Partons aujourd'hui
à la rencontre d'un personnage absolument fascinant. Gueule cassée
du blues (cf. la pochette) dont le visage ravagé trahit les
vicissitudes passées, Watermelon Slim est un cas à part. Né à
Boston et installé à Clarksdale (le lieu de naissance du blues sis
dans le Mississippi), Bill Homans, de son vrai nom, a vécu mille
vies, ancien combattant au Vietnam reconverti depuis en militant
anti-guerre et engagé politiquement à gauche (militant socialiste
plutôt rare pour un Américain). Watermelon Slim n'est pas à un
paradoxe près, récipiendaire du WC Handy Award du « meilleur
débutant » à l'age de 56 ans (en 2005) ; bardé de
diplômes universitaires, il a pourtant vécu la majorité de sa vie
comme ouvrier camionneur, expérience dont il tire aujourd'hui son
blues, perceptible dans le chant de sa voix qui se brise un peu plus
à chaque chanson. Non Watermelon Slim n'est ni le plus doué, ni le
plus virtuose, ni le plus beau (on apprécie à sa juste mesure toute
l'ironie du titre « Golden Boy ») mais il est difficile
de faire plus authentique. Chez Watermelon Slim chaque mot, chaque
note est lourde de sens et vient des tripes à défaut d'être techniquement parfaite. Loin de se complaire après un parcours de vie pour le
moins chaotique (il a été battu à mort pour d'obscures raisons)
Watermelon Slim tire au contraire de ses expériences passées un
disque euphorisant (« Mean Streets », « Northern
blues »), s'éloignant parfois du blues au sens strict pour des
horizons plus rock (le « Pickup my guidon » d'ouverture),
des sonorités celtiques (« WCBN », « Cabbagetown »)
ou amérindiennes (« Wolf cry »). Le tout formant une
sorte de portrait caché de l'Amérique, celle des SDF et autres
laissés pour compte du rêve américain. Excellent dans sa face
électrique comme acoustique, up ou down tempo (« Winner of us
all »), c'est une révélation !
En concert le 1er
juillet (Sunset-Paris) et les 7 & 8 juillet (Cognac Blues
Passions)
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