mercredi 17 mars 2021

Manuel Bienvenu : « Glo »

 


Arrivé à ce niveau, on préférera parler d'architecture sonore. Maniaque du son, obsédé par la recherche de la perfection pop (attention Manuel, beaucoup, et pas des moindres, y ont laissé la raison!) Manuel Bienvenu empile les notes et les instruments un à un avant d'arriver à l'équilibre parfait. Electronique et acoustique s'imbriquent ainsi parfaitement tout au long de cet album aux échos teintés de pop et de free jazz (influence particulièrement sensible sur le traitement de la basse) calme et apaisé, planant au point de donner à l'auditeur la sensation de flotter à l'image des poissons figurés sur la (superbe) pochette. D'autant plus remarquable que l'album ne donne, finalement, pas cette impression de luxuriance mais plutôt d'instruments utilisés à juste escient. Ainsi, il se dégage du disque un effet de minimalisme justement ordonné ou chaque élément est à sa place, une pyramide au-dessus de laquelle se pose la voix, quasi-murmure, venant caresser les oreilles. L'album se distingue également par son angle, expérimental, baroque, débordant de sonorités originales, voire inédites, sortant d'instruments parfois bricolés pour l'occasion. Un album apaisé et sortant des sentiers balisés.

https://microcultures.bandcamp.com/album/glo

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mardi 16 mars 2021

Olivier Rocabois goes too far

 


Rassurons tout de suite le principal intéressé, mais non Olivier, tu ne vas pas trop loin ! Trop loin mais dans quoi ? Cavalcade d'arrangements de cordes soyeux, régalade de claviers vintage (Wurlitzer, Orgue Hammond, Fender Rhodes, Grand Piano, Mellotron), cuivres élégants, le compositeur breton mets les petits plats dans les grands pour faire vivre à nos oreilles une expérience inoubliable, l'équivalent musical, pop, du cinémascope, aussi envoûtante que les bruits des vagues agrémentant la première plage (« The sound of the waves »). Mais au-delà, ces neuf nouvelles compositions sont une déclaration d'amour immodéré à la (sunshine) pop, de chambre ou non, des années 1960. Les Beatles, bien entendu, dont l'ombre plane sur le disque mais aussi, par extension, Les Beach Boys, Burt Bacharach, Phil Spector jusqu'à Steely Dan (« In my drunken dreamspace ») de la décennie suivante. Mais non, Olivier tu ne vas pas trop loin, au contraire, c'est l'auditeur qui décolle à l'écoute du disque !

Sortie le 2 avril.

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dimanche 14 mars 2021

Samuel Strouk : « Nouveaux Mondes »

 


Virtuose de la six-cordes, musicien aventureux, Samuel Strouk n'a pas tant l'intention avec ce nouvel album de créer un nouveau monde mais plutôt d'en effacer les frontières pour en redessiner la géographie. Véritable poupée russe musicale, ce nouvel effort en cache un autre. On y trouve d'une part une section de cordes, élégante et majestueuse, assurant le cachet classique du disque. Mais aussi une batterie et une basse constituant avec le guitariste un power trio débordant de swing, évoluant dans un registre jazz. Les arpèges délicats de Strouk constituant la passerelle, le passage, reliant le classique au jazz, dans cette volonté évoquée plus avant de redessiner la carte. L'amalgame fonctionnant au-delà des espérances (la merveilleuse « Proxima Centauri ») c'est ainsi que naissent les fameux « Nouveaux Mondes » donnant son titre à ce nouveau disque. C'est à la fois beau mais surtout très libre même si on ne doute pas que la musique jouée ici résulte d'un processus d'écriture rigoureux que les musiciens réussissent à faire oublier. Ne reste plus qu'à fermer les yeux et à se laisser bercer par la beauté de « Hermano Tony » et « My Romantic Lebanon », tout le reste n'étant finalement que littérature inutile…

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mercredi 10 mars 2021

Bianca Rossini : « Rio Paradise »

 


Ah, qu'il est doux de se réchauffer aux tendres sons de ce nouvel EP de la chanteuse brésilienne, dont la voix délicieuse œuvre tel un baume propre à soulager toutes les peines. La langue, le portugais brésilien, joue également pour beaucoup dans le charme dégagé par ces nouvelles chansons, il s'en dégage une sorte de mystère lointain qui laisse imaginer plus qu'il ne dévoile. On se prend alors à rêver, à déambuler, en imagination, dans ces chansons aux effluves, folk, jazz et pop, entre piano délicat et arpèges de guitare sèche ensoleillés.

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mardi 9 mars 2021

Jeremy Ivey : « The Monolith Sessions »

 


En pleine pandémie, on s'occupe comme on peut. Parce qu'il est musicien, Jeremy Ivey, lui, fait de la musique, pandémie ou non. Ainsi, quelques mois après la sortie de son excellent album « Waiting out the storm », le songwriter revient avec un EP de cinq titres, extraits dudit album, joués live dans son club préféré, The 5 Spot à Nashville, sans public (ou du moins, un public bien silencieux sur le disque). Plus brut, sans fioritures et allant à l'essentiel, la performance a le mérite de faire ressortir la beauté intrinsèque des compositions et la poésie qui se dégage de ces dernières. Il y a ici de quoi rêver, un peu, aux grands espaces américains évoqués dans sa musique. Anecdotique, quoi qu'émouvant, l'EP constitue une excellente porte d'entrée dans l'univers du musicien ou, pour les convertis, une piqûre de rappel de très haute tenue.

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lundi 8 mars 2021

Liquid Bear : « Heavy Grounds »

 


Trois ans après des débuts tourneboulants, Liquid Bear est de retour, avec un nouvel EP, aux accents apocalyptiques, inspiré par l'air du temps. Un climat actuel qui se retrouve également dans le son du groupe qui a gardé du rock progressif des années 1970 un angle expérimental qui fait basculer les compositions dans le versant baroque de l'affaire (« Goblin Crusher », « The Frog »), créant ainsi un véritable chausse-trappe musical dans lequel l'auditeur ne manquera pas de tomber. La modernité de la chose est incarnée par la violence des guitares qui tranchent l'air suivant le martellement de la batterie. Autant d'artefacts typiques du métal et du stoner permettant au quatuor de se démarquer du revivalisme psyché/progressif habituellement en vigueur. Robert Fripp et King Crimson l'avaient déjà prouvé il y a un demi-siècle, guitares saturées et rock progressif peuvent faire bon ménage. Un véritable triangle des Bermudes rock dont Liquid Bear reprend le flambeau avec brio. Attention tout de même, le danger rode dans la moindre note jouée sur ce disque…

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dimanche 7 mars 2021

Helluvah : « Lonely Riots »

 


Passé par le folk, l'électro et toutes formes de déclinaisons « post », Helluvah fait, depuis son apparition en 2005, montre d'un bel éclectisme. C'est sur la suggestion de son producteur (et accompagnateur sur scène) BobX que Camille (la matière grise d'Helluvah) a repris « A Forest » de The Cure, ce qui a déclenché chez la musicienne l'envie d'un univers musical plus sombre décliné sur ce nouveau disque (« Whisper » ; « Soleil Noir »). Plus sombre mais aussi plus pop (« Sex in the club ») la musicienne, en dépit de l'accent métallique des guitares (« Different now », « I know, I know »), s'éloigne du rock au profit d'une approche plus électronique. Inspiré du thème de la rupture amoureuse, mais surtout du chaos émotionnel qui s'en suit, l'album carbure d'une forme d'urgence, comme un ascenseur émotionnel lancé à toute berzingue entre colère, désespoir et excès faussement réconfortants, entrecoupés de rares moments d'accalmie. A noter enfin les deux titres chantés en français (« Soleil Noir », « Mon cœur est parti à la guerre »), pas tout à fait une nouveauté pour Camille, mais suffisamment rare pour être souligné.

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samedi 6 mars 2021

Gloria : «Sabbat Matters »

 


Cinq ans après leur premier album et trois ans après leur dernière trace discographique sous la forme d'un EP, le sextet lyonnais est de retour ! Il n'aura échappé à personne qu'entre temps le monde et nos vies ont été bien chamboulées. Eux, ont continué leur route suivant la lancée de leur excellent premier disque. C'est avec un bonheur certain que l'on retrouve le groupe et son rock psychédélique unique en son genre, croisement entre les girls groups, la formation compte dans ses rangs trois chanteuses, et le rock psychédélique des années 1960. Le chaînon manquant, et improbable, entre les Crystals (par exemple) et Jefferson Airplane, Phil Spector plongé de force dans les eaux agitées du rock psyché. Ainsi, le cœur de la formation réside dans ces sublimes harmonies vocales (« Miss Tambourine ») sur lesquelles se superpose toute la créativité du groupe, guitares fuzz déchaînées, arrangements baroques aux sonorités invraisemblables où brillent les artefacts typiques du rock psyché (« Skeletons » ; « Back in town ») dans une sorte de labyrinthe géant dans lequel on pourrait se perdre des jours entiers tant la production est travaillée. On note toutefois une tonalité plus sombre, comparée au premier disque (« Dance with death », « Global warning ») et plus mystique (« Sabbat Matters », « Holy Water ») incarnée par des guitares plus furieuses que par le passé. Enfin, la pochette signée de l'artiste Nicole Claveloux est sublime, à elle seule une ode au support physique.

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vendredi 5 mars 2021

Kristel : "My Man"

On nous annonce ce jour le retour du trio malgache Kristel avec ce superbe nouveau clip, plus pop, et à l'esthétique séduisante, marquée par les années 1980, rétro et évoquant la nature généreuse de leur île natale.






Xixa : « Genesis »

 


Si l'on considère la musique comme un voyage, alors nous voici embarqués dans un drôle de périple à l'écoute du nouvel effort de Xixa, œuvre de deux anciens de Giant Sand, groupe qui avait jusqu'alors échappé à notre radar. Il est facile, lorsque l'on s'attaque à la chronique d'un disque, d'évoquer les influences de grands noms du passé. En l'espèce, on parlera plutôt d'échos, venus du rock, évidemment, mais aussi du folk mexicain (ou plus généralement d'influences latino américaines) ou de la bande originale d'un western des années 1960 tombé dans l'oubli. Ainsi, le sextet se révèle roublard et particulièrement à son aise lorsqu'il s'agit de faire cohabiter éclairs fuzz acides, percussions/clochettes et arpèges de guitare acoustique typiquement latinos (cf. « Eclipse », « Eve of Agnes »). Un cocktail baroque qui gagne encore en étrangeté lorsque ces synthés venus d'outre cosmos se mêlent à la danse (« Soma »). La voix aussi marque l'oreille, dans un registre rocailleux et de gorge au-dessus duquel plane l'ombre d'Howe Gelb, mythique chanteur du Giant Sand tutélaire. Le péril était grand, avec un tel mélange d'influences disparates, de tomber dans une marmite bouillonnante d'un magma sonore inécoutable. Fruit d'une intense réflexion, et probablement d'une longue expérience, des différents intervenants, l'album ne souffre aucunement de ce mélange détonnant. Au contraire, dans ses meilleurs moments (« Genesis of Gaea », « Land where we lie ») le disque dépayse et revigore ces vieilles antiennes garage et psyché que l'on aime tant.

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mercredi 3 mars 2021

Aaron Lee Tasjan : « Tasjan ! Tasjan ! Tasjan ! »

 


Sur la photo ornant l'intérieur de l'album, le jeune impétrant pose au côté d'un cabriolet du siècle dernier, mais volant, appelons-cela le syndrome DeLorean. Ainsi va la musique d'Aaron Lee Tasjan, l’œil posé dans le rétro mais allant fermement de l'avant. Inutile dès lors de citer les références d'untel et untel, nous préférons souligner le caractère pop intemporel de ce sublime album, ni d'hier, ni de demain, mais bien d'aujourd'hui. Une sorte de classique immédiat qui a le don de faire planer l'auditeur sur son petit nuage mélodique où les synthés et les guitares acoustiques arpégées avec un feeling imparable cohabitent harmonieusement, faisant fi des modes, des époques, des tendances (la merveilleuse « Another Lonely Day »). Un album confortable donc, au sein duquel on se sent immédiatement à l'aise, comme de retrouver un vieil ami sauf qu'à ce jour nous n'avions jamais entendu parler d'Aaron Lee Tasjan. Et on se demande pourquoi d'ailleurs ! Mais qu'importe car on reste persuadé que l'on n'a pas fini d'entendre parler de lui. Tout est finalement parfaitement résumé dans le titre : Tasjan ! Tasjan ! Tasjan ! A découvrir toutes affaires cessantes.

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