jeudi 6 avril 2017

Django d'Etienne Comar



Dans la première scène où il apparaît, Django Reinhardt (Reda Kateb) pèche au bord de la Seine puis s'en suit une longue scène, enfiévrée, de concert. En deux séquences, le réalisateur Etienne Comar a défini son personnage. « Son » Django est un type un peu sauvage, un peu solitaire, cherchant à tout prix à maintenir son lien avec la nature et entretenant un rapport quasi fusionnel avec la musique et sa guitare. En inscrivant son récit dans un contexte historique bien particulier, celui de l'Occupation de 1943, Comar drape son film d'un voile anxiogène, installant une tension qui ne disparaît jamais tout à fait et perceptible dans le jeu inquiet de ses interprètes. Django n'est donc pas tout à fait un biopic, mais un récit à moitié romancé (le personnage de Louise de Clerk incarné par Cécile de France est totalement fictif et ressemble à une synthèse des différentes femmes fréquentées par Django) empruntant aux codes du thriller et des films de guerre et d'espionnage. Dans ce contexte, la musique apparaît comme un refuge de joie et de bonheur à l'image de Django se saisissant de sa guitare dès que le besoin de réconfort se fait sentir. Mais le jazz est, aussi, une source de frustration terrible à l'énoncé des règles ridicules édictées par les dignitaires nazis (le blues est interdit, les solos ne doivent pas dépasser les sept secondes) où lorsque ces mêmes nazis interrompent brutalement un concert estimant que « cette musique rend fou ». Django nous conte donc l'itinéraire du personnage durant une période somme toute assez courte, un parcours entamé sous les vivas de la foule d'une salle de concert pleine comme un œuf et qui se termine par une cavale, éperdue et solitaire, seul dans la neige, la guitare sous le bras, ledit instrument se brisant dans la panique ambiante. D'une facture assez classique, mais élégante, Django est porté par le talent et le jeu fiévreux et subtil de Reda Kateb qui s'impose comme une évidence dans le rôle titre.

Sortie le 26 avril.

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