate. L’aspect visuel est également très étudié, tous sont vêtus dans les tons sables/marrons et arborent des instruments assortis. Une aura mystérieuse plane au-dessus de ce groupe et participe pleinement de la fascination qu’ils exercent sur la foule. Bien évidemment ils quittent la scène sans avoir adressé un mot au public, qu’ils saluent néanmoins de grands signes affectueux. Autre coup de cœur, nettement plus terre à terre pour les Gallois de CVC. Arborant des fleurs glissées dans les sillets de leurs guitares, les Gallois œuvrent dans un genre de rock’n’roll typique des années 1970, n’ignorant rien de la puissance sonore (duel de guitares à l’ancienne à la clef) que du groove (un saxophone est utilisé sur un titre). A la fois dansant et enjoué, teinté d’un psychédélisme de bon aloi, le groupe n’a pas son pareil pour enchanter la foule et remporter une adhésion massive. Un mot pour résumer le sentiment général tout comme leur influence première : Feelgood ! Enjoué et festif, le groupe nous a fait passer un excellent moment ! Toujours dans la nostalgie des années 90 (sans oublier Offspring et Massive Attack qu’on à peine eu le temps d’apercevoir), le trio Blonde Redhead a envoûté la scène de la cascade à grands coups de synthés lysergiques et de guitares aux pédales d’effets recherchés, un shoegaze post punk assez saisissant, en dépit du look sujet à caution de la chanteuse. On termine enfin cette journée très dense avec les français de Vox Low qui tiennent autant du punk que du krautrock électronique et qui ont littéralement assommé la foule de leur groove synthétique électronique que de leur guitare fulgurante soulignée de lignes de basse étourdissantes. Chose rarissime sur un festival de cette ampleur, à l’organisation minutée, emportés par leur délire, ils ont même dépassés l’horaire prévu ! Ahurissant !


Dimanche 25 Août

On débute sur la grande scène avec le set enthousiaste des Allemands de Giant Rooks qui se donnent beaucoup de mal, dans une grande débauche d’énergie, pour séduire un public clairsemé en ce milieu d’après-midi. De plutôt bonne facture, leur pop reste toutefois un peu trop proche de Coldplay pour les goûts personnels de votre serviteur. Vient ensuite la hype tendance de Zaho de Sagazan sur la scène de la cascade, qui, on l’apprendra à cette occasion, faisait partie du public rassemblé sur cette même scène il y a deux ans à l’occasion du passage de Kraftwerk en 3D (nous y étions aussi !) Personnalité charmante, cette dernière s’exprime dans un français châtié et élégant (ça fait plaisir!) et dégage une véritable transe électronique (effectivement proche de Kraftwerk) à l’aide de ses machines. Les moments au piano sont plus intimes et très émouvants. En dépit de tout le battage fait autour de sa personne elle reste une artiste attachante et à suivre. Les choses sérieuses débutent enfin juste à côté, sur la scène Firestone, avec le quatuor vendéen Dynamite Shakers, dont on avait déjà dit le plus grand bien de leur album il y a peu. Sur scène le groupe tient toutes ses promesses dans un déluge électrique fiévreux tandis qu’un redoutable snakepit se met en place au sein du public. On ne ressort pas tout à fait indemne de ce matraquage de décibels, comme hébété, et le groupe non plus tant il semble habité. Le haut du panier du rock d’ici, définitivement à suivre… On pousse encore un peu plus loin jusqu’à la scène du bosquet où jouent les Anglais de Bar Italia, dans un registre indie influencé par les années 1990, plutôt convaincant et énergique. Le groupe joue habilement des différents voix et de l’alternance du chant partagé, entre chanteuse et chanteur. Dans tout ça, nous avons à peine eu le temps d’apercevoir, et de loin entre deux branches d’arbres, PJ Harvey (la nostalgie des années 90, toujours) en version acoustique, c’est à la fois beau et délicat. Place ensuite au dernier gros morceau du week-end, les Pixies (toujours les années 80 et 90!) Allez avouons-le, si les héros sont vieillissants et arborent désormais des casquettes cache-misère d’une capillarité qui s’estompe, le concert provoque en nous des sentiments contraires. La joie tout d’abord de retrouver un répertoire qui nous accompagne depuis tant d’années, l’absence de surprise d’un groupe en pilotage automatique, mais toujours aussi convaincant, nous frustre un peu. Quelques surprises à noter cependant, une expérimentation étrange de Joey Santiago avec son jack de guitare dont il tire des bruits psychédéliques et « Wave of mutilation » jouée deux fois, en version classique puis ralentie. Plusieurs fois, alors que le groupe attaque la sublime « Hey » ou « Here comes your man » l’émotion nous étreint le cœur, une boule d’émotion nous gonfle dans la gorge, trop de souvenirs à l’écoute de ces chansons, trop de nostalgie. C’est désormais loin tout ça, une nouvelle édition de Rock en Seine s’achève, le temps passe et l’on n’y peut rien…

GIANT ROOKS (c) Louis Comar

Zaho de Sagazan (c) Louis Comar

BAR ITALIA (c) Roxane Montaron

DYNAMITE SHAKERS (c) Roxane Montaron

PIXIES (c) Louis Comar

vendredi 23 août 2024

Rock en Seine, 22 Août 2024.

GOSSIP (c) Louis Comar

Frank Carter (c) Olivier Hoffschir

The Hives (c) Olivier Hoffschir



Petite sensation sur les plateformes d’écoute, The Last Diner Party se voit offrir les honneurs de la grande scène avant même la sortie de leur premier album. Lookées de robes à frou frou, musiciennes agrémentent leur musique de magnifiques harmonies vocales (Kate Bush n’est pas bien loin) et de saillies de guitares électriques, notamment sur la reprise de « Call Me » de Blondie. Hélas, entre autre contrariées par des problèmes de sons, les compositions, aussi belles soit-elles ne passent pas forcément bien le cap de la scène. Tatoué du sol au plafond, chantre du punk, l’Anglais Frank Carter a surpris tout son monde cette année en sortant un album pop beaucoup plus posé que ce qu’il propose à l’ordinaire. Plus apaisé, accompagné de claviers, le rendu se révèle convaincant d’autant que le chanteur garde son énergie intacte mais diffusée différemment. Un petit tour au milieu de la foule, un pit à lui tout seul, le Britannique cultive sa proximité avec son public, créant la première petite sensation de la journée. On continue sur cette lancée avec les Hives qui nous ont fait beaucoup rire (« Nous sommes suédoises, nous sommes les meilleurs ! ») tout autant qu’ils nous ont ravis de leurs costumes improbables et, surtout, de leur compositions brutes et électriques, expédiées en deux minutes, dans un impeccable rock garage maîtrisé et athlétique. « Tick tick tick, boom » comme il le chantent eux-mêmes ! On termine enfin cette première journée avec le retour de vieilles connaissances que l’on n’espérait plus, Gossip, en grande formation agrémentée d’une basse, d’une deuxième guitare et d’un clavier. Si les qualités vocales de Beth Ditto (les cheveux orange) sont intactes et toujours aussi impressionnantes, la nouvelle orientation musicale du groupe est plus posée, plus calme. Cela leur va très bien mais s’accommode mal des exigences d’un festival en plein air. D’autant que le set est régulièrement haché de digressions extra-musicales, de longs monologues faisant un peu perdre le fil. Le concert (accompagné d’un interprète en langue des signes???) nous a toutefois gratifié de deux pépites d’un autre age : «Yr Mangled Heart » et « Standing in the way of control » (agrémenté d’un couplet issu du « Smells like teen spirit » de Nirvana), toutes deux sorties en 2005, ravivant ainsi de beaux souvenirs en dépit d’un set un peu décevant malgré tout.

jeudi 22 août 2024

Bobbie : « The Sacred in the ordinary »

 


Et soudain, sortie des enceintes, une voix s’élève comme dégagée des contingences terrestres… Cette voix c’est celle de la chanteuse Bobbie et quelque chose nous dit que, dans un monde parfait, cette dernière ne devrait pas rester inconnue depuis longtemps. Rare sont ces disques dégageant cette sensation d’apaisement, relativement inconnue à notre époque. Des arpèges de guitare folk, une lap-steel, qui semble glisser sur la mélodie comme une muscle car sur une autoroute au milieu du désert, et des arrangements luxueux (chœurs gospel, orgue, piano, cordes) tout nous ramène à une période dorée celle du folk/soul des années 1960, de Joni Mitchell à Dusty Springfield. Bobbie a grandi au milieu de la collection des 33 tours blues et soul de son père et cela s’entend magnifiquement sur ce premier album d’une americana plus vraie que nature, aux accents intemporels.

https://www.facebook.com/bobbiemusicofficial

https://www.bobbiemusic.com






Astral Bakers : "Only Lonely"

A la veille de leur concert à Rock en Seine, le 24 Août (16h50, scène du Bosquet), le quartet folk-psyché nous offre une nouvelle session.


samedi 17 août 2024

Marc O et Christophe Deschamps : « Get yer glam on ! »

 


Mû par le pouvoir salvateur de la guérison après une longue période de maladie, Marc O ne cesse de multiplier les projets, les disques, toujours motivé pour célébrer ce rock’n’roll qu’il adore tant. En la personne de Christophe Deschamps, Marc a trouvé le partenaire de jeu idéal. Ce dernier est autant un virtuose de son instrument qu’une superstar dans son domaine. S’il est connu pour avoir accompagné tout le gratin de la variété française, il reste passionné par le rock’n’roll et n’aime rien tant que taper le bœuf, sur un bon vieux Who de derrière les fagots. La paire s’est donc bien trouvée et nous avait déjà gratifiée l’an dernier d’un album de rock psychédélique de très haute facture. Le duo remet le couvert et continue son voyage dans le temps. Après s’être intéressé à la fin des années 60 ce nouveau disque mets les pieds dans le plat en plein dans la décennie suivante, les seventies et le glam rock. Avec toujours autant de bonheur, les compositions, dont cinq originales précisons-le, ressuscitent Slade, T-Rex et autres David Bowie (cf. « Take a chance » dont les arrangements de cordes font figure d’exception). N’excédant guère les trois minutes, toutes guitares dehors et riffs qui tuent, les chansons exhalent de cette excitation quasi adolescente (« Teenage dreams », « Kids of the new world », venant du simple plaisir de jouer et ce dernier se révèle particulièrement communicatif. Comme ils le chantent eux-mêmes, la rock’n’roll machine est en marche prête à tout écraser sur sa route !

A ECOUTER ICI 

https://www.facebook.com/marco.artistpage

https://soundcloud.com/marco108017/sets/get-yer-glam-on






vendredi 16 août 2024

Mars Red Sky : « Dawn of the dusk »

 


Inutile d’essayer de traduire le titre du nouvel album des Bordelais, l’aube du crépuscule, il ne signifie rien ! Enfin presque, si ce n’est de décrire un état étrange et improbable, une zone grise indéfinissable. Et, c’est heureux, car c’est tout à fait ce que l’on ressent à l’écoute du nouvel effort du trio. Le son de Mars Red Sky est lourd, porté par une basse énorme et une batterie assez lente. Soit autant d’éléments caractéristiques du doom ou du stoner, cette forme de métal héritière lointaine de Black Sabbath et du rock psyché/progressif. De fait l’écoute de l’album hypnotise avec ce rythme lent qui anesthésie les sens. Le chant mélodique, aussi éloigné que possible du râle guttural du métal, offre une nouvelle perspective à l’unisson des passages aérés et planants qui régulièrement agrémentent les chansons, comme une réminiscence d’une lointaine influence venue des seventies et dans lesquels réside tout le sel musical du groupe. Enivrant !

https://www.facebook.com/marsredskyband

https://mrsredsound.com/





jeudi 15 août 2024

Alber Jupiter : « Puis vient la nuit »

 

Formé à Rennes en 2017, le duo instrumental Alber Jupiter met à profit un line-up inhabituel, basse et batterie, pour composer une musique aux confins du psychédélisme et du rock progressif, se glissant à l’occasion, et avec bonheur, dans le mince interstice qui sépare le prog du heavy-metal. Certes, si la formule du duo a déjà été éprouvée avec succès de l’autre côté de la Manche par Royal Blood, dans un registre assez différent, il est toujours aussi surprenant de découvrir un nouveau groupe de rock sans guitare ! Surtout quand ce dernier se révèle finalement aussi bruyant que s’il était doté d’une six cordes en bonne et due forme ! Le résultat est ici assez spectaculaire et, à l’aide de nombreux effets sur la basse lui conférant des sonorités multiples (violon, guitare) et de quelques synthés et autres collages sonores, le duo redessine les contours des espaces musicaux, dans une sorte de grande odyssée aux allures de bande originale de science-fiction. Le groupe trouve ainsi un point d’équilibre entre ambiant spatiale et planante et une rythmique infernale et galvanisante (normal, après tout le groupe se résume intrinsèquement à une section rythmique), empêchant tout sentiment léthargique. Très réussi, hypnotique, envoûtant et à surveiller de près. Il n’est en effet pas exclu que le parti-pris instrumental leur ouvre des portes à l’international.

https://www.facebook.com/alberjupiter

https://alberjupiter.bandcamp.com/album/puis-vient-la-nuit





lundi 12 août 2024

Lucie Folch : « Ailleurs »

 


La promesse d’un ailleurs, contenue dans le titre, la jeune chanteuse folk la tient amplement, sur le plan musical. Un ailleurs doucereux, où même thèmes abordés, assez sombres (solitude, deuil), ne sont pas tristes mais délicats, mélodiques, dégageant une mélancolie vénéneuse. Un ailleurs qui pourrait peut-être se trouver dans la mer ("The Sea"). Des cordes de sa guitare arpégées avec feeling à son chant à l’unisson (« Partie Jeanne »), il faut relativement peu de moyen à la chanteuse pour véhiculer une émotion ou poser un climat. Une élégance simple mais classieuse (le piano de « Where is (s)he » ; "The Sea") qui habille les chansons dont on ressort serein et apaisé.

https://luciefolch.bandcamp.com/album/ailleurs

https://www.facebook.com/lucie.room.folch




dimanche 11 août 2024

Dynamite Shakers : « Don’t be boring »

 


En dix titres impeccablement produits (Jim Diamond est derrière les manettes), le (très) jeune quartet venu de Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée), renoue avec toute la classe déglinguée du rock’n’roll tel qu’il se pratiquait dans les garages étasuniens de la fin des années 1960, dans une déflagration d'énergie brute préfigurant le punk. Rien ne manque, des ruades sauvages de la batterie aux guitares saturées avec précision renouant, au passage, avec l’art perdu du solo. Car toute cette histoire est autant une affaire d’esthète classieux que de sauvagerie rock’n’roll, brute et abrasive. Chantée et composée par la bassiste Lila-Rose Attard, la tendre « ballade » introspective « The gates to that sweet song of yours », fait figure d’exception au milieu du déluge de décibels. Preuve que le groupe vaut bien plus que la somme d’énergie dingue, aussi euphorisante soit-elle, dépensée par ailleurs et qui risque de s’épuiser à la longue. En attendant, délectons-nous de cette dose d’électricité, éclatante et salvatrice, dans la lignée des Howlin’Jaws, pour citer une autre réussite française récente dans le même genre.

En concert le 25/08 (Rock en Seine) et le 21/11 à La Boule Noire

https://www.facebook.com/dynamiteshakers




samedi 10 août 2024

Rue De La Forge : « Jamais Vaincus »

 


Quel disque original que voici ! Venu de Vendée le quintet furieux œuvre dans un genre de fusion, au sens premier du terme, c’est à dire en fusionnant différents genres de musiques, parfois aux antipodes les uns des autres. A l’origine du projet on retrouve Jérôme Bousquet, autrefois connu sous le nom d’Odas, qui fût rappeur dans une autre vie, là-bas dans les années 1990. Ce nouveau groupe voit le rappeur se convertir avec délice à l’électricité brute, aux guitares et aux tempi lourds caractéristiques du métal. En ce sens, Rue De La Forge rappelle les grandes heures du néo-métal à la française du début des années 2000. Mais tout cela est bien trop réducteur pour Rue De La Forge, groupe aux univers multiples. Ainsi, au flow guttural et aux guitares saturées, le groupe ajoute des résonances celtiques, une ambiance médiévale qui enveloppe l’album, latin compris (« Mea Via ») et un sens de l’épique digne de la musique de film, qui nous saute aux oreilles dès l’ouverture de l’album (« 52 av. JC »). Le tout dans la langue de Molière. Pour résumer, Rue De La Forge c’est du lourd, mais pas que… A découvrir.

https://www.facebook.com/ruedelaforge

https://www.ruedelaforge.com/







mercredi 7 août 2024

The Mercurials : « We are The Mercurials »

 


Il se dégage de cet EP inaugural du groupe de Montreuil, un petit air indéfinissable, une vibration particulière dans l’air, comme de renouer avec des sensations oubliées depuis longtemps. Ces 5 titres possèdent quelque chose d’intrinsèquement anglais, plus précisément daté dans le temps à la fin des années 1970. C’est en l’espèce un bouillonnement musical, du ska et du reggae évidemment, mais aussi de nombreuses passerelles vers la soul, le blues ou le punk. Un petit lick de guitare bien senti ici, des chœurs inspiré là et le tour est joué. Prenons cet EP comme un hors d’œuvre, annonciateur de biens des délices, d’autant que leur réputation scénique est d’ores-et-déjà flatteuse.

https://www.facebook.com/wearethemercurials




mardi 6 août 2024

Population II : « Serpent Echelle »

 


A l’automne dernier les Québecois de Population II nous avait subjugué avec un album dingue portant le titre prémonitoire d’« Electrons libres du Québec ». Le groupe remet donc le couvert avec cet EP de quatre titres inédits et issus des mêmes sessions que celles de l’album. En 20 minutes, le groupe fait de nouveau honneur au titre de son album et s’impose effectivement comme une sacrée bande d’électrons libres passant en une demi-mesure du jazz au rock débridé, guitares abrasives à l’appui (« Hélène »). Car c’est là que réside tout le sel de cette affaire dans cette ambition musicale affichée (les violons de « RB »), volontiers hypnotique (« Le Serpent »), qu’ils prennent ensuite un malin plaisir à vitrioler à l’électricité la plus brute.

https://population2.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/populationii/

lundi 5 août 2024

Dead Chic : « The Venus Ballroom Live »

 


Sacrée addition de talent, Dead Chic, scelle l’association entre le chanteur anglais Andy Balcon (ex-Heymoonshaker) et du guitariste Damien Félix (Bigger, ex-Catfish). Une formation qui fait saliver déjà auteure de deux Eps. En attendant un album en bonne et due forme, qui ne saurait trop tarder, le groupe nous offre un avant-goût avec cet EP live, très copieux, dépassant les trente minutes. A telle enseigne qu’il n’est pas déraisonnable de considérer la chose comme un véritable album. Ces sept titres (et un radio edit en bonus) constituent un résumé saisissant de la furie qui se dégage de leurs concerts, un concentré de l’intensité que dégage la bande sur scène (cf. les 7 minutes incroyables de "The Belly of The Jungle"). La guitare tranchante de l’un à l’unisson du chant d’outre-tombe de l’autre, sur une assise rythmique des plus solides, tourneboule l’auditeur, en passant par toutes les nuances de noir. Vivement l’album et une tournée !

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dimanche 4 août 2024

Air (feat. Gordon Tracks) : « Playground Love »

La ressortie en salle, l’an dernier, du premier film de Sofia Coppola, « The Virgin Suicides » (1999), nous avait permis de redécouvrir cette pépite oubliée, omniprésente dans la bande originale du film. Fruit d’une collaboration inédite entre deux icônes de la scène versaillaise, Air et le mystérieux Gordon Tracks (qui assure également la batterie sur la version studio) qui n’est autre que Thomas Mars, le chanteur de Phoenix, cette bouleversante ballade n’avait que très rarement (si ce n’est jamais) été jouée sur scène. Il aura fallu attendre 25 ans et un événement singulier, Terminal 1 réunissant Air et Phoenix, se tenant sur le toit du même terminal de l’aéroport Charles de Gaulle, pour finalement assister à ce moment suspendu entre ciel et terre, sans saxophone, mais néanmoins sublime.


vendredi 2 août 2024

Emily Nenni : « Drive & Cry »

 


Originaire de Californie, désormais installée à Nashville, Emily Nenni sort son deuxième album ! En deux verbes, drive (conduire) et cry (pleurer), la chanteuse résume tout l’imaginaire habitant et la country et les États-Unis, pour nous autres Européens. Ce magnifique effort, dans lequel il n’est pas tout à fait question de route, se révèle en tout cas parfait pour accompagner les voyages en voiture. Rythmé au son d’un petit swing caractéristique, alors que les guitares folk sont arpégées avec soin, la lap-steel impose son rythme lancinant comme autant de vagues venant nous caresser les oreilles. Un harmonica épars distille ça et là une mélancolie prégnante, la voix d’Emily atteint des sommets d’émotion et touche au cœur. Si quelques chansons imposent un discret coup de sang rock’n’roll (« I don’t have to like you » ; "I don't need you") le cœur de l’album bat au rythme chaloupé des ballades. Superbe de bout en bout !

En concert le 7 septembre à Vancé (Eldorado Americana Festival)

https://www.emilynenni.com/

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jeudi 1 août 2024

Eldorado Americana Festival le 7 septembre à Vancé

 


Au croisement du Mans, de Tours et de Vendôme, le 7 septembre prochain se tiendra un événement plutôt rare dans nos contrées : un festival consacré à l'Americana ! Loin de se cantonner aux artistes étasuniens, la programmation, assez alléchante, ouvre la perspective et laisse une place de choix aux artistes venus d'autres territoires qu'ils soient français (les excellents Lowland Brothers) ou britanniques (Alberta Cross). Enfin, le festival donnera une occasion assez rare d'applaudir l'excellent Dylan LeBlanc ou la prometteuse Emily Nenni.

Pour la billetterie cliquez ici.




dimanche 21 juillet 2024

Lovataraxx : « Sophomore »

 




Cinq années se sont écoulées depuis la sortie de leur premier album et il s’en est passé des choses depuis. Une pandémie et on ne sait plus trop combien de confinements plus tard, on retrouve le duo que l’on a l’impression d’avoir quitté hier tant son premier effort a continué de nous accompagner dans l’intervalle. Très justement intitulé « Sophomore » ce deuxième album continue l’ensorcellement dark du premier. Le tout premier titre « Heidi Montauk » commence comme la bande originale d’un film d’horreur, une nappe de synthé angoissante, une constante durant toute la durée de l’album. L’ombre de la cold wave des années 80 plane sur cet album, on n’en attendait pas moins, une influence que le duo se charge de conjuguer au présent sur un mode plus électronique que par le passé. Loin de sentir la naphtaline le disque galvanise et envoûte, emporte l’auditeur dans des contrées inconnues (« Tilda Vaast »), hypnotise et le travail rythmique remarquable fait palpiter les sens (« Earl Condition »). Entre autres nouveautés on note l’apparition de nouvelles langues (l’allemand entre autres) et un chant choral où les voix d’Hélène et de Julien se mélangent. A écouter au cœur de la nuit.

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https://lovataraxx.bandcamp.com/album/sophomore




samedi 20 juillet 2024

Chris Isaak + Lusaint, Salle Pleyel, 16 juillet 2024

On retrouve en première partie la jeune chanteuse britannique Lusaint qui, ironie de la chose, s’est fait connaître, entre autres, avec une reprise de « Wicked Game » qu’elle n’osera pas reprendre sur scène ce soir. Retrouvant par moment les intonations de la regrettée Amy Winehouse, Lusaint crée une petite sensation ce soir. D’autant qu’elle est accompagnée d’un remarquable guitariste folk, virtuose, se mariant à merveille aux prouesses vocales de la chanteuse. Pour le moment cantonnée à une présence sur internet, pour ses reprises soul jazz dans un format pop, Lusaint sortira son premier EP très prochainement. Sans vouloir préjuger des partis pris de production qui seront appliqués sur disque, le fait est que, sur scène et dans un contexte dépouillé mettant en valeur ses qualités d’écriture et d’interprétation, la formule fonctionne très très bien. On aura de toute façon une nouvelle occasion de l’applaudir le 29 novembre à la Cigale avec un groupe au complet et une section de cuivres. A suivre…

Chris Isaak fêtera l’an prochain les 40 ans de son premier album « Silvertone ». S’il se fait plutôt rare en studio, on note toutefois un disque de Noël sorti en 2022, Chris Isaak continue d’arpenter les scènes, en général pendant l’été, essentiellement pour jouer ses vieux tubes. Mais avec un certain savoir-faire, un charme et un charisme intact. D’autant que le répertoire en question a plutôt bien vieilli, à telle enseigne qu’il n’est insensé de parler de « classiques ». « Dancing », « Wicked Game », « Baby did a bad bad thing » et autres « San Francisco days » sont de sortie et qu’il est accompagné par un groupe remarquable, le même depuis des années, connaissant le répertoire sur le bout des doigts et le restituant avec classe et enthousiasme. Notamment pendant l’habituel intermède acoustique dépouillé. Notons toutefois le touché fin et raffiné, débordant de feeling, aussi bien à l’aise dans les arpèges délicat que lorsqu’il faut pousser les amplis dans le rouge du guitariste virtuose Hershel Yatovitz, qui pourrait aisément sortir un album solo instrumental. Chris Isaak, ses costumes à paillettes ou à miroirs, c’est personnage que l’on prend plaisir à retrouver pour se lover dans son répertoire délicat avec un plaisir à chaque fois renouvelé, surtout quand les retrouvailles ont lieu dans le cadre art déco majestueux de la Salle Pleyel, un environnement rétro qui lui sied à ravir.

samedi 13 juillet 2024

Bertrand Betsch : « Kit de survie en milieu hostile »

 


Plume rare et méconnue en dehors du cercle des initiés, Bertrand Betsch aligne les réussites avec une constance remarquable au point de devenir un auteur-compositeur précieux évoluant en dehors des chemins balisés. Rares sont les musiciens à écrire comme lui, à composer des chansons mariant aussi bien deux sentiments contraires : l’apaisement des mélodies et l’intranquillité des paroles. S’articulant autour de la guitare folk, ponctué d’une électronique discrète, et de quelques arrangements de cordes mélancoliques trahissant l’ambition modeste mais réelle de son auteur, ce nouvel effort nous offre un moment suspendu, en dehors du chaos. En intitulant son album « Kit de survie en milieu hostile », Bertrand tape dans le mille. Ainsi, chacun, ceux qui l’écouteront, comme probablement celui qui l’a composé, trouveront dans ce disque la force d’affronter cette époque folle où tout fonctionne à l’envers. Intime, raffiné et élégant.

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vendredi 12 juillet 2024

Mélys : « For Once »

 


Avec son nom mélangeant le grec (abeille) et le gallois (sucré), Mélys ne pouvait que délivrer un EP (le deuxième) des plus savoureux. Tout y est succulent, des guitares folk délicatement arpégées aux accents indie vaporeux et planant. Un mélange intemporel que la chanteuse qualifie d’elle-même de folk florale. Et l’on retrouve effectivement dans l’ambiance dégagée par ses chansons cet attachement à la nature qui apaise et fait voyager, surtout lorsque Mélys délaisse l’anglais au profit de l’espagnol. Sublime.

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dimanche 7 juillet 2024

Mazingo : « Hey You »

 


Le grand chapitre du livre musical unissant les Etats-Unis et la France vient s’enorgueillir d’un nouveau personnage en la personne d’Andrew Mazingue, le leader de ce trio si atypique, que l’on croirait venu d’ailleurs à telle enseigne qu’il ne ressemble à quasiment personne d’autre dans notre paysage musical. Mazingo, donc. L’écoute de ce nouvel album, le deuxième, s’apparente à une grande virée musicale sur des routes poussiéreuses, laissant la place à des instruments que l’on entend trop peu par chez nous : la contrebasse, le banjo, de l’orgue hammond B3 ou un harmonica qui, régulièrement, déchire l’air. Un décorum hautement étasunien où le folk déglingué de Mazingo est hanté par le blues voire le rock garage (« Gone to stay »). Le picking impeccable du guitariste (également harmoniciste) Alexis Réoutsky incarne à la perfection les genres précités alors que le batteur Félix Bourgeois délivre le swing, et la puissance aussi, nécessaire. Enfin, et parce que les racines du groupe sont des deux côtés de l’Atlantique, Mazingo n’oublie pas de laisser une petite place au français dans les textes (« Funambule », « Six pieds sous terre ») aboutissant à ce genre hybride, rarement tenté, où la langue de Molière enveloppe les influences anglo-saxonnes. Une réussite.

https://www.mazingo-music.com/

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samedi 6 juillet 2024

Katarina Pejak : « Pearls on a string »

 


C’est en France, où elle a élu domicile, que la jeune Serbe a enregistré ce nouvel album, le deuxième pour le compte du label Ruf, après trois disques produits dans sa Serbie natale. A bien des égards, ce nouvel album porte son titre à merveille. En effet, si perles il y a, c’est bien celles que la chanteuse/pianiste aligne sur ce nouvel effort avec une constance remarquable, à la croisée d’une sainte trinité entre jazz, blues et soul. Contrairement à ses habitudes la chanteuse a produit son album elle-même en compagnie de ses proches, son mari Romain Guillot (coproducteur et ingénieur du son) et de son groupe (le guitariste Boris Rosenfeld, le bassiste Sylvain Didou et le batteur Johan Barrer). Il en résulte un disque à l’identité forte, intime et resserré, où l’interaction entre les musiciens joue à plein respirant l’élégance et le raffinement. Aussi condensé soit-il l’album laisse une place à quelques intervenants extérieurs. Et quels intervenants ! La guitariste Laura Chavez (autrefois accompagnatrice de la regrettée Candye Kane) enlumine d’effluves blues le morceau d’ouverture (« Pearls on a string ») alors que le touché inimitable du saxophoniste Dana Colley (ex-Morphine) se reconnaît dès les premières secondes de « Woman ». Entre autres réussites, à noter enfin, une relecture aussi surprenante que réussie du « Money » de Pink Floyd. En ces temps troublés voici un album dont la sérénité fait du bien, aussi apaisant qu’une soirée dans le canapé confortable d’un club de jazz classieux, dont ce disque constituerait la bande son idéale.

https://www.katarinapejakmusic.com/

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samedi 29 juin 2024

Electro Deluxe : « Next »

 


C’est ainsi, plus le temps passe, moins Electro Deluxe fait honneur à son patronyme ! Car, si à ses débuts, dans les années 2000, le groupe s’inscrivait dans la mouvance électronique de l’époque, depuis quelques années (en dépit d’un bref retour au genre récent) le groupe s’est spécialisé dans un funk mâtiné de soul, assez percutant, se singularisant par l’absence totale de guitare, une rareté. Un homme incarne le changement : James Copley. Américain de naissance, exilé en France, doté d’une voix en or, le chanteur se fait également crooner à l’occasion, capable de faire fondre le cœurs à la chaîne. Misant sur sa force de frappe scénique, pouvant enchaîner les perles dansantes, Electro Deluxe a acquis, concert après concert, à la force du poignet, une reconnaissance internationale. De quoi attirer les grands noms : la saxophoniste Candy Dufler (Prince, Dave Stewart) qui orne le magnifique « Nakie Nakie » d’ouverture d’un super solo, le tromboniste suédois Nils Landgren ou le maître Fred Wesley (James Brown) sur la plage finale, tous sont venus honorer ce nouveau disque de leur présence. Contrairement à de nombreux acolytes, Electro Deluxe ne s’inscrit pas dans cette veine nostalgique qui caractérise la soul actuelle. L’absence de guitare les oblige à une démarche différente, misant sur les claviers (Rhodes, Clavinet, Hammond B3) d’où ils tirent ce son, respectueux de la tradition mais résolument moderne, aboutissant à une sorte d’intemporalité musicale. Carré, dansant et festif, mais aussi langoureux à l’occasion, que demander de plus ? Un album qui fait du bien par les temps qui courent.

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