C'est un joli
plateau que nous a contacté l'excellent label belge Freaksville en
ce vendredi soir sur la scène du Divan du Monde. Dans la salle une
foule hétéroclite se bouscule et les couples de garçons (Marie
France est une icône gay) côtoient les survivants des années punk.
Il flotte dans l'air comme un parfum des années 1980…
Un petit mot pour
commencer sur Jacques Duvall. Habitué de la coulisse, Duvall est un
parolier qui compte ayant travaillé entre autres pour Lio (l'auteur
de « Banana Split », c'est lui!) et Alain Chamfort
(d'ailleurs discrètement présent dans un coin de la salle). Ses
albums en solo sont relativement rares conférant à sa présence sur
scène un caractère exceptionnel. Entouré de l'excellent combo
garage Phantom, Duvall, déguisé en cow-boy, délivre une prestation
rocailleuse et lo-fi bien servi par les guitares arides de Benjamin
Schoos, la batterie minimale (aucune cymbale, juste une caisse
claire, un tome basse et un tambourin) jouée debout (comme dans le
Velvet Underground) et des lignes de basses énormes sur lesquelles
reposent tout l'édifice. Le contexte sied particulièrement bien à
Duvall, sa plume acerbe et son chanté/parlé guttural, comme venu
d'outre-tombe. Le répertoire est quasi-exclusivement constitué de
titres de son album « Hantises » (sorti une première
fois en 2006, le disque vient d'être réédité en vinyle). Après
une petite demi-heure, c'est déjà l'heure de partir, trop court
mais excellent.
Changement
d'ambiance ensuite avec Marie France et la déclinaison scénique de
son dernier album « Chante Jacques Duvall » (on note
d'ailleurs que la plume de Duvall est sensiblement différente et
moins véhémente lorsqu'il écrit pour d'autres). Accompagnée d'un
pianiste, vêtue d'une robe noire, Marie France semble comme échappée
d'un cabaret des années 1930. Une prestation de grande classe où la
chanteuse laisse apparaître toute sa fantaisie et la grandiloquence
qui la caractérise. Chaque chanson prend alors des allures de petite
pièce théâtrale ou Marie France joue le premier rôle de la
séductrice (« Marcello ») à la prédatrice (« Le
cercle rouge »). Incarnant chaque texte à la perfection, la
prestation de Marie France transpire le vécu (« Bleu »,
« C'est Paris »). Emouvant.
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