mercredi 30 mars 2011

Scarlet Queens : Outside Play



L’itinéraire des Scarlet Queens commence de manière on ne peut plus classique, deux potes Quentin Guglielmi et Gaspard Ménier démarrent le groupe en 2007. Fans du rock des années 60, la toute jeune formation donne ses premiers concerts sous les fourches caudines des Doors, Led Zeppelin, Rolling Stones et Pink Floyd, premières influences du groupe. Suite à de nombreux mouvements de personnels (dans le désordre, départs des bassiste, batteur et clavier) le duo rencontre Raphael Fabre, étudiant aux Beaux Arts, dj à ses heures, et fan d’électronica qui amène sa culture, forcément beaucoup plus moderne, au groupe. Après d’autres pérégrinations, le bassiste Thomas Clairice réintègre le line-up accompagné du nouveau batteur Jean Etienne Maillard. La nouvelle formation est ainsi parée pour défendre ce tout nouvel EP, le troisième, intitulé « Outside Play ». Composé de 7 pistes, ce nouvel effort se veut une synthèse entre rock n’roll et électro. Et c’est assez réussi. Ce n’était pas forcément gagné d’avance, le cocktail réunissait tous les ingrédients pour être indigeste, mais les fans de rock n’roll trouveront leur compte à l’écoute de cet opus. Les guitares sont grasses, bluesy à souhait, parfois slidée (« Lullabies grave », « Down Town »). « The Horsedown » lorgne même du côté du folk et de la country. Les beats, scratches, boucles et autres s’intègrent assez naturellement, amenant tantôt une note planante (« Cocaine Josephine ») tantôt un surcroît d’énergie sans que l’ensemble ne soit affecté. Le disque est d’une grande homogénéité. Scarlet Queens ou l’art de propulser le garage rock dans le futur…

www.myspace.com/scarletqueens

www.facebook.com/scarletqueens

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mardi 29 mars 2011

Jeu Concours les femmes s'en mêlent

Vous ne savez pas quoi faire jeudi soir ???? L'agence Ephélide et My Head is a jukebox ont le plaisir de vous inviter au Divan du Monde (75 rue des Martyrs 75018 Paris) pour le festival Les Femmes s'en mêlent.
Au programme de cette charmante soirée :
Phoebe Killdeer and the Short Straws
Our Broken Garden
Tearist
Pour participer rien de plus simple, envoyez un mail à l'adresse suivante : myheadisajukebox@gmail.com en précisant le nom des personnes souhaitant participer à la soirée. Deux places sont à gagner et il y a de fortes chances pour qu'elles partent assez vite... Seuls les plus rapides seront servis...

im takt


Krautpop, vous avez dit Krautpop ??? Mais qu’est-ce que c’est ? La réponse est dans le premier maxi du jeune trio, vraisemblablement breton, im takt. Composé de Vincent Roudaut (basse, clavier), Xavier Laporte (guitare, clavier) et Bertrand Roudaut (batterie), im takt développe dans cet EP un univers qui fait le grand écart entre les années 80 et le vingt et unième siècle. En gros, si les beats énormes chers à LCD Soundsystem ne sont jamais très loin, la new wave est restée très proche également. Synthés vintage, claquement sourd de la batterie sur des rythmes disco et une guitare qui peut se faire très funky à l’occasion (« Fat Billy »), voilà le cocktail sur lequel vous allez être amené à danser très prochainement. Avec une petite note atmosphérique en sus pour laisser les articulations se reposer (encore que…) le temps de « Buttons ». Pas mal du tout, mais à confirmer sur la longueur d’un LP…

SORTIE LE 4 AVRIL

www.imtaktdance.com

lundi 28 mars 2011

The Blue Van : "Love Shot"


Quatrième album pour ces danois méconnus qui sont pourtant un des meilleurs groupe garage actuellement en activité. Si The Blue Van s’est tout d’abord fait connaître comme un groupe de rock vintage au charme 60s affirmé ; ce nouvel effort marque une évolution significative dans leur son. TBV reste toujours un groupe friand d’amplis à lampe, il suffit d’écouter « evil » pour s’en apercevoir, mais qui a décidé sur ce nouvel opus de frotter sa culture sixties à une production plus moderne. En gros, si l’orgue vintage n’est plus le clavier de référence du groupe ils ne se sont pas non plus transformé en émule de Depeche Mode pour autant. En effet, incapable de se réinventer tout à fait, le groupe nous offre le temps du monumental « Hole in the ground » une pépite qui ressemble au Blue Van d’antan, solo d’orgue d’anthologie à la clef. D’une manière générale, le son est plus net, plus clair, plus propre. Les compositions sont aussi variées de la ballade piano/violons « Woman of the wrong kind » au rock musclé de « Mama’s boy » qui ouvre l’album d’une assez belle façon. Par moment le groupe lorgne vers un rock plus ample, riche en « hooks », et d’obédience presque pop (« Teenage Runaway » ; « Fame and glory »). Une grande variété de styles mais un songwriting toujours soigné et bien mis en valeur par une production nickel chrome. Ces excellents musiciens le méritaient bien. Très bon album.

www.thebluevan.com

www.myspace.com/thebluevan

dimanche 27 mars 2011

Interview EMPYR


13 heures. Installés dans des canapés autour d’une table basse, les cinq membres d’Empyr commencent leur journée promo. La salle d’interview ressemble de plus en plus à un backstage entre les guitares sèches, le clavier et la mini console en vue des différentes sessions acoustiques prévues ce jour. Détendus et impatients d’en découdre, les cinq musiciens apparaissent sous leur vrai jour, heureux d’être là, polis et bien élevés, du genre à vous proposer et à vous servir un verre avant de commencer. Cinq potes, passionnés de musique et qui mesurent chaque jour la chance qu’ils ont de vivre de leur passion. Rencontre…

Vous venez tous de groupes différents, qui ont tous bien marchés avant, certains ont même cartonné auprès du grand public. A-t-il été difficile de créer l’identité d’Empyr ?

Benoît Julliard (basse) : Que ce soit au niveau de l’image ou de la musique, cela a été un peu difficile pour les deux. Aujourd’hui encore on est en train d’essayer d’installer cette image. Les gens, les médias, toi-même avec ton introduction, tu as fait référence aux groupes précédents. Les gens ont un peu de mal à envisager Empyr comme une identité propre sans faire le rapprochement avec nos groupes d’avant mais bon petit à petit… On y croit toujours (rires) ! Pour la musique cela a été beaucoup plus facile. Sur le premier album on est allé sans trop réfléchir vers ce que l’on avait envie de faire. C’était assez défini. On s’est tous accordé sur les premiers morceaux que l’on a faits. On a vite trouvé une direction assez homogène. Sur cet album cela évolue encore et musicalement c’est assez différent. On a peut-être trouvé plus notre identité propre sur ce disque là que sur celui d’avant…

Justement, est-ce que vous pensez qu’Unicorn est votre « vrai » premier album ?

Benoît Poher (chant) : Il y a un peu de ça… On ne renie pas du tout « Peaceful riot » (le premier album d’Empyr, ndlr) par ce que c’était la première fois que l’on se retrouvait à faire de la musique tous les cinq. Et c’est vrai que l’on n’a pas trop réfléchi, c’était un album assez instinctif. Pour le deuxième on s’est vraiment posé la question, qu’est-ce qu’on veut être ? Comme tout les groupes du monde, on a envie d’un truc unique. Un son qui nous appartient. Que tu puisses te dire en écoutant dix secondes d’une chanson : « ça c’est Empyr ». L’identité que tous les artistes recherchent, elle est peut-être plus forte sur « Unicorn ». Le premier disque a été très influencé par tous les groupes que l’on avait en commun, comme tous les premiers albums. C’était rapide. Il y a plus de réflexion sur ce deuxième disque.

Benoît, le fait de chanter en anglais a fait partie de cette évolution ?

BP : Bien sur. Quand on a fait Empyr, c’était pour trancher avec nos passés respectifs. L’anglais c’est déjà quelque chose de très différent. Tous nos groupes d’avant chantaient en français, sauf quelques albums de Watcha. Et puis il avait aussi l’envie de voyager et de pouvoir jouer ailleurs. Dans le rock on a du mal à imposer notre musique en Angleterre ou aux Etats-Unis, nos deux grandes influences depuis des années. On s’est dit qu’il n’y avait pas de raisons qui font que nous, les Français, on soit moins bons que les autres. En chantant en anglais on aurait peut-être plus d’opportunités pour jouer en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne.

Florian (guitare) : Cela amène aussi une écriture différente. De nouvelles sonorités. La construction mélodique, les arrangements, tout est différent. L’anglais et le rock, se marient assez bien.

BP : Quand on compose on chante en yaourt, cette espèce d’anglais qui ne veut rien dire. Et ensuite le passage au français est souvent très très douloureux… Là, on a évité le problème. Alors qu’avant, après les maquettes t’avais l’impression d’avoir un super morceau avant de déchanter… Tu écris un vrai texte en anglais et finalement cela sonne quasiment pareil. Artistiquement c’est plus simple.

Les deux albums d’Empyr sont différents mais on tout les deux été produits par Ken Andrews. Est-ce que vous pouvez parler un peu de lui ?

Florian : Justement les titres étant assez différents, on voulait garder un fil conducteur. Un lien. On avait tellement changé, même dans notre façon de composer. Les couleurs sont différentes, les éléments mis en avant dans les chansons… Ca nous rassurait de prendre le même producteur. Tomber sur un mec que l’on ne connaît pas, perdre deux semaines à essayer de le comprendre… Là on connaissait le gars, ça nous permettait d’avancer. Et puis on savait ce qu’il pouvait apporter. Il aime beaucoup l’électro. Il a fait des trucs pour Beck, et des groupes de rock classique à gros son. Il a une culture assez mixte. Donc c’était intéressant.

BP : Et aujourd’hui il fait beaucoup d’électro. C’est aussi un gros fan de Nine inch nails. Il était adapté justement par ce qu’il a une culture rock qui est la même que la notre et dont il a aussi fait partie à son époque. Et il est aussi très ouvert sur l’électro, les beats, les sons…

Florian : Les vieux synthés aussi, il est passionné par ces trucs là. Il nous sortait ses nouveaux packs de plug-ins qu’il venait d’acheter.

BP : Ca nous correspondait vraiment bien.

Florian : Et cette fois on a enregistré en Belgique. Et c’était marrant par ce qu’on l’a fait venir à Bruxelles au lieu de s’installer dans son univers à lui…

BP : Un seul jet-laggé au lieu de cinq (rires) !!!

Florian : Il a mis tout l’album à s’en remettre (rires) !!!

Jocelyn (batterie) : Et c’était mieux dans les rapports finalement. Lui tu sens qu’il faisait principalement de la scène avant d’être producteur. Il continue de temps en temps à tourner avec son projet solo mais quand même moins. Et il était content d’être un peu loin, pas comme en tournée, mais avec les potes dans un autre pays. Il était vachement détendu.

Florian : Un peu l’aventure. Ca faisait presque un groupe à six. Il ne rentrait pas retrouver sa femme tous les soirs, ses petites habitudes. On était vraiment tout le temps ensemble. C’était agréable.

Frédéric, dans ma chronique du sampler j’avais comparé « Unicorn » à l’album « Failles » de Mass Hysteria (dont il est le producteur, ndlr) en disant que Mass Hysteria avait évolué par petites touches alors qu’Empyr a tout changé de fond en comble. Toi qui a été impliqué dans les deux projets, qu’en penses-tu ?

Frédéric (guitare) : Intéressant comme comparaison. C’est des mecs que je connais depuis qu’on fait de la musique à Paris soit une quinzaine d’années. Toute la vague du néo-métal qu’on a vécu. Mass c’était les premiers à être en place sur ce mouvement. C’est les tontons de l’affaire, des mecs implantés dans le genre. Ils ne bougeront pas, c’est des piliers. Mais le style ne bouge pas non plus. Enfin ils essaient de le faire varier mais reviennent toujours aux sources. Cette espèce de dancefloor/métal à basse de gros riffs et des beats limite techno-métal. La rencontre s’est fait le plus simplement du monde. Ils cherchaient un producteur sans avoir les moyens de s’en payer un énorme vu la crise du disque. Moi j’étais là au bon moment, voilà. Le disque c’est fait comme ça. Je fais aussi le prochain.

Comment s’est passé l’enregistrement et la composition de ce nouvel album avec tous ces changements ?

Jocelyn : Sur le premier on partait plus des guitares et des voix et le groupe décidait d’arranger ensuite. Ca nous menait irrémédiablement à une formule rock classique. On a voulu construire les choses différemment via les synthés. On est allé chez Florian dans sa maison en Bretagne et on avait installé des petites stations dans toutes les chambres avec les synthés, pro-tools, des petites boîtes à rythmes et des machins. Et on a commencé chacun à faire des débuts de morceaux à partir d’un son, d’un beat, d’un truc. Et après deux, trois jours chacun à commencer à sortir de sa chambre pour aller voir ce qui se passait chez les autres. La voix s’est posée beaucoup plus tard que d’habitude, sur des instrumentaux qui étaient déjà bien avancés. Ca a donné pour le coup des morceaux qui ne sont presque pas adaptables en acoustique. Par ce que le fil conducteur ce n’est pas la guitare/voix mais un son qui va donner ensuite tout le reste. Ca a vraiment été le gros changement.

BP : J’avais envie de poser ma voix sur des instrumentaux déjà faits. C’est vachement différent. Tu vois « It’s gonna be », le premier single, je n’aurais jamais pu trouver une mélodie comme ça à la guitare. Cela n’aurait pas été naturel. Là, le fait d’avoir des instrus, ça te permets d’essayer différentes choses. Ca nous sortait du carcan rock.

Florian : D’ailleurs « It’s gonna be » c’est le premier titre que l’on a écrit de cette nouvelle salve de chansons. Et fait à la base d’un pattern de batterie et de synthé. Construit à l’inverse de ce qu’on faisait d’habitude. Mais certaines chansons ont aussi été écrites guitare/voix. C’est marrant que notre premier single soit aussi le premier titre que l’on ait fait et aussi le plus déconstruit dans la manière d’écrire.

« It’s gonna be » diffuse d’ailleurs comme une vague d’optimisme…

Florian : C’est dur de faire un truc « joyeux » à la guitare. On avait envie de faire danser un petit peu. Et c’est vrai que c’est une bonne approche pour ça.

BP : C’est un titre que tu peux écouter le matin quand tu t’es levé du mauvais pied. Cela te fait changer de jambe (rires).

Est-ce que le groupe marche à l’étranger ?

BJ : Justement comme tu disais, l’anglais nous permet d’aller un peu partout dans le monde.

Vous avez été choisi pour faire la synchro du teaser de la dernière saison des experts aux Etats-Unis…

Empyr (en chœur) : Tout à fait.

BP : C’était une excellente nouvelle. On n’y croyait pas trop. Il y avait un nombre de groupes qui postulaient pour avoir ce truc. C’est CBS, des millions de téléspectateurs. Quand on a eu la confirmation que c’était « It’s gonna be » sur le trailer, on s’est pris une murge, tout simplement (rires) !!!! Flo était en Afrique, il a du se saouler tout seul (rires) !!! C’était inattendu et clairement flatteur. Quand on pense comment on a composé cette chanson dans une petite chambre en Bretagne et après quand tu vois le trailer d’une des plus grosses séries US !!!! C’est complètement dingue !!!! Après il faut que cela nous permette d’enclencher sur autre chose. A l’époque du premier album, on avait un peu joué en Angleterre, en Allemagne, en Espagne et aux Etats-Unis, mais vraiment des dates très ponctuelles, notre rêve c’est de faire de vraies tournées dans ces pays là. Des pays très friands de rock. Alors voilà on croise les doigts…

C’est assez chaud l’Angleterre pour les groupes français…

BP : Très chaud !! Mais ils en ont pas mal des groupes (rires) !!!!

Florian : Les Etats-Unis c’est presque plus simple…

Frédéric : C’est chaud mais je pense que la synchro, ce qui est notre cas sur les Experts, c’est un truc qui est universel et qui peut nous téléporter en deux secondes sur un territoire qui à la base était compliqué. Tu fait une pub monde, t’as plus besoin de te frotter aux politiques de chaque pays pour savoir si ton groupe peut accéder à tel ou tel festival. La synchro c’est nouveau pour les groupes et c’est limite presque plus important que de passer à la radio. Pour nous cela serait mortel une pub monde. On est français, on chante en anglais, c’est déjà tellement compliqué de s’exporter. Tous les médias sont dans une telle mutation, tout devient hybride, je ne sais même plus si la radio c’est si porteur que ça… Par contre la synchro, c’est très porteur pour la musique. On est très contents de ce plan sur les Experts…

BP : C’est un nouveau moyen de promotion. Les Ting Tings, Feist, des artistes qui ont explosés grâce à une grosse pub…

Jocelyn : Lilly Wood and the Prick en ce moment. C’est des gamins et ça a déclenché plein de trucs.

Florian : C’est nouveau par ce qu’avant ce n’était pas forcément des musiques de groupes, plutôt des morceaux joués spécialement.

BP : Souvent ils refaisaient une chanson qui avait bien marché en changeant juste une petite note pour ne pas se faire attaquer…

Comment vous vous sentez avant la sortie du disque ?

Empyr (en chœur) : IMPATIENTS !!!!

BJ : Impatients que les gens l’écoute et de repartir sur scène. Ca fait déjà tellement longtemps que l’on en parle. Ca fait un an que l’album est prêt. Et pendant ce temps là on ne pas trop le faire écouter…

BP : On est excité ! Je pense qu’en concert ça peut être pas mal. Les fans connaîtront les paroles des chansons. Le fait d’avoir deux albums, c’est vraiment pas mal pour les concerts. Tu peux faire ta setlist, avec plus de morceaux. Faire un concert avec plus de relief. Et maintenant on a plusieurs singles.

Florian : Et c’est bien d’avoir plus de variété dans ton choix. Quand tu n’as qu’un seul album, quelque fois tu as presque envie de faire les chansons dans l’ordre de l’album. L’ordre du disque c’est celui qui te paraît le plus naturel…

BP : Et tu ne peux jouer qu’une heure.

Et comment les deux albums vont s’amalgamer sur scène. Il y a des écarts très importants entre les styles…

Jocelyn : On a fait des répètes et entre les deux albums ce n’est pas si bizarre que ça.

BP : On a fait une set list ça déroule assez naturellement, ça s’accorde assez bien. C’est une bonne surprise pour nous.

Florian : Ca s’accorde bien sur l’énergie. On voulait corriger ça par rapport à la première tournée où il y avait des passages très calmes. Là, on a gardé tout ce qui est énergique. Les concerts vont prendre une nouvelle dimension.

BP : On a le choix entre une trentaine de morceaux. On va garder les plus dynamiques. Avec toujours des passages plus ambiants, plus intimistes. Mais je pense qu’au final cela va plus bouger.

Jocelyn : Mais déjà « Unicorn » est un disque avec plein d’aspects différents. Au moment de mixer le disque on se demandait comment on allait faire pour que tous les morceaux soient raccords et le track-listing cohérent.

Frédéric : A partir du moment où on se réunit tous dans un local avec notre instrument, il y a un côté qui réunifie le tout. D’un seul coup tout s’imbrique.

Vous avez la pression ?

BP : La pression elle est la veille de la sortie du disque et la veille de la première date.

Jocelyn : C’est plus de l’excitation. Comme un môme quinze jours avant Noël. Je suis pressé que le disque soit sorti et qu’on avance.

Florian : Ca marche toujours par petites étapes. La composition, l’enregistrement, le choix de la pochette… La pression elle est diluée dans le temps. C’est plus de l’excitation que du stress…

Vous écoutez les nouveaux groupes français, genre les BB Brunes ?

Jocelyn : On parlait de synchro tout à l’heure, j’ai découvert un groupe, des anciens djs, Botox. Je trouve ça vachement bien. De la trempe d’un MGMT… J’étais très surpris d’apprendre que c’était français. Les BB Brunes ce n’est pas trop notre truc. On est plus intrigués par l’utilisation des machines dans le rock, les recherches dans la production. Les BB Brunes, c’est un très bon groupe mais on essaye d’aller vers autre chose.

BJ : On se croise assez souvent cependant. On a fait une date avec eux à Brest.

BP : Ils savent jouer et les textes sont bien. C’est juste que si je mets un BB Brunes dans une soirée, je me prends une tarte (rires) !!!!

C’est facile de prendre de l’âge dans le rock ?

BJ : Y’a pas de problème, regarde-le (en désignant Frédéric), c’est un papy (rires) !!!

BP : Ca conserve l’état d’esprit, la mentalité d’une manière générale. Quand tu as la chance d’exercer ta passion comme métier. Tu grandis moins vite, en années chiens (rires) !!!

Florian : Les nouveaux projets chassent les plus anciens. T’es toujours en train de faire un nouveau truc. T’es toujours en train de te remettre en question, ça permet de garder un peu de fraîcheur.

Jocelyn : En tout cas quand on voit tous les nouveaux, les jeunes qui ont la niaque en tournée que l’on se rappelait d’avoir quand on avait 22 ans. Pour nous ce n’est plus exactement pareil. On voit bien la différence, dans l’insouciance, il y a plein de choses qui ont changé. Quand c’est ton premier groupe, que tu as vingt berges, tu ne sais pas comment ça se passe, tu pars sur la route la première fois…

BP : Quand on dit que l’on va conquérir le monde, on le dit avec une certaine mesure (rires) !!!

Jocelyn : On pèse le possible et l’impossible (rires) !!!!

www.myspace.com/empyrmusic

www.empyrmusic.com

Propos recueillis le 27 octobre 2010.

vendredi 25 mars 2011

Simon Dalmais : The Songs Remain


Après avoir longtemps collaboré pour d’autres musiciens, sa sœur Camille, Saul Williams, Dominique Dalcan, Sébastien Tellier, Simon Dalmais a attendu la trentaine pour enfin se lancer au solo. Bien lui en a pris, la raison pour laquelle l’album sonne aussi mature est peut-être là, dans cette expérience acquise auprès des autres… Pianiste de formation classique, Simon met à profit cette formation que l’on retrouve dans la façon dont ses doigts volent sur le clavier avec grâce et agilité. Fasciné par la pop des années 60 et les Beatles en particulier, Simon propose un album pop, chanté en anglais, qui prend des allures de classique instantané. Paul Mc Cartney serait-il venu rendre visite à Simon pendant l’enregistrement. On peut se poser la question, tant Simon retrouve les accents des Beatles. Mais au-delà, et tout le charme du disque est là, c’est toute l’émotion, la délicatesse et la pureté mélodique des Beatles que l’on retrouve dans cet album, et cela à beaucoup plus de valeur que l’un simple plagiat. Simon Dalmais est le genre d’artiste capable de vous émouvoir et de vous retourner le cœur avec quelques notes éparses d’un simple piano nu. Voilà c’est aussi simple que cela. Toute la richesse mélodique du disque vient de l’utilisation de cordes pour les arrangements, soulignant ainsi le caractère mélancolique des compositions de Simon. Caractère qui colle à ravir à sa voix cotonneuse. Un album aussi doux qu’un rayon de soleil.

SORTIE LE 31 MARS 2011

www.myspace.com/simondalmais


mercredi 23 mars 2011

Elista : « L’amour, la guerre et l’imbécile »


Après cinq ans d’absence voici le grand retour d’Elista avec un troisième album aux sonorités pop acoustique, refermant la parenthèse rock de l’album précédent. Drôle de groupe que ces Elista composé de deux guitaristes/compositeurs, François Nguyen et Thomas Pierron, du batteur Marc Mallia et du parolier Benjamin Peurey qui accompagne le groupe en tournée sans jamais monter sur scène. Enregistré au Hameau des Grottes au milieu des champs et des vignes, dans une vieille maison en pierre dans laquelle le groupe a installé un home studio, l’album résonne du bien-être et de la sérénité propre à la campagne. Le groupe a visiblement pris du plaisir à enregistrer ce disque et cela s’entend. De ce fait, les qualités d’écriture, tant au niveau des textes que des musiques, sont ainsi particulièrement bien mises en valeur. Guitares acoustiques, harmonies vocales et surtout mélodies instantanément mémorisables, tous les éléments sont réunis pour que ce nouvel album fasse date dans la carrière du groupe. Faisant fi de leur légendaire maniaquerie, le groupe adopte ici une démarche plus immédiate privilégiant les compositions fonctionnant dans l’instant plutôt que la production. En découle cet album soigné sans jamais donner l’impression d’être surproduit, particulièrement homogène mais variant les plaisirs à l’occasion : piano, trompette et guitare pédale steel apportant des couleurs inédites. Le nombre relativement limité des musiciens favorisant une intimité dans laquelle l’auditeur a l’impression d’entrer. Aérien, cet album fait atteindre des sommets à la pop francophone. L’auditeur est charmé dès la première écoute. Excellent.

www.elistamusique.com

www.myspace.com/elistamusic

mardi 22 mars 2011

Vivian Girls : « Share the Joy »


Trio féminin originaire de Brooklyn et assez côté sur la scène indé américaine, les Vivian Girls sont de retour avec ce troisième opus intitulé « Share the Joy ». Un disque mouvant et insaisissable à cheval entre deux cultures, le do it yourself hérité du grunge des années 90 et la pop des années 60. A plusieurs égards, « Share the Joy » est un album pop, mélodique avec de jolies harmonies vocales héritées des Beach Boys (« Take it as it comes » ; « Vanishing of time »). Mais plutôt que de donner dans le simple copier/coller, la chanteuse/guitariste Cassie Ramone et son groupe préfère en donner sa propre version, réinterpréter plutôt que de recréer à l’identique. Et dans le petit univers des Vivian Girls les années 90 ont leur importance, ainsi fréquemment en entend ici et là des influences venues de Nirvana et des Breeders, dans les sonorités dissonantes, le traitement technique volontairement rudimentaire et l’agressivité contenue (cf. « Sixteen Ways »). Sur des compositions plus longues comme le monumental « The Other Girls » qui ouvre l’album le groupe se rapproche de la scène psychédélique. Mais un psychédélisme ascétique, près de l’os, sans gras superflu. Pink Floyd sans les heures passées en studio et sans production léchée au millimètre. La sensation hypnotique venant des notes de guitares répétées à l’envie… Un très bel album.

www.myspace.com/viviangirlsnyc

lundi 21 mars 2011

Sergent Garcia : « Una y otra vez »


Bruno Garcia (aka Sergent Garcia) fut (dans une autre vie ??) un des piliers de la scène alternative française au sein du groupe punk Ludwig Von 88. L’aventure punk terminée, Bruno, fils d’un basque espagnol, part à la recherche de ses racines latines sous le nom de Sergent Garcia. Le timing est parfait, on est à la fin des années 90 et la mode est au latino sous toutes ses formes. S’en suivent alors cinq albums au succès jamais démenti qui feront de lui une star internationale. « Una y otra vez », son premier disque depuis cinq ans, le voit s’aventurer du côté de la Colombie où l’album a été enregistré avec « la crème de la scène musicale Colombienne actuelle». Pourtant l’étiquette latine paraît bien réductrice pour définir ce qui s’apparente plus à un tour du monde musical. Un grand télescopage de langues, l’espagnol bien sur mais aussi un peu de français et d’anglais, et de musiques : reggae, salsa, rumba, ska et s’aventurant jusqu’en Europe de l’est, cf. la clarinette de « Vasito de Agua ». L’album fait un incessant va et vient entre sonorités roots (cuivres, percussions) et des touches modernes héritées du rap et de l’électro. « To mi To mi » sonnant même R&B. Un voyage musical ensoleillé donc parfaitement de saison, puisque arrivant en même temps que le printemps.

www.myspace.com/sgtogarcia

dimanche 20 mars 2011

Pierre Lapointe seul au piano


A lui seul Pierre Lapointe semble résumer la méconnaissance et le manque compréhension entre la France et le Québec. Pourquoi, alors que l’on partage la même langue maternelle, pourquoi les artistes et groupes québécois sont-ils aussi rares de ce côté de l’Atlantique ? Et pourtant en matière de chanson francophone, ces derniers ne manquent pas de talent et d’originalité, et sont parfois bien plus intéressants que nombre d’artistes français qui encombrent nos ondes. Pourquoi dès lors personne n’a jamais eu l’idée de distribuer en France les albums des Colocs (un groupe génial que je vous conseille d’écouter si toutefois vous arriver à trouver les disques) ? Pourquoi Jean Leloup est-il aussi rare en France (dernier concert en 1992) ?? Et pourquoi enfin est-il impossible de se procurer ici le dernier album du Nombre ??? Bref, pour en revenir à notre sujet du jour, au Québec, Pierre Lapointe est une star, un auteur très côté. Et qui a toutes les peines du monde à s’imposer dans notre pays en dépit de nombreuses visites, concerts et tournées. Et en dépit surtout, et c’est bien ça qui est malheureux, de la qualité de ses compositions. Pour fêter ses dix ans de carrière professionnelle, plutôt qu’un best of commercial, Pierre Lapointe préfère sortir cet album seul au piano enregistré durant un concert à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Un moyen de revisiter son répertoire d’une façon originale et de redécouvrir les chansons sous un jour plus intimiste : « Ca m’a pris dix ans pour avoir le courage de présenter un spectacle et un album si minimaliste. J’avais besoin d’acquérir une certaine confiance et une maturité ». Si l’émotion est bien présente, l’album, et c’est le seul reproche que l’on peut lui faire, paraît bien scolaire et par trop académique. Comme si Pierre Lapointe était écrasé par la solennité des lieux. Ce n’est que vers la fin du disque que Pierre se lâche un peu et ose plaisanter avec le public. Un excellent album, certes, mais que l’on réservera aux fans. Pour ceux qui souhaitent découvrir l’élégance de son écriture, mieux vaut commencer par les albums studios.

www.pierrelapointe.com

samedi 19 mars 2011

Elliott Murphy and The Normandy All Stars, Le New Morning, 18 février 2011.


Contrairement aux autres années, où le new morning annuel d’Elliott Murphy commence tranquillement en duo de guitares folk avec le fidèle Olivier Durand, Elliott et son groupe, le Normandy All-Stars (Laurent Prado à la basse, Alain Fatras à la batterie) attaquent bille en tête en quatuor avec une composition du nouvel album produit par son fils Gaspard (malheureusement absent des agapes annuelles). D’ailleurs est-ce un effet de cette nouvelle collaboration, mais il me semble qu’Elliott Murphy n’avait jamais autant soufflé le chaud et le froid au cours d’une même soirée. Survolté lors de prestations particulièrement électriques : « Take your love away », « Born to be wild » (reprise des Steppenwolf qui remplace l’habituelle « L.A. Woman ») intro de batterie incroyable d’Alain, et particulièrement touchant lors d’interprétation dans les moments acoustiques « Take that devil out of me » (Alain ex Pow Wow en guest dans le rôle du devil, c’est lui qui le dit), « A little Push » la revenante plus jouée depuis des lustres ou bien encore « On Elvis Presley’s birthday » (my railroad song). Elliott exhibe fièrement un accordeur offert par le groupe pour son anniversaire il y a quelques jours avant d’entamer « You don’t need to be more than yourself » également extraite du nouvel opus. Comme d’ordinaire les mains du public s’envolent durant « Sonny ». Alors que le concert se déroule plutôt agréablement, la soirée ressemble de plus en plus à un rassemblement entre amis, sur scène tout le monde s’amuse, Elliott, le groupe mais aussi Alain (l’ex Pow Wow) et la jeune Sofaï (dont on a pu, par ailleurs, apprécier le joli grain de voix et les arpèges folks délicats en première partie). Autres grands moments la toujours agréable « Pneumonia Alley » et « Rain, Rain, Rain », excellente intro toute en rimshots sur le cercle de la caisse claire d’Alain, pendant que les guitares montent en tension. Soulignons encore une fois l’énorme générosité d’Elliott envers son public multipliant les rappels à l’envie alors que les douze coups de minuit sonnent. Tout d’abord en version intime et débranchée près du public pour « Blind Willie MacTell » suivie de l’excellente « Green River ». Et enfin pour un ultime « Rock Ballad », rescapée des 70s, dans une version assez longue proche de la jam et un solo incroyable d’un Olivier Durand surexcité à deux doigts de la rupture. On ne le dira jamais assez mais un concert d’Elliott Murphy, c’est la promesse d’une soirée réussie.

www.elliottmurphy.com

www.myspace.com/sofaiband


mercredi 16 mars 2011

Interview Felipecha


Rencontre avec la charmante Charlotte, chanteuse de Felipecha (voir mon message du 6 mars 2011) excellent groupe orienté chanson pop française. Sympa et souriante, cette dernière (également chanteuse de Wax Tailor) est intarissable lorsqu’il s’agit d’évoquer le nouvel album de son groupe…

Comment a commencé Felipecha ?

Charlotte : J’ai rencontré Philippe à la fac, où j’étais en cours avec un très bon ami à lui. A l’époque j’ai eu l’occasion de découvrir son groupe d’amis qui faisait de la musique pendant des soirées. Au cours d’une soirée il m’a dit : « tiens je te verrais bien chanter ça » et il a sorti une guitare. Ca a commencé comme ça…

Tu chantais déjà avant ?

Charlotte : J’ai vraiment commencé en 2002, à l’époque je bossais avec un autre musicien, on formait Clover un duo électro-pop anglophone. Je ne connaissais pas encore Wax Tailor. Avec Clover on a trouvé un label courant 2002-2003 et on a sorti un album en 2004. On a fait quelques dates et on en est resté là… On était étudiants, on faisait un peu de musique pour le plaisir. On avait d’autres choses à côté. Avec Philippe on avait pas mal de chansons et on a eu envie de faire des maquettes. On a utilisé le studio d’un ami de Philippe. Après j’ai rencontré Manuel Amstrong à un concert en 2005. Je lui ai parlé de notre projet chanson française et il a voulu écouter, il faisait déjà de la production à l’époque. Ensuite on a rencontré notre manageuse. Et en 2007 on a trouvé un label.

L’album d’avant « De fil en aiguille » a bien marché, que s’est-il passé depuis…

Charlotte : Le deuxième album prend toujours plus de temps… Pour le premier disque, on avait passé des années à composer une poignée de titres. Après on te dit : « maintenant t’es une musicienne professionnelle, il faut sortir un deuxième disque »… Ca prend toujours plus de temps que prévu… Entre temps moi j’ai enregistré un album et fait une tournée avec Wax Tailor. Philippe lui réalise des documentaires. Finalement ça a été plutôt vite, « De fil en aiguille » est sorti en 2008. On a tourné jusqu’en août 2009. Il y a eu un an et demi depuis la fin de la tournée, c’est passé super vite…

En écoutant le disque j’ai été marqué par l’aspect french pop, l’esprit très sixties mais avec un touche électro moderne. Ca donne un album un peu en balance entre le passé et le futur…

Charlotte : Années 60 je trouve ça bizarre… Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

Une note « Gainsbourg » dans la voix de Philippe… En fait vous me faîtes penser au duo Gainsbourg / Birkin…

Charlotte : La voix de Philippe est assez grave à la Gainsbourg effectivement et d’un coup tu as une voix féminine qui sort plus aigue, plus aérienne… L’électro vient surtout du travail en studio. Pour le premier album, les chansons étaient écrites depuis très longtemps. Elles étaient intimistes. On a eu beaucoup de mal sur le premier album pour changer quoi que ce soit… Pour nous les chansons étaient essentielles. On a fait un joli écrin mais sans aller très loin dans la production. Du coup s’est resté très acoustique, doux, intimiste. Sur cet album là, on est arrivé avec des morceaux qui étaient plus mouvants, moins finis et qui on été amenés à bouger en termes de compositions, de textes, de structures… On a eu envie de quelque chose de plus « produit », de plus pop. Moi et Manuel on est très folk pop rock alternatif. Ce nouvel album est un beau compromis entre nous trois. Le premier disque était plus « chanson » par ce qu’on n’avait pas trop oser toucher aux compositions… Là quand on a commencé à écrire on a fait beaucoup plus de ping-pong… Les claviers avec des sons analogiques un peu marrant viennent de Manuel. On est parti tête baissée dans la pop par ce que c’est son truc… D’où les quelques claviers qui peuvent sembler électro. On a utilisé des vraies batteries partout, finalement ce n’est pas si électro que ça. Un morceau comme « exil », le deuxième sur le cd, il y a un beat électro mais il a été doublé. Les batteries sont parfois un peu sèches, mais elles ont été enregistrées avec l’idée de donner un certain côté « sample ».

Est-ce que cela vous a apporté une sorte de liberté, d’arriver en studio avec des chansons « moins finies » ?

Charlotte : Je pense. Sur le premier album, les compositions étaient assez figées. Ce n’est pas que l’on a pas pu, c’est surtout que l’on n’avait pas envie de les changer. On voulait que cela reste pur, que la production de l’album serve au maximum les chansons. Sur le deuxième on avait plus envie de produire comme cela arrive à beaucoup de groupes. Le fait que les chansons soient moins finies nous en a donné l’occasion de faire des choses hyper riches et intéressantes.

Comment vous écrivez les paroles ?

Charlotte : Ca dépend des morceaux. Philippe et moi on compose chacun de notre côté dans notre intimité. Et on se rencontre régulièrement pour se proposer des choses. « Rien » c’est moi qui ai écrit les paroles. « L’exil » c’est un texte que Philippe avait depuis très longtemps. Je l’aime beaucoup, je le trouve magnifique. J’ai juste proposé que l’on rajoute un refrain que l’on a écrit tous les deux. « Tipi » est entièrement de lui. Je n’y ai pas touché, c’est sa patte, c’est ce qu’il avait envie de dire. « Lover’s lane » j’avais écrit les paroles en anglais et je lui ai demandé sa vision sur ce que j’avais écrit et il a rajouté un couplet en français. Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de formule, seulement des envies de collaborer.

Vos deux voix fonctionnent bien ensemble. Cela donne un côté dialogue fille/garçon. Vous vous êtes bien trouvés vocalement parlant…

Charlotte : Oui finalement elles sont différentes mais elles se mêlent bien (sourire)…

Il y a un petit truc rigolo dans « London Shopping » où on t’entend dire « c’est maintenant que cela commence ?? »

Charlotte : C’est une chute de studio. Tu sais comme une piste qui n’a pas été bien nettoyée. Normalement tu coupes les endroits où les gens reprennent leur respiration et tous les « hein hein ». Enfin on coupe tous les trucs que les gens ne sont pas censés entendre (rires). Et puis finalement ça on l’a gardé sur la maquette. C’est du vrai moment de studio.

Un des morceaux les plus surprenant musicalement est à mon avis « la tour Eiffel est un tipi » avec des notes un peu western…

Charlotte : Oui il y a une sorte de cavalcade. On l’a voulu, c’était appelé par le texte qui parle de liberté. Un Indien cela veut dire un homme libre. De prendre un Indien puis de le mettre à Paris en se demandant quelles seront ses limites, c’était assez rigolo comme concept. On a imaginé cette cavalcade et finalement c’est le titre le plus rapide de l’album. On voulait éviter le côté trop « Indien », juste donner l’impression d’une machine qui avance. On a eu aussi une très bonne surprise avec Christelle au violon qui a trouvé une très belle mélodie pour le refrain. Ca a fait s’envoler le titre et c’était super. Un beau moment de studio…

J’ai trouvé que « l’étincelle » avait un petit aspect new-wave. Pour prendre un exemple récent, j’ai pensé à Interpol. Qu’est-ce que tu en penses ?

Charlotte (rires) : Oui c’est vrai, c’est le côté froid sans doute. Je vois ce que tu veux dire, je connais bien Interpol. Ce n’était pas conscient. Philippe nous a emmené une composition qui était hyper noire et alambiquée. Ca commence sur des accords, ça change après il y a break et puis ça démarre après tu as rebreak et le refrain… Assez complexe… On est allé à fond dans le sens du texte. Le côté new wave est pas mal sur les refrains que je dis « il suffira d’un rien, juste une étincelle » tu as juste une note de clavier et tout est suspendu. Les voix à la fin doivent jouer, quand les «eh oh » débarquent. J’y tenais beaucoup. Ca se transformait presque en électro. J’ai beaucoup aimé.

Est-ce que tu pourrais nous parler un peu de Londres (cf « London Shopping ») ?

Charlotte : C’est un peu de vécu. Philippe a passé un week end à Londres. Il a écrit avec Eric un ami très proche. Il voulait raconter ce week end où tu pars en couple sans avoir forcément les mêmes envies au même moment. C’est une anecdote rigolote. Faut pas trop se prendre la tête sur le texte… Tu pars en week end, la fille veut aller faire du shopping, le mec boire des bières, toujours la même histoire…Par contre l’histoire de la fin a été rajoutée, ils ne se sont pas vraiment perdus et Philippe n’a pas dragué une fille dans un bar (rires)…

Que fait tu quand tu ne chantes pas, sur les titres chantés par Philippe seul…

Charlotte : En studio, je donne mon avis. Comme pour les violons à la fin de « l’exil ». On échange, on participe. « Rien » je l’ai composé avec Manuel et Philippe était là tout le temps. Il a donné son avis. A un moment je voulais changer un mot dans le texte et il ne voulait pas. Tout le monde participe à tout…Sur scène je vais jouer du clavier. C’est la grosse différence avec l’album précédent. On va avoir des claviers sur scène. L’album en est truffé, cela apporte de chouettes ambiances…

Comment va se passer la tournée ?

Charlotte : On garde à peu près la même formation que précédemment sauf que l’on utilise plus de contrebasse mais un bassiste qui est aussi guitariste et clavier. Manuel aussi est guitariste mais il peut faire des basses et du clavier. Il va y avoir des changements de rôles de temps à autres. Le batteur va aussi lancer des séquences avec un pad. Cela sera un mélange d’acoustique, un peu d’électro, de claviers. Philippe va aussi chanter et jouer du clavier. Cela va être plus mouvant que sur le premier album.

Tu aimes la vie en tournée ?

Charlotte : Oui c’est cool. Enfin c’est comme tout, ça dépends des moments…Y’a des moments tu es fatigué et t’en as marre. Mais globalement c’est génial !! Ca fait quelques années que je fais ça et je suis toujours contente de repartir. Dans une vie d’artiste, janvier, février il ne se passe pas grand-chose en général sauf lancement d’un album. Tu répètes c’est tout. Souvent t’es content une fois que les répètes sont faîtes et que tu prêt pour faire de la scène. Partir, faire vivre les chansons tous les soirs de manière différente, de changer d’endroit, de rencontrer plein de gens, d’avoir des publics différents… C’est génial… Et puis au bout d’un an quand tu en as marre de la tournée, tu as l’occasion de repasser en studio. C’est ça qui est formidable avec la vie d’artiste. Cela change toujours. La tournée je ne m’en lasse jamais. L’année dernière avec Wax Tailor on a fait 110 dates. C’est beaucoup. Mais c’était super. Tout le temps différent…

Propos recueillis le 25 février 2011.

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samedi 12 mars 2011

Homer Van Der Prout, forgotten rock n’roll evil mastermind

Homer Van Der Prout was born, at age 3, on a february 31 in a back room of an Amsterdam coffee shop while his parents were smoking weed. An accomplished guitarist, he finds himself in London few years later where he taught electric guitar to both Jimmy Page and Jimi Hendrix who, at the time, were playing together in a plastic ukulele duo called « The Jimmies ». Homer Van Der Prout was a ghost member of the Beatles, acting behind the scene he is supposed to be the true mastermind behind the hits. Angry after being left out of the fame, a spite start growing bigger and bigger inside Van Der Prout towards John, Paul, George and Ringo who were in his own terms « his puppets ». As Van Der Prout went totally insane, he decided to destroy The Beatles by putting together a rival band he christened The Rolling Stones. He is the devil from the « Sympathy for the devil » song. « Nice to meet » were the first words Mick Jagger told him when the two met. He is the one who taught Mick Jagger how to sing. As the rivalry between The Rolling Stones and The Beatles grow bigger months after months, the latter litteraly explodes, blowing under the pressure. Van Der Prout’s evil masterplan has succeed. But Homer is breaking bad. He realized he may have destroyed the greatest band ever. All over the world fans burst into tears, all because of him. Van Der Prout feels guilty. Paranoid and insecure, Van der Prout realized the crualty of his actions. He ran away to San Francisco, in hope of finding redemption and forgivness in the midst of the summer of love. In San Francisco Van Der Prout became crazy as he’s doing hard and psychedelic drugs. He locks himself in a studio where he recorded his only solo album the ill-fated triple album « The Blue Sprout is coming after you ». 120 minutes of pure musical genius according to him. As great as the record is supposed to be, it was a total disaster, not one copy was sold. Going crazy, out of rage, Van Der Prout went through the streets of San Francisco, robbing every record store, the very ones that he held truly responsible for his decay, that came accross his way, stealing his own album in a bloody road rage. Then Van Der Prout set fire to the dozens and dozens of copies of « The Blue Sprout is coming after you » he has in his possession in the middle of the buena vista park. Watching his working vanishing up in the flames over the bay Van Der Prout saw the face of Janis Joplin, who died just few hours before, appearing totally made of smoke. Pointing her finger at Homer, the smoky Janis said those terrible words : « I have choose you baby »… Upset, Van Der Prout went even deeper into craziness. Homer checked in an hospital and after a 30 hours surergical procedure Van Der Prout has changed his voice to sound like Janis Joplin. Homer has decided that from now on he will honored Janis’s memory by singing her songs, imitating her voice, all over the world… Nobody really knew what became of Homer Van Der Prout after he left the hospital. Most likely he his now homeless in Paris. He has been arrested several times asleep on Jim Morrisson’s grave (he calls Morrisson «his blood brother »). He’s playing folk guitar in Paris’s subway singing songs from Bob Dylan, Neil Young, Nick Drake, Elliott Murphy and Bruce Springsteen. Also, he is a devoted Marie Fleur fan. Every Monday he strats his week of gigs in the Paris subway by singing « From Monday on »…

Homer Van Der Prout, génie maudit et oublié du rock n’roll

Homer Van Der Prout est né à l’age de trois ans un 31 février dans l’arrière salle d’un coffee shop d’Amsterdam pendant que ses parents fumaient de l’herbe. Guitariste virtuose on le retrouve à Londres quelques années plus tard où il donne des cours de guitare à Jimmy Page et Jimi Hendrix qui à l’époque formaient un duo de ukulélé en plastiques nommé The Jimmies. Homer Van Der Prout a été un membre fantôme des Beatles, d’aucuns pensent qu’il est le véritable cerveau du groupe. Manoeuvrant dans l’ombre, il serait le véritable artisan qui se cache derrière les tubes du groupe. Ecoeuré, dégoûté d’avoir été oublié du succès, de voir John, Paul, George et Ringo, ses sbires en vérité, récolter toute la gloire, Van Der Prout sombre dans la folie. Epris de vengeance il décide de détruire les Beatles en formant un groupe concurrent qu’il baptise les Rolling Stones. Il est le « devil » du « Sympathy for the devil ». « Nice to meet you » sont les premiers mots que lui a dit Mick Jagger, a qui il a appris à chanter, lorsqu’il l’a rencontré. La rivalité entre Les Rolling Stones et les Beatles sera si grande au cours des années à venir que ces derniers exploseront en plein vol, éclatant sous la pression. Le plan de Van Der Prout a réussi. Mais Homer va de plus en plus mal. Paranoïaque, mal dans sa peau, Van Der Prout réalise la cruauté de ses actes. Il a détruit ce qui a peut être été le plus grand groupe de tout les temps. Par sa faute, des milliers de fans de part le monde pleurent la disparition des Beatles. Il se sent coupable. Complètement fou, Van Der Prout s’envole pour San Francisco où il espère trouver réconfort et rédemption dans le summer of love. A San Francisco, Van Der Prout plonge en plein délire psychédélique et se gave de drogues. Il enregistre alors ce qui sera son unique effort solo, le triple album « The Blue Sprout is coming after you » (Le chou-fleur bleu part à ta poursuite). 120 minutes de pur génie musical selon Van Der Prout. Maudit, le disque sera un échec flagrant. Pas un seul exemplaire ne sera vendu. Fou de rage, Van Der Prout parcourt San Francisco de long en large, erre dans les rues et braque tout les magasins de disques, qu’il juge responsable de sa déchéance, se trouvant sur son chemin. Partout où il passe Van Der Prout vole les exemplaires de son propre album, semant la terreur dans son sillage. Ayant accumulé des dizaines et dizaines d’exemplaires du « Blue Sprout is coming after you » Van Der Prout organise un grand feu de joie dans le Buena Vista Park, brûlant son propre disque. Alors que son œuvre part en flamme au-dessus de la baie, le visage de Janis Joplin, décédée quelques heures auparavant, apparaît au milieu de la fumée. Tendant le doigt vers Homer, la Janis faîte de fumée prononce ces mots terribles : « I have choose you, Baby » (je t’ai choisi, bébé)… Bouleversé, Van Der Prout sombre alors dans la folie la plus profonde. Homer se fait interner dans un hôpital et subit une très controversée opération chirurgicale sur ses cordes vocales, qui dura près de trente heures, destinée à changer sa voix pour faire de lui le sosie vocal de Janis Joplin. Van Der Prout a décidé que dorénavant il honorera la mémoire de Janis en chantant comme elle son répertoire de part le monde. Personne ne sait vraiment ce qu’est devenu Van Der Prout à sa sortie de l’hôpital. Les pistes se confondent, les témoignages se contredisent…Selon les sources les plus probables, Homer Van Der Prout serait aujourd’hui sans domicile fixe à Paris. Il aurait été arrêté plusieurs fois dormant sur la tombe de Jim Morrisson (« mon frère d’armes »). Il survivrait en jouant de la guitare folk dans le métro parisien, chantant les chansons de Bob Dylan, Neil Young, Nick Drake, Elliott Murphy et Bruce Springsteen. Il serait également un fan absolu de la chanteuse de jazz, Marie Fleur. Tous les lundis, il commence sa semaine de concert dans le métro en chantant « From Monday on »…

Ginkgoa Interview

Les dessous du show biz ne sont pas toujours très glamour. Une fois de plus, c’est dans une loge riquiqui (celle de la superbe salle du China), où on a déjà du mal à tenir à deux entre les instruments et costumes de scènes que l’on a retrouvé Antoine, guitariste, auteur, compositeur et fondateur de Ginkgoa (voir mon message du 26 janvier 2011), sympathique formation à la croisée du jazz et de la chanson française. Le temps pour nous d’évoquer ce projet somme toute assez récent et son actualité.

Comment a débuté le groupe ?

Antoine : Par mon envie d’écrire des chansons. J’ai commencé dans mon coin par écrire des morceaux avant de rencontrer Anne-Colombe, la violoncelliste. Et ensuite, fin février 2010, il y eu la rencontre avec Nicolle (la chanteuse, ndlr). A ce moment là, je faisais passer des auditions, j’avais vu environ 40, 50 chanteuses et pas une ne correspondait à ce que je recherchais. La rencontre avec Nicolle est assez étonnante. Une anecdote amusante. J’étais fatigué des coups de téléphone, des auditions. Je me retrouve un soir dans un concert de jazz. Je sors deux minutes prendre l’air et je reçois un message sur mon téléphone, une fille avec un accent américain : « J’ai vu l’annonce, j’aime beaucoup le projet, je voudrais faire l’audition »… Elle me parle un peu d’elle : « j’ai fait Joséphine Baker de Jérôme Savary »… J’étais un peu fatigué, j’ai laissé le téléphone en me disant que j’écouterais cela plus sérieusement le lendemain. Je retourne voir le concert. Dix minutes après une fille assez étonnante et fantaisiste, pétillante et pleine de couleurs rentre dans la salle. Elle vient s’asseoir à côté de moi, me demande si je sais danser le swing. On commence à discuter. Je me dis c’est étonnant, elle ressemble à Joséphine Baker et le même accent que le message sur le répondeur. Je n’osais pas lui demander, j’avais peur qu’elle me prenne pour un fou. Au bout d’un moment je lui dis, je recherche une chanteuse pour mon groupe. Et là elle me dit mais c’est incroyable, j’ai essayé de t’appeler toute la journée… Le lendemain elle était chez moi et elle connaissait cinq chansons par cœur. Je n’avais jamais entendu mes compositions comme ça, une dimension que je n’avais jamais soupçonné. L’aventure a commencé comme ça, un coup de cœur et un beau hasard.

Et quand tu auditionnais les chanteuses, tu cherchais vraiment une chanteuse de jazz ?

Antoine : Oui, j’ai surtout mis des annonces dans des écoles et des cours de jazz privés. Et dans les clubs aussi. Petit à petit l’annonce s’est répandue, j’ai aussi reçu des comédiennes, des chanteuses brésiliennes…

Et le fait que Nicolle soit américaine…

Antoine : Au début, cela m’a un peu gêné je n’imaginais pas la chose comme ça. J’avais des doutes avec l’accent. J’avais peur de la connotation « Sympathique de Pink Martini ». A force d’écouter, son interprétation tellement belle correspondait exactement à ce que je recherchais. On a beaucoup travaillé avec Nicolle pour gommer au maximum son accent. Sur certaines chansons comme « New York à Paris », l’accent apporte du sens. Sur d’autres je voulais que le texte soit compréhensible sans problème.

Tu écris toutes les chansons, est-ce difficile de les laisser à une interprète ? Est-ce que cela t’influence dans ton écriture ?

Antoine : Oui, complètement. J’ai commencé de suite à écrire pour des chanteuses. J’avais déjà travaillé avec une autre chanteuse avant, pendant quelques années. J’ai l’habitude d’écrire pour une fille. J’ai aussi la capacité de me projeter. N’étant pas chanteur, je n’écris pas pour moi. Nicolle est aussi un personnage très inspirant. Elle a une personnalité assez forte, fantasque et extravertie. Du coup, elle me donne plein d’idées. La plupart des chansons sont écrites pour elle, sur elle et en pensant à elle.

Quand on la voit en concert on a vraiment l’impression qu’il s’agit de ses textes…

Antoine : C’est vraiment le but. Je suis très flatté quand on me le dit.

Comment est née la chanson « New York à Paris » ? Est-ce que l’histoire du groupe peut être résumé par cette chanson ?

Antoine : Oui, c’est une chanson autobiographique. Nicolle a passé toute son enfance dans le show biz. Dès l’âge de sept ans, elle jouait dans des comédies musicales, des séries télé. Très jeune elle avait déjà un manager. A cinq ans elle savait qu’elle voulait être chanteuse. Et je trouvais très étonnant qu’une fille comme elle me dise qu’elle voulait vivre en France et chanter des chansons françaises. Chanter Joséphine Baker, Edith Piaf. Je trouvais ça assez touchant. J’avais envie d’écrire là-dessus. Comment cette fille a décidé de quitter New York pour venir à Paris et chanter en français. C’était l’histoire de Nicolle résumée dans une chanson.

Vous étiez à New York récemment…

Antoine : Oui on est revenu il y a une semaine. On est resté 20 jours. Super expérience, c’était génial. Tout s’est très bien passé. On a fait sept concerts là-bas, ce qui n’est pas donné à tous les groupes français. On avait une petite crainte au départ mais on a eu la chance que tout soit géré par la manageuse de Nicolle qui nous a booké les concerts. La moitié des dates étaient dans des lieux « français » ou tenu par des français et fréquenté par des expatriés. On a découvert une certaine curiosité pour la culture française. On a rencontré plusieurs personnes qui nous parlaient de Gainsbourg, de Baudelaire… Un petit courant intellectuel à New York à l’air de se tourner un peu vers la France. C’est un ressenti. En tout cas le public était là, on a eu du monde tous les soirs. On a eu une super réponse et un bon accueil. On avait peur de la barrière de la langue par ce que les textes occupent une place importante dans nos chansons. Cela a vraiment beaucoup plu, touché, ému. On a eu des beaux commentaires : « la musique, les arrangements, la mélodie nous donnait toutes les informations pour que l’on comprenne la chanson. On était entraîné on voyageait comme si on comprenait tout le texte ». C’était touchant.

Et tu as pu pénétrer l’univers de Nicolle ?

Antoine : Oui et ça c’était vraiment très chouette par ce que cela fait longtemps qu’elle m’en parle. Des cabarets, des lieux de son enfance, de là ou elle va danser, là où elle a chanté à Broadway… Des grandes salles… Et là on était vraiment sur place. Elle me disait, ici j’ai joué « Fame »… C’était vraiment intéressant. J’ai aussi rencontré ses amis, son univers, son environnement. Cela m’a donné deux trois idées de chansons. Et des influences jazz new-yorkaises. On est un petit peu sorti, on a vu d’excellents musiciens… La ville en elle-même, sans l’histoire de Nicolle, a une richesse et une puissance assez incroyable. Un dynamisme fou et pas agressif du tout. Comme une espèce de douceur dans la puissance. C’est une ville qui donne beaucoup en termes d’émotions, de sensations… C’était chouette… On est revenus gonflés…

Vous allez y retourner ?

Antoine : Je pense. On en a très envie en tout cas. Il y a certaines salles qui ont envie de nous faire revenir. La manageuse de Nicolle aussi. Le tourneur Caravelle a envie de jouer là-dessus. On en a parlé pour l’été 2012. En essayant de faire ça à plus grosse échelle. Il y aura une sortie de disque d’ici là. Certainement en janvier 2012. On aura le cd à promouvoir et à défendre.

Sur scène Nicolle est très expressive. Cela donne un côté un peu théâtral. Est-ce que cela a orienté le projet dans cette direction ?

Antoine : Moi, je l’ai toujours imaginé un peu théâtral. Un peu comédie musicale. J’avais envie d’un peu de mise en scène, de vie, de spectacle. Pas uniquement un concert où on enchaîne les morceaux. Et après Nicolle arrive et là ce n’est même plus la peine de se poser la question. Elle est comme ça, tout le temps. Elle vit la chanson à 100 %. Tout de suite cela donne de l’image pour accompagner le son. Elle fait vivre les morceaux sur scène avec les gestes, la danse. Et puis étant comédienne et danseuse, c’est naturel pour elle de mêler le tout.

A terme est-ce que vous pourriez avoir quelques chansons en anglais, du fait de la présence de Nicolle ?

Antoine : Tout à fait. C’est une des principales conséquences de notre passage à New York. Ca m’a vraiment donné envie d’écrire en anglais. Et puis on nous l’a un peu demandé là-bas. On nous a suggéré qu’il nous faudrait une ou deux chansons en anglais. J’y avais pensé avant mais je n’étais pas encore vraiment prêt. Nicolle est prête à m’aider par ce que je ne pense pas pouvoir écrire en anglais avec la même finesse. Je donnerais des idées. On en a parlé avec Nicolle, on va co-écrire un ou deux morceaux…

Pour l’instant il n’y a pas de disques. Est-ce que tu peux nous parler un peu du futur album ?

Antoine : Pour le moment, on a juste une maquette. Cinq titres en pré-production. On a écrit les arrangements d’une bonne partie de l’album et on a commencé à maquetter tout cela. Les choses se décantent, on arrive peu à peu à maturité. Je pense qu’on rentrera en studio à la rentrée.

Un autre membre du groupe est arrivé récemment, Sylvain le clarinettiste…

Antoine : Oui, la clarinette c’est tout nouveau. Ca a apporté énormément. On faisait déjà appel ponctuellement à des clarinettistes pour les maquettes. Ca fait un petit moment que l’on pense aux possibilités et aux sonorités offertes par la clarinette. On a rencontré Sylvain pour l’enregistrement de « New York à Paris ». Ca a tout de suite fonctionné sur le plan humain, c’est un excellent musicien, motivé par le projet et avec plein de bonnes idées. Au départ je l’ai invité à jouer avec nous deux ou trois chansons pendant un concert. Juste pour voir ce que cela donne. Il est venu, ça a super bien fonctionné et donc du coup on a repensé tout nos morceaux avec l’ajout de la clarinette. On est super content. On atteint un équilibre musical vraiment intéressant entre le violoncelle et la clarinette avec pleins de possibilités d’arrangements, de réponses, de solos…

Le violoncelle un peu mélancolique et la clarinette joyeuse ?

Antoine : Oui c’est ça. C’est pour ça aussi que l’on avait besoin d’un autre instrument. Le violoncelle (joué par Anne-Colombe ndlr) est un très bel instrument. On aime énormément ça surtout que le notre à la chance de se transformer en contrebasse. Mais quand on donnait au violoncelle toutes les parties instrumentales, forcément cela donnait une sonorité mélancolique, un peu triste. C’est difficile de faire quelque chose de dynamique et de joyeux avec un violoncelle. Et c’était le point faible du groupe. La clarinette est là pour insuffler ce dynamisme, cette joie, pour « envoyer » un peu plus. Il y a plus de force, de rythme. Même si la clarinette peut être aussi très mélancolique. Là, les rôles sont bien partagés.

Du coup ça fait une instrumentation un peu bizarre, sans basse, non ?

Antoine : Le violoncelle fait souvent les lignes de contrebasse donc ce n’est pas véritablement un problème. D’autant plus que maintenant Anne-Colombe joue sur un violoncelle électrique avec une cinquième corde qui descend très bas. Donc elle joue vraiment le rôle de basse. On a pensé un moment à intégrer une contrebasse mais on s’est finalement dit que cela ne valait pas la peine et que cela ferait double emploi avec le violoncelle. Et puis c’est aussi original d’avoir un violoncelle en guise de basse. C’est vrai que quand Anne-Colombe passe à l’archet on perd la basse mais c’est quelque chose que l’on va corriger avec des samples.

Et toi quelles ont été tes influences à la guitare ?

Antoine : J’écoute beaucoup de jazz et de musique classique. Pour la musique j’étais pas mal inspiré par la musique brésilienne, la bossa-nova, les vieux standards de jazz, Billie Holiday, Ella Fitzgerald. Un peu par la pop, je suis un grand admirateur des Beatles, comme tout le monde ce n’est pas très original. Pour le côté chanson, c’est plus des références en matière de qualité de texte, Alain Souchon, « Mustango » de Jean-Louis Murat est un disque que j’ai beaucoup écouté et qui m’a vraiment donné envie d’écrire. Une référence pour moi. Un disque dont j’apprécie vraiment le texte. Et puis Barbara, Piaf et surtout les Rita Mitsouko, un exemple pour moi. On est moins rock, moins délirant que les Rita Mitsouko mais c’est vraiment une influence forte. Le couple Ringer/Chichin m’a toujours beaucoup plu. En termes d’arrangements et de productions c’est vraiment très fort. Peu de groupes français on eu cet impact. Et qui on su s’imposer en proposant un son, une couleur, une originalité dans la composition.

On parlait du texte, y aurait il une influence littéraire ?

Antoine : Evidemment. Il y en a beaucoup, je suis un grand lecteur. Mais j’ai beaucoup de mal à les donner, je trouve ça prétentieux… Et puis cela ne se ressent pas vraiment dans les paroles. Pour l’écriture je pioche pas mal dans le cinéma, un peu dans les bouquins aussi. « Qu’est ce que je peux faire » c’est vraiment un hommage à Anna Karina. Dans « Pierrot le fou » de Godard, dans la scène du début quand elle patauge en disant « Qu’est-ce que je peux faire »… Tout ça fait très intellectuel, j’ai un peu honte de dire ça... Ca ne se retrouve pas forcément dans les chansons…

Ca fait surtout très européen…

Antoine : Oui, notre base est européenne, au point de vue littérature ou cinéma. Ensuite, Nicolle amène toutes ses références et couleurs qui viennent des Etats-Unis.

On n’a pas parlé de Gregory, le batteur…

Antoine : Là aussi j’en ai auditionné pas mal et rien ne fonctionnait vraiment. Gregory vient vraiment du jazz, un vrai batteur de jazz. Il joue aussi de la musique d’Amérique latine. Moi je recherchais vraiment un batteur de jazz, avec cette finesse, ce jeu aux balais. Il y a tout un tas de morceaux où il intervient plus comme un coloriste en jouant des cloches, des cymbales… Son jeu est vraiment très fin. C’est pour ça aussi que cela été un peu dur à trouver… J’en ai vu pas mal. La plupart étaient des batteurs pop/rock qui envoient, qui tapent… Lui amène une délicatesse et une légèreté dont on avait besoin.

Il joue aussi souvent à mains nues, comme un percussionniste…

Antoine : On cherchait vraiment un batteur qui était capable de faire des percussions. Grégory joue aussi du conga. Moi j’aime beaucoup quand il joue à mains nues…

Il y a assez peu de guitare électrique…

Antoine : Oui. Alors ça c’est vraiment un ajout nouveau. Moi j’ai une formation classique. Je joue énormément de guitare classique. Mais depuis quelque temps j’ai envie d’emmener un peu de guitare électrique. J’en suis très content. Et je pense que petit à petit elle prendra plus d’importance dans le set. Elle commence par grignoter une chanson, puis deux…

Et d’où vient le nom du groupe ?

Antoine : De l’arbre ginkgo biloba. C’est un arbre qui m’a toujours plu avec une histoire assez passionnante. C’est un arbre fossile, préhistorique, un des premiers arbres. Il a résisté à tout, les années, Hiroshima… Il a une connotation sacrée en Asie. Les feuilles sont très belles, dorées, très étranges. Il y a beaucoup de pays où le ginkgo biloba est respecté, vénéré. C’est le côté imaginaire et poétique qui m’a plu.

Propos recueillis le 9 mars 2011.

En concert tous les mercredis soir du mois de mars au China.

www.myspace.com/ginkgoa


Ginkgoa à New York #1 from Ginkgoa on Vimeo.

mercredi 9 mars 2011

Fabien Duclerc


Jeune artiste originaire de Bayonne, Fabien Duclerc sort son premier vrai album éponyme, après une démo, « Préambule » au mitan des années 2000. Evoluant dans un univers à la lisière du folk et de la chanson française, la musique de Fabien est comme le fruit de la rencontre entre les guitares sèches mélancoliques de Neil Young et de Nick Drake et la rime riche chère à Serge Gainsbourg et Georges Brassens. Evidemment, le français est le mode d’expression choisi par Fabien pour la grande majorité de ses textes cependant, deux titres sont chantés en anglais dans une forme d’hommage à ses inspirateurs. Si la musique est jouée dans une tonalité plutôt sombre, voire même grave, emballée dans des arrangements de cordes et des arpèges neurasthéniques de guitares acoustiques, les paroles irradient de lumière à l’image de « Buddy », ballade réconfortante sur la solitude ou « Mina », ode à l’adolescence difficile. Une note d’espoir au milieu de la nuit, comme si notre homme était incapable d’être tout à fait triste ou complètement heureux. La voix de Fabien contribue pour beaucoup dans l’ambiance de l’album, une voix de gorge un timbre à la fois grave, délicat et profond qui colle particulièrement bien avec ses textes. Un très bel album en clair-obscur.

SORTIE LE 14 MARS 2010.

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lundi 7 mars 2011

James Vincent Mc Morrow : « Early in the morning »


Manière de baladin des temps modernes, l’irlandais James Vincent Mc Morrow est de retour, quelques mois après la sortie de l’EP, avec son premier album. Un disque de songwriter, trahissant immédiatement les inspirations folk de son auteur et rameutant quelques fantômes au passage. Un folk voyageur et libre trouvant à la fois son inspiration chez les britanniques tels que Nick Drake dans ses moments de mélancolie («Follow you down to the red oak tree ») ou sur la West Coast Californienne, « This old Dark Machine » une des grandes réussites presque pop du disque. Cet effort est avant tout une affaire d’ambiances. Feutrée sur un tempo lent avec un sens de l’épique et une note lyrique apportée par l’orgue, les chœurs, les cordes et la voix si particulière de James. C’est pourtant lorsque le rythme s’emballe, « Sparrow and the wolf » aux arrangements hérités de la musique irlandaise et de la country, que James accroche les oreilles. Un album somme toute assez varié et réussi dont le grand mérite est d’éviter la léthargie le menaçant par quelques piques bien senties. A découvrir…

www.jamesvmcmorrow.com

http://jamesvincentmcmorrow.believeband.com/

dimanche 6 mars 2011

Felipecha : « Les lignes de fuite »


Trois ans après le joli succès de leur premier album « De fil en aiguille » le duo Felipecha (Philippe et Charlotte), complété par un troisième larron Manuel Amstrong, est de retour avec ce nouvel opus intitulé « Les lignes de fuite ». Un album qui fait renaître les grandes heures de la chanson pop à la française, quelque chose dans les voix de Philippe et de Charlotte rappelant l’album de Serge Gainsbourg et de Jane Birkin. On est frappé par le mariage des deux voix qui s’assemblent et se complètent à merveille, Philippe retrouvant dans sa façon de susurrer les textes (« London Shopping », « Ce que je sais ») les intonations du Gainsbourg de l’époque Melody Nelson (« L’hôtel particulier »). Chantée en solo par Charlotte la première plage « Rien » est une entrée en matière idéale. Ecriture soignée, mélodie douce et délicate parsemée de très légers arrangements électro pour la note moderne, l’ambiance sied à merveille au timbre soyeux de Charlotte. Le reste est à l’avenant, l’orchestration privilégie l’intime : guitares acoustiques, pianos, légères nappes de claviers, envolées de cordes lyriques, batteries feutrées. Les mélodies jouent la carte du minimalisme : peu de notes mais des motifs répétitifs, entêtants et hypnotiques atteignant un état de grâce sur « De la lune au soleil ». Si l’album privilégie l’aspect chanson, « L’étincelle » joue la carte de la new wave et « La tour d’Eiffel est un tipi » évoque la bande son d’un western. Un magnifique album à écouter au crépuscule.

Sortie le 14 mars.

En concert :

22 mars : La péniche de Lille (59)

24 mars : Le divan du Monde (Paris)

13 avril : Marché Gare de Lyon (69)

www.felipecha.com

www.myspace.com/felipecha

www.facebook.com/felipecha

mercredi 2 mars 2011

Starting block 2 le 12 mars 2011 à la gare aux gorilles


Plus d'infos sur www.lamangouste.com

Charles Pasi : « Uncaged »


Après un premier album « Mainly Blue » confidentiel, Charles Pasi est de retour avec ce nouvel effort « Uncaged » qui confirme ici les bonnes dispositions entrevues sur l’EP du même nom et sur la scène du China. « Mainly Blue », le titre du premier album de Charles, est aussi la définition parfaite de ce nouvel opus. Car si le blues est très clairement la base musicale de Charles l’harmoniciste, ce dernier n’a de cesse, tout au long de cet album varié et coloré, d’emmener la note bleue vers de nouveaux horizons. Au point que la seule étiquette Blues semble réductrice pour cet artiste protéiforme. « Farewell my love » (avec Archie Shepp), déjà présente sur le maxi et « Old lady Paris » voient Charles se frotter avec succès à un répertoire plus jazzy. Sur « Better with butter », « Things have changed » et « Lost Generation » le blues, « jumpy » et enlevé, de Charles se pare d’atours funky, dans les rythmiques notamment, aux entournures sexy. Si « Une berceuse » donne l’image d’un artiste apaisé, une énergie héritée du rock n’roll, perceptible dans certaines parties de guitares « heavy » (« Wild it up »), semble propulser ce disque du début à la fin. Au niveau de la voix Charles Pasi est également un caméléon à la fois crooner -« While you’re dancing », « Remember the day »- sur un tempo calme et capable de flirter avec le rap (à moins que cela soit du scat) lorsque le rythme s’emballe (le final de « Up to us »). Un album vif et malin à l’image de cet artiste qui malgré son jeune age semble déjà avoir compris toutes les ficelles du métier. Recommandé.

DISPONIBLE EN TELECHARMENT SUR TOUTES LES PLATEFORMES ET SORTIE DANS LES BACS LE 7 MARS.

http://www.charlespasi.com/

www.youtube.com/user/charlespasichannel