Edition après édition, l'attachant
festival des Nuits de l'Alligator s'impose comme un passage obligé
pour tout amateur de rock n'roll (attention en l'espèce, le roll est
d'une importance capitale) qui se respecte. Démonstration cette
année encore avec un plateau d'une remarquable cohérence.
On commence avec Bloodshot Bill, un
Montréalais oeuvrant en solo acoustique dans une veine rockabilly,
guitare vintage et gomina. Belle voix de crooner, musique teintée de
country, Bill se révèle excellent dans le genre. On a envie de
taper du pied ! Malheureusement contraint de se produire dans la
salle du restaurant de la Maroquinerie, Bill n'a pas vraiment la
chance de se mettre en valeur. Le public est tassé comme des
sardines, les pauvres serveuses bataillent pour fendre la foule les
bras chargés de plats... Pas vraiment une bonne idée les concerts
au restaurant. Passons...
Alors que l'on retrouve notre QG
habituel, le sous sol de la Maroquinerie, Les Hayseed Dixie finissent
leur sound check. C'est le petit événement de la soirée tellement
le quatuor se fait rare dans nos contrées. Les Hayseed Dixie sont
donc un groupe de bluegrass, un dérivé de la country joué
uniquement avec des instruments à cordes. Et bien que fan invétéré
du genre, on se rend compte que pour la première fois on va assister
à un vrai concert de country avec banjo, mandoline, violon et tout
et tout ! Whaouh ! Dilemne : comment convertir un
public qui dans sa grande majorité ne connaît rien ou si peu de la
country (simple question de culture, certaines oeuvres ne passent
tout simplement pas les frontières) ? Les Hayseed Dixie ont une
réponse toute trouvée, jouer des tubes, archi connus,
majoritairement hard rock, des années 70 et 80 (mais pas
uniquement). Et cela donne, « Ace of Spade », « Eye
of the tiger », « Bohemian Rhaspody », « War »
(Edwin Starr) ou bien encore « Hells Bells » toutes
réinventées au banjo et à la mandoline. Le contenu est
foncièrement original, le public réagit instantanément aux tubes :
c'est le triomphe assuré ! D'autant que pour ce qui est
d'assurer le show, John Wheeler et sa clique s'y entendent comme pas
deux. Concours de grimaces, langues tirées et regards exhorbités, à
rendre Gene Simmons mort de jalousie, c'est une véritable « comedy
routine » (comme on dit en anglais) à laquelle se livrent les
musiciens : « If loving the banjo is wrong, i don't want
to be right » ! Un formidable groupe de scène et des
musiciens speedés qui, pour une soirée, nous ont transportés dans
leur Tennessee natal. Une excellente prestation saluée par un
tonnerre d'applaudissements. Le début d'une idylle avec le public
français ? C'est tout le mal que l'on leur souhaite.
Et on termine enfin avec la tête
d'affiche de la soirée Heavy Trash, le medium commun formé par Jon
Spencer (Blues Explosion) et Matt Verta-Ray (Speedball Baby) afin
d'exprimer leur passion commune pour le rockabilly et le rock n'roll
des pionniers. Excellent groupe au sens du swing consommé par la
grâce d'une redoutable section rythmique (ah mes aïeux, cette
contrebasse jouée par Bloodshot Bill!). Verta-Ray brille par sa
virtuosité guitaristique ne se contentant pas de singer les anciens
mais innove avec modération et tourne un peu autour du temps pour
créer du groove. Cantoné dans un rôle rythmique (à la guitare
acoustique), Spencer se concentre sur le chant se transformant en
storyteller et cela lui va comme un gant ! Excellent !
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