Superbe plateau d'une rare cohérence
blues en ce mardi soir dans la superbe petite salle de la
maroquinerie. On commence par le duo jurassien Catfish. Sacré
alliage de personnalités entre le placide Damien et l'explosive
Amandine. Les regards échangés entre deux morceaux par les
protagonistes en disent long sur le respect mutuel qui les anime. Et
cela s'entend ! Bien loin de se confiner à la simple formule
guitare (jolie Gretsch demi-caisse) + batterie, Catfish multiplie au
contraire les configurations Amandine passant de la basse à la
batterie, laquelle est divisée en deux (la grosse caisse et la
charleston pour Damien, le reste pour Amandine). Il en résulte un
son de batterie assez mat avec très peu de cymbales. A cette formule
très roots, Catfish ajoutent quelques notes électro grâce à un
petit synthé aux interventions rares mais judicieuses. Un frottoir
et quelques percussions gadgets complètent la panoplie. Catfish
maîtrise tous les fondamentaux, le bottelneck, l'harmonica et la
puissance vocale de la diva Amandine vous transporte au fin fond des
marais. Enfin le groupe est aussi à l'aise en électrique (et vive
le lâché de watts!) version garage qu'en acoustique, arpèges et
émotion à fleur de peau. Même une simple configuration harmonica
et voix vous donne des frissons dans le dos. Notons que beaucoup de
nouveaux titres furent joués, probablement en rodage avant un
deuxième album dont on est en droit d'attendre beaucoup. Assurément,
un groupe à suivre...
On continue ensuite avec The Legendary
Tiger Man, le projet solo de Paulo Furtado, par ailleurs leader de
Wraygunn. Fait exceptionnel, le Tiger Man qui d'ordinaire se produit
en solo intégral est cette fois-ci accompagné de deux acolytes :
un batteur et saxophone baryton. Le sax apporte une note jazzy,
remplaçant la basse, et d'un coup c'est le fantôme des regrettés
Morphine qui vient hanter la salle. Le batteur, exceptionnel de
puissance, apporte beaucoup de profondeur, propulsant le trio dans
une sorte de transe impossible à atteindre en solo (on se souviendra
longtemps du final rock n'roll!). Pas encore tout à fait au point,
le trio se paye une bonne tranche de rigolade lorsque les deux
musiciens additionnels se plantent régulièrement sur un pont. Le saxophoniste
jette alors un billet de 20 euros à son leader en guise d'amende !
Cependant c'est Paulo en solo qui assure la majorité du show. Assis,
sa Gretsh demi-caisse sur les genoux, derrière sa grosse caisse de
batterie, Paulo égraine ses compositions entre blues et garage rock
n'roll sans oublier de rendre hommage à quelques grands noms (« 20
flight rock » d'Eddie Cochran). Également conteur, récitant
des textes entre chaque titre à l'instar d'un Tom Waits, Paulo
intègre une dimension cinématographique dans son travail : un
écran dans le fond projette des petits films illustrant les
chansons. Ecran qui permet à Lisa Kekaula et Asia Argento de faire
une petite apparition virtuelle. Paulo a surtout eu la bonne idée de
faire un peu de ménage dans l'attirail qui l'équipe d'ordinaire sur
scène (exit le kazoo et l'engin bizarre qui servait à faire des
distorsions sonores) pour un résultat beaucoup plus roots au final.
Il subsiste seulement un micro au son distordu qui apporte une note
étrangement intime. Ce fut une excellente soirée.
https://www.facebook.com/thelegendarytigerman
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