Si les mots rock
n'roll ont encore un sens aujourd'hui, c'est bien grâce à des
groupes comme les Psychotic Monks. Quelques heures avant de
littéralement incendier la scène Ile-de-France du festival Rock en
Seine, le groupe se confie et se révèle aussi posé et réfléchi
qu'il est exalté sur scène. Interview et rencontre à la roots,
aussi en rond dans l'herbe par une chaude après-midi d'été...
Bonjour tout le
monde, c'est ma première interview avec des psychos, j'ai un peu
peur…
The Pyschotic Monks
(rires)…
Il y a un côté un
peu psychotique dans votre musique, quelque chose de répétitif et
d'entraînant. Où voulez-vous emmener l'auditeur avec votre
musique ?
The Psychotic
Monks : On veut l'emmener vers quelque chose d'humain, s'ouvrir
à lui-même et à nous. On aime beaucoup utiliser le terme de
transe. On trouve cette incantation à force de répétition. On
aimerait à la fois intriguer et leur donner la sensation de trouver
quelque chose en eux qui a toujours été là mais à laquelle ils
n'ont pas forcément accès dans leur vie de tous les jours. Les gens
ont besoin de se rassembler et de bouger tous ensemble, c'est ça
qu'on aime bien dans ce côté transe psychédélique. Si le public
arrive à ressentir la même chose que nous c'est vraiment super. On
essaie de se connecter tous ensemble et de connecter le public au
groupe.
Quand je vous
écoute, j'ai l'impression d'un groupe qui fait le lien entre le rock
heavy des années 1970 et le stoner plus contemporain. Comme un
groupe qui croise les influences…
TPM : Au départ
on vient chacun de musiques très différentes et on a appris
ensemble à découvrir des groupes qui mixaient toutes nos
références. Dans le stoner, on retrouve ce côté « autoroute »
qu'on aime bien. Ce côté très sec, desert rock. On écoute souvent
beaucoup de musiques et du coup la notre évolue en fonction de ce
qu'on écoute. On n'écoute pas tous forcément la même chose au
même moment et au final cela donne des influences assez variées.
Sans être un groupe
de blues à proprement parler, j'ai toujours l'impression qu'il y a
du blues caché dans votre musique, toujours prêt à sortir…
TPM : Bien sur.
C'est une influence commune. Il y a de la lamentation dans le blues,
c'est un chant presque de révolte par rapport à la condition de
ceux qui la chante, qui sont en détresse. Cette révolte est
importante pour nous…
Ah oui ?
TPM : On essaie
de mettre du sens dans notre musique. De l'utiliser comme un moyen
d'expression personnel pour parler de ce qu'on ressent dans la vie de
tous les jours. Ca peut être très beau mais aussi très violent des
fois. Ce blues est toujours là. Et puis le blues c'est aussi très
répétitif, la plupart des musiques viennent de là de toute façon.
Rock en Seine, c'est
une grosse opportunité pour vous. Comment vous le sentez ?
TPM : On est
ultra excités ! Et on a un peu peur aussi. A moins que cela
soit l'inverse. Il y a un an on y était comme spectateurs et là on
joue, c'est étrange comme sensation. On va essayer de vivre le
moment à fond. Et profiter du moment présent, on joue un set d'une
demi-heure, ça va passer vite ! On va monter sur scène et hop
ça sera déjà fini !
Justement, comment
vous abordez l'exercice du festival ? Par rapport à une salle,
le set est plus court, le public va et vient, faut le choper au
passage, il y a de la musique partout… Est-ce que cela a changé
quelque chose dans votre set ?
TPM : Nous on
aime raconter une histoire sur un set du début à la fin alors du
coup c'est assez compliqué pour nous… Il faut que le spectateur
soit là au début, au milieu et à la fin pour que le concert ait un
sens. On s'est posé la question en sens inverse : comment faire
pour que quelqu'un qui passe soit en contact instantanément avec
notre univers et ce qu'on a envie d'exprimer ? Qu'il puisse
entrer dans l'histoire parce que même sur une demi-heure on avait
envie de raconter une petite histoire dans le set. On en a besoin
pour être dedans du début à la fin. Il faut que cela ait un sens
aussi pour nous. A la fin du concert, on doit presque avoir
l'impression de ne plus avoir envie de faire de la musique tellement
on a tout donné.
Ah bon ? C'est
super intense…
TPM : Plusieurs
fois on s'est dit, en sortant de scène : « cette fois on
est morts ! ». On va au bout du bout du bout, tellement on
va chercher des énergies au fin fond de nous-même. C'est chargé
(sourire).
Et pour en revenir à
votre approche du story-telling, chanter en anglais n'est-il pas une
limite ?
TPM : Non. Mais
c'est sur qu'en France, le public va avoir peut-être un peu de mal a
comprendre les paroles. Après, il y a beaucoup de choses qui
passent par les sonorités du texte qu'il soit en français ou en
anglais. Sans comprendre le texte, les émotions passent quand-même.
Le fait d'être Français change aussi la donne. On a une culture
littéraire et poétique, Baudelaire par exemple. Il y a aussi des
choses magnifiques en anglais. On essaie de faire un mix des deux.
L'anglais c'est en cohérence avec notre musique. Tous les groupes
qu'on écoute chantent en anglais, c'est vraiment la langue dans
laquelle cela se passe. Le français crée un décalage qui ne
fonctionne pas avec nos lignes instrumentales. Ca peut fonctionner
cependant mais nous on ne le sent pas. On a essayé pourtant, on a
tous été dans des groupes qui chantaient en français avant. On
aime beaucoup écrire en français pour avoir du fond mais pour la
forme on préfère l'anglais.
Au moment où on se
parle, il doit être quelque chose comme 17h et vous passez ce soir à
22h. C'est un peu une métaphore de la vie de musicien, on passe son
temps à attendre son tour…
TPM : C'est ce
qu'on disait. On est là depuis 14h, on attend pour jouer seulement
une demi-heure Ca fait partie du jeu, ça nous laisse du temps pour
se balader dans le festival et aussi pour se concentrer. C'est une
manière de se mettre dedans aussi. La créativité ça vient en
partie de l'ennui. On n'est pas forcément en train de faire quelque
chose de concret, c'est de là que viennent les idées.
Donc c'est un moment
important ?
TPM : Oui. Et
parfois plus agréable ou moins. Ca dépend de l'état d'esprit dans
lequel on se trouve. C'est à chaque fois différent mais on est
contents de se retrouver sur scène.
Et alors quel est le
plan pour ce soir ?
TPM :
Généralement on aime bien les concerts qui prennent le temps de
s'envoler. Là on va essayer quelque chose de différent. On a
inversé la chose. On va démarrer très fort et notre histoire ça
va être cette mort qui va arriver petit à petit vers la fin.
Propos recueillis à
Saint-Cloud (Rock en Seine) le 27 Août 2016.
En concert à Paris
(Point Ephémère) le 8 novembre.
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