Dans la première
scène où il apparaît, Django Reinhardt (Reda Kateb) pèche au bord
de la Seine puis s'en suit une longue scène, enfiévrée, de
concert. En deux séquences, le réalisateur Etienne Comar a défini
son personnage. « Son » Django est un type un peu
sauvage, un peu solitaire, cherchant à tout prix à maintenir son
lien avec la nature et entretenant un rapport quasi fusionnel avec la
musique et sa guitare. En inscrivant son récit dans un contexte
historique bien particulier, celui de l'Occupation de 1943, Comar
drape son film d'un voile anxiogène, installant une tension qui ne
disparaît jamais tout à fait et perceptible dans le jeu inquiet de
ses interprètes. Django n'est donc pas tout à fait un biopic, mais
un récit à moitié romancé (le personnage de Louise de Clerk
incarné par Cécile de France est totalement fictif et ressemble à
une synthèse des différentes femmes fréquentées par Django)
empruntant aux codes du thriller et des films de guerre et
d'espionnage. Dans ce contexte, la musique apparaît comme un refuge
de joie et de bonheur à l'image de Django se saisissant de sa
guitare dès que le besoin de réconfort se fait sentir. Mais le jazz
est, aussi, une source de frustration terrible à l'énoncé des
règles ridicules édictées par les dignitaires nazis (le blues est
interdit, les solos ne doivent pas dépasser les sept secondes) où
lorsque ces mêmes nazis interrompent brutalement un concert estimant
que « cette musique rend fou ». Django nous conte donc
l'itinéraire du personnage durant une période somme toute assez
courte, un parcours entamé sous les vivas de la foule d'une salle de
concert pleine comme un œuf et qui se termine par une cavale,
éperdue et solitaire, seul dans la neige, la guitare sous le bras,
ledit instrument se brisant dans la panique ambiante. D'une facture
assez classique, mais élégante, Django est porté par le talent et
le jeu fiévreux et subtil de Reda Kateb qui s'impose comme une
évidence dans le rôle titre.
Sortie le 26 avril.
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