C'est avec Cory
Seznec, une belle découverte, que nous avons débuté la soirée. Ce
dernier, guitariste et banjoïste est accompagné d'un excellent
percussionniste, avec qui il déconstruit le blues de façon très
personnelle à l'aide de guitares désaccordées et « trafiquées »
selon ses propres termes, afin d'obtenir un son pour le moins
étonnant. Les classiques du blues en ressortent transfigurés, entre
expérimentations et incursions africaines. Charismatique et sympa,
la paire nous livre un résultat intriguant mais séduisant.
Place ensuite à la
tête d'affiche de la soirée, Mathis Haug, venu fêter en trio la
sortie de son excellent album « Wild Country ».
Particulièrement survolté, extatique, Mathis nous a livré un
concert fort en émotions où à de nombreuses occasions la musique
est sortie grande gagnante des débats, mené par un trio de
musiciens en transe. Stéphane le batteur fait forte impression. Son
kit mélange des tomes et cymbales classiques agrémenté d'éléments
de récupération assez étonnants. Une vieille valise abîmée fait
office de grosse caisse (contre toute attente ça sonne super bien),
une boîte de café en fer et une bonbonne d'eau vide complètent le
dispositif. Ceci dit seul un musicien aussi virtuose et puissant que
Stéphane peut faire sonner aussi bien un tel assemblage de bric et
de broc. Sa frappe est puissante (il faut voir les cymbales onduler
telles des vagues sous ses coups de baguettes) et pleine de feeling
sur des rythmiques ternaires jazzy. Egalement très impressionnant au
frottoir, son énergie contagieuse se transmet aux autres musiciens
et au public aussi qu'il emporte dans sa transe. Derrière sa
guitare, Mathis n'est pas en reste et saute comme un cabri avec un
enthousiasme communicatif comme il le dit lui-même : « C'est
presque un concert de rock n'roll ». Profitant d'un line-up
sortant de l'ordinaire, un clavier remplace la basse, un violon et
une deuxième guitare font une apparition sporadique, Mathis exploite
toutes les variations qu'offrent cette formation, passant d'ambiances
mélancoliques (le violon) servant son propos humaniste (cf.
« Luigi ») à un groove soul puissant (le clavier funky)
sans oublier un duo de guitares entre blues et rock et un soupçon de
country. Après deux heures de road trip immobile au cœur de
musiques telluriques, le show s'achève sur une magnifique reprise de
« Cortez the killer » (Neil Young) en forme de bœuf
improvisé. Magnifique soirée.
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