lundi 11 mai 2015

Little Bob Blues Bastards : « Howlin' »



Figure incontournable du rock français, Little Bob a donné une nouvelle orientation à sa musique mettant (provisoirement?) sa story entre parenthèse pour lancer une nouvelle formation, les blues bastards, qui sortent ces jours ci leur deuxième album. Tout est dans le titre, « Howlin' » (hurler). Quarante et quelques années de carrière n'ont toujours pas assagi Little Bob, toujours prompt à hurler à l'injustice (cf. « Only liars »). L'homme de cœur qu'il est sera toujours du côté des plus faibles (« Sleepin' in a car ») ; un fait naturel pour lui, l'immigré Italien arrivé en France à 12 ans sans parler un mot de français. Musicalement, l'album se place d'emblée dans le haut du panier et est très certainement une des plus belles réussites du blues hexagonal de ces dernières années. Quarante années à jouer du rock n'roll ont laissé des traçes et si Bob s'est désormais épris de la chose bleue, il est hors de question pour lui de se renier. Sa version du blues est nerveuse, comme sous l'emprise de la fièvre rock, ainsi le « We are the Blues bastards » d'ouverture et plus encore les stoniens en diable « Dirty mad asshole » et « Can't you hear me » cloueront tout le monde sur place. Pourtant, c'est lorsque les décibels sont en berne que Bob touche au cœur. Le swing délicat de la contrebasse sur « You better run » et « Zig zag wanderer » (chipée chez Captain Beefheart) font montre d'une sensibilité et d'une compréhension intime du blues, débordantes de feeling. Et que dire alors de « I'm howlin » où Bob se montre à la hauteur son modèle Howlin'Wolf, les cordes vocales à vif ? Toujours prêt à surprendre son auditoire, Bob reprend ici Louis Armstrong le temps d'un « The blues are brewing » inspiré et totalement réapproprié. Un album surprenant (« Kissed by lightning »), riche d'ambiance variées, à la fois nerveux et tendre (« My heart keeps beating »), excellent et revigorant pour résumer.


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