Voilà une soirée
que l'on attendait avec impatience faisant le lien entre piliers et
nouveaux venus de la scène blues hexagonale.
On commence avec du
sang neuf, celui d'Elise & The Sugarsweets, un seul EP pour
l'instant et déjà tant de promesses… Le groupe accompagnant la
chanteuse n'est certainement pas inconnu des amateurs parisiens de la
note bleue. Oliver Raymond (guitare) et les frères Jérôme et
Olivier Férrié (basse et batterie) ayant roulé leur bosse dans
différentes formations. Ce nouveau groupe les voit rejoindre Sylvain
Lansardière (orgue) et la chanteuse Elise Heyte, 19 ans seulement et
impressionnante de prestance et de maturité vocale. Sa voix,
magnifique, est grave juste comme il faut et véhicule une foule
d'émotions. Ce n'est pas Bannish (Blues Power Band) venu se prêter
à un duo qui nous contredira. L'expérience et le savoir-faire des
musiciens encadrant la fougue de la chanteuse, particulièrement
charismatique et énergique sur scène. Le répertoire interprété
fleure le bon goût et l'érudition (Magic Sam, Junior Wells, Freddie
King, Aretha Franklin) et est parfaitement rendu en termes de feeling
et de groove : (rhythm et) blues sont au programme. Seul petit
regret, le manque de compositions originales (signalons toutefois la
très belle « Road to coal mine » signée du guitariste
Olivier) mais ce point devrait évoluer à l'avenir. On a toutefois
passé une très belle heure en leur compagnie. Et le groupe a fait
un tabac auprès du public.
Avec dix albums au
compteur, les Toulousains d'Awek sont une valeur sûre du blues made
in France. Leur performance du soir ne fera que confirmer tout le
bien que l'on pense d'eux. Leur champ d'action est bien loin de se
limiter à un seul style de blues mais va picorer des influences
partout où bon leur semble et notamment dans le rock n'roll de Chuck
Berry (duck walk parfaitement exécuté mais ne va pas te péter un
truc Bernard!). Le swing semblant être la constante grâce à la
section rythmique composée de Joël Ferron (basse) et Olivier Trebel
(véloce batteur alliant puissance et finesse du touché).
L'harmonica de Stéphane Bertolino apporte un plus « roots »
indispensable et ancrant ce groupe, assez volage dans le fond, un peu
plus profondément dans le blues. Sur une bonne moitié du set, le
quartet a été rejoint par le guitariste Fred Chapellier (un renvoi
d'ascenseur), une pointure de l'instrument en France, auteur d'une
discographie en solo respectable et (accessoirement) accompagnateur
de Jacques Dutronc. Musicien magnifique Chapellier possède ce don
rare, celui de savoir s'exprimer avec son instrument, ses
interventions étant toujours pleines d'émotions palpables. Jamais
envahissant, trouvant toujours la note juste et le moindre espace
pour s'exprimer, Fred s'est fondu dans le paysage comme un poisson
dans l'eau pour le plus grand bonheur (auditif) des spectateurs. Les
derniers rappels ont vu tout ce beau petit monde se réunir une
dernière fois sur scène pour un mini bœuf, histoire de clôturer
en beauté cette superbe soirée.
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