Infatigable artisan
du rock en français, Michel Cloup, ex-leader de Diabologum, continue
son travail d'épure musicale en compagnie d'un nouveau partenaire
dans le crime, le batteur Julien Rufié. Revenu (provisoirement?) de
toutes ses expériences de groupe, Michel a décidé de bannir le
superflu pour revenir à l'essentiel, une guitare et une batterie.
Depuis trois albums, en dépit de quelques changements de batteurs,
la formule du duo permet à Michel d'explorer voire de tester les
limites de ce que nos collègues d'outre-Manche appellent
l'interplay, à savoir cette capacité qu'ont les musiciens à faire
dialoguer les instruments entre eux. Et le résultat, magnifique,
appelle plusieurs niveaux de lecture. Il y a d'abord du rock n'roll,
comme on l'aime, aussi simple, direct et vivifiant qu'une décharge
d'adrénaline. Ainsi « La classe ouvrière s'est enfuie »
ou « Nous qui n'arrivons plus à dire nous » sont autant
d'uppercuts sonores et, soit dit en passant, la meilleure publicité
qui soit pour quiconque ayant l'envie de chatouiller les six cordes
électriques. Mais, au-delà, et c'est là que l'album devient
réellement fascinant, en dépit de l'économie volontaire de moyens,
le duo réussit a créer nombre de paysages musicaux avec un certain
sens de l'esthétisme, remettant la créativité au premier plan. La
mélancolie qui irradie « D32W », « Séparer »
ou les harmonies assez étonnantes d' « Ici et là-bas »
en sont des preuves éclatantes. Et que dire alors des 14 minutes
fleuves d' « Une adresse en Italie », une longue
dérive dont l'écho raisonne longtemps chez l'auditeur ? « Less
is more ». Mais la musique ne constitue que la moitié du
travail de Michel qui s'impose également comme une plume unique dans
la scène française. Se retournant sur son passé et ses origines,
Michel ne cesse de questionner la société tout au long de ce disque
avec une franchise assez peu commune chez ses collègues (à
l'exception peut-être de Pascal Bouaziz, chanteur de Mendelson/BruitNoir). Un grand disque tant au niveau des paroles que de la musique.
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