Alors que les lumières s'éteignent
une à une, plongeant le Point Ephémère dans une semi obscurité,
c'est un Roddy Frame fringuant comme au premier jour qui déboule sur
scène, au débotté, le sourire (qui ne le quittera pas de la
soirée) jusqu'aux lèvres. Derrière nous, des spectateurs
s'extasient sur la ligne de Roddy, s'exclamant : « Mais,
qu'est-ce qu'il est mince ! ». On l'a découvert
extrêmement mature alors qu'il était encore adolescent et on le
retrouve aujourd'hui en fringuant jeune homme de 51 ans. Inusable
Roddy ! En solo intégral, avec seulement quelques guitares et
harmonicas pour accompagnement, l'ex-leader des mythiques Aztec
Camera, attaque le concert comme s'il s'agissait d'un gig entre amis,
un samedi soir, sur la scène d'un pub de son Ecosse natale,
abreuvant le public de bons mots et de blagues entre deux titres
(« J'adore quand ma guitare fonctionne, ça me rends très
heureux »). Assez dynamique, bougeant beaucoup sur la scène,
Roddy attaque les cordes de sa guitares avec une puissance
phénomènale, compensant par la seule force de son poignet le manque
de décibels grâce à la souplesse de sa main droite, générant un
joli petit swing. Roddy retrouve par moment la posture d'un guitarise
de rockabilly, jambes écartées et genoux flêchis. Afin de rompre
la monotonie d'un concert solo, Frame trouve dans les gammes
hispanisantes une inspiration nouvelle et enquille tranquillement le
refrain de « People Get Ready » (Curtis Mayfield)
saupoudrant le tout d'influences venues du blues et de la soul.
L'excellent chanteur, au timbre digne d'un crooner, se double ainsi
d'un guitariste virtuose. L'utilisation d'une guitare à douze cordes
donne une toute ampleur au son le temps d'une magnifique séquence
nostalgique « Oblivious » (le public chante en cœur) /
« We could send letters » issues du premier album d'Aztec
Camera (« High land, hard rain », 1983). L'ovation finale
fût longue pour le survivant des eighties qui clôturera le set avec
un nouveau titre totalement inédit et pas encore terminé
s'exclamant « Je n'arrive pas à y croire, c'est complètement
fou ! ». Le public le lui rendra bien. Un concert
rafraîchissant.
Découvert en première partie, le
jeune Roo Panes se produira également en solo intégral à la
guitare douze cordes dans une approche totalement opposée, plus
sombre et mélancolique bien servie par une magnifique voix. Une
belle découverte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire