Black Strobe |
Festival attachant, les nuits de
l'alligator fête cette année son dixième anniversaire avec une
programmation tournant autour des musiques terriennes, souvent
étasuniennes, de la country au rock n'roll. Et bien sur le blues, la
musique du diable, qui apparaît en filigramme, le genre étant
abordé de manière transversale suivant une ligne éditoriale
pointue réservant de nombreuses surprises et autres découvertes.
Et puisque on parle de découvertes, on
en a fait une belle en ce mercredi soir avec Sarah McCoy. En
provenance directe de la Nouvelle-Orléans, elle se produit au piano,
majoritairement en solo, la deuxième musicienne, préposée au
xylophone, passant le plus clair de son temps à souffler des bulles
de savon. D'apparence pour le moins classique, la musique de Sarah
McCoy est cependant loin d'être lisse. Sarah McCoy s'est tout
d'abord une présence imposante derrière le piano droit et une voix
puissante, un coffre digne d'un blues shooter, dont le charme réside
dans les aspérités. C'est aussi une sacrée personnalité, qui
planque sa bouteille de vin au pied du piano, dont elle s'abreuve
directement au goulot. Avec beaucoup d'humour et de charisme, Sarah
distille ses histoires entre deux morceaux, on imagine une vie de
bohème derrière les accords plaqués au piano avec virtuosité.
Jamais la Maroquinerie n'avait autant ressemblé à un rade de
Bourbon Street. La performance du soir, un peu courte, se termine par
une chanson à la guitare folk jouée en accrobate, Sarah sur le dos
soutenant avec ses jambes la deuxième musicienne, en équilibre
précaire avec son xylophone. Un exploit vain et inutile, puisque de
toute manière la majorité des spectateur ne voit absolument rien...
On change radicalement d'ambiance par
la suite avec Black Strobe, le groupe électro/rock/blues mené par
le géant Arnaud Rebotini. Le quatuor a redécoré la maroquinerie
avec un grand rideau sombre dans le fond de la scène et un miroir en
pied au milieu. Un projecteur placé au plafond, diffusant une
lumière blanche et verticale complète le dispositif. Tournant le
dos au public et placé devant le miroir, l'éclairage âpre donne
une allure christique à Rebotini, jamais avare d'une métaphore
religieuse (« Burn your own church », « Godforsaken
roads », « Someone gave me religion »...), au
milieu de « Folsom prison », la reprise de Johnny Cash.
Situé au confluent de plusieurs influences, on détecte chez Black
Strobe un peu de métal (le terrifiant instrumental « Black
Metal »), du blues (« House of good lovin' »,
« Boogie in zero gravity ») et de l'électro grâce aux
synthés vintage (« Shining bright star »). Le groupe
innove terminant son set dans une version rock classique (guitare,
basse, batterie) avec « I'm a man », la reprise de Bo
Diddley enquillée avec « Baby please don't go ». Même
en version « rock », les rythmes restent marqués par un
martèlement techno/discoïde trahissant le passé électronique de
Rebotini. Le batteur, au son très mat, se révèle fin et inventif,
grâce à l'utilisation de nombreuses cloches, assurant le swing
(« House of good lovin ») avec beaucoup de souplesse mais
aussi une force de frappe brute impressionnante dès que nécessaire
(« Shining bright star »). Pour finir, signalons dans les
rappels l'assez rare « Girl from the bayou »). Une
prestation solide grâce au charisme de Rebotini.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire