Le petit Métis de
Brooklyn est de retour ! Un peu oublié du grand public, son
heure de gloire terminée, Garland Jeffreys poursuit sa route
musicale, armé de sa passion et de son humanisme. Ami de longue date
d'Eliott Murphy et de Bruce Springsteen (qui ne manque jamais de le
convier sur scène lorsque l'occasion se présente), Garland a grandi
à New York à une époque bénie d'un point de vue musical, ce qui
lui a permis de côtoyer quelques grands nom de Lou Reed à Bob Dylan
en passant par Bob Marley, un éclectisme musical entre rock, reggae
et soul qui aujourd'hui encore continue de nourrir sa créativité.
Le premier album de son groupe, Grinder's Switch, dont il est le
chanteur, sort en 1970. Trois ans plus tard, la formation séparée,
sort son premier disque, éponyme, en solo. Après une période de
vaches maigres, et quelques albums mineurs dans les années 80 et 90,
Garland a pris une longue pose et s'est éloigné du monde musical
pour mieux le retrouver en 2011 avec « The King of in between »
album du come back et son meilleur depuis des lustres, de qualité
égale à ses enregistrements des années 1970. L'état de grâce
continue avec « Truth Serum » en 2013 et, enfin, ce
nouvel effort.
Ce nouvel album commence de manière un peu poussive avec « When you call my name », tentative, pas franchement convaincante, de coller à l'époque qui rappelle ses pires travers des années 1980/1990. L'expérimentation terminée, Garland retrouve ses marottes habituelles, le blues (magnifique « Schoolyard blues »), le reggae (« Reggae on Broadway ») et bien sur le folk et le rock n'roll. A mi-chemin entre groove et électricité, Garland fait voyager sa musique dans l'espace, nous offrant au passage un petit détour par l'Espagne (« Spanish heart ») et dans le temps, revisitant quelques classiques du Velvet Underground (« Waiting for my man ») ou des Beatles (« Help »), le temps d'une magnifique séquence nostalgique et émouvante. Nostalgie et émotion sont bien les deux mamelles nourricières de la musique de Garland, lorsqu'il évoque son Père (« 14 steps to Harlem ») ou retrouve sa fille Savannah pour un duo bouleversant (« Time goes away »). « Colored boy said » évoque quant-à-elle le thème du racisme, récurant dans sa carrière (cf. « Don't call me buckwheat », 1991) prouvant, hélas, une fois de plus l'actualité du sujet. Signalons enfin pour finir la participation de la légendaire violoniste virtuose Laurie Anderson sur « Luna Park love theme » qui clôture l'album sur une note mélancolique. Un nouvel album à la fois varié et ancré dans une tradition étasunienne qui ne pourra que ravir les oreilles les plus exigeantes.
En concert le 23
juin à Paris (New Morning)
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