Si Mathis Haug donne
autant l'impression de faire partie du paysage, c'est avant tout
parce qu'il a élu domicile dans l'Hexagone depuis fort
longtemps : « Je suis arrivé avec ma Mère, après
le divorce de mes parents, en 1982 à l'age de 6 ans » après
un retour en Allemagne puis un détour par Barcelone, Mathis s'est
finalement installé en France, « dans le pays où j'ai suivi
toute ma scolarité » autant d'expériences qui lui permettent
d'affirmer aujourd'hui « Je suis Européen avant tout ».
Pourtant Mathis aimerait bien maintenant percer sur sa terre
natale : « Je n'ai pas vraiment de carrière en
Allemagne, c'est un très gros marché. Pour les concerts c'est
compliqué sauf à jouer dans les bars. Mes deux premiers albums
Paying my dues et Distance, on s'est focalisé sur le
marché français. Cela devrait changer bientôt, mon nouveau disque
Wild Country va être distribuer en Allemagne ». On y
trouve d'ailleurs un titre en allemand, « Une langue très
douce à mes oreilles », Luigi et c'est une
première pour l'artiste: « Cette chanson parle d'un sentiment
d'exil que j'ai connu. Assez mélancolique. Luigi c'est le type qui
est bien intégré mais qui, dans le fond, reste le vendeur du
kiosque, à côté »...
(c) Clément Puig
(c) Clément Puig
Ce nouvel album,
somptueux cocktail de blues, folk, country et rock n'roll, a pris
naissance de manière assez particulière, après sa participation au
festival Rochefort en accords : « C'est un chouette
festival ! 20 artistes sont invités, des chanteurs, des
musiciens, tous venant d'horizons différents et tous s'accompagnent
les uns, les autres. On a voulu reproduire la même chose pour le
disque, ne pas trop préparer les arrangements, laisser couler les
choses. On a fait un album teinté de country avec des musiciens qui
n'étaient pas spécialistes du genre». Ce nouvel album marque
ce que Mathis appelle « Une ouverture musicale. J'ai appris la
guitare avec le blues et ma musique en est empreinte sans être du
blues pur et dur. Je suis curieux d'autres formes musicales. J'aime
beaucoup la country car elle raconte des histoires simples de la vie
de tous les jours. La musique ne doit pas être enfermée dans un
musée et rester vivante avant tout ». Vagues migratoires (Des
Miles), exils (Luigi), les thèmes abordés dans ce nouvel
effort son parfois assez graves et teintés de mélancolie :
« On arrive à l'automne de notre civilisation » constate
le musicien. « Où on va ? Notre train de vie nous mène
droit dans le mur et le changement fait peur. Où on va ? C'est
quand même hallucinant, des gens travaillent et dorment dans leur
bagnole, on fabrique des bancs pour empêcher les sdf de s'allonger,
notre société est malade. Il y a un truc qui ne fonctionne pas ».
Dans ce contexte, la musique fait office d'ultime planche de salut,
comme l'artiste s'en explique dans sa chanson Rock
n'roll band : « On pousse nos gosses à faire
des études, à être les meilleurs. Ils sont diplômés puis se
retrouvent à faire complètement autre chose dans la vie. Il n'y a
pas de place pour tout le monde, c'est dur. Finalement il ne reste
plus qu'une seule chose à faire, prendre une guitare, former un
groupe de rock et essayer de s'en sortir comme ça ». Une
résolution à laquelle l'artiste s'accroche coûte que
coûte : « Jouer mon dû. Cela sera comme ça jusqu'à
la fin je pense. Prendre une guitare et jouer le blues. Il y a eu
beaucoup de monde avant, il y en aura beaucoup après. Il faut le
prendre au sérieux ».
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