jeudi 12 février 2015

Asaf Avidan : « Gold Shadow »



Asaf Avidan a beaucoup à se faire pardonner. Parce que lui, on l'a vraiment aimé quand, à l'époque de son groupe les Mojos, il pratiquait un rock garage furieux teinté de blues (mais aussi de folk) en se posant en réincarnation paradoxale de Janis Joplin. Ah ça oui Asaf on l'a beaucoup aimé et on garde encore un souvenir ému du concert au divan du monde. Mais voilà, ça c'était avant ; avant le « changement de pulsation » (plutôt mollassonne la pulsation) et le repositionnement commercial. Sur ce nouveau disque Asaf pleure son amour qui se meurt et, si on est désolé pour lui, il faut admettre que musicalement, cela lui sied beaucoup mieux ainsi. Le disque souffre un manque de peps manifeste et parfois Avidan retombe dans ses travers habituels, une emphase un peu factice par exemple, mais globalement l'inspiration est plutôt revenue. La chose demarre plutôt bien avec « Over my head », acoustique et teinté de blues comme à la grande époque. Si la musique s'est globalement assagie, « The Jail that sets you free » brûle malgré tout d'une étincelle rock n'roll, un peu moins forte toutefois qu'à la grande époque et « Bang bang » le voit renouer avec le blues. Les sommets d'émotions sont atteints sur « Gold Shadow » et, surtout, « My days are long and dark these days » : acoustique intimiste, chant emprunt de sentiments (car son talent vocal n'est jamais parti) arrangements tendant vers le baroque : le fantôme des Doors reprenant Brecht n'est pas très loin (« These words you wanna hear » ; « A part of this »). En évitant de s'inscrire dans un cadre musical bien précis, Avidan accouche d'un album varié susceptible de plaire à (presque) tout le monde. Et c'est déjà nettement mieux que son album précédent.


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