lundi 17 octobre 2016

Sophia : « As we make Our Way (Unknown Harbours) »



Après sept ans de silence, Sophia, le groupe mené par Robin Proper-Sheppard, un citoyen étasunien exilé à Londres, fait son grand retour. La carrière de ce dernier est placée sous le signe du drame. Celui qui, en 1994, a stoppé net l'ascension de son groupe précédant, The God Machine, en emportant brutalement le bassiste Jimmy Fernandez. Depuis, Proper-Sheppard n'a de cesse d'exorciser ce malheur en musique. A la tête de son groupe Sophia, lancé en 1996 après la séparation dramatique et douloureuse de The God Machine, Robin Proper-Sheppard prend le contre-pied de tout ce qui a fait sa réputation musicale jusqu'alors. The God Machine, turbulent trio, évoluait de bruit et de fureur dans les remous shoegaze/grunge des nineties. Sophia sera à l'opposé : une formation majoritairement acoustique, jouant une musique habitée entre spleen et dépouillement. Ce nouvel, et sixième, album ne déroge pas à la règle mettant en avant des instruments tels que le piano et la guitare folk (cf. « Baby, Hold On », « It's easy to be lonely ») créant des ambiances où se mélangent harmonieusement les nappes de claviers et les instruments acoustiques (la baroque « You say it's alright »). Après le joli instrumental d'ouverture au piano, « Unknown Harbours », déboule le monumental post-rock « Resisting », particulièrement électrique, pas forcément représentatif du son du groupe mais irrésistible. Autre pièce de choix, « California » voit Robin poser un regard désabusé sur son état natal, dans lequel il est devenu un étranger, sur un fond pop rock tubesque en diable. Sans revenir tout à fait à ses premières amours, Robin monte le volume ça et là (« Resisting », « The Hustle ») variant intelligemment les ambiances, ouvrant la voie vers les rives inconnues évoquées dans le titre.

En concert le 20 octobre à Paris (Petit Bain).


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